Ιnterview du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Fragogiannis, au journal « Vradini tis Kyriakis » et au journaliste V. Giakoumis (28.08.2021)

JOURNALISTE : Nous aimerions de votre part une évaluation de la situation en Afghanistan et que vous nous disiez s'il existe un risque d'augmentation des flux migratoires vers la Grèce à cause  de ce fait.

M. FRAGOGIANNIS : La volatilité créée par les derniers développements en Afghanistan rend toute prédiction des développements futurs particulièrement difficile.  La situation reste confuse et aucun changement radical n'est attendu avant le retrait total de toutes les troupes étrangères le 31 août. Bien sûr, tout dépendra de l'attitude des talibans : s'ils tiennent effectivement leurs récentes promesses et déclarations, il est très probable que nous n'assisterons pas à une grande vague de migrants, comme dans un passé récent.  Le contraire risque de se produire si, après le retrait des forces de la coalition, ils reviennent à leurs pratiques antérieures.

JOURNALISTE : Pensez-vous que nos voisins turcs vont à nouveau utiliser les réfugiés comme boucliers humains, provoquant une nouvelle crise des réfugiés ?

M. FRAGOGIANNIS : Nous suivons les activités de la Turquie en Afghanistan avec une attention particulière après les derniers développements fulgurants et nous espérons que son rôle sera constructif. Comme nous le savons, notre pays voisin accueille déjà un grand nombre de réfugiés. Vous pouvez constater que les deux parties s'accordent à dire que la Grèce et la Turquie risquent d'être confrontées à de nouveaux flux de réfugiés, qui pourraient s'intensifier considérablement dans un avenir proche. Dans ce contexte, le Premier ministre, lors de sa récente conversation téléphonique avec le président Erdoğan, a souligné qu'il est dans l'intérêt commun de s'assurer qu'il n'y aura pas d'afflux massif de migrants et de réfugiés et que celui-ci sera limité au plus près de l'Afghanistan.

JOURNALISTE : Comment pouvons-nous, en tant que pays, prévenir une telle éventualité ?

M.FRAGOGIANNIS : Notre pays est, en tout cas, vigilant, prend toutes les mesures nécessaires et est en mesure de faire face à une éventuelle ré-instrumentalisation de la question migratoire, comme cela s'est produit en mars 2020. Notre devoir est de protéger les frontières de la Grèce, qui sont aussi celles de l'UE, toujours dans le plein respect des droits de l'homme. C'est ce que nous avons fait dans le passé et, si nécessaire, nous continuerons à mener la même politique à l'avenir.

JOURNALISTE : Pouvez-vous nous donner un aperçu de l'orientation stratégique de la diplomatie économique dans la région élargie du sud-est de la Méditerranée, compte tenu des développements ? Que signifient les accords trilatéraux au Moyen-Orient, les visites et les accords avec les pays du Golfe et votre récente visite en Libye ?

M. FRAGOGIANNIS : En tant qu'État côtier européen du sud-est de la Méditerranée, la Grèce promeut activement, sans exception, la coexistence pacifique de tous les pays de la région, la modération, la prospérité, le droit international. Nous percevons la Méditerranée comme une mer de communication, de commerce et de coopération, cherchant à promouvoir des actions, des programmes et des synergies dans tous les domaines, avec pour principal objectif la stabilité et la sécurité, en tenant compte du fait que la sécurité européenne est interconnectée avec celle des pays voisins de la région méditerranéenne élargie.

Les formes de coopération trilatérale que nous avons développées avec Chypre, Israël, l'Égypte et la Jordanie, ainsi que les accords avec les pays du Golfe, sont notre réponse concrète à l’« arc du fondamentalisme », qui s'étend de l'Afrique du Nord à la Méditerranée orientale et se prolonge en Asie centrale et en Afghanistan.

JOURNALISTE : Dans deux semaines aura lieu l'ouverture de la Foire internationale de Thessalonique. Qu'attendons-nous en termes économiques de cette importante exposition ? Quelles données pouvons-nous présenter ?

M. FRAGOGIANNIS : Je voudrais me concentrer sur le triptyque : compétitivité, extraversion et intégration numérique, qui est le cœur de la politique moderne que nous mettons en œuvre dans la diplomatie économique, au lieu de faire des prédictions sur la Foire internationale de Thessalonique, où nous aurons bientôt l'occasion d'entendre les annonces importantes du Premier ministre.

Depuis de nombreuses décennies, attirer des investissements à grande échelle dans le pays a été, entre autres, un sujet de controverse politique qui a généralement abouti à l’étouffement de toute initiative, créant finalement un climat  hostile aux investissements. En conséquence, la Grèce est restée une économie relativement fermée. La stratégie du gouvernement en faveur des investissements menée depuis juillet 2019, a changé radicalement l'image du pays au sein de la communauté internationale, malgré le déferlement de la pandémie.

Au ministère des affaires étrangères, en collaboration avec le Secrétariat général des Relations économiques internationales, nous avons conçu des actions spécifiques qui soutiennent l'extraversion de l'économie grecque et mettent en pratique les principes de base du plan. Nous avons lancé une campagne de soutien aux entreprises grecques à l'étranger dans le cadre du triptyque suivant : a) Promotion de la position économique et commerciale du pays au niveau régional et international, b) Promotion des structures d'extraversion et c) Renforcement des relations économiques multilatérales.

Parallèlement, grâce à un vaste plan d'intégration numérique, nous relions tous les services d'extraversion à des outils modernes de gouvernance numérique, tandis qu'après l'adoption des nouveaux statuts du ministère, nous procédons à toutes les réformes nécessaires pour renforcer nos services.

Lors de Foire internationale de Thessalonique de cette année, nous aurons l'occasion de présenter ce plan à un large public international et aux partenaires institutionnels qui nous aideront à le mettre en œuvre.

August 28, 2021