Α. PAPAIOANNOU : Bonjour tout d’abord et je vous remercie d’être venus.
Je commencerai par deux événements qui se sont produits la semaine dernière et qui, pour nous, du moins pour le ministère des Affaires étrangères, ont été particulièrement importants. Ensuite, je vous dirai le reste, ne vous inquiétez pas, j'ai tout ici, soyez patients.
Je voulais juste revenir brièvement sur la visite de la ministre des Affaires étrangères du Kenya lundi dernier, Mme Omamo, la première visite d'un ministre des Affaires étrangères africain, je veux dire d'Afrique subsaharienne, à Athènes ces dernières années. Et cela, bien sûr, est un exemple de l'ouverture que le ministre, M. Dendias, comme vous le savez, a depuis longtemps commencé à pratiquer à l’égard de l'Afrique sub-saharienne, et je voulais le souligner. Ce n'est donc pas un hasard.
Et vous me demanderez pourquoi nous nous intéressons à l'Afrique subsaharienne ? Je vous dirai, tout d'abord, que c'est le continent qui connaît la plus forte croissance économique à l'heure actuelle, et le Kenya est la plus grande économie d'Afrique de l'Est. Le Kenya est également, comme vous le savez évidemment, membre du Conseil de sécurité jusqu'en décembre pour la période 2021-2022.
Dans le même temps, nous sommes confrontés à des défis communs. Comme, par exemple, le terrorisme, une question dont les deux ministres ont discuté. Un autre exemple est l’immigration, le changement climatique. Nairobi est également le siège du Programme des Nations unies pour l'environnement, le PNUE. Cette visite était donc très importante et je voulais le souligner, et vous verrez que la visite d’un autre ministre est prévue pour cette semaine.
L'autre visite que je voudrais souligner est celle du ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, M. Abdullatif Al Zayani, vendredi dernier. Dans ce contexte, je tiens à souligner qu'il s'agissait de la troisième rencontre en un an environ. Il avait assisté au Forum Philia en février 2021 à Athènes, puis le ministre (M. Dendias) s'était rendu à Manama en novembre et maintenant le ministre des Affaires étrangères bahreïni est à nouveau venu ici. Un élément qui, après tout, souligne une fois de plus le renforcement des relations bilatérales avec ce pays, mais aussi, bien sûr, avec les pays du Golfe. Et cela est une nouveauté.
Dans ce contexte, je voudrais également souligner l'excellente et très bonne coopération que nous avons avec Bahreïn, et nous ne voudrions pas du tout la sous-estimer, en termes de coopération, par exemple, dans les organisations internationales. Nous soutenons leur candidature au Conseil de sécurité pour la période 2026-2027 et ils soutiennent la nôtre pour la période 2025-2026. Si tout va bien, nous serons tous les deux simultanément membres non permanents pendant un an.
Et, en fait, nous avons également discuté de la préparation de nos fonctionnaires en vue de la prise de leurs fonctions au Conseil de sécurité.
Eh bien, c'est un choix conscient du ministre des Affaires étrangères, M. Dendias, de s'ouvrir à ces pays.
Il y aura également un soutien mutuel pour la candidature au Conseil des droits de l'homme. Comme vous le savez, la Grèce a présenté une candidature pour le mandat 2027-2028.
Nous sommes particulièrement sensibles aux questions concernant les relations entre l'Union européenne, le Conseil de coopération du Golfe et les États au niveau bilatéral, et c'est un point que le ministre a souligné. Nous pensons que l’approche de l'Union européenne à l’égard de ces pays devrait être collective et non individuelle.
Et, bien sûr, et je tiens également à le souligner, Bahreïn, comme d'autres pays, a fait preuve d'une attitude très constructive, de soutien, a prêté une oreille attentive aux questions qui nous concernent dans les organisations auxquelles nous ne participons pas, la Ligue arabe, le Conseil de coopération du Golfe, l'Organisation de la coopération islamique.
Enfin, « last but not least », comme disent les Britanniques, je tiens également à souligner l'excellente coopération que nous avons eue la semaine dernière - nous l'avons commencée en novembre et nous passons maintenant à un nouveau niveau, aussi inédit que cela puisse vous paraître - avec l'Académie diplomatique de Bahreïn, qui ne se limite pas à l'éducation, mais couvre l'ensemble de la réforme du ministère des Affaires étrangères.
Nous avons eu des rencontres très intéressantes, je dirais même excellentes, avec mon homologue. Et je tiens à le dire parce qu'il s'agit vraiment d'un autre exemple de quelque chose qui, bien qu'il ait pu sembler impossible il y a encore deux ans, est en train de devenir une réalité. Et pour moi, étant impliqué dans le processus de réforme [au sein du ministère des Affaires étrangères], cela m'intéresse encore plus.
Les demandes d'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Alliance de l'Atlantique Nord ont été officiellement soumises au Secrétaire général de l'OTAN. Comme le ministre l'a déclaré samedi dernier lors du Conseil informel des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, la Grèce est bien entendu favorable à l'adhésion de ces pays à l'OTAN, à leur adhésion immédiate.
C'est un moment historique. Ces deux pays sont nos partenaires au sein de l'Union européenne, et nombreux sont les liens qui nous unissent.
