G. Kotsiras : La participation des Grecs de l’étranger à la sphère publique est une question nationale
« La Grèce poursuit une politique étrangère fondée sur le droit international et ne s'écarte pas de ce principe fondamental », a déclaré le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Giorgos Kotsiras dans une interview accordée au journal « Kyriakati Apogevmatini », tout en soulignant que les autorités albanaises ont l'obligation évidente de permettre à Fredi Beleri de prêter serment et d'assumer ses fonctions en tant que membre du Parlement européen. En ce qui concerne la Macédoine du Nord, le Secrétaire d’Etat a noté que la poursuite des progrès dans les relations bilatérales, ainsi que son parcours européen, est liée à l'application stricte du droit international. Enfin, M. Kotsiras a indiqué que la partie grecque poursuit le dialogue gréco-turc pas à pas, avec prudence et confiance, sans céder aux questions de souveraineté nationale, tout en soulignant que le renforcement des relations avec les Grecs vivant à l'étranger était une priorité absolue du gouvernement.
Intégralité de l’interview :
JOURNALISTE : Fredi Beleri, membre élu du Parlement européen du parti Nouvelle Démocratie, a été condamné à deux ans d’emprisonnement en Albanie, une peine « excessive » selon beaucoup. Pourra-t-il exercer ses fonctions au Parlement européen ? Comment cette affaire affecte-t-elle les relations gréco-albanaises ?
G. KOTSIRAS : La Grèce a exprimé dès le départ sa vive inquiétude quant aux poursuites engagées contre le maire élu de Himara, Fredi Beleri, qui est maintenant aussi un membre élu du Parlement européen, suite à sa candidature avec le parti de la Nouvelle Démocratie. Nous avons souligné qu'il s'agit d'une question qui relève de l'État de droit et de la protection internationale des minorités. Malheureusement, la récente décision de la Cour d'appel de Tirana a confirmé ces préoccupations. Nous considérons que les autorités albanaises ont l'obligation évidente de permettre à Fredi Beleri de prêter serment et d'assumer ses fonctions de membre du Parlement européen. Il ne s'agit pas d'une question bilatérale, mais d'une question de démocratie et d'acquis européen, que tout pays aspirant à devenir membre de la famille européenne devrait respecter. Et la décision de la Commission électorale centrale albanaise de disqualifier Fredi Beleri sans même qu'il ait prêté serment en tant que maire de Himara est une pratique inédite, qui remet en cause les principes fondamentaux de l'État de droit.
JOURNALISTE : La nouvelle présidente et le nouveau premier ministre de Macédoine du Nord ont fait des déclarations qui violent l'accord de Prespès. Comment la partie grecque réagit-elle ?
G. KOTSIRAS : L'accord de Prespès prévoit l'utilisation du nom de Macédoine du Nord à l'encontre de tous, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Bien que la Nouvelle Démocratie, en tant qu'opposition officielle à l'époque, ait exprimé ses désaccords, l'accord de Prespès est désormais un accord international et, par extension, il n'y a pas d'application sélective des accords internationaux et du droit international. La question a été clairement soulevée par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis lors du récent sommet de Bruxelles et par le ministre des affaires étrangères Giorgos Gerapetritis lors du Conseil des affaires étrangères de l'UE à Luxembourg. Il est clair que la poursuite des progrès dans nos relations bilatérales avec notre pays voisin, ainsi que son parcours européen, est liée à l'application stricte du droit international, ce qui doit être pleinement compris par nos voisins.
JOURNALISTE : Malgré l'amélioration des relations gréco-turques, la Turquie continue de parler de « patrie bleue ». Qu'attend Athènes du rapprochement gréco-turc ?
G. KOTSIRAS : Nous sommes pleinement conscients que nos relations avec la Turquie sont complexes et que les problèmes remontent à des décennies. Cependant, un environnement de dialogue a été mis en place avec la Turquie, en mettant l'accent sur les points positifs de l'agenda. La réduction des flux migratoires irréguliers, l'octroi de visas express qui stimulent l'économie de nos îles et la suppression des survols et des combats aériens dans la mer Égée sont des résultats visibles. Nous avançons pas à pas dans le dialogue gréco-turc, avec prudence et confiance, sans reculer sur les questions de souveraineté nationale. Notre attente et notre aspiration fondamentales sont que les désaccords existants n'engendrent pas de crises et qu'un climat de sincérité, de compréhension mutuelle et de dialogue soit établi, ce qui contribuera à long terme à la paix et à la prospérité dans la région.
Comme l'a souligné le ministre Giorgos Gerapetritis, nous restons attachés à nos positions nationales, que nous soutenons fermement et pour lesquelles il n'y aura pas de concessions. La Grèce mène une politique étrangère de principe, fondée sur le droit international et ne s'écarte pas de ce principe fondamental.
JOURNALISTE : Quel est l'état d'avancement de vos projets pour les Grecs de l'étranger ? L'extension du vote par correspondance aux élections nationales renforcera-t-elle vos aspirations dans ce sens ?
G. KOTSIRAS : Le renforcement des relations avec les Grecs vivant à l'étranger est une priorité absolue du gouvernement. À cette fin, pour la première fois, le ministère des Affaires étrangères a élaboré un plan stratégique complet et structuré pour les Grecs vivant à l'étranger, avec un horizon de quatre ans, des objectifs et des actions spécifiques. Nous mettons notamment l'accent sur le soutien aux réseaux et aux activités de la diaspora, la promotion de la langue et de la culture grecques, l'amélioration des services consulaires et le renforcement général de l'hellénisme de la diaspora dans l'environnement international moderne et complexe.
L'importance accordée au cours des cinq dernières années par l'administration de Kyriakos Mitsotakis au renforcement des liens avec les Grecs de l'étranger s'est également exprimée par l'institution du vote par correspondance. Son extension aux élections nationales renforcera sans aucun doute la participation égale des Grecs expatriés à la vie publique de notre pays. Il s'agit d'une question nationale et existentielle. Les Grecs de la diaspora peuvent apporter une contribution déterminante grâce à leur expérience, leurs idées et leur intérêt pour la mère patrie. Le maintien d'une relation vivante et réciproque avec les Grecs de l'étranger est dans l'intérêt de l'ensemble de l'hellénisme.
July 7, 2024