JOURNALISTE : Je vous remercie d’être venu monsieur le ministre directement de l’aéroport où vous avez dit au revoir à Erdogan. Tout le monde parle de l’ouverture d’un nouveau chapitre aujourd'hui, les médias étrangers et nous-mêmes, que s'est-il passé exactement ? Erdogan a-t-il changé ? Les circonstances ont-elles changé ? Avons-nous changé ? Que s'est-il passé exactement ?
G. GERAPETRITIS : Je pense, Monsieur Kouvaras, qu'il est temps d'avoir une autre compréhension. Et cette autre compréhension est liée au fait que nous nous trouvons côte à côte. Nous sommes des pays voisins, la géographie nous unit et nous avons donc le devoir de chercher des solutions, de mettre de côté les différends qui existent et de nous concentrer sur les choses qui nous unissent. Sur notre agenda positif, sur la nécessité d'avoir des relations plus étroites en tant que peuples, sur la nécessité d'avoir de meilleures relations économiques et, bien sûr, de ne pas avoir les tensions que nous avons. Notre objectif, Monsieur Kouvaras, est que les désaccords qui surviennent, car il y aura des désaccords, ne produisent pas de crises, et cela est un important acquis.
JOURNALISTE : Ce pas important, qui a été fait aujourd'hui à Athènes, peut donc nous conduire au pas suivant, qui est l'étape essentielle, à savoir la résolution de la question du plateau continental et de la ZEE, que le gouvernement grec semble poursuivre et que le Premier ministre a mentionnée dans ses déclarations d'aujourd'hui. Donc, une chose est que les différends ne doivent pas produire une crise, que les différends - ou le différend tels que nous, les Grecs, le percevons- doivent être résolues. Est-ce là le but recherché ?
G. GERAPETRITIS : Vous avez utilisé deux fois le mot « pas » dans votre proposition, et je vais les mettre ensemble : nous irons pas à pas. La réalité, Monsieur Kouvaras, c'est que jusqu'à aujourd'hui, au cours des dix derniers mois environ, nous avons connu une période d'eaux vraiment calmes. C'est quelque chose qui, selon moi, a été consolidé. J'ai le sentiment, après cette journée, et je le dis sincèrement, qu'il existe désormais une véritable volonté de la part des deux pays d'aller de l'avant dans nos relations, de stabiliser nos liens et de passer à l'étape suivante lorsque les conditions seront réunies. Nous comprenons tous que notre principal différend, le seul qui puisse être porté devant la justice internationale, est la définition de la zone économique exclusive et du plateau continental. C'est un différend qui remonte à des décennies. Je pense que lorsque les conditions seront réunies, nous pourrons également régler ce différend.
JOURNALISTE : Vous parlez d'une démarche pas à pas, et je le comprends. Il y a eu des avancées dans le passé, vers l’arrière la plupart des fois, on n'avançait jamais. Est-ce parce qu'il y a eu ce recul et ce qui s'est passé au cours des dix derniers mois, qu’on peut actuellement parler en effet d’un grand pas en avant ? Je ne veux pas parler de saut, mais ce que nous avons vu aujourd'hui n'a rien à voir avec ce que nous avons vécu il y a dix mois et tout a commencé avec les tremblements de terre. Pensez-vous que nous puissions aller plus vite ou bien est-ce que cela ne s’inscrit-il pas dans les objectifs du gouvernement grec ?
G. GERAPETRITIS : Je tiens à vous avouer que mon véritable désir et les instructions du Premier ministre étaient que nous procédions avec prudence, avec sagesse, jusqu'à une situation où nous pourrions réellement construire, pas à pas, une relation honnête. Je pense que nous y sommes parvenus. Aujourd'hui est un jour historique. Permettez-moi de dire que nous avons signé la déclaration d'Athènes sur l'amitié et les relations de bon voisinage. Il s'agit d'une déclaration qui met précisément l'accent sur les éléments qui nous unissent. En d'autres termes, elle souligne la nécessité pour deux pays voisins d'entretenir des relations amicales, de trouver un moyen de gérer leurs désaccords afin que ceux-ci ne les divisent pas et ne provoquent pas de situations dangereuses et, bien sûr, d'avoir un niveau de coopération mutuellement bénéfique.
