JOURNALISTE : Pourquoi votre premier arrêt était-il à Tripoli ?
N. DENDIAS : M. Menfi nous a demandé d'aller à Tripoli. Nous avons accepté, comme une concession personnelle à son égard, à la condition qu'il n'y ait pas de contacts officiels ou de contacts avec le gouvernement provisoire. Nous y serions allés, nous l’aurions vu, nous serions partis. Le fait que Mme Mangoush se soit présentée signifie que l'accord n'a pas été respecté.
JOURNALISTE : D'autres gouvernements étrangers parlent-ils au gouvernement libyen ? La France, par exemple…
N. DENDIAS : Bien sûr qu'ils parlent au gouvernement libyen. Mais le fait est que pour tous, il a un mandat limité, c'est-à-dire qu'il ne peut pas signer d'accords, et j'ose même dire une utilité limitée. Et la deuxième chose est que ces gouvernements ne sont pas obligés de faire face à notre réalité, qui est le deuxième protocole d’accord turco-libyen. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : la position des Nations unies, selon laquelle ce gouvernement n'est pas autorisé à signer des accords vient de nous. Et nous avons travaillé très dur au sein de l'ONU pour y parvenir.
JOURNALISTE : Il n’est donc pas seulement question de symbolisme, mais aussi de substance, pour ce qui est de votre décision de quitter immédiatement Tripoli de cette manière ?
N. DENDIAS : Absolument les deux. On ne peut pas faire comme si l’on ne voyait pas. Et l'autre chose est qu'il y a une entente avec les Égyptiens.
JOURNALISTE : Lesquels ne veulent pas de contacts avec le gouvernement de Dbeibah ?
N. DENDIAS : Ils ne veulent pas de contacts substantiels. Non, pas qu’ils ne veulent pas. Ils disent que ce gouvernement devrait organiser des élections. Et non seulement il n'organise pas d'élections, mais il s’approprie son séjour, exploite les ressources de la Libye à sa guise et signe avec les Turcs également. Eh bien, ce n’est pas possible.
JOURNALISTE : Quelles seront dorénavant nos relations avec la Libye ?
N. DENDIAS : Nos relations avec la Libye resteront ce qu'elles sont, de notre point de vue. Et ceci dans le sens où nous allons essayer - et c'était le but de la visite - de maintenir une relation forte avec l'Est de la Libye, donc avec le Parlement, donc, en fait, avec une Assemblée qui donne de la force à notre position contre l'acceptation et la conclusion de textes illégaux avec les Turcs. Et d'autre part, avec nos petites possibilités, parce que je vous rappelle que nos possibilités sont petites par rapport à d'autres, puisque nous voulons avoir une influence sans argent et sans armée, pour empêcher l'extension des accords contractuels avec la Turquie.
JOURNALISTE : Que vous ont dit aujourd'hui le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, et le maréchal Khalifa Haftar ?
N. DENDIAS : Saleh et Haftar étaient absolument dans la ligne que nous aimerions qu'ils soient. Ils ont souligné que la présence turque est dommageable et inacceptable. Il était important de voir Saleh et Haftar parce qu'ils s’étaient rendus en Turquie. Erdogan lui-même les a vus, Erdogan a vu aussi les députés libyens, et c'est pourquoi je suis allé au Parlement et leur ai expliqué nos positions.
JOURNALISTE : Pensez-vous que nous pouvons être optimistes quant aux élections en Libye dans la prochaine période ?
N. DENDIAS : Non. Je pense que nous sommes loin de cette éventualité, c’est pourquoi nous devons voir ce que nous allons faire.
November 19, 2022