Interview du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Giorgos Kotsiras, au journal « Ethnikos Kirikas » et au journaliste Vassilis Koutsilas (16.11.2024)

Interview du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Giorgos Kotsiras, au journal « Ethnikos Kirikas » et au journaliste Vassilis Koutsilas (16.11.2024)

JOURNALISTE : Quel est l’objectif de votre visite aux Etats-Unis ?

G. KOTSIRAS : Je visite les États-Unis afin d'être proche des Grecs d'Amérique, dans le cadre de l'effort plus large que nous faisons pour développer une communication de fond et réciproque avec les Grecs vivant à l'étranger. Je me rendrai à New York, Philadelphie et Boston, des villes ayant des liens historiques avec la Grèce et une forte présence grecque. J'aurai une série de contacts avec des organisations de la diaspora et avec des Américains d'origine grecque qui excellent dans divers domaines et qui font notre fierté. La communauté gréco-américaine est un chapitre brillant de l'hellénisme, avec une contribution décisive à l'amitié et à la coopération stratégique entre la Grèce et les États-Unis.

L'un des principaux objectifs de ma visite est la promotion de la diplomatie scientifique. Ici, aux États-Unis, les scientifiques grecs vivent et travaillent parmi les meilleurs au monde. Je visiterai de grandes universités américaines et des chaires d'études grecques et je rencontrerai des chercheurs et des hommes d'affaires actifs dans le domaine de la haute technologie. Nous voulons rapprocher ces ressources humaines inestimables de la Grèce, pour faciliter leur rapprochement aux centres de recherche, aux institutions universitaires et aux entreprises de notre pays. Cette coopération peut être mutuellement bénéfique, donner un nouvel élan à l'innovation grecque et aux relations entre les deux pays, et contribuer à relever des défis communs.

JOURNALISTE : Le ministère des Affaires étrangères a fait du renforcement des liens entre la patrie et les Grecs de l'étranger une priorité. Dans quelle mesure pensez-vous que le plan stratégique pour les Grecs de l'étranger contribuera à cette orientation ?

G. KOTSIRAS :  Je suis convaincu que le Plan stratégique pour les Grecs de l'étranger 2024-2027, que nous avons préparé avec le ministre des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, contribuera de manière décisive au renforcement des liens entre la Grèce et notre diaspora. Il s'agit d'un plan moderne, complet et cohérent qui cherche à répondre aux besoins complexes de la diaspora. Nous utilisons des outils numériques, recherchons des synergies et mettons l'accent sur la jeune génération. Le plan comprend plus de 100 actions visant à améliorer les services offerts aux Grecs de l'étranger, à promouvoir la langue et la culture grecques, à développer et à soutenir les réseaux de la diaspora, à endiguer la fuite des cerveaux et à coopérer avec la diaspora pour promouvoir l'image de notre pays à l'échelle internationale.

La présence du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis lors de la présentation du plan stratégique la semaine dernière à Athènes témoigne de la priorité que le gouvernement, et personnellement le Premier ministre, accorde à l'hellénisme de la diaspora. Nous continuerons à soutenir les Grecs du monde entier avec constance et sens des responsabilités. C'est notre devoir patriotique.

 JOURNALISTE : Comme l'a dit le Premier ministre lui-même lors de la récente présentation du Plan stratégique pour les Grecs de l'étranger, les autorités consulaires sont identifiées par le mot « inconvénient ». Est-il possible d'inverser cette situation ?

G. KOTSIRAS : Ces dernières années, la Grèce a fait des pas de géant dans la numérisation de l'État. L'utilisation de la technologie peut apporter une contribution essentielle à l'amélioration des services aux Grecs de l'étranger - l'un des objectifs centraux du Plan stratégique pour les Grecs de l'étranger.

Des mesures importantes ont déjà été prises, avec la création d'une section spéciale sur gov.gr pour les Grecs de l'étranger, le service MyConsulLive et l'assistant virtuel, qui a été intégré dans les sites web de toutes nos autorités à l'étranger. Le traitement électronique des demandes par les consulats est en constante progression, tandis qu'une récente disposition législative a ouvert la voie à la numérisation de la délivrance des passeports. Parallèlement, le recrutement d'un nombre important de personnel administratif pour la nouvelle année a été assuré afin de renforcer les effectifs de nos autorités consulaires.