Ainsi, dans un esprit de solidarité, mais surtout je veux souligner que ces pays sont des pays profondément démocratiques et respectueux des principes du droit international, nous espérons que cela encouragera plus d'États qui partagent aussi ces valeurs à rejoindre l'Alliance de l'Atlantique Nord. Et dans ce contexte, bien sûr, comme je l'ai dit, nous sommes clairement en faveur de leur adhésion immédiate.
S’agissant maintenant du ministre des Affaires étrangères, le ministre des Affaires étrangères a accompagné le Premier ministre aux États-Unis dans le cadre des rencontres de ce dernier avec le Président Biden et le Congrès. Le porte-parole du gouvernement vous en informera, bien entendu.
Hier le ministre a eu deux rencontres séparées en marge de la visite, d'abord avec le Secrétaire d'État, son homologue, M. Antony Blinken, puis avec l'envoyé spécial du Président américain pour le changement climatique, l'ancien Secrétaire d'État, M. John Kerry.
Je dirai deux choses, si vous me le permettez, à propos de ces deux rencontres. Tout d'abord, en ce qui concerne la rencontre avec M. Blinken, qui a duré environ 45 à 50 minutes. Je n’ai pas vraiment chronométré , mais telle a été la durée à peu près.
En ce qui concerne l'ambiance, je voulais dire, tout d'abord, qu'elle était, bien sûr, très positive, mais aussi très agréable. De plus, il s'agissait d'une rencontre de travail.
Nous sommes maintenant passés de la phase où nous apprenons à nous connaître à la phase de ce que nous pouvons faire ensemble. C'est d'ailleurs ce qu'a déclaré le Secrétaire d'État américain, puisque le Président américain a également rencontré le Premier ministre la veille : « Nous devons maintenant voir ce que nous allons faire, comment nous allons assurer le suivi des différentes questions ».
Nous passons donc maintenant à une autre phase. C'était un point particulièrement important pour moi. Le Secrétaire d'État américain a également, et je tiens à le souligner, et il l'a dit dans sa déclaration, exprimé les remerciements des États-Unis pour la position de principe que nous adoptons sur la question de l'Ukraine.
Dans ses remarques introductives, le ministre des Affaires étrangères, M. Dendias, a bien sûr souligné le fait que le nouvel ambassadeur américain, M. Tsunis, qui était également présent, est issu de la communauté grecque, il est gréco-américain, et cela nous fait très plaisir.
Maintenant, en ce qui concerne les questions bilatérales. Tout d'abord, le ministre des Affaires étrangères a souligné une fois de plus que la Grèce souhaite une présence américaine et, dans ce contexte, il a rappelé à M. Blinken l'adoption, la semaine dernière, du projet de loi visant à modifier le deuxième protocole de l'accord de coopération en matière de défense mutuelle. Il a fait remarquer que ledit projet de loi a également été adopté à une large majorité.
Il a souligné l'importance du port d'Alexandroupolis, il a dit de manière caractéristique en anglais qu'il s'agissait d'un « success story », d’une réussite brillante. À propos de l'Ukraine, en réponse aux propos de M. Blinken, il a déclaré que « pour nous, notre position découle de nos principes, du respect du droit international, du respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les États. »
Le ministre a ensuite informé son homologue américain de manière complète et détaillée des développements en Méditerranée orientale et du comportement transgressif de la Turquie, et lui a exposé des faits et des chiffres. En effet, l'homologue américain était au courant des faits, le ministre lui a donné des informations et lui a même montré des photos et des cartes. Il a également souligné que « le révisionnisme ne peut être accepté ».
Il a ensuite évoqué la Libye et le besoin de stabilité dans ce pays. Malheureusement, les développements de ces derniers jours n'ont pas été encourageants. Et il a souligné qu'une éventuelle déstabilisation de la Libye pourrait également avoir des conséquences négatives importantes pour l'Europe en général. Et pour cela il a dit que la partie américaine même si elle a en tête un tas d'autres problèmes en ce moment ( « you have your plate full », a-t-il dit ), il ne faut pas oublier la Libye.
Ils ont ensuite parlé de la coopération énergétique. Le ministre a tout d'abord évoqué le rôle croissant de la Grèce en tant que pôle énergétique, le port d’Alexandroupolis, le FSRU, le gazoduc IGB, etc. Il a fait référence bien sûr au projet East Med et cela a donné lieu à une discussion sur la coopération « 3+1 », car une réunion par visioconférence a eu lieu la semaine dernière et le ministre a dit que ce serait un plaisir en septembre prochain, à l'automne prochain, d'organiser une réunion à quatre, une réunion du groupe « 3+1 », en présentiel.
Je reviendrai sur cette question plus tard, je veux faire une remarque. Mais avant cela, je voudrais dire qu'il y a eu une discussion assez longue sur les Balkans occidentaux, au sujet desquels le ministre a de nouveau exprimé son inquiétude quant à l'évolution de la situation. Tout d'abord, en Bosnie-Herzégovine, il a souligné que la seule voie, la seule voie à sens unique pour cette région est bien sûr la perspective européenne de ces pays. Il a déclaré que la Grèce, dans la mesure où elle en a la possibilité, veut et essaie d’éliminer tous les obstacles qui existent pour l'accélération de la perspective européenne de ces pays.
