E. Vénizélos : Messieurs les Secrétaires généraux, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue à la manifestation d’aujourd’hui sur la Présidence hellénique imminente du Conseil de l’Union européenne, la cinquième présidence exercée par la République hellénique après son adhésion à l’Union européenne, à l’époque les Communautés européennes.
La manifestation d’aujourd’hui sera consacrée à notre stratégie médiatique et porte principalement sur la présentation du logo qui accompagnera toutes nos activités au cours du premier semestre de 2014.
En guise de cette introduction à la stratégie médiatique de la Présidence hellénique, je voudrais rappeler le cadre politique, européen et national convenu pour la Présidence hellénique.
Le premier semestre de 2014 revêt une importance particulière pour la Grèce. Notre objectif est de mettre en avant les éléments positifs de la sortie de la crise, après une longue période marquée de difficultés et de douloureux sacrifices du peuple grec.
Nous déployons depuis 2010 de grands efforts au prix d’une récession cumulée de 25% du PNB pour l’économie grecque et d’une réduction drastique de 35% à 40% des revenus disponibles du citoyen grec, de la perte de nombreux emplois, d’un taux de chômage inacceptable qui atteint 27% de la population générale et 60% chez les jeunes jusqu’à 24 ans.
L’heure est venue pour faire des changements, pour sortir du mémorandum, pour sortir de la crise, pour redresser l’économie réelle grecque. Aujourd’hui, notre économie peut afficher un excédent primaire, un excédent primaire structurel, le meilleur au sein de la zone euro et de l’UE qui dépasse 6% du PNB. Aujourd’hui, notre économie peut afficher un déficit budgétaire qui se situera au-dessus de la limite générale de 3%. Aujourd’hui, nous pouvons afficher une dette publique qui sera véritablement viable, et ce, non en raison de sa réduction drastique à travers les grandes initiatives de 2012, mais parce que la dette, elle, a été radicalement restructurée par rapport à sa longue durée moyenne de 16,5 ans, par rapport au taux d’intérêt moyen qui est bas, approximativement 2,2%, par rapport à la période de grâce, aux échéances des obligations et aux annuités de l’emprunt.
Le citoyen grec subit, bien entendu, les conséquences de la crise affectant sa vie quotidienne et familiale et nous voulons que le semestre de la Présidence hellénique symbolise, dans son esprit, ce changement, ce revirement.
Ce changement n’est pas facile à opérer. Nous allons le conquérir. Mais il est très important que la Grèce ne se présente pas aux yeux de la famille européenne et au niveau international comme un pays en crise, mais comme un pays étant sur le même pied d’égalité avec les autres pays du point de vue institutionnel, comme un ancien Etat membre de l’Union européenne et de la zone euro, comme un pays souverain, indépendant, fier qui subit les conséquences de la crise, mais qui a le droit de compter sur son retour à la normalité.
La Grèce représente au cours de ce semestre une Union européenne qui doit de nouveau faire preuve de son attachement aux grandes valeurs, la plus importante étant celle de la solidarité, la valeur de l’Etat social européen, la valeur d’un modèle de compétitivité et de croissance européennes qui garantira à ses peuples et, bien entendu, au peuple grec, que cette crise ne se répètera pas.
Il est donc très important de mettre en avant tous ces progrès qui ont été réalisés et de diffuser ce message au sein de la société grecque, mais aussi au niveau international.
Nos partenaires européens parlent souvent avec respect des sacrifices du peuple grec ainsi que des immenses efforts consentis par la Grèce.
Ce succès est un grand succès national mais nous voulons que cela s’érige en succès européen, notamment au cours du premier semestre de 2014, période de préparation des élections pour le nouveau parlement européen.
La crise économique a mis en évidence la nécessité de combler l’écart entre la description des institutions de l’Union européenne, la description du fonctionnement institutionnel de l’Union européenne, conformément aux traités instituant l’UE et une réalité politique qui est, au niveau de la zone euro, tout à fait différente. Par conséquent, on doit combler cet écart.
Toutefois, cela doit commencer par un grand débat sur les changements institutionnels nécessaires et c’est vraiment un heureux hasard que la Grèce exercera la présidence pendant ce semestre qui coïncide avec le grand débat paneuropéen sur l’avenir de l’Europe et le rétablissement de l’ordre institutionnel au sein de l’Union européenne et de la zone euro après cette expérience de la crise.