Il s'agit d'une déclaration qui, je pense, marque le jour suivant. Et si vous voulez mon avis, oui, je pense que nous avons atteint un niveau qui nous permet d'avancer plus rapidement.
JOURNALISTE : Cela est très intéressant. Il semble aujourd'hui que la visite ait été bien préparée sur le plan diplomatique, mais ce deuxième discours du Premier ministre, sa référence à la minorité musulmane et au traité de Lausanne, était-il planifié ou a-t-il surgi des propos d'Erdogan ?
G. GERAPETRITIS : Monsieur Kouvaras, vous êtes un journaliste très expérimenté. Vous comprenez, et je pense que tous vos collègues le comprennent aussi, que cette visite particulière a été préparée minutieusement. Il y a eu beaucoup de diligence, de professionnalisme, de prudence et d'attention. Et je pense que le sérieux avec lequel nous avons géré les relations gréco-turques pendant tous ces mois s'est manifestement concrétisé aujourd'hui de la manière la plus tangible. Je pense que, si vous voulez, même le langage corporel des deux dirigeants, les images que nous avons vues dans les réunions bilatérales entre les ministres, parce que le rôle des dirigeants est important, bien sûr, mais il est également important de savoir comment nous percevons le niveau des relations au niveau des ministres. Et au ministère des Affaires étrangères, où nous avons accueilli toutes les réunions interministérielles, nous avons vraiment constaté qu’il s’agit des relations d'honnêteté, ce que nous voulons.
Je voudrais donc dire que tout a été très bien préparé et si je peux me permettre, c'est en grande partie grâce au bon travail effectué par le gouvernement. Je voudrais profiter de cette occasion pour féliciter tous les ministres qui ont contribué à l'élaboration des accords et, bien sûr, tout particulièrement le personnel du ministère des Affaires étrangères, qui a travaillé avec beaucoup de zèle.
JOURNALISTE : Mais vous ne m'avez pas dit si la réponse de Mitsotakis était planifiée ou si elle était une réaction aux propos d'Erdogan sur la minorité musulmane et le traité de Lausanne ?
G. GERAPETRITIS : Je ne tiendrai pas de propos sibyllins. Permettez-moi de dire que la diplomatie grecque est prête à toutes les éventualités. Je n'ai cessé de répéter ces derniers temps que nous sommes prêts à faire face à toutes les éventualités. Vous savez quoi ? Sur cette question particulière, sur la question des minorités, nous savons qu'il y a une différente approche, tout comme sur la question du Moyen-Orient et sur Chypre.
JOURNALISTE : Oui.
G. GERAPETRITIS : Ces différends doivent être discutés. Nous devons discuter de nos différends. Vous savez, Monsieur Kouvaras, je suis un partisan du débat, un partisan de la démocratie délibérative. Lorsque les gens se rencontrent et leur approche est rationnelle et axée sur des principes et des valeurs, je pense qu'ils peuvent toujours trouver une solution.
JOURNALISTE : Je pense qu'aujourd'hui....
G. GERAPETRITIS : Je pense qu'aujourd'hui, notre honnêteté a été bien visible. Nous avons dit que nous avions des différends et cela a été dit par plusieurs parties, nous ne l'avons pas caché. Mais ce qui est apparu, c'est que tout le monde, toutes les parties, cherchent à avoir une discussion, une discussion de qualité.