Et bien sûr, il a dit - et je vous le dirai dans le programme tout de suite après - qu'il visitera plusieurs pays de la région dans les prochains jours, en vue du sommet du Processus de stabilité pour l'Europe du Sud-Est qui aura lieu à Thessalonique le 10 juin.
Sur ce point également - et c'est un point qui était très important pour le ministre - il a dit que pour nous ici, il y a deux règles inviolables, l'une est pas de changement de frontières et l'autre est liée à la première, bien sûr : respect de l'intégrité territoriale. Cela pour nous est une ligne rouge.
Enfin, revenant sur la coopération dans le cadre du groupe « 3+1 », le ministre a déclaré qu'il serait bon qu'à un moment donné, elle devienne également une coopération à « 4 », de sorte que l'on ne parle plus de trois pays plus les États-Unis, mais de quatre pays.
Et de voir la possibilité d'élargir cette coopération multilatérale. Et dans ce contexte, c'était aussi très intéressant, il a souligné que la Grèce a une stratégie de développement des relations avec d'autres pays dans le monde, qui respectent les mêmes principes, qui promeuvent le respect du droit international de la mer.
Et il a fait une référence explicite à l'Inde, qu'il avait visitée en avril dernier, au Japon, qu'il avait également visité en avril, à l'Australie. La ministre australienne des Affaires étrangères était venue ici en décembre dernier, le ministre l'avait également rencontrée en marge du sommet de l'OTAN. Et il a aussi mentionné d'autres pays que nous espérons qu'il visitera à l'avenir.
C'est à peu près tout en ce qui concerne la rencontre avec M. Blinken.
En ce qui concerne la rencontre avec M. Kerry, l'ancien Secrétaire d'État, qui, et là je voudrais juste faire une parenthèse, c'était aussi une rencontre particulièrement intéressante parce que le bureau de M. Kerry se trouve au State Department et, comme il nous l'a dit, son bureau était le bureau de George Marshall, c'était donc comme une rencontre avec l'histoire.
Deux questions essentielles. Ils ont discuté, bien sûr, de la protection de l'environnement, de la lutte contre le changement climatique et, dans ce contexte, le ministre a fait un exposé complet, assez détaillé, sur les mesures prises par le gouvernement, en soulignant, bien sûr, qu'il n'est pas le ministre compétent en la matière, mais il va sans dire qu'il est informé sur ces dossiers.
Et l'autre chose que nous avons retenue, et c'était particulièrement important, c'est la coopération entre la Grèce et les États-Unis sur des initiatives communes et, effectivement, dans le domaine de la protection des mers et de l'environnement marin.
Et sur ce point, nous nous attendons à ce qu'il y ait d'autres nouvelles plus tard, pour le moment je n'ai rien à annoncer.
Je suis désolé d'avoir été long. Maintenant, je passe au programme de la direction politique.
Tout d'abord, le ministre devrait avoir aujourd'hui une conversation téléphonique avec son homologue jordanien, M. Safadi, dans le courant de la journée.
Demain, le ministre des Affaires étrangères, M. Dendias, se rendra aux Pays-Bas, où il aura plusieurs rencontres. Tout d'abord avec le Directeur Général de l'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques, l'OIAC, l'Ambassadeur Fernando Arias.
Il aura ensuite un déjeuner de travail avec son homologue néerlandais, M. Hoekstra, puis, et je tiens à le souligner, il rencontrera tout d'abord le président de la Cour pénale internationale, M. Hofmański.
Le ministre rencontrera ensuite le procureur général de la Cour pénale internationale, M. Khan, à qui, si vous vous en souvenez, il avait également envoyé une lettre concernant l'enquête sur l’éventuelle perpétration de crimes de guerre à Marioupol. Ce sera donc l'une des principales questions qu'il abordera.
Enfin, il rencontrera la présidente de la Cour internationale de justice de La Haye, Mme Donoghue, et M. Gautier, Registrar (Secrétaire) de la Cour internationale de justice de La Haye. Je pense que ces rencontres prévues en disent long.
Je n'ai pas besoin d'en dire plus sur l'importance que la Grèce attache à la juridiction de la Cour internationale de justice de La Haye et au respect du droit international.
Vendredi matin, le ministre devrait rencontrer l'ambassadeur d'Albanie.
Il aura ensuite une conversation téléphonique avec le nouveau chef des Verts allemands.
Et puis, et cela me ramène à ce que je vous disais à propos du Kenya, le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, M. Biruta, viendra à Athènes pour la première fois, je ne pense pas que cela ait jamais été fait dans l'histoire.
Le ministre l'avait rencontré à New York en septembre dernier, puis lui avait rendu visite en novembre dernier à Kigali, dans le cadre du don de vaccins fait par la Grèce.
Le même soir, il s’entretiendra également avec l'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine.
Lundi matin, le ministre se rendra en Albanie, à Tirana.
Il devrait rencontrer Sa Béatitude l'archevêque Anastasios, son homologue albanais, le Premier ministre; le programme est encore en cours d'élaboration.
Mardi, il se rendra à Sarajevo, où il aura également des contacts avec les dirigeants politiques, son homologue, etc. Mercredi après-midi, il devrait se rendre en Macédoine du Nord, où il aura bien sûr des entretiens avec son homologue M. Osmani, il devrait être reçu par le Président Pendarovski et il aura une rencontre avec le Premier ministre M. Kovachevski, etc.
