JOURNALISTE : Nous suivons avec inquiétude la situation au Moyen-Orient et la crainte d'une guerre totale ne se dissipe pas. Quel serait le catalyseur qui permettrait de désamorcer la situation ? Quel est le rôle de la Grèce ?
G. Kotsiras : La déstabilisation du Moyen-Orient nous préoccupe profondément. Il est urgent de parvenir à une désescalade régionale, à un cessez-le-feu, au retour des otages et à l'acheminement de l'aide humanitaire. Dans le même temps, la planification du lendemain doit se poursuivre afin de garantir la paix dans la région. La Grèce, en tant que pilier de la stabilité, menant une politique étrangère fondée sur des principes, est un interlocuteur fiable pour toutes les parties et joue un rôle actif dans l'effort de paix par le biais d'initiatives constructives. Nous maintiendrons cette attitude responsable au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Bien entendu, nous veillons constamment sur les Grecs de la région. Deux opérations de rapatriement ont déjà été menées à bien. Nous restons pleinement préparés.
JOURNALISTE : Une nouvelle rencontre entre le Premier ministre et le président turc est prévue à Ankara. Pensez-vous que les conditions sont réunies pour entamer des discussions sur la ZEE et le plateau continental ?
G. KOTSIRAS. Après une période de rapprochement progressif avec la Turquie, les ministres des affaires étrangères examineront si les conditions sont réunies pour entamer une discussion de fond sur la délimitation du plateau continental et de la ZEE
Nous avançons avec prudence, avec le droit international comme boussole. La normalisation de nos relations avec la Turquie est bénéfique. Les violations de l'espace aérien grec ont été pratiquement éliminées. Les flux migratoires irréguliers ont été réduits. Les économies locales des îles de la mer Égée orientale bénéficient de l'adoption de la mesure « visa express ». La perspective d'une coopération entre les deux pays dans un certain nombre de domaines, tels que le commerce, l'esprit d'entreprise et l'innovation, a pris un nouvel élan. Surtout, le maintien de canaux de communication ouverts a contribué à éviter les crises et à ramener le calme dans notre voisinage à un moment où notre région est en feu.
JOURNALISTE : Pensez-vous que la normalisation des relations gréco-turques contribue au règlement du problème chypriote ?
G. KOTSIRAS : La prochaine réunion trilatérale sous l'égide du Secrétaire général de l'ONU est un développement positif. L'amélioration des relations gréco-turques contribue sans aucun doute aux efforts visant à résoudre le problème chypriote.
JOURNALISTE : Quel est l'état de nos relations avec l'Egypte ?
G. Kotsiras : Nos relations avec l'Égypte sont stratégiques. Cela a été confirmé lors de la rencontre de M. Gerapetritis avec son homologue égyptien à New York. Notre objectif constant est d'approfondir la coopération. J'ai visité l'Égypte il y a quelques jours et j'ai pu constater de visu la profondeur de nos liens historiques et culturels. Le patriarcat d'Alexandrie et les Grecs d'Égypte constituent un pont d'amitié. Nous sommes fermement à leurs côtés.
JOURNALISTE : Vous avez déclaré qu'il était d'une importance nationale de renforcer nos liens avec les Grecs de l’étranger. Pensez-vous qu'en termes de vote et d'élections nationales, il y aura un consensus au Parlement ?
G. KOTSIRAS : Après le succès de la mise en œuvre du vote par correspondance aux élections européennes, la voie est désormais ouverte pour l’introduire aux élections nationales également. C'est une question de démocratie. J'espère que cette fois-ci, l'opposition dépassera les calculs partisans, afin que nous puissions envoyer un message d'unité aux Grecs de l'étranger. En tout cas, nous continuerons à travailler pour améliorer la vie quotidienne et renforcer la voix des expatriés.
JOURNALISTE : Les partis d'opposition sont en quête de leadership. Vous tenez le gouvernail du pays entre vos mains, mais il n'y a pas de contrôle ni de contre-proposition. Est-ce dangereux ?
G. KOTSIRAS : En démocratie, les rôles sont distincts. Le gouvernement gouverne et l'opposition exerce l'opposition. Notre devoir en tant que gouvernement, depuis le premier jour de notre entrée en fonction et après le fort renouvellement du mandat que nous avons reçu il y a un an, est de mettre en œuvre le programme sur lequel nous nous sommes engagés. Notre ambition, dans tous les processus parlementaires, est de dialoguer avec tous les partis d'opposition et de créer des convergences. Mais notre objectif est de résoudre les problèmes de la vie quotidienne des citoyens et de la société. C'est sur ce critère que les citoyens nous évalueront et nous jugeront.
JOURNALISTE : Votre parti a récemment célébré son 50e anniversaire. Ce qui a été fortement commenté, c'est l'absence des deux anciens premiers ministres et présidents du parti Nouvelle Démocratie, alors qu'ils avaient été invités par Kyriakos Mitsotakis. Comment qualifieriez-vous cela ?
G. Kotsiras : Le 50e anniversaire de la création de la Nouvelle Démocratie a été une occasion de célébrer pour tous les membres du parti qui l'ont soutenu au fil des ans. Dans ce contexte, le Premier ministre a prononcé un discours, s'adressant à tous les gens de la Nouvelle Démocratie, et a fait référence à tous les anciens présidents de la Nouvelle Démocratie et Premiers ministres du pays, honorant ainsi l'histoire du parti. Je ne pourrais jamais commenter une décision prise par deux anciens présidents et anciens premiers ministres du parti auquel j'appartiens. Ce que je retiens c’est que, par son discours, Kyriakos Mitsotakis a rendu hommage à chacun pour sa contribution au parti et a envoyé un message d'unité.
October 13, 2024