JOURNALISTE : Dites-moi autre chose maintenant ? Quelles sont vos relations personnelles avec Erdogan et Fidan ? Et je pose cette question pour une raison supplémentaire, parce que c'est devenu un problème aujourd'hui et que vous l'avez vu vous-même. La façon dont vous avez salué Erdogan, vous avez fait une sorte de « révérence » et je vois qu'il y a beaucoup de bruit à ce sujet.
G. GERAPETRITIS : Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que je ne peux qu'être honnête avec mes interlocuteurs et agir sur la base de principes et de valeurs. Et je pense que c'est quelque chose qui est apprécié par l'autre partie également. Et je tiens à souligner que j'ai le sentiment qu'il en va de même pour le ministre turc des Affaires étrangères. Je tiens à vous dire, M. Kouvaras, qu'au cours des dix derniers mois, nous avons eu de nombreux cas de tensions potentielles, que nous avons réussi à désamorcer grâce à des discussions au plus haut niveau. Une bonne relation interpersonnelle s'est donc développée entre les ministres des Affaires étrangères, ce qui nous aide à garder un meilleur rythme. Avec le président Erdogan, nous avons une relation formelle, celle qu'un ministre des Affaires étrangères entretient avec un chef d'État. En ce qui concerne la question que vous avez mentionnée. Je voudrais vous dire que je comprends, comme l'a dit le Premier ministre, que des voix s'élèvent en Grèce pour s'opposer à l'approche que nous tentons d'adopter avec la Türkiye. Je peux accepter n'importe quel point de vue. Mais je ne comprends pas que l'on essaie de jeter de l'ombre sur cette visite, qui est très productive pour le pays. Je tiens à le souligner. Je respecterai toujours la cheffe d'État, comme je l'ai fait samedi lorsque je l'ai vue, comme je l'ai fait aujourd'hui et comme je le ferai toujours. D’ailleurs, comme vous le savez, j’ai vu Erdogan le matin. C’est moi qui l'ai accueilli et je pense que les photos parlent d'elles-mêmes.
JOURNALISTE : Très bien. Je voudrais poser une dernière question. Mitsotakis se rendra à Ankara au printemps. Qu'attendez-vous des relations gréco-turques d'ici là ? Parce que vous m'avez dit tout à l'heure, et je le note parce que je ne le savais pas, je dois l'admettre, qu'au cours des dix derniers mois, il y a eu des moments où les choses ont failli mal tourner et sur le plan diplomatique, vous avez sauvé la situation, pour dire les choses simplement, avec Fidan. Nous ne savons donc jamais à quel point une relation peut se dégrader Alors, quelles sont vos attentes pour les prochains mois, jusqu’à la rencontre Mitsotakis-Erdogan au printemps ? Faut-il procéder étape par étape ?
G. GERAPETRITIS : Plus une relation se construit solidement, Monsieur Kouvaras, plus il est difficile de l'ébranler. Et je pense que nous avons jeté des bases solides sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Aujourd'hui, Monsieur Kouvaras, nous avons adopté 15 accords et déclarations communes. Ces accords sont également de nature économique : échanges commerciaux, renforcement des exportations et des investissements.
Mais ils sont aussi de nature sociale. Des accords sur la reconnaissance mutuelle des qualifications techniques, sur la protection des personnes handicapées. Des accords très importants qui, je pense, contribuent à rapprocher les peuples et les personnes. Nous avons déjà veillé à ce qu'il y ait des échanges d'étudiants, des échanges d'élèves, un flux important. Je tiens à vous dire, M. Kouvaras, qu'après cette journée, je me sens un peu plus fort pour pouvoir gérer, moi en tant que membre du gouvernement, et le gouvernement collectivement sous la direction de notre Premier ministre, pour pouvoir gérer n'importe quelle tension. Oui, M. Kouvaras, il y aura des tensions. Il n'est jamais arrivé que deux pays qui vivent côte à côte, avec la mer Égée, notre mer, entre eux, n'aient pas de tensions. Mais je tiens à dire qu'avec de bonnes intentions, démontrées sur le terrain, avec un bon discours et des principes dans notre politique, ces tensions ne seront pas suffisantes pour freiner cet élan vers des relations meilleures et plus productives.