Jeudi, il prononcera une allocution lors d’un événement sur la diplomatie économique et l'extraversion, ici à Athènes, puis participera, par visioconférence, à la célébration de la Journée de l'Afrique.
Le ministre arménien des Affaires étrangères sera ici le lundi 30.
Et puis, pour ne pas m'étendre, il y a d'autres visites prévues en juin, nous avons déjà Belgrade, Podgorica, mais nous en parlerons plus en détail plus tard, pour laisser quelque chose pour la prochaine fois.
Le ministre délégué aux Affaires étrangères, M. Varvitsiotis, se rendra à Turin le jeudi 19, c'est-à-dire demain, afin de participer à la 132e réunion ministérielle des États membres du Conseil de l'Europe dans le cadre de la présidence italienne, où se tiendra, entre autres, la cérémonie de passation de la présidence de l'Italie à l'Irlande.
Le lundi 23 mai, M. Varvitsiotis se rendra ensuite à Bruxelles, en vue de participer au Conseil des Affaires générales, où il sera notamment question de la préparation du Conseil européen extraordinaire qui se tiendra les 30 et 31 mai et où il accompagnera le Premier ministre.
Le mercredi 25, le ministre délégué aux Affaires étrangères présentera les résultats du dialogue national de la conférence sur l'avenir de l'Europe à la Commission permanente spéciale du Parlement sur les affaires européennes.
Aujourd'hui, 18 mai, le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Frangogiannis, prononcera un discours au Conseil atlantique et aura des réunions à Washington avec des responsables de l'American Central European Business Association et de la United States Development Finance Corporation (DFC). Tout ceci, bien sûr, s'inscrit dans le cadre de la visite du Secrétaire d’Etat aux États-Unis, où il accompagne le Premier ministre.
Lundi 23, il rencontrera l'ambassadeur de Nouvelle-Zélande, qui est basé à Rome, M. Anthony Simpson. Le mardi 24, il participera au Forum des affaires gréco-espagnol et rencontrera la Secrétaire d’Etat espagnole au commerce, Mme Xiana Mendez.
Le jeudi 26, il y aura, comme je l'ai mentionné, la présentation du Plan stratégique national d'extraversion où le ministre prononcera une allocution. Et puis, du 29 au 31 mai, donc du dimanche au mardi, ol recevra une délégation d'affaires d'Arabie Saoudite et le 5ème comité interministériel mixte aura lieu, qui sera co-présidé par M. Fragogiannis avec son homologue saoudien, le ministre des Investissements, Khalid Al-Falih.
Le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Katsaniotis accompagne cette semaine la Présidente de la République lors de sa visite officielle en République socialiste du Vietnam. Par ailleurs, du 30 mai au 3 juin, il accompagnera la Présidente de la République dans sa tournée en Lettonie et en Estonie.
Eh bien, voilà pour ce qui est du programme de la direction politique, je vous remercie de votre patience et je suis à votre disposition.
M. Magiriadis vous avez la parole.
Α. MAGIRIADIS : Apostolos Mangiriadis de SKAI. Si j’ai bien compris, les deux ministres des Affaires étrangères, M. Blinken et M. Dendias, ont abordé à fond certains projets, vous avez mentionné le projet East Med, donc je comprends que les Américains discutent encore du projet, corrigez-moi si je me trompe.
Α. PAPAIOANNOU : Je ne vous corrige pas.
Α. MAGIRIADIS : Et une deuxième question : est-ce que lors des discussions à Tirana la semaine prochaine, la question de la ZEE sera-t-elle abordée ? Force est de rappeler que les deux pays sont mutuellement convenus de recourir à la Cour internationale de justice et l'Albanie avait dit qu'elle saisirait de cette question sa Cour constitutionnelle. Est- ce qu’il y a un développement sur cette question ? Merci.
Α. PAPAIOANNOU : Eh bien, en ce qui concerne la première question, la coopération dans le secteur de l'énergie, le projet East Med et tout le reste, parce qu'il y a aussi les câbles, les interconnecteurs, les interconnecteurs Euro-Asie et Euro-Afrique, il y a comme nous l'avons dit Alexandroupolis et tout cela. Ces points ont été discutés et, précisément, tout est encore sur la table. En ce qui concerne East Med, je n’énoncerai pas l’évidence, mais je vous dirai que la décision finale sur sa mise en œuvre sera prise par les investisseurs et les marchés. Le ministre l'a également dit et ce n'est pas nouveau.
Je tiens également à dire que le conseiller spécial pour la politique énergétique, M. Amos Hochstein, était également présent à la rencontre, ce qui indique également l'intérêt de la partie américaine pour les questions énergétiques.
Concernant la visite du ministre et la question de la délimitation de la ZEE. Lorsque le ministre des Affaires étrangères, M. Dendias, s'est rendu à Tirana en octobre 2020, il a annoncé avec le Premier ministre, M. Rama, qu'il y avait un engagement politique, un accord politique pour saisir de cette question la Cour internationale de justice de La Haye.
Eh bien, pour ce faire, les procédures ont commencé entre les services juridiques des deux ministères, des deux États.
Et à partir de là, bien sûr, il devra y avoir un compromis. Je ne sais pas si je l'ai mentionné à l'époque, je ne me souviens pas. Mais le compromis est essentiellement comme un traité international.
