Interview du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Giorgos Kotsiras au site ethnos.gr (10.03.2024). Propos recueillis par la journaliste Katerina Kokkaliari

Interview du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Giorgos Kotsiras au site ethnos.gr (10.03.2024). Propos recueillis par la journaliste Katerina Kokkaliari

«G. Kotsiras : en menant une politique étrangère fondée sur des principes, nous agissons en tant que pilier de stabilité dans la région»

Dans une interview accordée au site ethnos.gr et à la journaliste Katerina Kokkaliari, le Secrétaire d’État aux Affaires étrangères Giogos Kotsiras souligne l'accent mis par le gouvernement sur le renforcement des relations de la Grèce avec la diaspora grecque, notant que « la feuille de route pour les prochaines étapes est le Plan stratégique pour les Grecs de l'étranger du ministère des Affaires étrangères. » Dans le même temps, il évoque une série d'initiatives dans le domaine diplomatique, soulignant qu’«en menant une politique étrangère fondée sur des principes et en ayant acquis un capital diplomatique accru, nous agissons en tant que pilier de la stabilité dans la région».

Interrogé sur les relations gréco-turques, M. Kotsiras a déclaré que les désaccords existants entre les deux pays ne pouvaient être résolus du jour au lendemain, mais que «notre objectif est de ne pas réduire chaque désaccord à une crise et de maintenir les canaux de communication ouverts». Concernant la crise au Moyen-Orient, il a noté que la Grèce est présente, étant un interlocuteur cohérent et fiable pour toutes les parties» et qu'elle continuera à soutenir activement toute initiative qui promeut une solution juste et viable à la crise au Moyen-Orient. Sur la question de la guerre en Ukraine, «nous avons dès le début adopté une position de principe ferme, sans conditions, contre l'agression et le révisionnisme», a déclaré le Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, et «nous continuerons à participer activement à l'effort européen commun pour restaurer l'intégrité territoriale de l'Ukraine».

Enfin, en ce qui concerne les élections européennes, M. Kotsiras souligne que l'introduction du vote par correspondance est un pas important vers l'égalité de traitement des électeurs grecs et parle de la contribution de nos autorités consulaires à l'information des Grecs de l'étranger.

Le texte intégral de l'interview est disponible ci-dessous :

JOURNALISTE : Les canaux de communication gréco-turcs restent ouverts et une nouvelle rencontre entre le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis et le président turc Recep Tayyip Erdogan est prévue au printemps. Bien sûr, Ankara a récemment montré qu'elle n'avait pas complètement abandonné sa rhétorique au ton élevé. Pensez-vous qu'il y aura une période d’accalmie dans un avenir proche et dans quelle mesure est-il facile de recourir à La Haye dans un deuxième temps ?

G. KOTSIRAS : Nous avons mis les relations gréco-turques sur la voie de la normalisation et c'est un acquis que nous devons préserver. Les désaccords existants entre la Grèce et la Turquie ne peuvent pas être résolus du jour au lendemain. Mais notre objectif est de ne pas transformer chaque désaccord en une crise et de maintenir les canaux de communication ouverts. Nous passons aux prochaines étapes du dialogue politique, à l'agenda positif et aux mesures de confiance, étape par étape, avec prudence et confiance. Notre principal atout, tant dans nos relations avec la Turquie que dans nos relations avec les pays de la région au sens large, est notre engagement inébranlable en faveur des principes du droit international.

JOURNALISTE : Êtes-vous préoccupé par la possibilité d'une escalade des tensions au Moyen-Orient et d'un débordement de la crise ? Pensez-vous qu'à ce stade, la communauté internationale pourrait prendre de nouvelles initiatives diplomatiques et quel rôle la Grèce pourrait-elle jouer dans un tel effort ?

G. KOTSIRAS : L'escalade des tensions au Moyen-Orient nous préoccupe profondément. La perte tragique de vies civiles et l'utilisation d'otages comme arme de négociation porte atteinte de manière flagrante à toute notion de dignité humaine. La cessation immédiate des hostilités et l'acheminement ininterrompu de l'aide humanitaire sont indispensables. Les efforts diplomatiques en cours pour ramener la paix dans la région doivent être soutenus et intensifiés.

La Grèce est présente en tant qu'interlocuteur cohérent et fiable pour toutes les parties. Grâce à une politique étrangère fondée sur des principes et à un capital diplomatique accru, nous agissons en tant que pilier de la stabilité dans la région. Nous sommes fermement opposés à tout recours illégal à la force et nous continuerons à soutenir activement toute initiative visant à promouvoir une solution juste et viable au conflit du Moyen-Orient et la paix dans l'ensemble de la région et dans le monde.

JOURNALISTE : Lors des élections européennes, pour la première fois, les Grecs vivant à l'étranger et remplissant certaines conditions (par exemple, ils doivent être inscrits sur les listes électorales) auront la possibilité de voter par correspondance. Quelles sont les garanties mises en place pour assurer la protection des données personnelles et l'intégrité du vote ?
G. KOTSIRAS : Avec l'introduction du vote par correspondance à partir des prochaines élections européennes, la manière d'exercer le droit de vote est modernisée et constitue un grand pas vers l'égalité de traitement des électeurs grecs. Les Grecs de l'étranger pourront voter depuis leur lieu de résidence, sans avoir à parcourir des centaines ou des milliers de kilomètres, sans aucun inconvénient.

Le processus de vote par correspondance, qui commence par l'inscription sur la plateforme en ligne du ministère de l'Intérieur et qui est décrit en détail dans la loi 5083/2024, est conforme à toutes les normes établies par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) (pour garantir l'intégrité du vote) et les données personnelles des électeurs sont entièrement protégées par le règlement général sur la protection des données de l'UE et par la législation nationale.

