JOURNALISTE : Nous avons en ligne le ministre, M. Nikos Dendias. Bonjour monsieur le ministre.
N. DENDIAS : Bonjour. Bonjour aussi à vos auditeurs.
JOURNALISTE : Vous êtes rentré hier soir de Moscou. C’était un voyage très intéressant. N’est-ce pas ? Notamment après la crise dans notre relation avec la Russie.
JOURNALISTE : Est-ce que cette question en suspens a été réglée ?
N. DENDIAS : Il n’y a eu aucune question en suspens. Comme vous le comprenez, je n’avouerai d’aucune manière qu’il y a eu une crise ou une question en suspens dans nos relations.
JOURNALISTE : Exact.
N. DENDIAS : Je pense toutefois qu’il y a eu une entente sincère. Appelons cela plutôt une impulsion sincère et chaleureuse insufflée à nos relations.
JOURNALISTE : Quelles sont ses caractéristiques essentielles ?
N. DENDIAS : Un protocole d’accord a été signé sur une communication établie pour trois ans et comportant des processus, des dates bien spécifiques. Que voulons-nous ? Nous reconnaissons que la Russie a un rôle à jouer. Nous ne cessons de dire que telle est la politique de notre pays, c’est-à-dire que la Russie doit faire partie du système de sécurité de l’Europe.
Il faut donc s’entretenir dans ce contexte. On doit discuter. Il ne peut y avoir de lacunes dans la discussion, dans la communication d’informations mutuelle. Cela ne signifie pas obligatoirement que l’on doit être d’accord sur tout. Mais on doit discuter. Et on discute dans un cadre cordial et dans un cadre assuré par la profondeur historique de nos relations qui datent depuis très longtemps.
Par conséquent, je pense que cela a été acquis. Et il y a eu un briefing sincère entre les deux parties sur des questions d’intérêt mutuel car la Russie est un acteur dans notre région élargie.
JOURNALISTE : Parmi ces questions figure aussi la question de l’autocéphalie de l’église ukrainienne ?
N. DENDIAS : Bien sûr. Cette question a été soulevée par la partie russe. Elle a été bien évidemment soulevée. Nous avons évoqué cette question dans nos déclarations –vous l’avez bien vu - et j’ai répondu à cette question.
JOURNALISTE : Vous avez dit que cette question ne constituerait pas une entrave à l’élargissement des relations entre la Grèce et la Russie.
N. DENDIAS : Oui, mais ce que j’ai expliqué et je pense que la partie russe l’a reconnu, est que cela ne pouvait pas être un critère auquel devraient satisfaire nos relations. C’est une chose différente. Cela fait bien entendu partie de notre cadre de discussions. On ne peut empêcher personne de soulever une question qui, à son sens, revêt un intérêt pour lui ou le préoccupe. Toutefois, ce n’est pas au gouvernement grec qu’il incombe de négocier sur cette question.
JOURNALISTE : S’agissant des questions gréco-turques ? De la Syrie ?
N. DENDIAS : On a bien évidemment briefé la Russie sur le comportement turc. Force est de rappeler – vous le savez, mais je le dis pour vos auditeurs – que la Russie est un membre permanent du Conseil de Sécurité ayant fait preuve lors des séances de vote d’une attitude cohérente à l’égard du dossier chypriote. Une attitude cohérente en faveur du droit international.
Cela dit, on leur a expliqué la situation relative à la question chypriote, et la situation en Egée. On leur a expliqué ce que nous voulions par la suite et la raison pour laquelle on aurait préféré que les communications et les prises de position de la partie russe concernant la violation des droits souverains et de la souveraineté de la République de Chypre soient plus claires. Cela toutefois est un droit de la Russie. On ne peut pas lui imposer notre position.
On a discuté de la Syrie. Je me suis d’ores et déjà entretenu avec M. Pedersen, l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies. La Grèce veut être présente. Je l’ai dit aussi à M. Lavrov, c’est-à-dire que nous voulons être présents aux processus. Il l’a accepté, à mon avis, avec plaisir.
Je dois vous dire que cet entretien a duré 6 heures. Car il a duré une heure et demi de plus par rapport au programme initial. C’était une rencontre en privé, une rencontre entre des délégations et un déjeuner.
JOURNALISTE : S’agissant des questions énergétiques ?
N. DENDIAS : Les questions énergétiques ont été débattues. Ainsi que l’intérêt éventuel quant à la participation aux recherches dans des régions maritimes, ainsi que des questions relatives aux gazoducs existants. Il existe un gazoduc. On est un très bon client qui achète à la Russie du gaz naturel.