Car, sans aucun doute, ce qui se passe au sein de la zone euro ne correspond pas à la description du traité de Lisbonne. Comme je l’ai tout à l’heure affirmé, le semestre de la prochaine Présidence hellénique, est le semestre du débat préélectoral paneuropéen pour l’élection du nouveau parlement européen et du nouveau Président de la Commission européenne et de la nouvelle Commission européenne.
Au cours de ce semestre sera accompli le travail de préparation pour l’élection d’autres organes très importants de l’Union européenne, tels que le Haut représentant et le Président du Conseil européen.
Tout cela souligne finalement la nécessité d’un nouveau récit sur l’Europe. Un récit qui met de nouveau au premier plan les principes et les valeurs institutionnels qui ont permis au projet européen d’être couronné de succès en tant que, toutefois, résultat d’un volontarisme politique.
Il est très important de parler de nouveau de la démocratie, de l’égalité institutionnelle, de l’Etat de droit, des droits souverains, de la polyphonie, de parler d’une Europe qui n’a aucun rapport avec des attitudes xénophobes et racistes.
Nous devons de nouveau parler d’une Europe de la civilisation, d’une Europe qui sera consciente de l’histoire, d’une Europe qui sera une communauté et une société de paix, de démocratie, de prospérité, de synergie et de solidarité.
Nous devons, donc, ce semestre, faire face à ces nouvelles vagues, ces nouvelles formes d’euroscepticisme qui n’ont aucun rapport avec les formes traditionnelles de l’euroscepticisme, à savoir les formes conservatrices, de l’extrême droite ou radicales.
Par conséquent, ce semestre est le semestre au cours duquel le projet européen, le projet de l’intégration européenne doit être de nouveau légalisé aux yeux des peuples de l’Europe et au sein des sociétés européennes.
Et nous sommes très heureux car nous avons eu la chance que la Grèce, ce grand laboratoire de la crise au sein de la zone euro, exerce la présidence au cours de semestre.
Il est très important de parler à tous les citoyens européens, mais notamment aux jeunes, à la génération nouvelle, aux citoyens européens qui craignent de devenir victimes de la crise. L’Europe doit à tout prix, éviter le danger de la génération perdue. Nous avons besoin d’une nouvelle génération européenne qui aura confiance en elle. Une génération qui soit à la hauteur de ses grandes capacités et qui puisse faire face au potentiel de l’Europe.
Dans ce contexte donc, l’objectif de notre stratégie médiatique est simple. Nous voulons que la Présidence hellénique mette en valeur la Grèce en tant que pays européen normal, en tant qu’Etat se trouvant sur le même pied d’égalité, du point de vue institutionnel, que les autres Etats de l’Union européenne.
Nous voulons que notre présidence soit couronnée de succès et dotée d’une identité hellénique. Une Présidence hellénique qui promouvra ses principales priorités dans l’intérêt de tous les citoyens européens.
Nous savons qu’actuellement la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne a des compétences limitées à cause des présidences permanentes, du Conseil européen et du Conseil des Affaires extérieures et de l’Eurogroupe. Mais, en dépit de cela, la présidence du Conseil des Affaires générales et toutes ses formations dans lequel il siège, exerce un rôle très important au sein de la structure institutionnelle de l’Union européenne.
Nous ferons donc, en fonction de nos moyens et d’une manière réaliste et responsable, tout ce qui est en notre pouvoir pour vous convaincre tous que la Présidence hellénique concerne tous les citoyens européens et répond à leurs aspirations, pour promouvoir l’idée de l’intégration européenne et de la construction démocratique européenne, pour promouvoir l’image de la Grèce, un image authentique, équilibré et juste de la Grèce.
Nous ne voulons pas cacher la réalité. Nous ne voulons pas cacher les problèmes, nous ne voulons pas embellir la situation. Mais nous ne voulons pas bien sûr faire volontairement injustice à notre pays. Les réalisations doivent être mises en avant, les sacrifices doivent être respectés, la perspective de la sortie de la crise doit être bien évidente.
Nous ne voulons pas que ce nouveau récit soit un simple discours, mais une stratégie de redressement national globale qui concernera toute l’Europe car la réussite de l’effort grec sera une réussite européenne.
