Chères Grecques, chers Grecs,
C’est avec émotion et respect que je m’adresse aujourd’hui à vous tous, nos compatriotes expatriés, aux quatre coins du monde. À vous tous qui, bien qu’installés dans des pays et des régions hors de nos frontières nationales, maintenez encore –individuellement et collectivement – des liens culturels et émotionnels forts avec la patrie. Vous tous qui avez entrepris votre voyage dans le monde avec les valeurs de la culture grecque dans vos bagages, que vous avez mises en valeur dans les pays où vous avez choisi de vivre. Vous qui, à travers un processus d’évolution dynamique et continue, avez affronté votre émigration comme un défi. Vous avez travaillé dur, vous avez réussi à panser les plaies de l’expatriation avec la promesse de l’avenir, vous avez réussi à surmonter les contradictions et vous avez contribué au progrès et à la prospérité des sociétés dans lesquelles vous vous êtes intégrés, en gardant toujours la Grèce dans votre cœur.
L’année qui s’achève a été particulièrement difficile pour le monde entier et bien sûr pour notre patrie. La pandémie de coronavirus a profondément affecté les sociétés. Des centaines de milliers de personnes sont décédées d’une mort amère et solitaire. D’innombrables familles ont été confrontées au deuil, à l’insécurité financière, à un choc psychologique. Je sais que beaucoup d’entre vous ont ressenti, l’année dernière, de la frustration et de la colère, pour ne pas avoir pu venir en Grèce, voir vos proches, peut-être même leur dire au revoir. Je sais que beaucoup d’entre vous ont subi l’épreuve de la maladie dans leurs chairs et certains ne l’ont pas vaincue. Je suis profondément émue chaque fois que je lis un nom grec dans les listes des victimes du Covid, publiées par des journaux étrangers. Mais en même temps, je suis très fière de voir autant d’expatriés participer activement à l’effort scientifique pour lutter contre la pandémie. Je me réjouis de leur ingéniosité et de leur dynamisme, de leur renoncement à soi, de leur sens de la responsabilité sociale. Dans la lutte de l’homme contre le virus mortel, ils sont les héros luttant en première ligne.
La pandémie n’a cependant pas été la seule adversité à laquelle notre pays a été confronté en 2020. Nous avons été confrontés au comportement provocateur et agressif de la Turquie, avec la remise en cause de nos droits souverains, et à la mise en péril par le pays voisin, de la sécurité et de la stabilité dans notre région. Nous avons connu une période de grande tension causée par le problème de l’immigration, qui a souvent été utilisé ouvertement comme un levier de pression diplomatique pour atteindre d’autres objectifs. Et, bien sûr, nous connaissons les problèmes inévitables causés à notre économie par une pandémie d’une ampleur et d’une durée sans précédent.
Mais nous ne nous décourageons pas, nous ne plions pas devant l’adversité. Intransigeants face à nos questions nationales, nous aspirons à un dialogue constructif et mutuellement franc avec la Turquie, sur la base du droit international car c’est seulement ainsi que nous pourrons promouvoir la paix et la stabilité dans notre région. Attachés au traitement humain des réfugiés et demandeurs d’asile, nous défendons dans le même temps nos frontières contre toute menace. Durement éprouvés par une longue période marquée par la crise économique, nous rassemblons nos forces pour pouvoir répondre à la demande de relance et de croissance de notre économie, en renforçant les forces de production saines et en bâtissant sur les sacrifices auxquels ont consenti tous les Grecs au cours de la période précédente.
Chères Grecques, chers Grecs,
L’année 2021 se profile, ravivant nos espoirs de sortie de la pandémie et de retour progressif à une vie sociale normale. En même temps, pour nous, les Grecs du monde entier, elle est en plus chargée d’un symbolisme historique fort. C’est une grande page de notre histoire. La révolution grecque de 1821 a ouvert la voie à la libération du joug ottoman, a marqué le début de la constitution politique de la Grèce en tant qu’État-nation indépendant et, en liant la quête de liberté aux idées progressistes des Lumières, a créé les conditions morales et politiques d’abolition de toute notion d’oppression dans toute l’Europe, donnant au 19e siècle sa grande signification historique. Aujourd’hui, le 200e anniversaire de la genèse de l’état Grec nous donne l’occasion d’une introspection nationale et d’une réflexion créative. Il nous invite à réfléchir sur ce que nous avons accompli en tant que nation au cours de ces deux cents ans, à cultiver notre conscience collective, à nous rassembler pour répondre aux défis modernes guidés par les valeurs inaliénables héritées de la lutte de nos ancêtres pour la liberté et l’autodétermination.
Dans cette entreprise, je le sais bien, vous serez tous, les partenaires et les soutiens actifs qui, grâce à votre travail acharné, votre dynamisme, votre créativité et votre flexibilité d’intégration dans les pays où vous vivez, avez réussi, non seulement à vous intégrer en douceur dans le réseau social, mais aussi à vous démarquer, chacun dans son domaine, en conquérant et en occupant de hautes responsabilités là où vous avez construit votre nouvelle vie. Et en même temps, vous avez gardé vivante la tradition de la grécité en tant que concept qui s’identifie à des horizons ouverts, au besoin de communication, de dialogue culturel, d’extraversion. Votre lien avec la Grèce, amalgame d’expérience historique, de mémoire et de sentiment, s’est exprimé et s’exprime dans la pratique et à tous les niveaux, et je vous assure que la patrie reconnaît toujours votre contribution.
Je vous souhaite du fond du cœur, à vous et à vos familles, un joyeux Noël et une nouvelle année optimiste, sans nuages et créative.
December 24, 2020