JOURNALISTE : Est-ce que Gazprom soumettra une offre pour la DEPA (entreprise publique de gaz) ?
N. DENDIAS : Cela n’est pas à moi de le dire…
JOURNALISTE : Est-ce qu’ils vont nous prêter 5 milliards de dollars, comme M. Lafazanis l’a demandé ?
N. DENDIAS : Si je pouvais aussi facilement trouver de l’argent, je viendrais ici les poches pleines. A mon avis, cette possibilité n’a jamais réellement existé. En revanche, il existe une possibilité réelle d’entretenir avec la Russie une bonne relation. Et on doit avoir avec elle une relation bonne et sincère.
JOURNALISTE : Avez-vous discuté des travaux de forage à Chypre ?
N. DENDIAS : C’est justement de cela dont je vous ai tout à l’heure parlé. On aurait préféré que les communiqués de la partie russe soient plus claires à cet égard et qu’ils ne s’intègrent pas, autrement dit, dans cette logique consistant à garder une distance égale par rapport aux deux parties. Tel est notre point de vue. Nous l’avons exprimé. Nous allons avoir quelle sera la réaction de la Russie. M. Lavrov m’a expliqué la raison pour laquelle dans lesdits communiqué est utilisé ce vocabulaire et pas un autre. Il m’a exposé le point de vue russe et la façon dont, à leur sens, ce point de vue pourrait être utile pour la région.
JOURNALISTE : Pour ce qui est des Balkans occidentaux ? De Skopje ?
JOURNALISTE : Vous aurez des entretiens dans les jours à venir. N’est-ce pas monsieur le ministre ?
N. DENDIAS : Oui, demain je me rendrai à Genève.
JOURNALISTE : Vous allez vous entretenir avec MM. Dimitrov et Zaev.
N. DENDIAS : La question des Balkans intéresse la Russie de longue date ainsi que la Grèce. C’est un lieu de rencontre historique pour les deux pays. Depuis l’époque d’Ypsilantis et après. Par conséquent, cette question a fait bien entendu l’objet du débat. J’ai expliqué à M. Lavrov ce qui s’est passé avec l’Union européenne, les obstacles auxquels cela s’est heurté, la raison pour laquelle la Grèce veut que ces pays aient une perspective européenne. La raison pour laquelle la Grèce veut une perspective européenne pour les Balkans occidentaux, tout comme pour les Balkans de l’Est, objectif que nous avons atteint.
Je lui ai expliqué que tout cela n’allait pas à l’encontre de la Russie. Nous ne sommes pas des ennemis de la Russie. Au contraire, nous sommes un pays membre de l’Union européenne, membre de l’OTAN, ancien membre. Cela peut être utile pour la Russie dans ce parcours visant à une compréhension mutuelle entre cette dernière et l’Union européenne et l’OTAN.
Nous pouvons être utiles aux Russes car justement nous pouvons jouer ce rôle et pouvons entretenir de bonnes relations avec eux.
JOURNALISTE : Autrement dit, devenir un canal de communication entre la Russie et l’OTAN ?
N. DENDIAS : Nous pouvons servir de canal d’entente. Nous pouvons être un « honest broker », autrement dit quelqu’un qui peut dire en toute franchise la vérité aux deux parties et qui aide à dissiper les malentendus. Ce n’est pas à nous d’entraîner un grand pays comme la Russie dans ce sens. Ce n’est pas à nous d’entraîner l’OTAN dans ce sens. Mais nous pouvons aider grâce à notre position et à notre histoire à dissiper les malentendus. Nous pouvons faire cela et cela est utile tant pour eux que pour nous.
JOURNALISTE : S’agissant de vos rencontres à Genève avec M. Dimitrov et M. Zaev, quel est le cadre des discussions ? De quoi allons-nous discuter avec eux M. Dendias ?
N. DENDIAS : Tout d’abord, comme vous le comprenez, il y a en ce moment cette décision de l’UE qui a créé une lacune de politique.
JOURNALISTE : M. Macron.
N. DENDIAS : L’Union européenne a créé une lacune de politique à l’égard de ces pays. A l’égard de la Macédoine du Nord et de l’Albanie. Elle a laissé ces pays en attente, ce qui ne constitue ni une politique, ni une position.
Je voudrais donc être dans ce sens informé…
JOURNALISTE : C’est une manœuvre, une manière de gérer les choses toutefois.
