« Des efforts surhumains ont été déployés pour le rapatriement des Grecs »
JOURNALISTE : Nous allons maintenant discuter avec le ministre compétent, à savoir le ministre des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis. Bonsoir, Monsieur le Ministre, merci d'être avec nous ce soir.
G. GERAPETRITIS : Bonsoir Mme Zacharea, l’honneur est pour moi. Je vous remercie.
JOURNALISTE : Le Conseil gouvernemental des Affaires étrangères et de la Défense s'est réuni ce matin. Vous avez manifestement fait des premières évaluations sur cette guerre, est-ce que vous vous attendez à ce qu’elle dure longtemps et quelles sont les premières prévisions sur l’impact de cette guerre en Grèce.
G. GERAPETRITIS : Il s'agit d'une guerre qui a été déclenchée par un acte terroriste violent du Hamas contre l'État d'Israël. Un acte terroriste sans précédent par sa nature inhumaine, la violence et les souffrances qu'il a causées à la population. Pour cette raison, je pense qu'il était évident que non seulement la Grèce, mais aussi l'ensemble du monde occidental, soutiennent l'État d'Israël.
JOURNALISTE : Pire que la guerre en Ukraine.
G. GERAPETRITIS : J'ai le sentiment qu'à l'heure actuelle, le niveau de cette menace asymétrique est très, très élevé. Les scènes dont nous sommes tous témoins sont non seulement impensables et inhumaines, mais aussi elles détruisent toute notion d'humanité et d'État de droit et sont tout à fait contraires aux principes fondamentaux qui régissent l'existence humaine.
JOURNALISTE : Cela va-t-il durer longtemps ?
G. GERAPETRITIS : Personne ne peut le dire avec certitude. Ce que je peux vous dire, c'est que l'État grec, le gouvernement grec étudie tous les scénarios possibles.
Les ministères concernés, sous la direction du Premier ministre, l'ensemble du gouvernement, ont tous les scénarios possibles sur la table, dans le cas d’une guerre courte ou dans le cas d’une guerre plus longue.
JOURNALISTE : Quelles conséquences cette guerre peut-elle avoir pour notre pays ?
G. GERAPETRITIS : Les conséquences sont importantes pour notre pays, comme pour l'ensemble de la région.
Vous savez, le Moyen-Orient a toujours été un point de référence pour l'équilibre du monde, pour la sécurité non seulement régionale mais aussi mondiale.
Le monde arabe semble aujourd'hui divisé. J'ai eu l'occasion, Madame Zacharea, de me rendre à Oman et aux Émirats arabes unis au plus fort de la crise. J'ai parlé avec tous mes homologues et toutes les délégations des États du Golfe, du monde arabe, de l'Égypte et de la Jordanie.
En ce moment, il y a beaucoup d'agitation, en raison précisément de la grande division qui semble se produire.
Plus cette division et l'intolérance de la population sont cultivées, plus il semble que nous aurons une longue période de troubles.
Pour la Grèce, cela signifie évidemment que nous serons dans un état de vigilance constante. Vous comprenez qu'il y a des conséquences non seulement sur le plan international, mais aussi sur la position géopolitique de la Grèce, où heureusement je pense que nous avons développé une ligne très stable, qui est appréciée sur la scène internationale.
JOURNALISTE : Est-ce que vous pensez qu’il peut y avoir un impact sur l'économie, sur les flux migratoires ?
G. GERAPETRITIS : Nous pourrions avoir un impact à plusieurs niveaux. Le premier niveau, que tout le monde comprend, est le niveau humanitaire.
La situation actuelle est très violente dans une zone comme Gaza, qui – imaginez-vous – est de la taille d’une île moyenne en Grèce.
JOURNALISTE : C'est comme Andros en termes géographiques.
G. GERAPETRITIS : C'est comme Andros, un peu plus grand que Karpathos et il y a environ 2 300 000 personnes concentrées là. Avec une telle densité de population, nous comprenons tous ce que cela signifierait si la violence était exercée dans cette région. La situation est trop asymétrique et nous devons être prêts à tout.
Bien sûr, nous pouvons avoir des flux migratoires, qui se déplaceront, et c'est là que les valeurs humanitaires doivent être prises en compte. Les conséquences économiques dépendront beaucoup de l'attitude du Golfe, de la production pétrolière, des décisions prises à cet égard et, bien sûr, à long terme, de la durée de cette guerre.
JOURNALISTE : Avez-vous également discuté au sein du Conseil gouvernemental des Affaires étrangères et de la Défense des éventuelles mesures de sécurité à prendre contre toute action illégale ?
G. GERAPETRITIS : Les mesures de sécurité ont déjà été renforcées, le ministère de la Protection des citoyens, mais aussi les ministères concernés, le ministère des Affaires maritimes et le ministère de la Politique migratoire prennent toutes les mesures nécessaires dans notre pays. Les niveaux de sécurité ont déjà été relevés afin de protéger les cibles potentielles.
Il n'y a pas lieu de s'inquiéter, mais il y a une grande vigilance, la Grèce est prête à faire face à tous les scénarios possibles. Elle a la sécurité et nous pensons qu'il n'y aura pas de problème pour nous, mais nous sommes prêts à faire face à tous les scénarios possibles.
JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, je voudrais terminer par la question de la Türkiye. Après les élections, nous avons vu le président Erdogan s'ouvrir à l'Occident.
Nous voyons que cela change de nouveau, Erdogan n'a pas adopté une position de soutien absolu à Israël comme nous l'avons fait. Hier déjà, l'OTAN n'a pas pu publier un communiqué commun parce que le ministre turc de la défense s’est démarqué.
Est-ce que cela vous préoccupe ? Au moment où un rapprochement avec la Grèce s’était amorcé, est-ce que tout cela pourrait être chamboulé, pour dire les choses simplement ?
G. GERAPETRITIS : Je voudrais commencer par notre politique étrangère, Madame Zacharea, avant d'aborder la question de la Türkiye et vous dire en toute conviction, que ce qui est vrai, c'est que la politique étrangère grecque est fondée sur des principes. Et ce sont ces principes qui confèrent à notre politique étrangère solidité, sérieux et crédibilité.
Nous ne prendrons pas de décisions en fonction des circonstances. Nous nous en tenons toujours au droit international, aux règles humanitaires et à la Charte des Nations unies.
Nous comprenons que la Türkiye puisse avoir un certain changement relatif dans sa politique étrangère, par rapport à une attitude plus occidentale qui s'est développée récemment. Après les événements au Moyen-Orient, un changement relatif ou plus important de sa part, n'affectera pas directement les relations gréco-turques et le rapprochement qui est tenté.
Mais je tiens à souligner qu'en tout état de cause, il est très important de faire preuve de cohérence en matière de politique étrangère. Cela est particulièrement important, et je voudrais souligner que c'est également très apprécié par tous nos partenaires, et cela aide toujours dans les situations de crise.
J’aimerais dire, Madame Zacharea, que des efforts surhumains ont été faits, par exemple, pour le rapatriement des Grecs se trouvant en Israël. La Grèce a été l'un des premiers pays à rapatrier tous, je dis bien tous, les Grecs qui le souhaitaient, dans des conditions extrêmement difficiles.
Nous avons également aidé les citoyens de nombreux autres pays à venir en Grèce et, de la Grèce, à rentrer dans leur pays. C'est une question de crédibilité et de prestige pour le pays.
JOURNALISTE : Je vous remercie beaucoup, Monsieur le Ministre, pour l’entretien que nous avons eu.
G. GERAPETRITIS : Ce fut un grand plaisir, merci.
October 12, 2023