JOURNALISTE : Merci beaucoup d'être avec nous ce soir, en ce jour à la fois très difficile et très important.
G. GERAPETRITIS : Merci pour votre invitation, M. Moutsios. Notre choix se porte toujours sur la télévision publique pour informer le public après toute réunion importante concernant nos questions nationales.
JOURNALISTE : Venons-en maintenant à cette importante rencontre que vous avez eue avec M. Fidan. On attendait beaucoup de cette rencontre. Pouvez-vous nous faire un premier bilan de cette visite.
G. GERAPETRITIS : Je pense que nous avons eu l'occasion de faire le point sur les progrès accomplis dans les relations gréco-turques. C'est un parcours qui a commencé à Vilnius, en Lituanie, il y a 16 mois, lorsque les dirigeants de la Grèce et de la Türkiye ont décidé d'entamer un dialogue structuré, basé sur des piliers, avec des calendriers très spécifiques, avec des politiques qui pourraient assurer une meilleure relation de voisinage entre les deux pays. Et d'autre part, de nous appuyer sur les choses qui nous unissent, afin d’élaborer un programme positif de mesures qui seraient mutuellement bénéfiques. Je pense que des progrès significatifs ont déjà été réalisés. Nous sommes actuellement dans une période où les relations sont bonnes.
Bien sûr, nous comprenons, et je pense que nous l'avons tous deux accepté aujourd'hui et dans nos déclarations publiques, qu'il n'est pas possible de résoudre en si peu de temps des problèmes qui remontent à des décennies. Nous comprenons tous la complexité des problèmes. Notre approche est donc progressive, afin que nous puissions construire des relations de bon voisinage qui soient solides et stables. Nous avons eu l'occasion avec mon homologue turc de discuter pour la première fois du cadre qui guidera nos futures discussions sur la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive. Il s'agit d'une question qui suscite de multiples tensions. Ce que nous avons constaté, c'est que nous avons un point de départ différent. Il y a une distance significative en termes de portée de notre compréhension de ce débat. Certes, il y a eu une discussion franche. Nous nous sommes réservé le droit de poursuivre le dialogue à un stade ultérieur pour voir si nous pouvons trouver un cadre de discussion. Pour l'instant, ce qui est très important, Monsieur Moutsios, c'est de préserver les bonnes relations, de les renforcer, de créer ces canaux pour que les tensions qui existent ne provoquent pas de crises.
Et je pense qu'à ce niveau, il y a eu des progrès significatifs et qu'il est absolument nécessaire de les préserver.
JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, je voudrais m'attarder un peu sur la partie de cette convergence que vous avez mentionnée sur la question du plateau continental. Qu'est-ce qui vous fait penser et espérer qu'à l'avenir il puisse y avoir une convergence, enfin, lors d'une prochaine rencontre ?
G. GERAPETRITIS : Tout d'abord, il convient de préciser que nous en sommes à un stade tout à fait préliminaire. Nous n'avons même pas abordé le fond de la discussion, c'est-à-dire la délimitation en tant que telle. Notre discussion s'est limitée à vérifier si les conditions étaient réunies pour entamer le débat. Nous sommes tous conscients qu'il existe une distance. Cette distance est liée au fait que, pour nous, il n'y a qu'une seule question qui peut être discutée et soumise à l'appréciation de la juridiction internationale, à savoir la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive. Pour la Türkiye, il y a d'autres différends. Notre position nationale est très claire à ce sujet. Nous n'allons pas nous en éloigner à moins qu'il n'y ait une convergence au niveau du cadre. Nous resterons dans la situation actuelle. Bien sûr, nous comprenons tous quelle serait la valeur ajoutée si nous pouvions à un moment donné procéder à cette délimitation. Après tout, c'est ce que la politique étrangère grecque s'est efforcée de faire au fil du temps. Nous comprenons qu'une longue période de paix est assurée lorsque les problèmes qui génèrent et reproduisent les tensions sont combattus. Et il s'agit là, irrévocablement, de la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive entre les deux pays.
JOURNALISTE : Cependant, Monsieur le Ministre, s’agissant de la phrase Kazan-Kazan que vous avez entendue de la bouche de M. Fidan, certains peuvent l'interpréter comme une cogestion en mer Égée. Que répondez-vous ?
G. GERAPETRITIS : Il n'y a pas de cogestion du tout. Nous comprenons tous que notre position ne permettrait même pas une telle approche. Il y a les accords mutuellement bénéfiques qui ont été signés et ceux qui seront signés, qui concernent l'économie, le commerce, le tourisme, la culture. Nous avons de nombreux domaines dans lesquels nous pouvons coordonner et coopérer. Il y a le problème commun de l'immigration illégale et des réseaux de passeurs, que nous devons combattre. Il y a le grand défi de la crise climatique et de la protection civile. Il y a des domaines dans lesquels nous pouvons conclure des accords bénéfiques pour les deux pays, pour les deux peuples. Dans la mer Égée, il n'y a absolument aucune chance qu’il y ait une telle co-exploitation. Il est extrêmement important que nous réalisions - et je le dirai toujours avec insistance - qu'indépendamment de nos désaccords, qu'il est important d'exprimer de manière civilisée, nous pouvons néanmoins discuter des problèmes et trouver un terrain d'entente afin de promouvoir autant que possible nos relations bilatérales.
JOURNALISTE : Venons-en maintenant à l'autre question, qui est très fondamentale, la question chypriote. Il semble donc qu'il y ait un très grand fossé sur ce point également. Pensez-vous que cela compromet les efforts de reprise des négociations entre les deux parties ?
G. GERAPETRITIS : Je voudrais tout d'abord souligner qu'il existe une mobilité importante sur la question chypriote. La reprise des pourparlers, avec la réunion informelle du 15 octobre sous les auspices du Secrétaire général des Nations Unies et la communication directe que les deux dirigeants ont eue, représente, je pense, un progrès significatif. Nous attendons avec impatience les prochaines étapes de la reprise de ce dialogue. Nous comprenons tous qu'il faut aller de l'avant et que la Grèce soutient fermement, de concert avec la République de Chypre, la recherche d'une solution juste et viable, uniquement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies en faveur d'une fédération bizonale et bicommunautaire. Je tiens à souligner qu'il est important non seulement d'avoir une Chypre unie pour promouvoir le bien-être des citoyens de l'île, mais qu'il s'agit également d'un symbole universel que d'avoir enfin la réunification de l'île. Indépendamment de l'éloignement de la partie turque en ce moment, la réalité est que le dialogue ne peut être que bénéfique en fin de compte.
JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, je vous remercie de nous avoir donné l'occasion d’aborder des questions très importantes pour les deux pays.
G. GERAPETRITIS : Merci beaucoup, Monsieur Moutsios. J'aurai l'occasion d'informer le Parlement grec, la commission compétente en matière de défense et d'affaires étrangères, mardi. Notre principe de base est que le peuple grec doit toujours être informé de tous les développements concernant nos questions nationales.
JOURNALISTE : Je vous remercie.
November 8, 2024