Ce principal objectif médiatique conduit à une présidence que nous voulons européenne, une présidence dont le contenu sera européen, son exercice sobre et son application efficace.
Un contenu sobre signifie une présidence ayant des priorités thématiques qui sont dictées par les besoins des citoyens européens eux-mêmes. Des priorités thématiques qui ont trait à des problèmes communs et mettent en avant la nécessité d’envisager ces problèmes de concert.
Des priorités thématiques qui ont été élaborées de manière collective dans le cadre du trio de la présidence et soulignent la nécessité de protéger et de renforcer le projet européen comme étant le meilleur cadre possible pour parvenir à des solutions.
Parfois on n’aime pas ce cadre car il est, à nos yeux, conservateur, inflexible, inefficace mais, sincèrement, il n’existe pas de meilleur plan que le plan européen. Et, surtout, il n’existe de plan plus sûr pour le peuple grec et tous les peuples de l’Union européenne que le plan européen actuel.
Force est de signaler à ce stade que la Présidence hellénique sera exercée au cours du premier semestre de 2014 et c’est une heureuse coïncidence que la présidence italienne prendra par la suite le relais. Deux pays du sud, deux pays méditerranéens, deux pays qui ont institué un partenariat. Donc, les deux présidences de 2014, hellénique et italienne, comme nous l’avons affirmé lors de toutes nos réunions avec le gouvernement italien et à tous les niveaux, forment ladite Année méditerranéenne, une présidence méditerranéenne annuelle de l’Union européenne qui met l’accent sur la Méditerranée, le sud le voisinage sud.
Notre présidence, comme nous l’avons affirmé, sera exercée d’une manière austère. Cela signifie qu’elle sera une présidence qui répondra aux demandes de tous les citoyens lesquels veulent voir changer la gestion de l’argent de l’Etat. Car un pays qui déploie tant d’efforts pour redresser ses finances publiques, doit montrer dans la pratique qu’il respecte ses citoyens qui, en se privant des biens nécessaires, contribuent au redressement budgétaire du pays.
Par conséquent, nous allons pleinement valoriser les infrastructures existantes, les ressources existantes ainsi que les ressources humaines dont dispose le ministère des Affaires étrangères et tout le dispositif de l’Etat.
La présidence valorise la dynamique existante, l’expérience existante sans faire des dépenses inutiles. Nous voulons que notre présidence soit efficace dans son application à savoir nous voulons une présidence flexible qui surmontera les obstacles, valorisera son expérience, qui gèrera les crises, qui proposera des compromis, une présidence qui mettra en valeur l’image d’une Grèce présente sur la scène politique européenne et internationale, qui n’exagèrera pas ses mérites sans toutefois sous-estimer ses capacités en raison du caractère multidimensionnel de ses identités.
Car la Grèce est un pays européen, un pays du sud européen, un pays européen, balkanique, un pays ayant des liens traditionnellement étroits avec la Mer Noire, ainsi qu’avec le monde arabe. Cela constitue une valeur ajoutée pour l’Union européenne aussi.
Je voudrais rappeler les priorités de notre présidence car celles-ci sont liées
à notre stratégie médiatique. Les priorités, comme je l’ai affirmé, sont dictées par les besoins des citoyens européens et de l’Union européenne et elle ne sont pas dictées par la bureaucratie européenne, mais par les sociétés de l’Europe et mettent en valeur l’utilité et l’importance de l’Union européenne en tant que cadre optimal pour faire face à ces problèmes d’une manière collective et souligne le rôle quel qu’il soit de la Présidence hellénique.
La première priorité est une priorité de tous les pays et peuples européens : la croissance, la création d’emplois, la protection de la dimension sociale, de l’Etat social européen qui va et doit aller au-delà de la crise démographique et budgétaire. Il n’y aura pas de perspective ni de récit, sans une économie réelle, sans un modèle de compétitivité et de croissance, sans l’investissement des fonds, sans des emplois créés.