C'est-à-dire qu'il faudra être signé, il faudra qu'une loi soit adoptée, et il devra être signé par la Présidente de la République, et, du côté de l’autre partie, par le Président de l'Albanie.
Eh bien, c'est un processus assez long. Je parle aussi de la partie, si je peux utiliser cette expression, de la partie qui revient à la bureaucratie.
C'est-à-dire qu'outre le fond de la question, c'est-à-dire le fait que nous soyons d'accord sur le fond, il y a aussi les procédures internes. Eh bien, c'est là où nous en sommes maintenant. La volonté politique est là et nous espérons que ce dossier avancera dès que possible, car c'est précisément ce que le ministre des Affaires étrangères a mentionné hier à M. Blinken. Cela enverra également un message clair à tous les habitants de la région : les questions de délimitation du plateau continental et de la ZEE doivent être résolues sur la base du droit international de la mer et, en l'absence d'accord entre les deux États, elles doivent être soumises conjointement à la Cour internationale de justice de La Haye.
F. DULGERI : Dulgeri d'Euronews. Vous avez mentionné la demande officielle d'adhésion à l'OTAN déposée ce matin par la Suède et la Finlande. Cependant, il y a de très sérieuses objections de la part de la Turquie, comme nous le comprenons. La Grèce prendra-t-elle une initiative pour lever cet obstacle ?
Α. PAPAIOANNOU : Si vous me le permettez, je ne veux pas émettre de commentaires sur la position des autres pays alliés sur cette question. J'ai parlé de la Grèce et je soulignerai à nouveau, bien sûr, le soutien clair de la Grèce.
La seule chose que je voudrais ajouter à cela, si vous me le permettez, c'est qu'en ce moment, l'Europe, l'Occident et l'OTAN se trouvent à un moment critique, historique, dirais-je. Et que tous les Alliés doivent se montrer à la hauteur de la situation et, bien sûr, nous devons faire preuve de l'unité et de la cohésion nécessaires face aux défis sans précédent auxquels nous sommes confrontés en ce moment. Merci beaucoup.
Mme Kratsi.
CH. KRATSI : Christina Kratsi d'Alpha TV.
Je voulais revenir un peu sur la question énergétique. Tout d'abord, vous avez dit qu'il y avait une volonté exprimée pour que les trois deviennent quatre, quelle est la quatrième partie ?
Α. PAPAIOANNOU : Les Etats-Unis.
CH. KRATSI : Ah, je vois, afin qu’il ne soit plus le groupe 3+1, mais groupe à 4.
Α. PAPAIOANNOU : Oui, c'est ça. Pour que ce groupe ne soit plus appelé «3+1», mais groupe à quatre. C'est ce que je voulais dire.
CH. KRATSI : Et l'autre chose que je voulais vous demander, c'est une clarification en plus de ce qu'Apostolos a demandé, vous avez dit que la question du projet East Med sera résolue par les marchés. Mais le State Department a déclaré que le projet de cet oléoduc ne serait pas mis en œuvre et que, de toute façon, il perturberait également la situation ici.
Α. PAPAIOANNOU : Que voulez-vous dire ?
CH. KRATSI : Que cela pourrait potentiellement créer des problèmes en Méditerranée orientale si ce projet est réalisé.
Avez-vous remarqué un changement dans cette attitude ? Est-ce que le projet East Med est revenu sur la table du côté américain également ? Au-delà des marchés et de l'économie.
Α. PAPAIOANNOU : Merci beaucoup pour votre question. C'est un élément clé. Et je suis désolé de vous interrompre, mais ce que je veux souligner, c'est que, et le gouvernement américain l'a dit publiquement, donc je peux le dire, je ne dévoile aucun secret, les États-Unis ont déclaré publiquement, à plusieurs reprises, qu'ils soutenaient la construction du câble d'interconnexion électrique Israël-Chypre-Grèce, je les cite par ordre géographique, l'Interconnecteur Euro-Asie, qui, et je tiens à le souligner, suivra le même parcours que le gazoduc East Med.
Donc, s’agissant du côté géopolitique, si je peux m'exprimer ainsi, la partie américaine n'a pas d'objection.
Vous avez fait référence à des informations qui ont été publiées il y a plusieurs mois, si je ne me trompe pas, c'était avant Noël ou quelque part entre Noël et le Nouvel An, concernant la position américaine.
Tout d'abord, le monde a radicalement changé depuis cette époque. Mais ce que nous, la Grèce, avons dit, et nous l'avons toujours dit, c'est qu'en ce qui concerne la construction de ce gazoduc, et de tout gazoduc en fin de compte, ce qui est crucial, c'est de savoir si les ressources seront disponibles, s'il y aura des investisseurs qui voudront investir.
Je pense que tout le monde est d’accord sur ce point.
Monsieur Vitalis.
M. Vitalis.
Α. VITALIS : Je voudrais une clarification sur la question de la Suède et de la Finlande, et je dis cela évidemment parce que l'OTAN n'est pas impliquée dans les questions de droits de l'homme, mais la Suède et la Finlande disposent d’un cadre très avancé pour la défense des droits de l'homme, des libertés démocratiques, des libertés religieuses, concernant notamment la Turquie.
Craignez-vous que, dans le cadre d’un compromis, ce discours ne soit adouci ?
