JOURNALISTE : Lors de la récente visite officielle du Premier ministre grec, vous l'avez accompagné en Égypte. En marge de cette visite, vous avez également accordé une interview à la chaîne de télévision Al Qaheera, si je ne m'abuse, et vous avez évoqué les relations gréco-turques.
Les deux pays se trouvent, comme vous l'avez dit, dans une phase de rapprochement, de redémarrage d'une relation plus sincère. Votre homologue turc a dit la même chose. Il a aussi parlé de sincérité et notamment sur la question chypriote ; bien sûr, nous sommes sincères, a-t-il dit, sur ces questions, l'attitude de la Turquie et les relations entre les deux pays, et nous espérons que la partie grecque fera preuve de la même sincérité.
Donc, la première question qui se pose ici est - puisque nous avons cela en commun, nous verrons après les différences - si nous avons des discussions en cours, à un niveau préparatoire qui constituera la base d'un dialogue politique, qui est l'un des objectifs.
G. GERAPETRITIS : C'est comme vous l'avez dit, Madame Vidou, et comme nous l'avons exposé et, en particulier, comme le Premier ministre l'a exposé, après la réunion des délégations à Vilnius, en marge de la conférence de l'OTAN. Ce que nous essayons de faire en ce moment, étant donné que notre géographie nous a imposé un statut de voisinage, c'est de pouvoir construire une relation basée sur le respect et la confiance mutuels. Ce n'est pas chose facile, étant donné que les différends qui existent sont extrêmement complexes et cruciaux, et qu'il y a une histoire qui pèse souvent sur les relations de voisinage. D'un autre côté, je pense qu'il est très important de pouvoir saisir cette opportunité, si je puis dire, qui s'est présentée historiquement. C’est-à-dire avoir deux gouvernements qui disposent d'une nouvelle légitimité, donc d'un fort capital politique, et d'une volonté de la part des deux gouvernements, du moins telle qu'elle est exprimée par les dirigeants politiques, d'adopter une approche sincère. Je voudrais souligner qu'en particulier avec mon homologue turc, M. Fidan, nous avons développé une très bonne relation, une relation personnelle, et nous sommes en communication régulière.
JOURNALISTE : Allez-vous avoir une réunion ? Y a-t-il quelque chose de prévu au programme et pouvez-vous nous le dire ?
G. GERAPETRITIS : Pour l'instant, nous avons deux échéances. La première est l'Assemblée générale des Nations Unies à New York à la mi-septembre, où il y aura une réunion des délégations avec les dirigeants, c'est-à-dire avec les chefs de gouvernement. Et une deuxième étape, vers la fin de l'année, lorsque nous aurons le Conseil de haut niveau Grèce - Turquie, avec une composition élargie, c'est-à-dire, non seulement avec les dirigeants, mais aussi avec un nombre significatif de ministres. Vous comprenez que les ministères des Affaires étrangères effectueront un travail préparatoire en vue de ces discussions et réunions importantes. Les deux ministres des Affaires étrangères ont assumé la responsabilité globale de l'organisation de ce rapprochement, et nous sommes donc à la fois responsables et comptables de l'évolution de cette question. Il est probable que nous ayons une réunion avec mon homologue turc avant l'Assemblée générale des Nations Unies, précisément pour fixer le calendrier, la base de la discussion et les prochaines étapes.
JOURNALISTE : Qui aura lieu où, si tant est qu’elle ait lieu ?
G. GERAPETRITIS : C'est quelque chose qui reste à clarifier. Toutefois, ce que je peux vous dire, c'est qu'à l'heure actuelle, les bonnes relations, les relations sincères qui se sont développées nous ont permis de résoudre certaines questions qui se posent, qui ne relèvent pas toujours de la responsabilité des gouvernements centraux, de sorte que la situation est désamorcée sans avoir à s'engager dans des tensions verbales ou d'autres formes de tension.