Notre priorité est d’approfondir bien évidemment les institutions de la gestion économique, de la zone euro et de l’Union européenne des 28 Etats membres afin que chaque citoyen européen se sente en sécurité. A cet égard, puisque le grand enjeu de ce semestre est la promotion de l’union bancaire, il est très important, au-delà du système de surveillance unique des banques systémiques, de promouvoir le concept d’un système européen de garantie des dépôts car le citoyen grec et chaque citoyen européen doit se sentir en sécurité pour ce qui est de la protection de ses dépôts bancaires.
Notre priorité est également la protection des frontières européennes communes, la bonne gestion des flux migratoires, la protection de la mobilité et la répartition équitable des charges et des responsabilités entre les Etats membres. Et, à cet égard, le sud européen, les pays côtiers, les pays méditerranéens ont une importante contribution à apporter, un récent exemple de cela étant notre dernière initiative en coopération avec l’Italie et Malte.
Notre priorité horizontale est une politique maritime globale qui donnera lieu à de nombreuses initiatives. La croissance bleue, le tourisme, les sources d’énergie alternatives, la pêche, l’aménagement de l’espace maritime, l’application du traité de l’Organisation des Nations Unies sur le droit de la mer en Méditerranée et la valorisation des zones maritimes, conformément à l’étude présentée très récemment par la Direction générale compétente en la matière et la Commissaire, Mme Damanakis.
Les priorités de la précédente Présidence hellénique de 2003, l’Agenda de Thessalonique 2014 sur la perspective européenne et plus particulièrement sur la perspective euro-atlantique des Balkans occidentaux ont été d’ores et déjà intégrées dans les politiques européennes.
Nous sommes donc heureux de voir qu’après 11 ans nos anciennes priorités de 2003 sont en cours de concrétisation. Je parle de l’ouverture des négociations avec la Serbie. De la perspective euro-atlantique de tous les pays de notre région élargie, les Balkans occidentaux. Quels que soient les problèmes, il ne s’agit pas de problèmes bilatéraux. Ce sont des problèmes européens, des problèmes qui seront réglés à travers l’application des critères de Copenhague, à travers les relations de bon voisinage et le respect du droit international.
Nous arrivons maintenant à la présentation du logo. Il est très important que le logo de la présidence soit l’empreinte de la présidence.
Cette empreinte accompagnera et certifiera chaque action que nous mènerons dans le cadre de la présidence.
Le logo matérialise d’une manière très claire, à mon sens, notre principale stratégie médiatique pour une présidence européenne dotée d’une empreinte et d’une identité helléniques.
Plus particulièrement, nous avons voulu créer un logo simple, sobre et de portée générale. D’une esthétique simple, mais riche en substance et en messages, tel qu’impose le «μέτρον άριστον» (L’excès en tout est un défaut) et notre relation avec les symbolismes.
Un logo simple et substantiel comme la Présidence hellénique, dans l’intérêt de tous les citoyens européens.
Deuxièmement, un logo européen doté d’une empreinte grecque bien claire. Un logo qui mettrait l’accent sur l’Union européenne de manière créative.
Vous en serez les juges. Un logo qui évoquerait des formes et des couleurs helléniques, le point de référence étant toujours la mer. La mer en tant qu’élément fondamental de l’identité hellénique ainsi que de l’histoire européenne.
La mer en tant que priorité horizontale de notre présidence, mais aussi en tant que facteur de croissance, d’emploi, de perspective pour les peuples européens et les économies européennes.
Troisièmement, un logo qui rappellerait à tous le récit sur l’Europe qui nous a unis après la Seconde guerre mondiale, après des désastres et des aventures, un récit qui nous rappellera qu’au sein de cette famille européenne il est dans l’intérêt de tous d’avancer ensemble, parfois dans des conditions normales et parfois dans des conditions de crise.
L’Union européenne et notamment la zone euro ont été, du point de vue institutionnel, conçues pour fonctionner dans des conditions de normalité. La dernière expérience de la crise depuis 2008 et après, a montré que nous avons besoin d’institutions européennes capables de réagir avec rapidité et efficacité aux défis des crises. Il était donc très important que cet élément soit matérialisé dans le logo de la Présidence hellénique.
Quatrièmement, un logo qui mettrait en valeur l’hémicycle. L’hémicycle que représente le parlement mais aussi le théâtre ancien. Le Conservatoire de musique. L’hémicycle, symbole de la matrice qui a donné naissance à la démocratie, à la pensée libre, au conflit des idées et, en définitive, à la civilisation institutionnelle européenne.
