Interview accordée par le ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, au journal « The National Herald » (17 juillet 2019)

Interview accordée par le ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, au journal « The National Herald » (17 juillet 2019)Quel est l’objectif de votre rencontre aux Etats-Unis ?

J’effectue cette visite aux Etats-Unis en vue de participer aux travaux de la conférence ministérielle sur la promotion de la liberté religieuse et de m’entretenir avec mon homologue, Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale, M. Bolton ainsi qu’avec des membres éminents du Congrès américain, tels que le sénateur B. Menendez. Je suis tout à fait convaincu qu’à travers ces rencontres extrêmement productives, sera davantage renforcé le nouvel élan qui a été insufflé aux relations entre la Grèce et les Etats-Unis, notamment après l’établissement du dialogue stratégique bilatéral. Cela dit, l’occasion me sera offerte de discuter avec mon homologue du rôle positif que joue la Grèce dans son voisinage direct, de ses efforts visant à renforcer la coopération avec les pays de la région élargie et la stabilité régionale. Dans ce cadre, j’évoquerai également la question des actions provocatrices de la Turquie en Méditerranée orientale lesquelles constituent des actes de violation flagrants du droit international et celles-ci sont condamnées avec la plus grande fermeté par la communauté internationale. Force est de signaler également que le gouvernement grec est reconnaissant au gouvernement américain des déclarations y relatives et de son attitude bien claire à l’égard de cette question.

Actuellement la Grèce entretient de très bonnes relations avec les Etats-Unis. Y a-t-il des domaines sur lesquels vous mettrez l’accent en vue d’optimiser les avantages résultant de ces bonnes relations ?

Les relations chaleureuses entre la Grèce et les Etats-Unis datent depuis très longtemps et elles sont axées sur une conjoncture marquée par une coïncidence de nos intérêts nationaux ou sur le fait que nous sommes des pays alliés au sein de l’OTAN, mais aussi sur les principes et les valeurs communs que nous partageons et sur les liens forts qui unissent nos deux pays et nos deux peuples. Un exemple tangible attestant des progrès qui ont été réalisés dans nos relations est celui du dialogue stratégique dans le cadre duquel les deux parties ont pris l’engagement d’intensifier leur coopération dans une série de domaines, tels que la défense et la sécurité, le maintien de l’ordre public et la lutte contre le terrorisme, les échanges commerciaux et les investissements, les questions énergétiques et les contacts entre nos citoyens. Je suis certain que j’aurai une bonne coopération et un échange de vues très utile avec mes interlocuteurs américains en vue d’approfondir et d’élargir notre coopération dans les domaines que je viens juste d’évoquer.

Est-ce qu’il existe actuellement au sein de la société grecque un sentiment antiaméricain ?

Il n’y a pas d’antiaméricanisme aujourd’hui en Grèce. Je pense que l’antiaméricanisme d’autrefois n’existe plus. Aujourd’hui, les relations entre nos deux pays et nos deux peuples sont particulièrement étroites et elles sont axées sur le fait que nous partageons les mêmes valeurs et principes, que nous avons des objectifs et des intérêts communs et que nous défendons de concert le mode de vie occidental, démocratique. La Grèce est le berceau de la démocratie et les Etats-Unis sont aujourd’hui la démocratie la plus puissante et grâce à cela nous sommes de plus en plus proches les uns des autres.

Ces derniers temps, il y a des tensions dans les relations gréco-turques notamment après les travaux de forage que la Turquie prétend mener dans la ZEE chypriote. Quelles seront les premières actions qu’entreprendra le gouvernement grec pour faire face à l’attitude provocatrice de la Turquie ? Etes-vous satisfait de l’attitude des partenaires européens à l’égard de la question des dernières provocations d’Ankara ?

La Grèce condamne immédiatement les activités illégales turques dans les eaux territoriales chypriotes et dans la ZEE. Elle soutient fermement tous les efforts de la République de Chypre visant à mettre en avant cette question au sein des forums internationaux. Par ailleurs, suite aux actions coordonnées de la part de la diplomatie grecque et chypriote, l’Union européenne a pour la première fois procédé à la prise de mesures spécifiques contre la Turquie. Il s’agit d’une évolution extrêmement importante.
J’espère que la Turquie entendra raison. Nous ne voulons pas que la Turque s’éloigne de l’UE. Toutefois, il va de soi que nos relations avec la Turquie doivent être axées sur le droit international, sur le droit de la mer et sur les relations de bon voisinage.

La reconnaissance de Juan Guaido en tant que président par intérim du Venezuela par le gouvernement grec revêt-elle un caractère plutôt pratique ou symbolique ?

La Grèce a procédé à la reconnaissance du président démocratiquement élu de l’assemblée nationale du Venezuela en tant que président par intérim, en se joignant à la majorité écrasante des Etats membres de l’UE. L’objectif est de mettre en place dans ce pays des conditions favorables à la tenue d’élections libres et justes, en vue d’apporter une solution démocratique à l’impasse politique existante, dans l’intérêt de son peuple.

Quel est votre message envers les Grecs des Etats-Unis et la diaspora en général ?

Les liens de la Grèce avec la diaspora grecque qui est omniprésente demeurent étroits et actifs. Cela ne signifie pas toutefois que ces liens ne doivent pas être davantage renforcés. Et tel est justement l’objectif que se sont fixés le nouveau gouvernement et le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères compétant en la matière, Antonis Diamataris lequel a une connaissance très approfondie des questions de la diaspora, notamment aux Etats-Unis. Les dispositions législatives offrant la possibilité aux Grecs de l’étranger de participer aux élections constituent une demande immuable de la communauté grecque et un engagement pris par notre gouvernement pour y répondre dans les plus brefs délais. Je tiens aussi à les remercier de leur soutien pendant toutes ces années de la crise financière car ils ont prouvé, chacun dans la mesure de ses capacités, qu’ils demeurent aux côtés de leur patrie malgré la distance qui les sépare de cette dernière. Je voudrais signaler aux nouveaux migrants de la crise récente que le nouveau gouvernement grec fera tout ce qui est en son pouvoir pour mettre en place les conditions nécessaires à leur retour. La patrie a besoin d’eux afin que nous construisions ensemble un meilleur avenir pour nous tous.

July 17, 2019