Α. PAPAIOANNOU : Comment ce discours pourrait être adouci ?
Α. VITALIS : C'est à dire que le discours de la Finlande et de la Suède deviendra plus modéré à cet égard.
Α. PAPAOANNOU : Excusez-moi, c'est une question qui relève de la décision de la Suède et de la Finlande.
Et là, je ne veux pas empiéter sur des questions relevant de la compétence des autres, mais ce que j'ai entendu de la part des deux pays, c'est qu'ils s'engagent à respecter les droits de l'homme, les droits de la liberté d'expression, ces questions ne sont pas négociables.
Toutefois, si je puis me permettre, il y a de nombreux autres pays qui soulèvent ces questions, des pays membres de l'OTAN, et à mon avis ces questions demeureront à l'ordre du jour.
Mais, encore une fois, je tiens à dire que ce que la Suède et la Finlande vont faire, ce n'est pas à moi de le commenter. Bien sûr, ce sont aussi des principes que nous respectons et que nous promouvons, et c'est précisément la raison pour laquelle j'ai dit précédemment que l'adhésion de la Finlande et de la Suède augmentera le poids spécifique des puissances démocratiques, ces puissances qui sont profondément attachées aux valeurs démocratiques, au sein de l'OTAN également. Elles apportent encore une contribution.
Et, bien sûr, nous parlons de deux pays qui font partie de l'Union européenne depuis 27 ans.
Mme Voudouri, vous avez la parole.
Α. VOUDOURI : Merci beaucoup. Vous avez mentionné que lors des discussions que le ministre a eues hier avec son homologue américain, ils ont discuté des Balkans occidentaux, et M. Dendias a mentionné que leur perspective européenne est à sens unique et que si, corrigez-moi si je me trompe, la Grèce veut, essaie de débloquer tout obstacle à cette perspective européenne de ces pays.
La Grèce doit-elle prendre une initiative spécifique ? Parce que nous voyons que la question entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord ne progresse pas. En d'autres termes, nous n'aurons probablement pas de décision sur la première conférence intergouvernementale.
En outre, la semaine dernière, nous avons reçu une proposition du président français, Emmanuel Macron, en faveur d'une Communauté politique européenne qui n'aboutirait pas, bien sûr, à une adhésion complète au bloc, mais qui impliquerait un rapprochement politique et une intégration partielle à l'Union européenne de l'Ukraine, de la Moldavie, de la Géorgie, mais aussi des Balkans occidentaux. Quelle est notre position sur cette proposition ? Merci beaucoup.
Α. PAPAIOANNOU : Merci beaucoup. Non, ce que j'ai dit - et ce que le ministre a dit lors d'une discussion avec M. Blinken - c'est que, bien sûr, nous, la Grèce, dans la mesure où elle peut apporter une contribution positive, est prête et disposée à le faire.
Je n'ai pas parlé d'une initiative spécifique pour le moment. Mais, bien sûr, précisément parce qu'il s'agit d'une priorité essentielle pour nous, nous sommes, bien sûr, prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir.
En ce qui concerne l'initiative de M. Macron, c'est quelque chose que nous examinons. Pour l'instant, je ne peux pas vous dire que nous avons une réponse, une réponse immédiate, parce que, de toute façon, toutes ces idées doivent d'abord être discutées entre les 27.
Bien sûr, un certain nombre d'idées très intéressantes ont été mises sur la table concernant l'avenir de l'Union européenne. Et ce qui peut être fait pour l'intégration progressive des pays qui ne sont pas membres de l'Union européenne. La seule chose que vous me permettrez de dire, pour le moment, est que nous avons deux pays des Balkans occidentaux qui ont entamé des négociations d'adhésion.
Je fais référence au Monténégro et à la Serbie. Et deux autres pays pour lesquels, comme je l'ai déjà dit, nous attendons avec impatience le début immédiat des négociations d'adhésion.
En ce qui concerne l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie, ces pays ont présenté il y a quelque temps une demande d'adhésion à l'Union européenne, qui est en cours d'examen. Pour ce qui est au moins de l’avis de la Commission européenne, et pour des raisons politiques, il a été décidé d'accélérer ce processus.
Mais, à partir de là, n'oublions pas ceci : Que d'autres pays ont deux ou trois longueurs d'avance. C'est ce que je voulais dire.
Α. VOUDOURI : Je les ai mentionnés parce que la proposition de Macron concerne les trois pays.
Α. PAPAIOANNOU : Oui, mais c'est pour cela que j'ai dit que nous ne partons pas du même point de départ. Pour toute proposition, il devrait en principe y avoir une formulation spécifique sur papier, qui sera soumise au Conseil et dont les 27 discuteront et décideront. Nous n'en sommes pas encore là.
M. Melissopoulos a la parole.
M. MELISSOPOULOS : J'ai deux questions et je préférerais poser ma deuxième plus tard car elle est sans rapport avec ce qui a été dit.
La première est tirée de votre réponse à la question de Mme Kratsi. Je n'ai pas bien compris quelque chose, d'après les contacts que vous avez eus aux États-Unis avec M. Blinken, votre conclusion est que la position des États-Unis sur le « non-paper » a changé d'une quelconque manière ? Y a-t-il eu des changements, non seulement en termes d'aspect géopolitique, car l'exemple que vous avez mentionné est un très grand sujet de discussion. Est-ce que quelque chose a changé en termes d'intention ? Votre propre évaluation, opinion, conclusion, s'il y en a une.