L’hémicycle est également un point qui unit le passé et le futur, l’ancien et le nouveau. Il est donc très important en tant qu’élément de l’identité européenne diversifiée car il fait penser à la démocratie, à la liberté de la parole et d’expression, à des éléments donc fondamentaux de la civilisation juridique et politique européenne, à savoir la démocratie représentative et le parlementarisme. Notamment aujourd’hui, lorsqu’on parle de la nécessité de combler le déficit démocratique et de la nécessité de légaliser de nouveau l’Union européenne et son parcours vers l’intégration, l’hémicycle revêt une très grande importance.
Cinquièmement, un logo optimiste qui donnerait une note d’optimisme réaliste dont nous avons tous besoin en Grèce et en Europe en général, sans toutefois oublier ce qui s’est passé, ni les problèmes existants, ni le parcours difficile que nous avons devant nous.
Toutefois, nous avons besoin d’une note d’optimisme. Les Grecs doivent exercer leur droit à l’optimisme. Cela signifie que nous pouvons conquérir la position que nous méritons de par notre histoire, mais notamment sur la base des capacités innées de l’économie grecque et de la société grecque.
C’est à nous donc, à chaque citoyen séparément mais aussi à nous tous d’aller de l’avant, pour les générations suivantes et notamment pour les jeunes de toute l’Europe, notamment pour le sud européen car c’est le sud qui subit de manière disproportionnée les conséquences de la crise.
Nous voulions donc que ce logo englobe tous ces messages et qu’il soit dans le même temps sobre et facile à lire. Nous avons pu couper le nœud gordien avec l’aide de nos conseillers techniques et nous vous présentons aujourd’hui la solution que nous avons choisie.
Force est de signaler que cette solution a été trouvée en dépensant très peu d’argent et grâce à la grande contribution des services du ministère des Affaires étrangères et celle de la société Beetroot qui nous a aidé à créer le logo de la Présidence hellénique. Mais, surtout, grâce au travail laborieux et aux idées du personnel de l’administration publique.
Mesdames et messieurs les Ambassadeurs, mesdames et messieurs, nous pouvons maintenant regarder une vidéo présentant le logo de la Présidence hellénique.
PRÉSENTATION DE LA VIDÉO
E. Vénizélos : Je vous remercie pour votre réaction positive. Comme l’affirme le slogan de la présidence, « l’Europe est notre quête commune »
Car l’Europe est synonyme de la démocratie, de la civilisation, de l’époque des lumières, de l’Etat de droit, de l’Etat social, de la perspective de prospérité.
Toutefois, tout cela n’est pas acquis. On doit les conquérir chaque fois, et peut-être chaque jour. Par conséquent notre objectif est de lutter pour ces principes afin que la Grèce conquière sa place au sein de l’Union européenne, afin de donner à chaque Grec la possibilité de lutter afin de gagner sa place sous le soleil de notre pays.
A cette occasion, permettez-moi de vous présenter certains éléments fondamentaux de l’identité culturelle de la Présidence hellénique.
La présidence, comme je vous l’ai tout à l’heure dit, est accompagnée d’un programme qui exprime son caractère sobre, efficace et réaliste. Cela est valable aussi pour les activités culturelles.
On ne peut pas bien évidemment éviter la dimension culturelle de la présidence car la Grèce est synonyme de la civilisation.
Mais nous voulons procéder d’une manière ciblée qui respectera la situation dans laquelle se trouve la société grecque.
Dans le même temps, nous devons célébrer la perspective européenne, mettre en valeur la présidence et alimenter le débat public en vue des élections européennes.
Dans le cadre d’une coopération très étroite avec le ministère de la Culture, nous avons élaboré un programme qui comprend principalement la cérémonie d’ouverture de la Présidence hellénique qui se tiendra le 8 janvier 2104 au Palais de la Musique d’Athènes et dans le cadre de laquelle sera montée une pièce de théâtre intitulée « Voyage dans l’éternité » avec la participation de l’orchestre et du ballet de l’Opéra national tandis que la musique de la pièce est composée par Eleni Karaïndrou.