JOURNALISTE : De quelles questions la Grèce est-elle disposée à discuter ? Je veux dire, nous voyons que d'un côté comme de l'autre, vous avez dit que nous avons un différend très important, la ZEE, bien sûr, et le plateau continental, et je me demande si les négociations, en particulier sur la question de la ZEE, peuvent concerner d'autres questions, un accord similaire à celui, disons, avec l'Égypte, qui était un accord bilatéral et non à La Haye, pour lequel je sais très bien que la position de notre pays est très claire et très ferme.
G. GERAPETRITIS : Madame Vidou, ce qui est vrai, c'est que la Grèce et la Turquie ont un différend fondamental, le seul différend, et qui peut être porté devant une juridiction internationale. Il s'agit de la délimitation des zones maritimes, à savoir la zone économique exclusive et le plateau continental. Pour cela, étant donné que la Turquie n'est pas signataire de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et qu'elle n'accepte pas la juridiction de la Cour internationale de justice de La Haye, il faudra un compromis qui définira l'étendue du litige. Notre volonté, Madame Vidou, est de saisir également cet important différend sous-jacent. Je voudrais souligner ce qui suit : Il est très, très important que nous puissions continuer, que nous puissions marcher sur le chemin de ces derniers mois, qui est un chemin de réconciliation et de calme dans la mer Égée et la Méditerranée orientale.
Nous n'avons plus les confrontations verbales que nous avons connues dans un passé récent, ni les violations de l'espace aérien que nous avons subies pendant des décennies. En ce moment, nous jouissons d'une grande tranquillité. Cela nous permet, Madame Vidou, de discuter non seulement des questions courantes de gestion - et c'est important, si nous pouvons garantir une tranquillité à long terme dans notre région, c'est en soi une grande réussite. Mais nous avons également l'occasion de discuter des grandes questions et, en particulier, des questions liées à la délimitation.
JOURNALISTE : Je reviendrai sur le sujet de la délimitation. Cependant, je vois que vous vous concentrez beaucoup sur la discussion et le climat positif. Vous êtes également fortement critiqué par l’opposition, qui vous reproche de ne pas croire en un dialogue significatif, qui pourrait conduire à un accord plus large avec la Turquie - je ne sais pas ce que cela pourrait être - et d'avoir un agenda caché.
G. GERAPETRITIS : Je tiens à vous avouer que j'ai été très clair et sans ambiguïté, tant devant le Parlement, où j'ai fait mes premières déclarations en tant que ministre des Affaires étrangères, que lors de la séance d’information que j’ai tenue devant tous les dirigeants des partis politiques parlementaires, mais aussi dans le contexte de l'examen parlementaire auquel j'ai répondu. Et je suis d'avis que tout ce qui sera fait devra l'être de manière tout à fait claire, tout à fait ouverte, en connaissance de cause et, si possible, en accord avec les formations parlementaires grecques. C'est une position ferme que je continuerai à défendre avec constance. Nous nous concertons beaucoup, Madame Vidou, et nous sommes prêts à nous asseoir et à discuter, afin de trouver des solutions bénéfiques, en ne regardant pas le passé, mais surtout l'avenir. Nous voulons laisser un héritage important aux générations futures, et cet héritage sera, en fait, un voisinage tranquille. En effet, dans un voisinage international calme, il est possible de développer son intérieur et de voir les choses positives sous un angle différent.
JOURNALISTE : Voulez-vous être plus précis parce que cela pourrait être mal interprété. Je veux dire qu'au milieu de cette tranquillité et pour pouvoir assurer un climat calme à l'avenir ou que ce climat calme dure, y a-t-il une chance que vous fassiez des concessions ?
