G. DELAVEKOURAS : Deux mots sur l’agenda, bien qu’il ne soit pas définitif et d’autres communiqués seront faits au cours de la semaine. Une réunion est actuellement en cours sous la présidence du ministre des Affaires étrangères concernant la question du nom de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, en vue de la rencontre du médiateur grec, M. Vassilakis avec l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies, M. Nimetz à New York. Bien évidemment, à la rencontre participent M. Vassilakis et des hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Cette rencontre a pour objectif de préparer la réunion dont je vous ai parlé. M. Vassilakis s’entretiendra avec M. Nimetz deux fois, le lundi et le mardi.
A 14h00, aujourd’hui, le ministre des Affaires étrangères aura une rencontre avec la présidence du Forum gréco-turc, tandis que demain, 13 janvier, il s’entretiendra avec les ambassadeurs de Croatie et d’Egypte.
C’est tout pour ce qui est de l’agenda pour le moment et je suis prêt à répondre à vos questions s’il y en a.
D. ANTONIOU : Monsieur le porte-parole, vous nous avez dit qu’une réunion se tenait dans la salle à côté en vue des rencontres qui auront lieu à New York. Hier, dans une interview parue dans le journal de Skopje, le Premier ministre de l’ARYM a affirmé que ce processus ne servait à rien. Qu’en pensez-vous ?
G. DELAVEKOURAS : Dernièrement il y a une vraie avalanche de déclarations de la part de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine qui est même allée jusqu’au point – comme vous l’avez vous-mêmes dit – d’entraver le résultat ou les perspectives de progrès des négociations en cours.
Comme vous le savez très bien, l’ensemble de la communauté internationale, mais aussi la Cour elle-même dans son jugement, ont incité les deux parties à procéder à des négociations en faisant preuve de leur bonne foi en vue de parvenir à un règlement de la question du nom, tel que prévu par les résolutions 817 et 845 du Conseil de sécurité. Telle est également la volonté ferme de la partie grecque qui participe de manière constructive à ces négociations dan le but de parvenir dans les plus brefs délais à un règlement de la question du nom.
Malheureusement, comme je vous l’ai tout à l’heure dit, nous constatons une avalanche de déclarations et une attitude qui ne contribue guère au progrès du processus en cours et, parallèlement, il y a aussi d’autres évolutions, tels que le programme « Skopje 214 » dans le cadre duquel un arc a été construit, ce qui fera l’objet d’une démarche du ministère des Affaires étrangères auprès du ministère des Affaires étrangères de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine.
Nous voudrions voir le gouvernement de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine changer d’attitude et respecter le processus en vue de pouvoir arriver à une solution. Telle est, je répète, la volonté ferme de la Grèce dont elle fait preuve à la table des négociations.
L. BLAVERIS : Monsieur le porte-parole, je voudrais votre commentaire s’il vous plaît sur le communiqué émis par le Patriarcat œcuménique au sujet de l’intervention de l’Eglise russe dans la question du Mont Athos.
G. DELAVEKOURAS : S’agissant des questions d’ordre canonique au sein de l’Orthodoxie, la position du Patriarcat ainsi que le soutien ferme de la Grèce au Patriarcat et à son rôle sont bien évidents. Tel est le seul commentaire que je puisse faire à cet égard et tout le monde doit clairement comprendre que la Grèce soutient de toutes ses forces le Patriarcat œcuménique et l’œuvre du Patriarche œcuménique qui revêt une importance majeure pour l’ensemble de la communauté orthodoxe.
S. GANTONA : Monsieur le porte-parole, hier M. Dimas s’est entretenu avec M. Barak, ministre de la Défense d’Israël. Est-ce que M. Barak a demandé la réalisation de nouveaux exercices navals, ce qui est bien évidement lié à la question de l’Iran ?