Une exposition intitulée « Nautile, naviguant en Grèce », consacrée à la mer et à sa relation toujours actuelle avec la Grèce est organisée au Musée des Beaux-Arts des Bruxelles. Cette exposition comprend et met en valeur huit notions fondamentales liées à l’élément de la mer. Cent œuvres de l’antiquité grecque dialoguent avec 22 œuvres d’art contemporain grec. A l’exposition participent 29 musées archéologiques publics, le nouveau Musée d’Acropole, le Musée d’art cycladique, ainsi que des artistes et des collectionneurs d’œuvres d’art contemporains.
La conception artistique de l’exposition est assurée par les cadres du ministère de la Culture sous la coordination du Secrétariat général du ministère, de Madame Lina Mendoni. L’inauguration aura lieu à Bruxelles, le 24 janvier et l’exposition durera jusqu’à la fin du mois d’avril.
Nos ambassades en Europe et dans d’autres régions du monde organiseront des activités culturelles très soignées et sobres, dans la mesure où cela est nécessaire. Je me réfèrerais toutefois à une activité qui nous lie à la présidence italienne, la Présidence méditerranéenne 2014. En concertation avec la Présidence de la République italienne, un grand événement culturel est organisé conjointement à la Résidence du Président de la République, au Palais Quirinal, pendant les deux derniers mois de la Présidence hellénique et les deux premiers mois de la Présidence italienne, avec l’exposition d’objets archéologiques très importants des quatre périodes de la Grèce et de la Grande Grèce et la présentation de peintres grecs et italiens contemporains.
Mesdames et Messieurs, le compte Twitter @gr2014eu de la Présidence hellénique est d’ores et déjà activé et notre Site internet http://gr2014.eu/ a d’ores et déjà été présenté.
J’aimerais d’ailleurs exprimer officiellement mes remerciements à l’Institut universitaire de Recherche de systèmes de communication et informatiques de l’Ecole nationale Polytechnique, mais aussi à la direction et aux cadres des Secrétariats généraux de l’Information et de la Communication qui ont travaillé d’arrache-pied pour avoir une présentation esthétique et de haute qualité de la Présidence hellénique sur le Web et bien naturellement le représentant de la Présidence, M. Koutras, qui, outres ses fonctions de porte-parole du ministère des affaires étrangères, portera également la casquette de représentant de la Présidence.
Nous sommes donc dans une bonne phase de préparation et je pense qu’aujourd’hui nous avons su le prouver. Je vous remercie encore une fois pour votre présence et je prierais M. Kourkoulas, le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, en charge des Affaires européennes, de nous donner quelques informations sur la préparation technique de la Présidence.
D. Kourkoulas : Merci monsieur le Président. Je pense qu’il sera difficile de passer des informations politiques très intéressantes à des informations certes plus plates, mais nécessaires, car à l’exception des personnes qui professionnellement connaissent l’Union européenne et les institutions, l’opinion publique, de manière générale, ne sait pas exactement ce que la Présidence signifie dans la pratique.
Dans la pratique, cela signifie que le pays exerçant la Présidence doit renforcer sa présence, ici et à Bruxelles, car la Grèce devra, pour chaque groupe de travail, que ce soit au niveau technique, à un plus haut niveau, ou à un niveau ministériel, pendant ce semestre, avoir deux représentants : un représentant qui exercera la Présidence et un autre qui sera le représentant national.
Dans le même temps, toutefois, la Présidence accueille traditionnellement dans son pays près de 120 rencontres officielles, auxquelles participent les 28 Etats membres, plus la Commission européenne et le Secrétariat du Conseil. Et ces 120 rencontres, contrairement à la Présidence de 2003, concernent cette fois 28 Etats membres et non 15.
Ce que je veux dire par là, comme l’a également expliqué le Président, c’est qu’il existe une différence, une réduction du poids spécifique de la présidence, si vous voulez, dans certains domaines. D’un autre côté, pour ce qui est du volet administratif, il y a une augmentation du nombre de rencontres devant être organisées dans le pays d’accueil.
Nous avons décidé que toutes les rencontres, à quelques exceptions près, se tiendront à Athènes. Toutes au même endroit, au Palais Zappeion, que même nos invités étrangers connaissent.