JOURNALISTE : Jusqu'à présent, combien d'expatriés se sont inscrits pour voter par correspondance et comment la participation pourrait-elle être augmentée ?

G. KOTSIRAS : Sur le site web epistoliki.ypes.gov.gr, où l'on peut s'inscrire pour voter par correspondance, des statistiques sur le nombre total d'électeurs inscrits sont régulièrement publiées. Plus de 25 000 de nos concitoyens se sont déjà inscrits, le pourcentage d'inscriptions provenant de l'étranger étant en augmentation.

Comme il s'agit d'un procédure tout à fait nouvelle,  il est essentiel d'informer nos concitoyens dans le monde entier pour accroître la participation. Nous travaillons avec le ministère de l'Intérieur, qui dirige la campagne d'information, pour veiller à ce que les Grecs de l'étranger soient aussi bien informés que possible. Des instructions pertinentes ont déjà été envoyées à nos autorités consulaires dans le monde entier, ce qui permettra à la fois d'informer les citoyens sur le processus et d'aider ceux qui ne sont pas en mesure de s'inscrire tous seuls sur la plateforme. Lors de toutes mes récentes visites à l'étranger - à Chicago, Bruxelles, Vienne - j'ai constaté l'intérêt des Grecs pour le vote par correspondance et nous espérons que la participation augmentera de manière significative à mesure que nous intensifierons nos activités d'information et que nous approcherons de la date limite d'envoi du formulaire d'inscription.  

JOURNALISTE : Les derniers sondages maintiennent la nette avance de la Nouvelle Démocratie et ne comblent pas l'écart avec les partis d'opposition. Êtes-vous préoccupé par la possibilité d'une certaine complaisance de la part des électeurs aux élections européennes et d'une faible participation ?

G. KOTSIRAS : Le maintien de la nette avance de la Nouvelle Démocratie dans les sondages, ainsi que le résultat des dernières élections nationales, renforcent notre sentiment de responsabilité pour répondre aux attentes du peuple grec et poursuivre les efforts de réforme multidimensionnelle pour construire une Grèce encore plus forte, qui garantira le progrès, la prospérité et la sécurité pour tous les citoyens - un pays véritablement européen. Il ne fait aucun doute que le leadership de la Nouvelle Démocratie est une reconnaissance du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, qui a gagné la confiance des citoyens grecs et de nombreux dirigeants et personnalités du monde entier, améliorant ainsi l'image internationale de notre pays.

Bien sûr, nous ne sommes pas complaisants et nous n'ignorons pas que de nombreux problèmes subsistent. Pour les résoudre, nous devrons mener des batailles au niveau européen également. Un résultat fort en faveur de la Nouvelle Démocratie renforcera la voix de la Grèce dans les centres de décision à Bruxelles. Nous mènerons la bataille des élections européennes de toutes nos forces pour le bien de la Grèce et de l'Europe.

JOURNALISTE : Quelles actions seront entreprises dans la période à venir en vue de renforcer les relations de la Grèce avec sa diaspora ? Et que prévoit exactement le plan stratégique du ministère des Affaires étrangères pour les Grecs de l'étranger ?

G. KOTSIRAS : Le renforcement des relations entre la Grèce et la diaspora grecque a été une priorité absolue de notre gouvernement depuis le tout début, ce que nous avons démontré dans la pratique avec une série d'initiatives, qui seront poursuivies. La feuille de route de nos prochaines étapes est le plan stratégique du ministère des Affaires étrangères pour les Grecs de l'étranger. C'est la première fois qu'une stratégie unifiée et cohérente pour les Grecs expatriés a été créée, avec un horizon de quatre ans pour assurer sa durée et sa continuité, avec des objectifs, des axes et des actions spécifiques. Les objectifs stratégiques du plan sont, entre autres, le soutien et le développement des réseaux et des structures de la diaspora grecque, la promotion de la langue et de la culture grecques, le renforcement des liens avec les institutions ecclésiastiques de l'orthodoxie, l'amélioration des services fournis aux Grecs de l'étranger et le rapprochement avec la nouvelle diaspora.

Les principaux axes du plan stratégique ont été soumis à consultation sur le site web du ministère des Affaires étrangères, mfa.gr, et les Grecs du monde entier ont déjà réagi. J'invite tous les lecteurs intéressés à le lire et à soumettre leurs commentaires et suggestions. Notre objectif est que le plan stratégique soit dynamique par nature, qu'il soit évalué et constamment mis à jour. La communication bilatérale avec l'hellénisme partout dans le monde est notre quête constante et un guide précieux pour nos prochaines étapes.

JOURNALISTE : Le Premier ministre a récemment rencontré V. Zelensky à Odessa, où une attaque au missile a eu lieu pendant la visite, et a fait référence au soutien continu de la Grèce à l'Ukraine. Quelle est la signification de cette visite ?

G. KOTSIRAS : La récente visite du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis à Odessa a confirmé une fois de plus le soutien de la Grèce à la juste lutte de l'Ukraine pour défendre sa souveraineté nationale. Il s'agit d'une position de principe ferme que nous avons maintenue dès le début, sans conditions, contre l'agression et le révisionnisme.

Nous participons à l'aide à la défense de l'UE à l'Ukraine, nous soutenons sa perspective européenne et euro-atlantique et nous avons joué un rôle de premier plan dans la décision du Conseil européen de débourser 50 milliards d'euros supplémentaires pour soutenir l'Ukraine au cours des quatre prochaines années. Parallèlement, dans la perspective du lendemain, nous avons récemment organisé une conférence internationale sur sa reconstruction au ministère des Affaires étrangères.

Nous continuerons à soutenir l'Ukraine et à participer activement à l'effort européen commun pour restaurer son intégrité territoriale.

March 10, 2024