JOURNALISTE : Monsieur le ministre, où en sont les relations entre la Grèce et la Turquie après la rencontre que vous avez eue dernièrement avec M. Çavuşoğlu, votre homologue turc à Istanbul ?
N. KOTZIAS : Je pense que les relations gréco-turques présentent toute une série de problèmes qui doivent être réglés et la solution à ces problèmes doit être axée sur le droit international mais aussi sur la confiance entre les deux peuples et les services compétents en la matière et, avant tout, entre les Premiers ministres de la Turquie et de la Grèce et entre le ministre turc des Affaires étrangères et moi-même. Nous tenons des discussions dans un esprit sincère et je pense qu'il y a maintenant plus de la confiance par rapport à l'année dernière.
JOURNALISTE : L'attitude d'Ankara à l'égard de la question des réfugiés et ses conséquences sont connues de tous. Voyez-vous se profiler des évolutions positives ?
N. KOTZIAS : Je pense que l'évolution la plus positive serait la fin de la guerre en Syrie. Je trouve très étonnant que certains - qui ont commencé et sont en train de mener cette guerre en Syrie - nous accusent de ne pas gérer de la manière la plus appropriée les résultats de ces bombardements. La Turquie est un pays par lequel transitent des centaines de milliers de réfugiés et la communauté internationale doit apporter sa contribution afin de, dans un premier temps, fournir un soutien financier à la Jordanie et au Liban pour éviter que les réfugiés quittent les camps et pour qu'ils restent près de leurs foyers et d'appliquer, dans une deuxième temps, les accords existants entre l'Union européenne et la Turquie, tout comme les accords de réadmission internationaux par exemple celui entre la Grèce et la Turquie et cette dernière et le Pakistan.
JOURNALISTE : On dirait que la guerre en Syrie a suscité un différend entre deux pays, la Russie et la Turquie. Comment est-ce que la Grèce envisage d'y intervenir en vue de désamorcer cette crise ?
N. KOTZIAS : La guerre en Syrie a généré des affrontements entre de nombreux pays. Tout abord, entre deux grands mouvements islamistes, les sunnites et les chiites. Cette opposition est exprimée via leurs organisations étatiques. Par conséquent, au-delà des différends qui opposent la Russie et la Turquie, il y a également le différend entre l'Arabie saoudite et l'Iran et entre toute une série de mouvements dans la région elle-même du Moyen-Orient. Pour ce qui est des derniers incidents entre la Turquie et la Russie, vous savez que notre pays veut toujours apaiser les tensions en agissant d'une façon juste et appropriée toute en assurant le respect des principes du droit international. A cet égard, nous sommes toujours prêts à apporter notre contribution dans ce débat qui oppose des points de vue aussi différents dans cette région.
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, une dernière question. La question de la suppression des garanties à Chypre - vous avez été le premier à faire cette proposition - figure en tête de liste de l'agenda des discussions sur la question chypriote.
N. KOTZIAS : J'ai dit que les garanties devraient être supprimées mais j'ai également dit que la Grèce n'avait aucune intention de maintenir son statut de puissance garante et qu'elle allait y renoncer, ce qui est complètement nouveau. Je pense que cela a une certaine importance. Les Américains sont en train d'en discuter. Les Britanniques disent que dès lors que les deux pays, les puissances garantes (Grèce-Turquie) se mettent d'accord, ils ne revendiqueront pas le statut de puissance garante. La Chine a affirmé que les garanties étaient anachroniques. Dans son discours d'avant-hier, le représentant russe de l'ONU - avec lequel nous avons discuté de la question chypriote - avait affirmé que le statut des garanties était un résidu du colonialisme et devrait être supprimé.
Je pense que pour la première fois une idée de la diplomatie grecque avance de la meilleure façon et nous sommes en coopération étroite avec le gouvernement chypriote.
February 4, 2016