Propos recueillis par le journaliste Apostolos Chondropoulos
« Le message du Conseil européen a été clair envers la Turquie, à savoir que si cette dernière souhaite un agenda positif, elle devra faire preuve de manière tangible de son respect à l’égard de l’acquis communautaire et d’une attitude ferme, cohérente et sincère », signale le ministre délégué aux Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis dans son interview accordée à l’édition du dimanche du journal « Eleftheros Typos » et au journaliste Apostolos Chondropoulos. Il indique également qu’ « Ankara se trouve confrontée à la menace d’imposition d’un cadre de sanctions solide qui peut être activé si la Turquie entreprend de nouveau des actions unilatérales et provocatrices.
Dans son interview, M. Varvitsiotis évoque les décisions de la réunion au sommet et la stratégie de Kyriakos Mitsotakis, le message de Biden et les relations gréco-américaines, la visite du Premier ministre en Libye, la Conférence sur l’Avenir de l’Europe, le Plan de relance national ainsi que des questions relevant de l’actualité politique intérieure. « Le gouvernement et le Premier ministre ont fait preuve de manière tangible de le leur volonté en faveur de l’entente, de la coopération et du consensus, non seulement à l’égard de dossiers nationaux mais aussi au sujet de la lutte contre la pandémie. Le parti de SYRIZA toutefois cherche à « miner » la paix sociale, indique-t-il.
Veuillez trouver ci-dessous le texte intégral de l’interview :
Quel est le cadre relatif aux relations euro-turques suite au récent Conseil européen ? Est-ce que la question des sanctions est toujours sur la table ?
La Déclaration conjointe des 27 est très proche des positions grecques et comporte un bon nombre de conclusions contenues dans le rapport Borrell. Et cela a été possible grâce aux efforts coordonnés de la partie grecque, du Premier ministre au niveau de dirigeants mais aussi au niveau du Conseil des Affaires générales au sein duquel je représente le pays. Les décisions de la réunion au sommet viennent donner raison à Kyriakos Mitsotakis dont la stratégie visait à faire des différends gréco-turcs une partie intégrante des relations euro-turques. Le message du Conseil européen envers la Turquie est bien clair, à savoir que si cette dernière souhaite un agenda positif, elle devra faire preuve de manière tangible de son respect à l’égard de l’acquis communautaire et d’attitude ferme, cohérente et sincère. Par ailleurs, Ankara se trouve confrontée à la menace d’un cadre de sanctions solide qui peut être activé si la Turquie entreprend de nouveau des actions unilatérales et provocatrices.
Que pensez-vous des relations gréco-américaines suite à l’intervention de Biden et que marque l’invitation adressée à M. Mitsotakis pour visiter les Etats-Unis ?
L’intervention de Biden revêt une triple importance. Son message à l’occasion du Bicentenaire de la Révolution grecque et son entretien téléphonique avec le Premier ministre attestent d’un soutien fort des Etats-Unis à la Grèce. Par le biais de sa participation au Conseil européen, il a émis encore deux messages forts : il a fait part de son inquiétude à l’égard de la violation des droits de l’homme et des institutions démocratiques en Turquie ainsi qu’à l’égard de l’entente entre cette dernière et la Russie. L’invitation du Président américain adressée à Kyriakos Mitsotakis pour visiter Washington atteste du fait que les Etats-Unis considèrent la Grèce comme étant un allié puissant et un partenaire stratégique.
Que marque la visite du Premier ministre en Libye ?
La visite du Premier ministre mardi prochain en Libye constitue encore une preuve attestant du fait que la Grèce constitue une puissance de stabilité dans la région élargie de la Méditerranée du Sud-est. La Grèce soutient de manière tangible la restauration de la paix en Libye et vise à la normalisation et au rétablissement de nos relations avec le pays voisin, suite au protocole d’accord illégal signé entre la Turquie et la Libye. Par ailleurs, cette visite marquera l’ouverture dans les plus brefs délais de notre ambassade à Tripoli.
Sur quelle thématique mettra l’accent notre pays dans le cadre de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe et quel est son point de vue sur l’Europe sociale ?
La Conférence sur l’Avenir de l’Europe coïncide avec le 40e anniversaire de l’adhésion de la Grèce à l’UE. La consultation commencera en mai et notre objectif est de donner une voix aux citoyens grecs qui de concert avec les autres Européens, ont voté, aux dernières élections européennes, pour plus d’Europe, en ignorant les voix populistes. La proposition grecque est structurée autour de 6 + 1 axes : le cadre européen de défense et de sécurité, les politiques européennes de cohésion, l’environnement et le changement climatique, la question migratoire, la recherche et l’innovation, la stratégie d’approfondissement de l’UME et le triptyque « état de droit-démocratie-droits de l’Homme ». Par ailleurs, dans le cadre de la présidence portugaise, la Grèce participe au débat sur l’ « Europe sociale », avec un cadre de propositions sur la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, sur le revenu minimal garanti, le renforcement de l’emploi et l’amélioration des conditions de travail, sur des mesures spéciales en faveur de la nouvelle génération, sur la question démographique, l’égalité des sexes, la protection contre la violence conjugale et la violence contre les femmes.
Les tensions sur la scène politique se sont considérablement accrues. Est-ce qu’il pourrait y avoir des consensus plus élargis au moins à l’égard de certains défis majeurs, tels que le Plan national de relance ?
Le gouvernement et le Premier ministre ont prouvé de manière tangible leur volonté en faveur de l’entente, de la coopération et du consensus non seulement à l’égard de dossiers nationaux mais aussi dans la lutte contre la pandémie. Toutefois, le parti de SYRIZA cherche à « miner » la paix sociale, soit en entretenant ce climat d’insurrection contre le gouvernement et en participant à des mouvements de protestation, comme c’était le cas dernièrement - actions impliquant le risque de la propagation du virus - , soit à travers la diffusion de fausses nouvelles ou l’utilisation d’un discours extrémiste semant la discorde de la part de ses membres.
La Nouvelle Démocratie n’empruntera pas cette voie dangereuse. Par contre, en ayant à nos côtés nos alliés, les citoyens, nous ouvrons de nouvelles voies pour l’avenir. Le Plan de relance national est le plan visant au redressement national de la Grèce. Le plan appelé « Grèce 2.0 », d’un montant de 57 milliards d’euros, est axé sur l’enveloppe de 32 milliards d’euros du Fonds de relance, une aide financière à laquelle notre pays est parvenu à avoir accès après plusieurs mois de négociations et suite à une féroce bataille que nous avons livrée en juillet dernier à Bruxelles avec le Premier ministre. La propre valorisation de cette aide revêt une importance nationale majeure.
April 4, 2021