N. DENDIAS : On doit justement gérer cette situation de mise en attente et la Grèce est un pays qui joue un rôle de premier plan dans les Balkans. Nous sommes probablement le pays le plus puissant en termes d’économie dans les Balkans. Nous avons en fait un mot à dire et des choses à faire.
JOURNALISTE : Où voulons-nous que les choses aillent monsieur le ministre ? Dans quel sens ?
N. DENDIAS : Vers l’Europe.
JOURNALISTE : Prendrons-nous l’initiative de soulever de nouveau cette question ?
N. DENDIAS : Si je vous dis que la Grèce peut faire changer d’avis au Président Macron …
JOURNALISTE : Oui, mais nous voyons l’Italie aussi prendre une initiative pour que cette question soit de nouveau soulevée lors de la réunion au sommet de mars ou de mai.
N. DENDIAS : Nous parlons avec les Italiens aussi. Nous parlons avec les Français ainsi qu’avec les Allemands. Pour nous cela est une question urgente. Cela concerne notre voisinage. C’est l’espace dans lequel l’économie grecque peut et doit développer des activités après la crise économique.
Par conséquent, nous voulons être très attentifs à cet égard car nous voulons éviter les échecs. Vous savez, personne ne nous empêche de soulever une question lors d’une réunion du Conseil. On peut le faire à n’importe quel moment. Mais la question est de savoir quel sera le résultat d’une telle initiative. Car s’il y a une succession de réactions négatives, cela nous ramènera en arrière et pas au point de départ de la discussion. Je voudrais donc discuter avec tous les deux, pour comprendre leur manière de voir les choses, ce qu’ils font et quelle est la situation intérieure. Je veux être informé à cet égard. Voir dans quelle mesure cette réaction négative pourra influer sur notre pays et par la suite on verra dans quelle direction on ira.
JOURNALISTE : Est-ce que cela montre une certaine préoccupation de votre part monsieur le ministre à l’égard de la mise en œuvre de l’accord de Prespès ?
N. DENDIAS : La question qui se pose est l’application correcte de l’accord. Je ne pense pas qu’une partie, quelle qu’elle soit, puisse penser dans le cadre du droit international à soulever une question de non validité de l’accord. Je ne peux pas discuter de quelque chose qui n’existe pas en tant que question.
JOURNALISTE : Cela est en votre honneur. Dans le cas d’un changement de gouvernement lors des prochaines élections dans le pays voisin, en Macédoine du Nord, cela pourrait-être un problème pour la partie grecque vu les positions de l’opposition ?
N. DENDIAS : Chaque pays sur la scène internationale a une histoire, un présent, un avenir, mais il a aussi une continuité. En Grèce aussi le gouvernement a changé. Il n’y a pas eu une totale convergence de vues avec le gouvernement précédent sur l’accord. En dépit de cela, nous avons respecté l’accord.
JOURNALISTE : Si le gouvernement de Skopje change…
N. DENDIAS : C’est leur droit à eux.
JOURNALISTE : Oui, bien évidemment. Mais cela n’impliquerait-il pas la sortie automatique de ce pays de l’OTAN ? Car ce pays a adhéré à l’OTAN sous l’appellation Macédoine du Nord. S’ils changent leur nom, n’auront-ils pas un problème à cet égard ?
N. DENDIAS : Vous êtes toujours très inventif dans vos questions.
JOURNALISTE : Pas du tout.
N. DENDIAS : Voulez-vous que je réponde à une question hypothétique concernant quelque chose que l’autre partie n’a pas droit à faire ? Comment puis-je répondre à cela ? La réponse est claire : Le gouvernement de la Macédoine du Nord n’a pas le droit d’engager une telle discussion, il n’a pas droit à une telle mesure, à une telle réflexion…
JOURNALISTE : Je dirais donc, vu la nature de cette question, que nous avons garanti l’appellation « Macédoine du Nord » et ils ne peuvent plus utiliser l’appellation « Macédoine ». C’est cela que je dis.
N. DENDIAS : Je vous répondrai en toute franchise : Une réunion de la Commission des Affaire étrangères et de la Défense s’est tenue la semaine dernière à huis clos, hors sa partie initiale. Lors de cette réunion à huis clos une discussion a été engagée sur certaines questions juridiques ayant trait à l’accord. Toutefois, la position du gouvernement grec est claire, l’appellation de la Macédoine du Nord ne saurait en aucun cas être changée. Toute affirmation contraire d’une personne quelle qu’elle soit du pays voisin, ne serait qu’un subterfuge, ce qui est inadmissible en tant que base de discussion, qui plus est en tant qu’argument qu’on devrait réfuter.