G. GERAPETRITIS : Puisque la question a été soulevée et que j'y ai répondu très clairement, je vous remercie de me donner l'occasion de clarifier les choses. Je pense que la déclaration du Premier ministre était très claire et qu'elle est conforme aux positions établies de la politique étrangère grecque et à nos positions nationales. Non seulement il n’y a aucune chance que nous fassions des concessions, mais aussi que nous soulevions des questions qui ont trait à la souveraineté nationale. La souveraineté est unie, indivisible, ne peut être divisée d'aucune manière et n'est donc pas à l'ordre du jour. Par conséquent, les questions liées aux eaux territoriales ou à la souveraineté sur les îles, à la démilitarisation, ne peuvent être soumises à la discussion sous aucune version. D'autre part, il est évident que lorsque vous vous asseyez à une table, il peut y avoir des divergences par rapport aux positions de base de la négociation, mais ces divergences ne peuvent pas porter sur des questions de souveraineté et ne peuvent pas porter sur des questions qui pourraient nuire à nos intérêts nationaux.
JOURNALISTE : Sur quoi peuvent-elles porter ?
G. GERAPETRITIS. Permettez-moi de soulever cette question tout d’abord devant le Parlement et les dirigeants politiques. Il est bon de ne pas toujours être extrêmement ouvert, du moins dans le discours public, sur les parties concernant les débats nationaux et les négociations nationales. Mais tout ce qu'il y a à discuter sera présenté au Parlement. Ce que je veux vous assurer, et à travers vous et le peuple grec, c'est que nous ne nous soustrairons jamais à nos positions nationales ou à notre souveraineté.
JOURNALISTE : J'ai parlé tout à l'heure de l’extension des eaux territoriales, si c'est une chose à laquelle vous pensez. Je veux dire, cela a été évoqué dans le passé, c'est quelque chose que la diplomatie grecque envisage, s’agissant du différend que nous avons avec la Turquie en ce moment.
G. GERAPETRITIS : La question des eaux territoriales, comme je l'ai déjà dit, est une question de souveraineté nationale.
JOURNALISTE : Et donc ?
G. GERAPETRITIS : La Grèce maintient strictement le droit qui lui est conféré par le droit international et, en particulier, le droit de la mer, d'étendre ses eaux territoriales jusqu'à 12 milles. Elle exercera ce droit lorsqu'il sera jugé que c’est le moment opportun du point de vue politique et national et, à cette fin, elle se réserve le droit de le faire, toujours en accord avec notre délégation nationale.
JOURNALISTE : Le Tribunal de La Haye est-il le seul moyen de résoudre les problèmes, notamment en ce qui concerne la ZEE et le plateau continental ? Je vais vous expliquer pourquoi. Permettez-moi de lire un extrait de votre interview à la chaîne égyptienne : « L'accord de délimitation de la ZEE était important non seulement parce qu'une question importante a été résolue avec l'Égypte, ce qui permettra aux deux pays de développer davantage leurs ressources minérales, mais aussi parce que c'est le modèle que nous devrions suivre par le biais de discussions, de négociations, de compromis mutuels, pour finalement parvenir à une situation qui sera bénéfique pour les deux pays ».
Serait-il possible de faire de même avec la Turquie ? En d'autres termes, que vous suiviez ce modèle, pour reprendre vos propres termes, afin d'éviter que la question ne soit soumise à La Haye, c'est-à-dire de le faire de manière bilatérale.
G. GERAPETRITIS : Vous avez raison de le souligner, c'est exactement ce qui se passe selon le droit international et la pratique internationale. Les pays qui sont contigus, limitrophes, c'est-à-dire qui ont des frontières maritimes devraient, avant de s'adresser à la juridiction internationale, à la Cour de La Haye ou à la Cour de Hambourg, avoir épuisé les procédures de négociation. L'idéal, Madame Vidou, serait bien sûr qu'il y ait une convergence de vues, pour qu'il y ait un accord entre les États voisins, comme cela a été le cas avec l'Égypte, où nous avons eu un accord qui, si je puis dire, est non seulement bénéfique parce qu'il définit les zones maritimes et donc élimine un point de confrontation permanent, mais aussi parce qu'il élève la relation entre les deux pays au rang de partenaires stratégiques. En d'autres termes, lorsque vous avez conclu un tel accord, sans avoir à recourir à la juridiction internationale, il met précisément en évidence la manière dont les deux pays peuvent se parler, et je pense que la nature stratégique de notre relation avec l'Égypte le confirme aujourd'hui.