JOURNALISTE : M. Gerapetritis, encore une chose. Vous allez informer l'opposition plus précisément et de quelle manière. Ou bien sera-t-elle informée, y aura-t-il une sorte de débat au Parlement ? Y aura-t-il des réunions après cette rencontre ?
G. GERAPETRITIS : Je suis heureux que vous posiez cette question. Comme vous le savez, j'ai toujours pensé qu'il doit y avoir une information complète du système politique. J'ai informé les dirigeants politiques, comme vous le savez, la semaine dernière avant la réunion d'aujourd'hui, et j'ai déjà demandé à informer la commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement ces prochains jours afin que les partis politiques sachent où nous en sommes et quelles sont les prochaines étapes. Les prochaines étapes, qui comprennent une série de réunions sur nos trois piliers, à savoir le dialogue politique, l'agenda positif et les mesures de confiance et, bien sûr, les réunions que les deux dirigeants tiendront dans un avenir immédiat.
JOURNALISTE : Allez-vous bientôt vous rendre à Ankara ?
G. GERAPETRITIS : Je rencontrerai le ministre des Affaires étrangères à plusieurs occasions. Nous avons déjà organisé un calendrier de contacts jusqu'à l'été prochain. Les deux dirigeants se rencontreront. Une réunion du Premier ministre est déjà organisée pour le printemps. Le Premier ministre, M. Mitsotakis, se rendra à Ankara. Je tiens à vous assurer, ainsi qu'au peuple grec, que toutes les prochaines étapes sont planifiées avec sérieux, prudence et professionnalisme.
JOURNALISTE : Merci beaucoup, M. Gerapetritis.
G. GERAPETRITIS : Je vous remercie pour cet honneur.
Propos recueillis par le journaliste Giorgos Kouvaras
JOURNALISTE : Je vous remercie d’être venu monsieur le ministre directement de l’aéroport où vous avez dit au revoir à Erdogan. Tout le monde parle de l’ouverture d’un nouveau chapitre aujourd'hui, les médias étrangers et nous-mêmes, que s'est-il passé exactement ? Erdogan a-t-il changé ? Les circonstances ont-elles changé ? Avons-nous changé ? Que s'est-il passé exactement ?
G. GERAPETRITIS : Je pense, Monsieur Kouvaras, qu'il est temps d'avoir une autre compréhension. Et cette autre compréhension est liée au fait que nous nous trouvons côte à côte. Nous sommes des pays voisins, la géographie nous unit et nous avons donc le devoir de chercher des solutions, de mettre de côté les différends qui existent et de nous concentrer sur les choses qui nous unissent. Sur notre agenda positif, sur la nécessité d'avoir des relations plus étroites en tant que peuples, sur la nécessité d'avoir de meilleures relations économiques et, bien sûr, de ne pas avoir les tensions que nous avons. Notre objectif, Monsieur Kouvaras, est que les désaccords qui surviennent, car il y aura des désaccords, ne produisent pas de crises, et cela est un important acquis.
JOURNALISTE : Ce pas important, qui a été fait aujourd'hui à Athènes, peut donc nous conduire au pas suivant, qui est l'étape essentielle, à savoir la résolution de la question du plateau continental et de la ZEE, que le gouvernement grec semble poursuivre et que le Premier ministre a mentionnée dans ses déclarations d'aujourd'hui. Donc, une chose est que les différends ne doivent pas produire une crise, que les différends - ou le différend tels que nous, les Grecs, le percevons- doivent être résolues. Est-ce là le but recherché ?