JOURNALISTE : Ce que vous dites est correct, mais il faut aussi signaler cela à certains membres de votre parti qui refusent d’utiliser l’appellation « Macédoine du Nord. Dites-leur cela, s’il vous plaît.
JOURNALISTE : Changeons de sujet monsieur le ministre. Est-ce que cette forte mobilité de la part de M. Erdogan ces derniers temps, cette histoire avec la question syrienne, la visite qu’il effectuera après-demain aux Etats-Unis en vue d’une rencontre avec M. Trump, tout cela préoccupe-t-il la Grèce ? Est-ce que cela influe dans une certaine manière sur nos plans ?
N. DENDIAS : La politique étrangère grecque et en général notre pays, n’est pas considéré comme étant « anti-turc ». Chacun fait son travail, exerce sa politique.
JOURNALISTE : Oui, on constate une mobilité bizarre, imprévisible, dirais-je.
N. DENDIAS : Il est vrai que les commentateurs à exprimer l’avis que vous avez tout à l’heure émis sont nombreux, notamment après 2016, à savoir que la Turquie est devenue un acteur imprévisible.
JOURNALISTE : L’ancien Premier ministre, M. Karamanlis l’a aussi affirmé hier à Londres.
N. DENDIAS : Ce que je veux dire est que la Grèce doit veiller à ses propres intérêts, elle doit avoir une relation sincère avec la Turquie – non pas une relation axée sur une convergence de vues car il y a de nombreux désaccords – mais une relation qui rendra explicite sa politique. Je me suis entretenu avec M.Cavusoglu, je le rencontrerai de nouveau, on ne se contente pas d’une seule rencontre, on continue de discuter. On doit établir des canaux de communication et un dialogue sincère avec la Turquie. Des propos clairs, mais cela ne signifie en aucune manière que nous allons nous accorder.
Toutefois, il faut établir un dialogue, tout comme des canaux de communication, il doit y avoir une compréhension mutuelle, même quand il y a des positions différentes. Et M. Erdogan fait son travail en tant que Président de la Turquie, et M. Mitsotakis fait son travail en tant que Premier ministre de la Grèce.
JOURNALISTE : Regardez monsieur le ministre, le cœur du problème à mon sens est le suivant : A l’égard de Chypre nous avons exercé cette politique, la stratégie des gisements dans la région sur la base de notre coopération avec les Etats-Unis, Israël et l’Egypte. Mais maintenant, la Turquie, d’après ce que je comprends, essaye de briser ce partenariat. Est-ce que cela place dans un autre cadre notre relation avec les Etats-Unis ? Est-ce que cela nous préoccupe ? Doit-on gérer cette situation d’une façon différente ?
N. DENDIAS : Je vous répondrai de deux manières, comme je dois le faire. Premièrement, je dois dire, vous le savez, mais je le dis car cela doit être dit, que la République de Chypre est un Etat indépendant, membre de l’Union européenne. C’est à lui de définir sa politique énergétique et non pas à la Grèce. En quoi consiste l’aide de la Grèce ? La Grèce soutient le droit international.
Ce sont, bien évidemment nos frères, c’est un pays bien évidemment à l’égard duquel nous avons un intérêt marqué, mais dans ce cas on ne leur fait aucune faveur. C’est le droit international que nous soutenons.
Pour ce qui est maintenant des Etats-Unis, je me réjouis beaucoup du fait que nous avons pu consolider du point de juridique aussi notre relation en matière de défense avec les Etats-Unis. C’est une relation extrêmement intéressante qui vient élargir l’empreinte de sécurité dans la région. Non pas contre la Turquie, mais en faveur de la sécurité.
On ne remet pas cela en question. C’est quelque chose d’utile. Il paraît que la partie américaine aussi considère cela comme étant une relation qui assure les paramètres d’une sécurité plus élargie dans la région. Vous l’avez vous-mêmes pu le constater, il y a eu des exercices, la présence d’avions, des exercices entrepris conjointement dans l’espace aérien, vous avez vu tout cela, il n’est pas besoin d’en faire la publicité car l’autre partie pourrait penser, à tort, que tout cela va à l’encontre de celle-ci. Ce qui n’est pas le cas. Ce sont des actions visant à la stabilité.