Avec la Turquie, nous pourrions avoir l'occasion de procéder ensemble à la délimitation. Et parce que nous comprenons qu'il existe des positions clairement divergentes sur des questions clés, je pense que ce qui mériterait, en fin de compte, une évaluation juridique serait précisément de saisir la Cour internationale de justice de La Haye sur cette question, sur la base d'un compromis qui définirait notre zone économique exclusive et notre plateau continental comme étant la question exclusive à régler.
JOURNALISTE : Votre homologue turc, M. Fidan, a une fois de plus indiqué que la position d'Ankara sur le problème chypriote est très claire : une question nationale, notre cause nationale, très claire, la reconnaissance de l'égalité souveraine, ce qui signifie quoi ? En substance, nous parlons de deux États, de partition. C'est une épine et la Turquie est claire et la Grèce est claire. Et vous, que dit la Grèce ? Que ce n’est pas une question qui concerne deux pays, la Grèce et la Turquie, mais une question qui concerne l’Europe et la Turquie.
G. GERAPETRITIS : Je pense que c'est là que l'on assiste à une escalade de la rhétorique de la part de la Turquie ces derniers temps, ces dernières années je dirais, sur la partition de Chypre, sur la création de deux Etats. C'est quelque chose que la politique étrangère grecque ne tolérera pas parce que cela va à l'encontre des principes fondamentaux du droit international et, surtout, à l'encontre des résolutions permanentes du Conseil de sécurité des Nations unies et des résolutions qui font référence à une fédération bizonale et bicommunautaire. La position grecque est que la solution au problème chypriote devrait être un seul État, avec une seule souveraineté, sur la base d'un modèle fédéral bicommunautaire, qui devrait être viable et produire des résultats.
JOURNALISTE : Je voudrais revenir, s'il vous plaît, sur l'affaire Beleris, le maire de Himara, et sur l'impact qu'elle a eu sur les relations entre la Grèce et l'Albanie. Où en sommes-nous aujourd'hui ? Nous parlons d'une détérioration, que beaucoup considèrent comme allant de soi, quelles sont les prochaines actions pour notre pays ?
G. GERAPETRITIS : Tout d'abord, nous devons souligner qu'avant d'aborder les prochaines actions, nous devons nous référer à ce qui a déjà été fait et il y a beaucoup de choses qui ont été faites.
JOURNALISTE : Vous avez également eu une conversation téléphonique difficile avec votre homologue.
G. GERAPETRITIS : Deux communications difficiles. Ce qui s'est passé à Himara, c'est que le candidat à la mairie de l'époque, Freddy Beleris, a été arrêté deux jours avant les élections, accusé d'avoir acheté des voix et d'avoir versé des pots-de-vin.
Depuis lors, il a été temporairement détenu, c'est-à-dire qu'il a été placé en détention provisoire, il n'y a pas eu de procès final, mais des décisions de justice ont rejeté ses demandes de mise en liberté. En même temps, alors qu'il a été élu maire, il n'a pas été autorisé à prêter serment et à assumer ses fonctions, parce que la partie albanaise ne lui permet pas de prêter serment à l'intérieur de la prison ou ne l'autorise pas à le faire à l'extérieur de la prison. En d'autres termes, il y a deux dimensions à cette question, politiques et juridiques. La première dimension est la détention provisoire, que nous considérons comme illégale, une violation de l'État de droit, une violation de la présomption d'innocence. La deuxième dimension est celle de l’incapacité à assumer ses fonctions, c'est-à-dire que le droit politique d'être élu n'est pas satisfait dans la mesure où il a déjà été élu. Par conséquent, à l'heure où nous parlons, on lui refuse le droit, même s'il a la légitimité de la population locale de Himara, d'assumer ses fonctions.
