Interview accordée par le ministre délégué aux Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis au journal Political – propos recueillis par Giorgos Evgenidis (16.01.2021)

Μ. Varvitsiotis : L’alarmisme peut s’avérer plus dangereux que la pandémie

- Que pensez-vous de la réaction de l’UE face à la pandémie ? Et que répondez-vous à la critique de l’opposition concernant la gestion de la crise sanitaire ?

Dans le courant de l’année 2020, l’UE a réussi cinq grands exploits. Hormis le fonds de relance, l’accord sur le Brexit, l’élargissement, il y a eu des actions coordonnées pour lutter contre la pandémie et la fourniture ainsi que la mise à disposition des vaccins a eu lieu. L’UE a financé la recherche pour la production des vaccins et a réussi à assurer des quantités aptes à couvrir les besoins de tous les citoyens européens. Si l’UE n’avait pas agi de manière coordonnée, alors la vaccination en Europe aurait pris du retard et aurait fait l’objet d’une concurrence interne de la part des Etats membres. En ce qui concerne la critique de l’opposition, je renvoie aux données présentées hier par le Premier ministre au Parlement qui prouvent que l’image de notre pays est la meilleure parmi les pays européens, avec la Finlande. L’alarmisme peut s’avérer plus dangereux que la pandémie !

- Alors que la pandémie bat son plein, comment, selon vous, se présente, ce lendemain de crise sur le plan économique ?

Le principal outil, au lendemain de cette crise sur le plan économique, est sans aucun doute le fonds de relance. Je rappelle qu’au terme d’une négociation difficile menée à Bruxelles, la Grèce a réussi à faire partie des grands gagnants et à obtenir 72 milliards d’euros. C’est une énorme enveloppe dont la mise en valeur constitue le grand pari pour faire sortir le pays de la crise sanitaire et changer le modèle de développement. Parallèlement, nous avançons progressivement vers l’ouverture du marché, la réouverture des écoles et l’appui de tous ceux qui sont affectés par la pandémie, en mettant en œuvre des interventions ciblées, des actions prudentes et en écoutant les recommandations des spécialistes.

- Que pensez-vous du retour de la Turquie à la table des discussions exploratoires, lorsqu’elle essaie de « mettre sur le tapis » des questions qui n’entrent pas dans le cadre. Comment réagissons-nous à cette tentative de la Turquie ?

L’accord consistant à entamer le 61e tour des contacts exploratoires est certes un pas en avant. Il rend justice à notre pays, à son attachement au droit international et à notre foi, à savoir que les différends entre les pays doivent et peuvent être résolus de manière pacifique conformément aux règles internationales. Pour sa part, la partie turque peut soulever toutes les questions qu’elle souhaite. Cependant, la question est de savoir ce qu’accepte la Grèce. Et la Grèce demeure fermement attachée à sa position nationale qui ne change pas : nous avons un seul et unique différend avec la Turquie : le tracé des zones maritimes sur la base du droit international. Nous espérons que la Turquie viendra à la table des discussions sans velléités maximalistes. Autrement, elle devra assumer le poids de l’échec d’une quelconque tentative de concertation.

- Sommes-nous prêts à envisager le scénario que la Turquie veuille tout simplement passer l’obstacle de mars et par la suite revenir en mettant en œuvre des actions agressives ?

Je ne voudrais pas préjuger de l’évolution des discussions. Nous venons à la table du dialogue dans un esprit de bonne foi et dans le but de trouver un cadre d’entente à long terme et durable avec la Turquie. Toutefois, nous restons réalistes et prêts à tout éventuel scénario. S’il est prouvé que la Turquie n’a pas l’intention d’appliquer avec constance le droit international, alors il est clair que nous adapterons notre attitude en fonction de cela. Et pas seulement nous. Une éventuelle politique dilatoire de la Turquie sera très certainement évaluée comme il se doit par nos partenaires européens également, qui ont décidé d’évaluer la relation globale Union européenne – Turquie. Or, j’aimerais être clair. Cette procédure d’évaluation est dynamique. Elle ne s’achève pas au sommet du 25 mars. Si, à l’issue de ce sommet, la Turquie revient en adoptant des comportements provocateurs, elle se heurtera de toute évidence à la réaction de la Grèce et nous nous efforcerons à ce qu’elle reçoive la réponse européenne correspondante.

- Doit-on, compte tenu de la mobilité prévalente, nous attendre à des évolutions concernant le dossier chypriote ces prochaines semaines ?

La Grèce a toujours œuvré afin qu’il y ait des évolutions au niveau du règlement de la question chypriote. La question chypriote demeure une priorité de premier rang de notre politique étrangère. Dans ce cadre, notre pays soutient les efforts du Secrétaire général des Nations Unis en vue de la réouverture des négociations dans le but de parvenir à une solution équitable, globale et durable sur la base d’une fédération bizonale bicommunautaire, tel que défini dans les résolutions y afférentes du Conseil de sécurité des Nations Unies et conformément à l’acquis européen. Il ne peut y avoir de résolution du dossier chypriote sans l’abolition du système anachronique des garanties et des droits d’ingérence de tiers dans les affaires chypriotes et le retrait des forces d’occupation.

January 16, 2021