Et ce, pour des raisons d’économie, au niveau des transports et de la sécurité. En ce qui concerne le renforcement de la Représentation permanente de la Grèce, qui assumera le lourd fardeau de la représentation lors de toutes les rencontres, et la plupart d’entre elles ont lieu à Bruxelles, j’aimerais dire à titre indicatif que le nombre d’employés de la Représentation permanente est passé de 110 à 150.
A titre de comparaison, je dirais que ce nombre, au cours des autres présidences était bien plus important. La Pologne, je crois, avait augmenté le nombre de ses employés de 300, 200 pour Chypre et 220 pour le Danemark. Nous essayons donc, avec des ressources humaines et économiques très restreintes de nous acquitter de nos obligations.
Globalement, le budget de la Présidence a été porté pour les années 2013 – 2014 a 50 millions d’euros. Ce chiffre est bien inférieur au budget des dernières présidences, du moins depuis l’application du traité de Lisbonne. A titre indicatif, je dirais que la Présidence chypriote avait un budget supérieur à 60 millions d’euros. Il en va de même pour le Danemark. Le budget de la Pologne était de 70 millions d’euros. Nous espérons et avons de fortes raisons de penser que nous ne dépenserons pas tout notre budget de 50 millions d’euros.
En ce qui concerne l’organisation de la présidence, la responsabilité principale incombe au ministère des Affaires étrangères. Un Bureau de la Présidence a été créé, conformément à la loi, et ce bureau emploie 19 personnes seulement, contrairement à d’autres présidences où les effectifs étaient beaucoup plus élevés. Et parmi ces 19 personnes, la majorité d’entre elles sont employées du ministère des Affaires étrangères et d’autres proviennent d’autres services publics. Nous embaucherons – nous sommes dans la phase finale – 9 autres personnes pour occuper des postes particuliers.
Ce sont donc 9 nouvelles personnes qui intégreront le système d’organisation de la Présidence et seulement pendant le semestre de la Présidence. Il ne s’agit donc pas d’un contrat qui sera prolongé. Si vous connaissiez la rémunération de ces personnes, vous comprendriez que lorsque nous parlons d’austérité, nous ne plaisantons pas. Il en va de même bien entendu pour le renforcement de la Représentation permanente de la Grèce. Les personnes affectées à la Représentation permanente en raison de la Présidence, seront payées sur le budget des 50 millions d’euros et regagneront leur poste antérieur à la fin de la Présidence.
Nous avons eu recours à des subventions et nous vous donnerons tous les détails y relatifs à une autre occasion. Mais, je voudrais à titre de référence vous dire que les véhicules pour le transport des personnes qui viendront dans notre pays – il y aura 120 rencontres et à peu près 14.000 arrivées et 18.000 nuitées au cours du semestre – seront mis à disposition par des bailleurs de fonds, tandis que beaucoup d’autres manifestations culturelles et autres seront financées par des subventions.
Il a été prévu pour le Bureau de la Présidence – lequel a accompli un excellent travail ces derniers mois avec des ressources humaines très restreintes – la nomination d’un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, car il s’agit de la plus importante mission qu’assume le ministère. Cette nomination aura lieu dans les jours à venir.
A ce stade, je tiens à remercier M. Androulakis lequel continuera de nous assister dans ce projet, comme il l’a fait à ce jour d’une manière très efficace, pour tous les efforts qu’il a consentis en coopération avec les membres de son équipe. En effet, afin que vous puissiez vous-mêmes faire la comparaison, la présidence chypriote avait à sa disposition 70 personnes.
Enfin, je voudrais dire deux mots sur une question qui est dernièrement au centre de l’actualité. Je ne veux pas mécontenter les ambassadeurs des pays qui nous ont fait l’honneur d’assister à cette présentation, mais peut-être que ce que je vais dire ne leur plaira pas. Comme vous le savez, selon une tradition qui date depuis 20 ans au moins, chaque présidence offre à ses invités des cravates. Les cravates doivent être de 20.000 à 30.000 en nombre car tel est le nombre des participants en Grèce et à Bruxelles dans les différentes instances. Quand nous avons commencé notre planification, nous avons demandé l’assistance technique des organes européens – afin de dresser la liste détaillée de nos obligations – et les cravates pour les hommes et des foulards pour les dames figuraient parmi nos obligations. Le ministère et ses services ont commencé donc le travail de préparation pour faire passer les commandes aux fournisseurs.