G. GERAPETRITIS : Vous avez utilisé deux fois le mot « pas » dans votre proposition, et je vais les mettre ensemble : nous irons pas à pas. La réalité, Monsieur Kouvaras, c'est que jusqu'à aujourd'hui, au cours des dix derniers mois environ, nous avons connu une période d'eaux vraiment calmes. C'est quelque chose qui, selon moi, a été consolidé. J'ai le sentiment, après cette journée, et je le dis sincèrement, qu'il existe désormais une véritable volonté de la part des deux pays d'aller de l'avant dans nos relations, de stabiliser nos liens et de passer à l'étape suivante lorsque les conditions seront réunies. Nous comprenons tous que notre principal différend, le seul qui puisse être porté devant la justice internationale, est la définition de la zone économique exclusive et du plateau continental. C'est un différend qui remonte à des décennies. Je pense que lorsque les conditions seront réunies, nous pourrons également régler ce différend.
JOURNALISTE : Vous parlez d'une démarche pas à pas, et je le comprends. Il y a eu des avancées dans le passé, vers l’arrière la plupart des fois, on n'avançait jamais. Est-ce parce qu'il y a eu ce recul et ce qui s'est passé au cours des dix derniers mois, qu’on peut actuellement parler en effet d’un grand pas en avant ? Je ne veux pas parler de saut, mais ce que nous avons vu aujourd'hui n'a rien à voir avec ce que nous avons vécu il y a dix mois et tout a commencé avec les tremblements de terre. Pensez-vous que nous puissions aller plus vite ou bien est-ce que cela ne s’inscrit-il pas dans les objectifs du gouvernement grec ?
G. GERAPETRITIS : Je tiens à vous avouer que mon véritable désir et les instructions du Premier ministre étaient que nous procédions avec prudence, avec sagesse, jusqu'à une situation où nous pourrions réellement construire, pas à pas, une relation honnête. Je pense que nous y sommes parvenus. Aujourd'hui est un jour historique. Permettez-moi de dire que nous avons signé la déclaration d'Athènes sur l'amitié et les relations de bon voisinage. Il s'agit d'une déclaration qui met précisément l'accent sur les éléments qui nous unissent. En d'autres termes, elle souligne la nécessité pour deux pays voisins d'entretenir des relations amicales, de trouver un moyen de gérer leurs désaccords afin que ceux-ci ne les divisent pas et ne provoquent pas de situations dangereuses et, bien sûr, d'avoir un niveau de coopération mutuellement bénéfique.
Il s'agit d'une déclaration qui, je pense, marque le jour suivant. Et si vous voulez mon avis, oui, je pense que nous avons atteint un niveau qui nous permet d'avancer plus rapidement.
JOURNALISTE : Cela est très intéressant. Il semble aujourd'hui que la visite ait été bien préparée sur le plan diplomatique, mais ce deuxième discours du Premier ministre, sa référence à la minorité musulmane et au traité de Lausanne, était-il planifié ou a-t-il surgi des propos d'Erdogan ?
G. GERAPETRITIS : Monsieur Kouvaras, vous êtes un journaliste très expérimenté. Vous comprenez, et je pense que tous vos collègues le comprennent aussi, que cette visite particulière a été préparée minutieusement. Il y a eu beaucoup de diligence, de professionnalisme, de prudence et d'attention. Et je pense que le sérieux avec lequel nous avons géré les relations gréco-turques pendant tous ces mois s'est manifestement concrétisé aujourd'hui de la manière la plus tangible. Je pense que, si vous voulez, même le langage corporel des deux dirigeants, les images que nous avons vues dans les réunions bilatérales entre les ministres, parce que le rôle des dirigeants est important, bien sûr, mais il est également important de savoir comment nous percevons le niveau des relations au niveau des ministres. Et au ministère des Affaires étrangères, où nous avons accueilli toutes les réunions interministérielles, nous avons vraiment constaté qu’il s’agit des relations d'honnêteté, ce que nous voulons.