Nous nous devons d’offrir des services de qualité aux Grecs de l'étranger, comme il convient à un État moderne. C'est une condition préalable à l'établissement de la relation de confiance que nous envisageons. Nous insisterons pour que les longues procédures bureaucratiques appartiennent au passé.

JOURNALISTE : La fuite des cerveaux de ces dernières années a-t-elle commencé à se transformer en gain de cerveaux ? Existe-t-il des preuves concrètes et tangibles ? Outre la récente coopération avec le service public de l’emploi, que comptez-vous faire d'autre dans ce sens ?

G. KOTSIRAS : D'après les données d'Eurostat, sur les 680 000 Grecs qui ont quitté notre pays pendant la crise, plus de 350 000 sont revenus, soit plus de la moitié d'entre eux. Et selon une enquête récente du Centre national de documentation, les Grecs qui sont revenus ont un salaire moyen élevé et la majorité d'entre eux sont optimistes quant à leur avenir en Grèce.

Le retour de ce précieux capital national dans notre pays est le résfultat de la stabilité politique et des réformes promues par le gouvernement au cours des cinq dernières années. Les taux de croissance élevés, l'amélioration de l'environnement de travail et d'affaires, la mise en place d'incitations fiscales pour les Grecs qui souhaitent revenir, créent des perspectives positives pour mettre fin à la fuite des cerveaux.

Nous contribuons à cet effort national par des actions que nous avons incluses dans le plan stratégique pour les Grecs de l'étranger. L'une d'entre elles est notre coopération avec le service public de l'emploi pour informer les Grecs de l'étranger des possibilités d'emploi en Grèce. Dans le cadre de cette coopération, la première « Journée des carrières » en dehors de la Grèce se tiendra le mois prochain à Düsseldorf, en Allemagne. Le soutien à l'internationalisation des universités grecques et la mise en réseau des scientifiques et des professionnels de la diaspora, ainsi que les programmes de stage et d'accueil que nous organisons, sont d'autres actions visant à attirer les jeunes de la diaspora en Grèce. Nous offrons des opportunités de travailler avec la Grèce aux Grecs travaillant à l'étranger et la perspective de revenir en Grèce à ceux qui le souhaitent.

JOURNALISTE : Le plan stratégique pour les Grecs de l'étranger prévoit, entre autres, la création d'un registre des organisations de la diaspora. Lorsque ce registre sera finalisé, que pensez-vous de son utilisation ?

G. KOTSIRAS : La enregistrement des Grecs de la diaspora et de leurs activités est importante pour l'élaboration des politiques. Le registre des organisations de la diaspora facilitera la communication entre les organisations et l'ensemble de la diaspora et le ministère des Affaires étrangères, tout en nous permettant de planifier des initiatives et des actions ciblées avec une utilisation optimale des ressources existantes. En même temps, nous encourageons nos concitoyens à l'étranger à se mettre en contact avec nos autorités consulaires afin d'être informés des événements d'intérêt grec et des actions qui les concernent.

JOURNALISTE : Les Grecs du monde entier pourront-ils voter aux prochaines élections nationales depuis leur lieu de résidence, comme ils l'ont fait lors des dernières élections européennes ?

G. KOTSIRAS : L'introduction du vote par correspondance lors des élections européennes a été une réforme démocratique majeure, une autre preuve concrète de notre volonté de faciliter la vie des Grecs vivant  à l'étranger et de renforcer leur participation à la vie publique de notre pays.

Suite à la mise en œuvre réussie du vote par correspondance aux élections européennes, nous souhaitons l'étendre aux élections nationales et une initiative législative est prévue par le gouvernement. Pour la mettre en pratique, un consensus plus large d'au moins 200 députés sera nécessaire. Nous espérons que cette fois-ci, les partis d'opposition se montreront à la hauteur et s'uniront pour envoyer à nos concitoyens le message que leur opinion compte, qu'ils vivent en Grèce ou en Amérique. Pour une Grèce forte, avec une voix forte des Grecs du monde entier.

November 17, 2024