A cause de la situation économique dans laquelle nous nous trouvons – non seulement en Grèce – et en raison de la signification symbolique de cette présidence à caractère sobre, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères a pris la décision de rompre avec cette tradition. A titre d’information, force est de signaler que les services du ministère avaient l’intention de commander 12.000 cravates au lieu de 25.000 ce qui était le cas dans le passé. Et le coût total aurait été raisonnable. Mais nous avons pris cette décision pour des raisons symboliques aussi. Je pense que tous comprennent les raisons pour lesquelles on doit doter la présidence de ce caractère symbolique. Je n’ai rien d’autre à ajouter pour ce qui est des questions organisationnelles. Je voudrais encore une fois vous remercier pour votre présence.
K. KOUTRAS : Nous n’avons pas beaucoup de temps à notre disposition. Voulez-vous adresser des questions au vice-premier ministre et au Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Kourkoulas ?
L. BETHANIS : Le vice-premier ministre a évoqué la question de l’euroscepticisme qui gagne du terrain en temps de crise au sein de l’Union européenne. Quelles seront les initiatives qui seront prises par la présidence dans ce sens ? Car on assiste à cette hausse de l’extrême droite et de l’euroscepticisme en Europe. Merci.
E. VENIZELOS : La question du racisme, de la xénophobie, du discours divisionnaire et de l’extrême droite qui ne respecte pas la civilisation politique et juridique européenne date depuis très longtemps. Je voudrais à cet égard rappeler, car je pense qu’il est de mon devoir scientifique et moral de le faire, le premier rapport sur le racisme et la xénophobie soumis au parlement européen par le professeur Dimitris Evrigenis, membre à l’époque du parlement européen et juge à la Cour européenne des droits de l’homme en 1984. Il s’agit peut-être du premier texte de référence aux organes institutionnels européens sur la lutte contre le racisme et la xénophobie.
Malheureusement, en Grèce nous avons un parti politique qui fonctionne comme une organisation criminelle, conformément aux poursuites entamées par le procureur général et lequel, qui plus est, prône le nazisme de manière flagrante, à savoir il fonctionne en dehors du cadre constitutionnel.
Toutefois, aujourd’hui, il existe d’autres formes aussi d’euroscepticisme. Il existe une contestation de la capacité de l’Europe à gérer la crise et à offrir des perspectives. Les sources de cette contestation sont multiples : radicales, populistes, nationalistes. Il existe des phénomènes non seulement de nationalisme traditionnel, mais aussi de nationalisme économique.
Il existe un grand problème de comportement politique et de valeurs politiques en Europe. La présidence peut soulever cette question au Conseil des Affaires générales. Elle peut organiser, et elle le fera, des débats de thématique institutionnelle, scientifique et politique, pendant les mois qui précèderont les élections européennes.
Elle peut coopérer et va coopérer avec les institutions de l’Union européenne en vue de mettre en valeur cette question. Mais la responsabilité revient aux peuples européens eux-mêmes qui élisent leurs parlements nationaux et leurs gouvernements nationaux.
Car le grand problème de l’Union européenne et de l’intégration européenne demeure un problème lequel est envisagé au niveau intergouvernemental. Par conséquent, il est très important que les gouvernements, à savoir les parlements nationaux et les corps électoraux nationaux, se penchent sur ce problème et prennent clairement position sur le fond de cette question.
Car certaines choses que nous considérions comme évidentes ne le sont plus. Le progrès, la prospérité et l’amélioration sont des choses évidentes. Personne n’aurait pu imaginer que de telles coupes seraient faites dans les revenus et les retraites et que les conquêtes de l’Etat social seraient contestées.
Personne ne peut affirmer qu’il existe un problème de démocratie, de parlementarisme ou d’Etat de droit en Europe. Mais, il peut y avoir, tout d’un coup, un problème.
Donc, rien n’est évident, rien n’est acquis. Nous devons toujours être à leur conquête, C’est pourquoi le slogan de la présidence est : « Europe : notre quête commune ». Cette quête devient au jour le jour une reconquête des grandes valeurs européennes.
Je vous remercie tous, mes collègues du Parlement européen, mes chers ambassadeurs et secrétaires généraux, le secrétaire de la Présidence de la République et le porte-parole du parlement européen pour votre présence ici. Merci.
November 25, 2013