Et qu’avons-nous fait à ce sujet, Mme Vidou ?
JOURNALISTE : Et pourquoi font-ils la sourde oreille à tout cela ? Aux violations, aux plaintes ? Du côté européen, M. Schinas a envoyé une lettre très ferme au commissaire à l'élargissement, parce qu’il y a la voie vers l’adhésion, que l'Albanie aimerait beaucoup avoir. Pourquoi en ce moment fait-elle la sourde oreille et ferme-t-elle les yeux sur tout cela et procède-t-elle de la sorte ? Je ne sais pas si vous pouvez nous donner une explication et nous indiquer les mesures que vous comptez prendre.
G. GERAPETRITIS : Bien sûr, je crois qu'en ce moment, il y a un argument de la part de la partie albanaise pour ce qui est de l'indépendance judiciaire, il s'agit d'une procédure en cours, qui est liée à des accusations relevant du droit pénal, donc la procédure devant les tribunaux pénaux albanais est en suspens. D'autre part, il semblerait que malgré les efforts déployés - non seulement pour la libération, qui est le plus important, mais aussi pour la prestation de serment - il n'y ait pas de réaction positive correspondante de la part de la partie albanaise. Dès le début, le gouvernement grec a pris des initiatives très importantes. Et vous avez dit à juste titre que ces initiatives conduisaient à une escalade de la tension dans nos relations. Si vous me permettez, la manière dont la partie albanaise opère se semble au détriment de ses intérêts.
Tout d'abord, le Premier ministre grec a lui-même soulevé la question, en marge de la conférence de l'OTAN à Vilnius, auprès de son homologue albanais sur un ton particulièrement sévère, en indiquant clairement que l'insistance de la partie albanaise à ne pas prendre les mesures nécessaires à la libération de M. Beleris et, surtout, à ne pas permettre la prestation de serment, qui risquerait d’entraîner le limogeage de M. Beleris, signifierait une sérieuse détérioration de nos relations bilatérales.
Deuxièmement, au niveau des institutions, des institutions communautaires, j'ai moi-même, Mme Vidou, eu l'occasion à Bruxelles d'avoir une série de contacts en tête-à-tête avec des acteurs clés, avec des acteurs institutionnels clés, à savoir, tout d'abord, avec le Secrétaire général de l'OTAN, M. Stoltenberg, avec M. Várhelyi, qui est responsable de l'élargissement de l'Union européenne, et avec le Président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, M. McAllister. Ils sont tous directement ou indirectement liés à la question du processus de pré-adhésion de l'Albanie à l'Union européenne. Je leur ai fait comprendre personnellement, sur un ton très sévère, qu'il était impossible que le processus d'adhésion de l'Albanie se poursuive avec un tel mépris de l'État de droit, de la présomption d'innocence et du respect des droits politiques.
Comme vous l'avez dit à juste titre, je me suis entretenu à deux reprises avec mon homologue albanaise. J'ai soulevé les questions de la libération et de la possibilité de prêter serment, comme c'est le cas dans la plupart des systèmes juridiques où il est possible de voter et de prêter serment dans une prison.
Elle a exprimé une attitude positive à l'égard des choses, mais nous n'avons obtenu aucun résultat tangible. C'est pourquoi j'ai envoyé la semaine dernière une lettre à tous les ministres des Affaires étrangères des États membres de l'Union européenne et au Haut représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne, M. Josep Borrell, une lettre particulièrement ferme, dans laquelle je soulève les questions, je soulève la question du point de vue du gouvernement grec, à savoir que cela constitue une entrave sérieuse au cheminement de l'Albanie vers la famille européenne. Et je pense que ce ton se maintiendra. Si vous me le permettez, j'aimerais souligner deux autres points : il y a la lettre du vice-président de la Commission européenne, M. Margaritis Schinas, que vous avez déjà mentionnée, et l'amendement voté par le Parlement européen à l'initiative du Parti populaire européen et des députés européens de la Nouvelle Démocratie, dans lequel l'attitude de la partie albanaise, contraire à l'État de droit, est désormais explicitement mentionnée dans un texte juridique du Parlement européen, attitude qui sera bien évidemment évaluée.