G. DELAVEKOURAS : Cette rencontre s’est déroulée dans un climat particulièrement chaleureux, ce qui réaffirme les bonnes relations des deux pays et leur volonté mutuelle d’approfondir ces relations. Les questions de la coopération militaire entre la Grèce et Israël n’ont pas figuré à l’agenda de cette rencontre. Toutefois, M. Dimas et M. Barak ont eu une occasion d’aborder toute une série de questions allant de la coopération gréco-israélienne au niveau bilatéral jusqu’à des questions d’ordre régional qui préoccupent notre région. Dans ce cadre, ont été bien évidemment abordées des questions ayant trait à la coopération économique, aux possibilités pour les entreprises israéliennes d’exercer des activités en Grèce, au tourisme où il existe déjà une très bonne coopération, ainsi que des questions relatives à l’énergie qui sont, bien entendu, liées aux développements en Iran et qui, comme vous le comprenez, préoccupent les deux pays, notamment les évolutions en Syrie, le « Printemps arabe » et la stabilité en Méditerranée orientale. Toutes ces questions ont été abordées dans un climat très positif.
A. VOUDOURIS : Comme la question de l’Iran a été abordée, j’imagine que le 23 janvier, lors du Conseil « Affaires générales » parmi les questions qui figureront à l’agenda sera celle d’une éventuelle imposition des sanctions de la part de l’Union européenne. Quelle est la position de notre pays et, est-ce que la Grèce pourrait être exemptée pour ce qui est des importations du pétrole iranien ?
G. DELAVEKOURAS : Je voudrais souligner que déjà lors du Conseil « Affaires extérieures » du 1er décembre auquel a participé le ministre des Affaires étrangères, S. Dimas, a été engagée une discussion à fond sur cette question. Le ministre grec a discuté avec ses homologues et tous ensemble sont arrivés à la conclusion que l’Union européenne examinerait l’imposition de sanctions ultérieures sur l’Iran, et que parallèlement à cela, il faudrait examiner de manière attentive l’impact qu’aurait une telle mesure sur les économies européennes. Force est de signaler que bon nombre de pays de l’Union européenne sont actuellement d’importants importateurs de pétrole iranien. Ces discussions sont en cours toute cette dernière période et cette question devrait de nouveau être soulevée au niveau des ministres des Affaires étrangères, comme vous l’avez bien dit, le 23 janvier lors du Conseil « Affaires extérieures ». Pour la Grèce il est très important d’assurer l’approvisionnement sans heurts du marché grec en pétrole ainsi que les conditions de financement de cet approvisionnement. Tel est le contexte actuel et nous participons de manière constructive aux discussions avec nos partenaires en vue de la réunion qui se tiendra le 23 janvier.
M. POPOVIK : Monsieur le porte-parole, j’aimerais votre commentaire sur deux questions. Avant-hier, au ministère des Affaires étrangères une discussion a été engagée lors de laquelle M. Kofos et M. Mallias ont fait une proposition, à savoir la mise en place d’un groupe d’experts qui sera chargé du suivi des relations entre la Grèce et l’ARYM et par la suite formulera des propositions concernant les actions que la Grèce pourrait prendre. D’autre part, du côté de Skopje une proposition a été faite, selon laquelle la partie de Skopje pourrait demander à New York des précisions concernant le cadre des négociations, à savoir si celui-là comporte seulement l’appellation ou bien […] l’autre dossier. J’aimerais votre commentaire à cet égard.
G. DELAVEKOURAS : Comme vous le comprenez, le ministère des Affaires étrangères a d’ores et déjà mis en place des groupes qui assurent le suivi étroit de nos relations avec l’Ancienne République yougoslave de Macédoine.
J’aimerais souligner que la Grèce toutes ces années a activement œuvré en vue d’encourager et de soutenir la perspective d’adhésion de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine aux institutions européennes et euro-atlantiques, chose qu’elle continue à faire à ce jour. C’est en fonction de cette perspective que nous exerçons notre politique ainsi qu’en fonction de la stabilité dans ce pays, car ce dernier est notre voisin direct avec lequel nous voulons avoir de bonnes relations, des relations de bon voisinage et nous voulons le voir réaliser des progrès ce qui est dans l’intérêt de la Grèce et de la stabilité dans la région élargie, dans le cadre de notre voisinage européen. Par conséquent, ces groupes ont d’ores et déjà été mis en place et il va de soi que ces groupes ont des contacts avec des organismes en dehors du ministère des Affaires étrangères, comme des think tanks, en vue d’engager un débat ouvert et d’examiner toutes les possibilités et les éventualités, toujours en fonction du choix politique fondamental de la Grèce qui n’est que le règlement rapide de la question du nom et la bonne coopération avec l’Ancienne République yougoslave de Macédoine.