Α. PAPAIOANNOU : Bien sûr qu’il y en a eu. Mais le fait est que ce n'est pas à moi de dire quelle est la position des États-Unis sur quelque question que ce soit. Je laisse donc la parole à mon homologue américain. La seule chose que je pourrais dire ici est que, en général, toute la discussion, comme je l'ai dit auparavant, dans mon intervention introductive, s'est déroulée dans une atmosphère très positive et constructive.
Α. PAPAIOANNOU : Mme Ristovska a la parole.
S. RISTOVSKA : Pour faire suite à la question de mon collègue sur les Balkans occidentaux et le fait que M. Dendias va faire une tournée dans trois pays.
Α. PAPAIOANNOU : Dans d’autres aussi. J'en ai mentionné trois maintenant, il en a d'autres après.
S. RISTOVSKA : Dans les Balkans ? Va-t-il aussi en Bulgarie ?
Α. PAPAIOANNOU : Non, je parle des pays...
S. RISTOVSKA : Je parle des Balkans.
Α. PAPAIOANNOU : Oui, des Balkans occidentaux.
S. RISTOVSKA : Les Balkans occidentaux, d'accord. Y a-t-il une initiative spécifique que la Grèce prend pour leur perspective européenne ? Et une deuxième question, quels seront les sujets à l'ordre du jour de la visite en Macédoine du Nord ? Merci.
Α. PAPAIOANNOU : C’est moi qui vous remercie. En ce qui concerne la tournée, d'une part, elle s'inscrit dans le cadre du renforcement des relations bilatérales et, d'autre part, l'objectif est de rappeler à tous, tant dans la région que dans l'Union européenne bien sûr, l'importance de cette région.
Et, comme je vous l'ai dit, toutes ces réunions se déroulent en fait l'une après l'autre car, le 10 juin, le sommet du processus de stabilité pour l'Europe du Sud-Est aura lieu à Thessalonique, où Athènes transmettra également la présidence. Et c'est dans ce contexte que nous voulons qu'elles aient lieu. Toutes ces réunions s'inscrivent dans ce contexte.
Mais le message fondamental est le suivant : la perspective européenne pour ces pays est une voie à sens unique.
Et qui plus est dans la conjoncture actuelle, nous devons précisément éviter de laisser, si vous me permettez l'expression, un vide dans cette région. Malheureusement, les lacunes, comme vous le savez, la nature les rejette, et elle viendra les combler avec d'autres puissances, qui n'auront pas forcément la même disposition amicale ni les mêmes valeurs.
En ce qui concerne la visite en Macédoine du Nord, je n'ai rien de concret pour le moment, mais je m'attends certainement à ce que, en principe, le volet européen domine les discussions. A partir de là, le renforcement des relations bilatérales, la coopération économique et la mise en œuvre du traité de Prespès seront également abordés. Il n'y a donc rien d'extraordinaire, je veux dire.
D’ailleurs, si vous me permettez, le ministre voit M. Osmani presque tout le temps, soit à Bruxelles, où il a été invité - il lui a même offert un petit déjeuner de travail, si je ne me trompe pas, il y a quelque temps. Ou, plus récemment encore, samedi, ils se sont rencontrés lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN.
Il est bien sûr important qu’il se rende à Skopje, dans la capitale, mais cela étant, les contacts sont permanents, comme avec les autres pays.
Mme Fryssa.
Katerina Fryssa de la chaîne ERT.
Je voulais vous demander, même si c'est risqué, votre avis. Pensez-vous que l’obstacle de la Turquie sur la question de l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN sera surmonté ?
Α. PAPAIOANNOU : Je vous ai dit quelle était la position de la Grèce. Cela étant, je ne veux pas faire des estimations sur la façon dont le processus va évoluer.
M. Balodimas.
Th. BALODIMAS : Vous avez dit dans votre intervention que le ministre a évoqué avec son homologue américain la question du comportement infractionnel de la Turquie. Et que Blinken était même au courant de ce qui s'est passé. Si vous pouviez nous dire quelle a été sa réponse.
Et aussi une deuxième, disons, comme sous-question. Suite au discours de Mitsotakis au Congrès, il lui a indirectement posé la question de, disons, la vente de F16 américains à la Turquie. S'il y a eu une discussion sur cette question avec Blinken.
Α. PAPAIOANNOU : Eh bien, pour ce qui est de votre première question, je vous dirai qu'une fois encore, je ne peux pas parler au nom des États-Unis. Je me contenterai, bien sûr, de dire que la discussion a été très positive et constructive.
Maintenant, en ce qui concerne aussi les autres questions, je ne veux pas entrer dans les détails. Je vous ai dit que le ministre a fait une séance d’informations détaillée sur ces questions et les derniers développements et, comme je l'ai dit, son homologue américain était au courant. Il avait été bien informé sur ces questions.
Non seulement sur ce sujet, mais aussi sur d'autres questions. Ce qui, bien sûr, était aussi un point positif, c'est-à-dire que c'était une réunion de travail, une réunion que nous appelons opérationnelle, avec des points spécifiques, ce que nous voulons faire avancer.