Maintenant, pour ce qui est des prochaines étapes, je peux vous dire deux mots…
JOURNALISTE : Je me demande si vous allez couper, bloquer et geler les fonds destinés à Tirana, si c'est quelque chose que vous envisagez, et bien sûr, qu'en est-il de la question de la ZEE à la frontière entre la Grèce et l'Albanie.
G. GERAPETRITIS : La question de la définition de la zone économique exclusive est complètement à part, elle n'est certainement pas liée à la question de Beleris, mais nous comprenons que la tension…
JOURNALISTE : Mais cela peut affecter les relations entre les deux pays en ce moment.
G. GERAPETRITIS : La tension qui se crée n'est pas du tout bénéfique et elle n'est pas du tout bénéfique pour l'Albanie surtout, parce que, Madame Vidou, la Grèce est, que l'Albanie le veuille ou non, l'acteur fort de la région. Je voudrais vous rappeler que c'est la Grèce qui a poussé à l'adhésion des pays des Balkans occidentaux à l'Union européenne, et qu'elle conserve toujours ce statut de base. Elle est donc en fait le catalyseur de la voie vers la famille européenne de tous les États des Balkans occidentaux. Il n'est donc pas du tout dans l'intérêt de la partie albanaise d'agir de la sorte, je le dis clairement. D'importants textes, d'importantes évaluations de l'Albanie sont à venir et, en octobre, nous disposerons d'un rapport sur l’évolution du cheminement de l'Albanie vers l'Union européenne, de sorte que les chapitres de préadhésion puissent être ouverts. Dans ces conditions, nous comprenons tous que le chemin de l'Albanie est pavé d'épines.
JOURNALISTE : Elle n'a pas beaucoup de temps car, comme vous l'avez dit, nous sommes en octobre et, politiquement du moins, en diplomatie, ce n'est pas très long. Vous avez dit que la Grèce est un acteur fort, vous avez parlé tout à l'heure des relations gréco-turques et nous avons compris que la diplomatie du pays dans la longue période passée a apporté ces résultats, donc est-ce que vous allez suivre la même politique, la même trajectoire pour les quatre prochaines années ?
G. GERAPETRITIS : La politique étrangère grecque, Madame Vidou, est basée sur une position nationale fondamentale, qui est le respect du droit international en termes de position internationale du pays. Nous avons un atout très fort, nous sommes un pays qui est engagé dans l'ordre juridique international, nous avons un fondement dans le droit international et nous le soutenons. Cela, combiné à une politique étrangère multimodale et à une diplomatie publique, nous a permis d'avoir des partenaires très forts, tant au niveau régional qu'international.
Je ne pense pas que nous aurions jamais imaginé qu'il aurait été possible, à l'initiative des gouvernements grecs, d'adopter des politiques fondamentales de l'Union européenne, comme cela s'est produit avec le Fonds de relance et de reconstruction, comme cela s'est produit avec le certificat de santé numérique européen, des initiatives qui émanent de ce gouvernement et qui ont consolidé notre position en tant qu'acteur très fort en Europe.
D'autre part, des alliances très, très importantes pour les intérêts stratégiques nationaux ont été développées, comme l'alliance très forte avec l'Égypte, l'alliance forte avec Israël, avec tous les acteurs régionaux puissants de la Méditerranée orientale et de notre région élargie.
JOURNALISTE. Monsieur le Ministre, merci beaucoup.
G. GERAPETRITIS : C'était un grand plaisir et merci beaucoup.
JOURNALISTE : C'était un grand honneur pour votre première interview. Je vous remercie. C’était le ministre des Affaires étrangères, à l'émission « Syndeseis ».
August 9, 2023