Je voudrais donc dire que tout a été très bien préparé et si je peux me permettre, c'est en grande partie grâce au bon travail effectué par le gouvernement. Je voudrais profiter de cette occasion pour féliciter tous les ministres qui ont contribué à l'élaboration des accords et, bien sûr, tout particulièrement le personnel du ministère des Affaires étrangères, qui a travaillé avec beaucoup de zèle.
JOURNALISTE : Mais vous ne m'avez pas dit si la réponse de Mitsotakis était planifiée ou si elle était une réaction aux propos d'Erdogan sur la minorité musulmane et le traité de Lausanne ?
G. GERAPETRITIS : Je ne tiendrai pas de propos sibyllins. Permettez-moi de dire que la diplomatie grecque est prête à toutes les éventualités. Je n'ai cessé de répéter ces derniers temps que nous sommes prêts à faire face à toutes les éventualités. Vous savez quoi ? Sur cette question particulière, sur la question des minorités, nous savons qu'il y a une différente approche, tout comme sur la question du Moyen-Orient et sur Chypre.
JOURNALISTE : Oui.
G. GERAPETRITIS : Ces différends doivent être discutés. Nous devons discuter de nos différends. Vous savez, Monsieur Kouvaras, je suis un partisan du débat, un partisan de la démocratie délibérative. Lorsque les gens se rencontrent et leur approche est rationnelle et axée sur des principes et des valeurs, je pense qu'ils peuvent toujours trouver une solution.
JOURNALISTE : Je pense qu'aujourd'hui....
G. GERAPETRITIS : Je pense qu'aujourd'hui, notre honnêteté a été bien visible. Nous avons dit que nous avions des différends et cela a été dit par plusieurs parties, nous ne l'avons pas caché. Mais ce qui est apparu, c'est que tout le monde, toutes les parties, cherchent à avoir une discussion, une discussion de qualité.
JOURNALISTE : Dites-moi autre chose maintenant ? Quelles sont vos relations personnelles avec Erdogan et Fidan ? Et je pose cette question pour une raison supplémentaire, parce que c'est devenu un problème aujourd'hui et que vous l'avez vu vous-même. La façon dont vous avez salué Erdogan, vous avez fait une sorte de « révérence » et je vois qu'il y a beaucoup de bruit à ce sujet.
G. GERAPETRITIS : Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que je ne peux qu'être honnête avec mes interlocuteurs et agir sur la base de principes et de valeurs. Et je pense que c'est quelque chose qui est apprécié par l'autre partie également. Et je tiens à souligner que j'ai le sentiment qu'il en va de même pour le ministre turc des Affaires étrangères. Je tiens à vous dire, M. Kouvaras, qu'au cours des dix derniers mois, nous avons eu de nombreux cas de tensions potentielles, que nous avons réussi à désamorcer grâce à des discussions au plus haut niveau. Une bonne relation interpersonnelle s'est donc développée entre les ministres des Affaires étrangères, ce qui nous aide à garder un meilleur rythme. Avec le président Erdogan, nous avons une relation formelle, celle qu'un ministre des Affaires étrangères entretient avec un chef d'État. En ce qui concerne la question que vous avez mentionnée. Je voudrais vous dire que je comprends, comme l'a dit le Premier ministre, que des voix s'élèvent en Grèce pour s'opposer à l'approche que nous tentons d'adopter avec la Türkiye. Je peux accepter n'importe quel point de vue. Mais je ne comprends pas que l'on essaie de jeter de l'ombre sur cette visite, qui est très productive pour le pays. Je tiens à le souligner. Je respecterai toujours la cheffe d'État, comme je l'ai fait samedi lorsque je l'ai vue, comme je l'ai fait aujourd'hui et comme je le ferai toujours. D’ailleurs, comme vous le savez, j’ai vu Erdogan le matin. C’est moi qui l'ai accueilli et je pense que les photos parlent d'elles-mêmes.