Eh bien, s'il n'y a pas d'autre question, je donne la parole à M. Melissopoulos et Mme Voudouri, puis nous allons conclure.
M. MELISSOPOULOS : Le Mont Athos, pour autant que je sache, relève de la compétence du ministère des Affaires étrangères. Après les récents événements qui ont vu le jour au monastère d'Esphigmenou, y a-t-il une possibilité, une possibilité que notre pays procède à l'expulsion des moines russes ?
Α. PAPAIOANNOU : Tout d'abord, si vous voulez me permettez, l'administration du Mont Athos relève du ministère des Affaires étrangères, et le Mont Athos a un statut spécial en vertu de la Constitution. Nous parlons du territoire grec, je tiens à le dire. Eh bien, pour le moment, je n'ai rien sur ce sujet.
Mme Voudouri est priée de prendre la parole.
Α. VOUDOURI : Merci encore. Le débat sur la réforme de l'Union européenne a été ouvert, suite à la conclusion de la Conférence sur l'avenir de l'Europe. Certains pays, comme la France et l'Allemagne, souhaitent mettre l'Union européenne sur la voie de la réforme. Comment la Grèce perçoit-elle le dialogue et la possibilité d'ouvrir les Traités ?
En outre, il y a un changement qui n'implique pas une modification des traités, à savoir l'abolition de l'exigence de l'unanimité sur les questions de politique étrangère, ce qui peut être fait sans modifier le traité actuel. Comment la Grèce perçoit-elle cette possibilité, c'est-à-dire l'abolition de l'unanimité à cet égard ? L’Allemagne a ouvertement fait une proposition.
Α. PAPAIOANNOU : Il y a une proposition qui a été faite par l'Allemagne, la France, l'Italie et en général.
Α. VOUDOURI : Et étant donné que nous voyons les conséquences de l'impossibilité de prendre des décisions, par exemple sur la question des sanctions, comment la Grèce voit-elle une telle proposition ? Merci beaucoup.
Α. PAPAIOANNOU : Tout d'abord, permettez-moi de vous dire la chose suivante, concernant la partie institutionnelle. Si je me souviens bien, et corrigez-moi si je me trompe, les traités permettent au Conseil de prendre des décisions à la majorité renforcée sur les questions de politique étrangère, mais les décisions sur ces questions, et c'est peut-être là un oxymore, doivent être prises à l'unanimité.
En d'autres termes, tous doivent décider à l'unanimité que sur telle ou telle question, ils décideront à la majorité qualifiée. Autrement dit, cela n'est pas si simple. Ce n'est pas comme si nous pouvions dire demain matin que l'unanimité est abolie et que nous prendrons des décisions sur des questions alpha ou bêta à la majorité qualifiée. Il doit y avoir une décision unanime. C'est du moins ce que disent les traités, d'après mes souvenirs.
L'abolition de l'unanimité sur ces questions et le passage à la majorité qualifiée, renforcée nécessitent, si je ne me trompe pas, une modification des Traités. Il s'agit bien sûr d'un chapitre important, car même s'il y a une modification des traités, il faudra une conférence intergouvernementale et il y aura beaucoup de questions sur la table. L'une de ces questions sera le maintien de l'unanimité, non seulement sur les questions de politique étrangère et de politique de sécurité et de défense, mais aussi sur d'autres questions qui sont purement communautaires et sur lesquelles l'unanimité est toujours maintenue.
Et, bien sûr, il s'agit d'un énorme débat que nous avons, que nous préparons et auquel nous nous préparons en tant que pays. Je n'ai pour le moment pas de proposition - position complète parce que, comme vous le comprenez, tout ceci fait, comme je l'ai déjà dit, l’objet de discussions. Nous prendrons position lorsque des propositions seront soumises.
Ce que nous avons dit au fil des ans, c'est que nous sommes en faveur de l'intégration européenne. Cela ne fait aucun doute. Nous sommes favorables au renforcement de l'intégration européenne en tant que règle générale et je vous dirai l'exception, car il y a toujours des exceptions aux règles. En principe, nous sommes favorables au renforcement de la majorité renforcée.
Toutefois, lorsqu'il s'agit de questions d'intérêt national vital, nous pensons qu'il doit être possible pour un État de disposer d'un filet de sécurité, appelez-le comme vous voulez, un veto, un filet de sécurité. Je n'aime pas le mot « veto », je préfère l'appeler « filet de sécurité », car il y a des questions qui relèvent de la sécurité nationale, et pas seulement pour la Grèce, pour tout le monde. Je pense que c'est une question à laquelle nous serons très confrontés, mais nous avons dit que nous ne sommes pas contre l'abolition.
Mais, bien sûr, il s'agit d'un énorme débat, dont je ne sais pas où et quand il aboutira. Il y a d'autres problèmes. Permettez-moi de mentionner ici, par exemple, qu'une proposition a été mise sur la table, et il s'agit clairement d'une proposition, selon laquelle le Parlement européen devrait avoir le droit de soumettre des propositions de législation. Comme vous le savez, à l'heure actuelle, c'est la Commission européenne qui a ce privilège, le privilège exclusif, de proposer une législation communautaire. Je le cite en exemple.
Il y a donc de nombreuses autres questions qui devraient être examinées dans le cadre d'une conférence intergouvernementale. Je suis désolé d'avoir été long. Je vous remercie.
May 18, 2022