Pour ce qui est des négociations menées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, cela est bien évident et est prévu par les résolutions 817 et 845 du Conseil de sécurité, que personne ne peut contester. C’est pourquoi, au lieu de chercher d’autres alternatives et moyens pour dévier de ce processus, il faut axer tous nos efforts sur ce processus en place. Ce processus existe et peut apporter des résultats, dès lors que les deux parties font preuve de leur volonté politique. La Grèce a, à maintes reprises, fait preuve de sa volonté en faveur de l’atteinte d’un règlement et donc nous nous attendons à ce que l’Ancienne République yougoslave de Macédoine axe ses efforts sur cet objectif. Par contre, Skopje, dans ses déclarations, n’a fait, à ce jour, aucune référence à l’atteinte d’une solution. Au contraire, comme nous l’avons aussi constaté par les dernières déclarations de M. Gruevski, il semble que Skopje se sert de sa participation aux négociations pour mener une stratégie d’atermoiement et n’a pas comme objectif l’atteinte d’une solution. Nous voulons que Skopje, au lieu de s’attaquer à la Grèce, exprime sa volonté en faveur d’une solution, une volonté dont il doit fait preuve à la table des négociations, en présentant des positions qui permettront le rapprochement des deux parties.
M. RIGOU : Dans une déclaration récente, le Secrétaire général des Nations Unies a affirmé concernant la question chypriote, que le processus ne pourrait continuer de cette façon. Vers la fin du mois, les 23 et 24, MM. Christofias et Eroglu s’entretiendront avec le Secrétaire général. Que pensez-vous de ces évolutions ?
G. DELAVEKOURAS : Cette situation ne peut continuer, elle doit changer, la question chypriote doit être réglée. Il existe ce processus mené sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Toutefois, nous constatons que la partie chypriote turque ne fait pas preuve d’une attitude constructive à l’égard de ce processus, elle se rétracte même de tout ce qu’il a été convenu dans le passé et malheureusement cela n’inspire guère l’optimisme. La Grèce soutient le processus des Nations Unies, elle soutient les efforts déployés par le gouvernement chypriote et le Président, M. Christofias, en vue de parvenir à une solution. Une rencontre importante se tiendra à Greentree et nous espérons qu’elle apportera des résultats. Mais, on doit s’interroger – et cela est également valable pour les parties directement impliquées dans les négociations – sur l’issue de ce processus lorsque l’une des deux parties fait preuve d’une attitude aussi intransigeante et rétrograde.
S. RISTOVSKA: Monsieur le porte-parole, qu’attend la partie grecque de cette rencontre avec M. Nimetz. Pourquoi une année s’est-elle écoulée depuis la dernière rencontre à New York ? Attendez-vous une évolution, une nouvelle proposition et quelle sera la position et l’attitude de la Grèce. Premier question. Deuxième question : pourriez-vous nous donner certains détails concernant la rencontre à Thessalonique au mois de février ? Merci.
G. DELAVEKOURAS : Pour ce qui est de la première question, je ne voudrais pas du tout conjecturer sur le contenu de ces discussions. Nous pensons que l’organisation de cette rencontre est un élément positif, la Grèce voulait que cette rencontre ait lieu, elle considère que cette rencontre sera utile et insufflera un nouvel élan au processus mené sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Dans ce contexte, il est très utile que M. Nimetz s’entretienne avec les deux médiateurs car il aura l’occasion d’écouter les points de vue des deux parties et nous espérons que le terrain sera favorable pour voir du progrès par la suite.