C’est cela que nous voulons de la part des Etats-Unis. Et c’est cet objectif que nous continuerons de poursuivre. Pour ce qui est de l’aspect financier, cela est une autre histoire, on peut en discuter mais comme je vous l’ai déjà dit, cela s’intègre dans le cadre d’une discussion différente.
JOURNALISTE : Puisque vous avez parlé des Etats-Unis et du Président Trump, et comme dans les jours à venir- ce lundi - le Président de la Chine effectuera une visite en Grèce, pensez-vous que cette guerre commerciale déclarée par M. Trump pourrait avoir des répercussions sur nous ? Pour ce qui est notamment des questions relatives aux investissements qui nous intéressent.
N. DENDIAS : Je vous répondrai avec franchise. Tout d’abord, il faut signaler l’importance qu’accorde le Président Xi Jinping à la Grèce: c’est la troisième fois que je le rencontre dans ma vie.
JOURNALISTE : Moi, c’était une seule fois.
N. DENDIAS : La chose impressionnante est la suivante : c’est tout à fait normal de rencontrer le Président une fois et cela quand même n’est pas un fait insignifiant. Mais le rencontrer en l’espace de trois ans 3 ou 4 fois est une chose remarquable. Cela montre que les relations avec la Grèce sont en tête de liste des priorités de la Chine.
JOURNALISTE : Exact.
N. DENDIAS : Cela dit, toute guerre commerciale pourrait nous nuire. Nous sommes un pays ouvert, nous voulons les investissements, nous voulons les exportations. Force est de rappeler que la Grèce dispose de la plus grande flotte commerciale dans le monde et nous voulons que ces navires aient du travail. Faute de commerce, que vont transporter ces navires ?
Par conséquent, nous sommes en faveur d’un règlement amical des différends. Nous considérons que le cadre y relatif existe, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est le cadre de règlement de ces différends et nous espérons que les différends entre les Etats-Unis et la Chine seront réglés dans les plus brefs délais. Telle est la réalité, cela dit, nous veillons aux intérêts économiques de notre pays, il ne faut pas se leurrer à cet égard.
L’essentiel pour nous est de faire venir des investissements en Grèce dans des domaines que nous avons présélectionnés et indiqués par avance et lesquels contribueront au développement de notre pays.
JOURNALISTE : Je dis cela car il y a un article de Giorgos Papandréou paru dans le journal « KATHIMERINI », au-dessous de l’article concernant votre rencontre avec M. Lavrov, dans lequel M. Papandréou affirme, et je cite : « Certains ne sont pas contents des investissements chinois dans le sud européen. Ils doivent toutefois comprendre les conséquences de l’absence de leurs propres propositions d’investissement dans un pays qui essaye de sortir de la crise. Cette remarque est très pertinente.
N. DENDIAS : C’est une remarque tout à fait correcte. Les Chinois sont venus ici et ont investi de l’argent alors que d’autres ne l’ont pas fait et ce, même à une époque où la Grèce était obligée par les mémorandums de réaliser des privatisations. Telle a été ma réponse lorsque j’ai été interrogé sur cette question par différentes parties, vous comprenez bien de qui je veux parler.
Et de plus, il est aussi de mon devoir de vous dire la chose suivante qui n’est pas connue : J’ai récemment rencontré M. Schauble à Berlin, et je lui ai dit : « à l’époque vous exerciez des pressions sur nous et maintenant vous nous demandez pourquoi nous avons procédé aux privatisations que vous avez-vous-même exigées». Il m’a répondu de manière directe que : « dites-leur que c’est de notre faute et s’ils veulent, ils peuvent venir me voir et me demander ».
JOURNALISTE : Vous vous êtes entretenu avec M. Schauble ? Je dois avouer que cela m’a échappé.
N. DENDIAS : Je l’ai rencontré lors de ma visite à Berlin. Je rencontre toujours M. Schauble quand je me trouve à Berlin. Je pense qu’on doit avoir, comme je l’ai tout à l’heure dit en parlant de la Russie et de M. Lavrov, un canal de communication avec M. Schauble.
JOURNALISTE : Vous pensez qu’il continue d’exercer une influence…
N. DENDIAS : Il exerce une grande influence au sein du parti Chrétien-Démocrate et au sein du parlement.
Notre pays doit toujours s’entretenir avec des personnes qui ont de l’emprise sur les choses. Et M. Schauble est une personne qui a été très utile pour ce qui est de nombreuses questions et il peut nous être de nouveau très utile.
JOURNALISTE : Nous vous remercions pour cet entretien.
N. DENDIAS : Merci à vous.
November 7, 2019