JOURNALISTE : Bonsoir monsieur le Ministre.
G. GERAPETRITIS : Bonsoir monsieur Kouvaras. Je vous remercie.
JOURNALISTE : Nous voulions connaître votre point de vue puisqu’en ce moment même Macron, en s’adressant au peuple français, a convoqué des élections en France. Que pensez-vous à cet égard ? Pensez-vous vraiment que les élections européennes d'aujourd'hui génèrent enfin des développements en Europe et quel genre de développements nous pourrions avoir ?
G. GERAPETRITIS : Il est certain, Monsieur Kouvaras, qu'il y aura des développements en Europe, tant au niveau des États qu'au niveau de l'Union européenne. Au niveau des États, les deux grands États européens, moteurs de l'Union européenne, la France et l'Allemagne, ont obtenu des résultats qui bouleversent l'ordre politique établi. En France, nous avons l'extrême droite qui totalise environ 37 % des suffrages et une nette défaite pour le président Macron. En Allemagne, les sociaux-démocrates de la coalition gouvernementale occupent la troisième place. Nous nous attendons à des développements importants dans les deux cas. Comme vous le savez, le président Macron a déjà dissous le parlement et convoqué des élections pour le 30 juin.
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, dans ces conditions, et après deux guerres, une guerre en Ukraine et une guerre au Moyen-Orient, une Europe qui cherche parfois comment gérer ces événements, qui attend de voir ce que Washington va faire. Il y a parfois des difficultés de concertation entre les puissances européennes. Lorsque vous avez deux gouvernements aussi importants que la France et l'Allemagne qui, à ce stade, reçoivent un tel message lors des élections européennes, comment cela peut-il affecter la stabilité de l'ensemble de l'Europe et comment cela peut-il affecter la position européenne sur ces questions cruciales ?
G. GERAPETRITIS : Pour l'instant, l'Europe devrait s'en tenir aux résultats des élections, ce qui est le cas. Je voudrais dire, pour rétablir l'exactitude de ce que nous disons, que les changements qui ont lieu dans la composition du Parlement européen, parce que nous oublions que les élections d'aujourd'hui portaient principalement sur la composition du Parlement européen, ne sont pas majeurs. Il y a un renforcement principalement du Parti populaire européen, auquel la Nouvelle République appartient également, un renforcement relatif de l'extrême droite et un déclin des socialistes et des libéraux du groupe Macron. Donc pour l'instant, en l'état actuel des choses…
JOURNALISTE : Qui demeurent néanmoins au-dessus de l'extrême droite.
G.GERAPETRITIS : Qui est la troisième force au Parlement européen. Mais d'après les faits, il est possible qu’il y ait, à travers une grande coalition, qui sera créée par les trois forces dominantes au Parlement européen, à savoir le Parti populaire européen, les socialistes et Renew, un leadership au sein de la Commission européenne. Et c'est quelque chose qui se produira.
JOURNALISTE : Vous ne ferez donc pas appel M. Gerapetritis, à M. Meloni ou à qui que ce soit d'autre pour élire un président à la Commission, mais aux trois groupes politiques que vous avez mentionnés.
G. GERAPETRITIS : Comme vous le savez, notre Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a entrepris des démarches avec le Premier ministre polonais, M. Tusk, afin qu'il y ait le consensus politique nécessaire pour diriger l'Europe. Le 16 juillet, M. Mangiriadis, le Parlement européen se réunira à Bruxelles et à Strasbourg, afin de procéder à la formation du Parlement et, si possible, sur la base des groupes et des groupes politiques qui ont été formés, à l'élection de la nouvelle présidente ou du nouveau président de la Commission européenne.
JOURNALISTE : Macron toutefois veut que Draghi occupe le poste de président de la Commission. Cela pourrait-il conduire à un changement en termes d'alliances ?
G. GERAPETRITIS : C'est quelque chose que nous attendrons de voir. Il reste environ 40 jours avant que le Parlement européen ne soit formé. Ces 40 jours sont très, très cruciaux pour l'avenir de l'Europe. Je voudrais insister sur le point suivant, qui est très important. Nous avons voté pour l'Europe, qui est en train de se transformer en une Europe géopolitique. Ce n'est plus une simple union économique, politique. C'est une union géopolitique qui résiste aux guerres dans notre région. Il est nécessaire d'avoir ces configurations pour que nous ayons une Commission européenne. Je voudrais également vous rappeler, car c'est également important, qu'à partir du 1er juillet, la Hongrie assumera la présidence du Conseil européen, quelle que soit l’importance que cela revêt. Il est donc très important que les institutions de l'Union européenne soient structurées de manière à pouvoir faire face à toute difficulté.
JOURNALISTE : Permettez-moi de rester un peu sur la partie internationale. Vous dites que la Hongrie va prendre le relais. C'est exact. Il y a aussi une possibilité sérieuse en novembre que nous ayons Trump comme président aux États-Unis. Nous avons deux guerres, je le répète à nos portes, qui ne semblent pas se diriger vers une issue. Vous êtes préoccupé par tout cela, pour nos téléspectateurs, il s’agit d’une situation explosive. Et quand on voit des résultats en Europe comme ceux que nous voyons aujourd'hui, cela semble encore plus problématique.
G.GERAPETRITIS : Nous sommes inquiets. Évidemment, M. Kouvaras, nous suivons l'évolution de la situation. Mais je tiens à dire que ces dernières années, ces cinq dernières années, il y a eu des étapes claires vers une autonomie substantielle de l'Union européenne vis-à-vis de l'Ouest et de l'Est. Il est important que l'Union européenne dispose d'une autonomie géopolitique, d'une autonomie énergétique et d'une autonomie politique. C'est pourquoi, même s'il y aura certainement des turbulences en raison des résultats tels qu'ils sont apparus, ce qui est certain, c'est que le parcours de l'Union européenne ne sera pas arrêté.
Il est extrêmement important de souligner que nous nous trouvons face à une nouvelle législature au sein de l'Union européenne qui est très cruciale pour les intérêts de la Grèce et malheureusement, je tiens à le dire avec déception, il n'y a pas eu de débat approfondi et de consultation sur les questions européennes au cours de la période électorale.
JOURNALISTE : Vous avez tout à fait raison.
G. GERAPETRITIS : C'était très limité. Mais je tiens à dire que les cinq prochaines années seront celles du développement rural, d'une Europe compétitive vis-à-vis des États-Unis, de la mise en œuvre du Pacte sur les migrations et, surtout, de la nouvelle Europe géopolitique vis-à-vis du monde.
JOURNALISTE : Je vous remercie, Monsieur le Ministre.
June 9, 2024