JOURNALISTE : Très bien. Je voudrais poser une dernière question. Mitsotakis se rendra à Ankara au printemps. Qu'attendez-vous des relations gréco-turques d'ici là ? Parce que vous m'avez dit tout à l'heure, et je le note parce que je ne le savais pas, je dois l'admettre, qu'au cours des dix derniers mois, il y a eu des moments où les choses ont failli mal tourner et sur le plan diplomatique, vous avez sauvé la situation, pour dire les choses simplement, avec Fidan. Nous ne savons donc jamais à quel point une relation peut se dégrader Alors, quelles sont vos attentes pour les prochains mois, jusqu’à la rencontre Mitsotakis-Erdogan au printemps ? Faut-il procéder étape par étape ?
G. GERAPETRITIS : Plus une relation se construit solidement, Monsieur Kouvaras, plus il est difficile de l'ébranler. Et je pense que nous avons jeté des bases solides sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Aujourd'hui, Monsieur Kouvaras, nous avons adopté 15 accords et déclarations communes. Ces accords sont également de nature économique : échanges commerciaux, renforcement des exportations et des investissements.
Mais ils sont aussi de nature sociale. Des accords sur la reconnaissance mutuelle des qualifications techniques, sur la protection des personnes handicapées. Des accords très importants qui, je pense, contribuent à rapprocher les peuples et les personnes. Nous avons déjà veillé à ce qu'il y ait des échanges d'étudiants, des échanges d'élèves, un flux important. Je tiens à vous dire, M. Kouvaras, qu'après cette journée, je me sens un peu plus fort pour pouvoir gérer, moi en tant que membre du gouvernement, et le gouvernement collectivement sous la direction de notre Premier ministre, pour pouvoir gérer n'importe quelle tension. Oui, M. Kouvaras, il y aura des tensions. Il n'est jamais arrivé que deux pays qui vivent côte à côte, avec la mer Égée, notre mer, entre eux, n'aient pas de tensions. Mais je tiens à dire qu'avec de bonnes intentions, démontrées sur le terrain, avec un bon discours et des principes dans notre politique, ces tensions ne seront pas suffisantes pour freiner cet élan vers des relations meilleures et plus productives.
JOURNALISTE : M. Gerapetritis, encore une chose. Vous allez informer l'opposition plus précisément et de quelle manière. Ou bien sera-t-elle informée, y aura-t-il une sorte de débat au Parlement ? Y aura-t-il des réunions après cette rencontre ?
G. GERAPETRITIS : Je suis heureux que vous posiez cette question. Comme vous le savez, j'ai toujours pensé qu'il doit y avoir une information complète du système politique. J'ai informé les dirigeants politiques, comme vous le savez, la semaine dernière avant la réunion d'aujourd'hui, et j'ai déjà demandé à informer la commission de la défense nationale et des affaires étrangères du Parlement ces prochains jours afin que les partis politiques sachent où nous en sommes et quelles sont les prochaines étapes. Les prochaines étapes, qui comprennent une série de réunions sur nos trois piliers, à savoir le dialogue politique, l'agenda positif et les mesures de confiance et, bien sûr, les réunions que les deux dirigeants tiendront dans un avenir immédiat.
JOURNALISTE : Allez-vous bientôt vous rendre à Ankara ?
G. GERAPETRITIS : Je rencontrerai le ministre des Affaires étrangères à plusieurs occasions. Nous avons déjà organisé un calendrier de contacts jusqu'à l'été prochain. Les deux dirigeants se rencontreront. Une réunion du Premier ministre est déjà organisée pour le printemps. Le Premier ministre, M. Mitsotakis, se rendra à Ankara. Je tiens à vous assurer, ainsi qu'au peuple grec, que toutes les prochaines étapes sont planifiées avec sérieux, prudence et professionnalisme.
JOURNALISTE : Merci beaucoup, M. Gerapetritis.
G. GERAPETRITIS : Je vous remercie pour cet honneur.
December 7, 2023