Pour ce qui est de votre deuxième question, la Grèce, dans le cadre de sa politique déclarée en faveur de la promotion du processus d’adhésion de toute la région à l’Union européenne et du travail de préparation qu’elle a accompli pour organiser une réunion au sommet entre l’UE et les pays des Balkans occidentaux sous sa présidence européenne pendant le premier semestre de 2014, elle a des consultations avec toutes les parties intéressées dans le but d’organiser une réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères des Balkans occidentaux à Thessalonique, justement pour commencer les préparations en vue de l’organisation de cette réunion au sommet.
Ce qui nous intéresse est de pouvoir insuffler un nouvel élan au processus d’adhésion des Balkans occidentaux. Nous sommes bien conscients que l’environnement actuel ne facilite guère les choses. Il est vrai que l’Union européenne doit relever des défis très importants dans le domaine économique, tout comme notre pays. Toutefois, dans le même temps, nous pensons que l’Europe ne doit pas oublier les Balkans occidentaux. Les Balkans occidentaux constituent une partie intégrante de l’espace européenne et c’est pourquoi il est très important, au profit de la stabilité, de la paix, du progrès et du développement, de pouvoir préserver et donner de la vie à ce processus. Il ne faut pas oublier que la perspective européenne des Balkans occidentaux a pris naissance ici, en Grèce, à Thessalonique en 2003. Ce que nous nous efforçons de faire est de convenir de nouveau d’une réunion au sommet laquelle donnera un nouvel élan à ce processus afin de pouvoir voir nos voisins se rapprocher de l’Union européenne et de ses institutions.
S. RISTOVSKA : Est-ce que des invitations ont été envoyées ?
G. DELAVEKOURAS : Pas encore.
S. Gantona : Monsieur le porte-parole, lors des entretiens entre le gouvernement et M. Barak, est-ce que la date à laquelle se tiendra la réunion ministérielle conjointe avec Israël a été fixée ? Par ailleurs, la réunion du ministre avec la présidence du Forum gréco-turc a porté, supposons-nous, sur la préparation de certains contacts avec la Turquie en vue d’un éventuel conseil ministériel commun ?
G. DELAVEKOURAS : S’agissant de votre première question, aucune référence précise n’a été faite concernant la date de la réunion entre les deux gouvernements. Toutefois, c’est la volonté commune de la Grèce et d’Israël d’organiser ce conseil aussitôt que les conditions et l’agenda des deux gouvernements le permettront.
Pour ce qui est de votre deuxième question, il n’y aucun rapport. Ce forum est actif déjà depuis un bon nombre d’années et il s’agit d’une rencontre lors de laquelle ses membres seront informés sur les travaux et les discussions qui auront lieu.
S. Gantona : Il y a certains articles qui sont de nouveau parus dans la presse d’après lesquels pendant le mandat de M. Droutsas la Grèce et la Turquie seraient convenues de saisir la Cour internationale de La Haye non seulement de la question du plateau continental mais aussi de celle du caractère grec de 114 îlots en Egée du sud. Est-ce vrai ? J’aimerais votre commentaire.
G. DELAVEKOURAS : Cela est tout à fait inexact...
A. VOUDOURIS : Revenons sur la question chypriote, la Turquie de façon indirecte mais claire, envisage, après la rencontre à Greentree, d’organiser une conférence multilatérale et selon la presse turque, de lancer un processus de type Burgenstock. Quelle est la position de notre pays ?
G. DELAVEKOURAS : La position de notre pays, telle qu’elle a été de nouveau formulée dans le passé, est qu’il doit y avoir un progrès substantiel au niveau des questions qui font actuellement l’objet des négociations et lorsque un tel progrès sera réalisé, il est tout à fait logique qu’une conférence se tienne sur les questions ayant trait aux dimensions extérieures de la question chypriote. Toutefois, il ne faut pas considérer cette conférence comme une fin en soi car ce n’est pas du tout le cas. Le processus des Nations Unies, et cela ressort également des accords, appartient aux Chypriotes. Autrement dit, c’est un processus mené par les Chypriotes pour les Chypriotes et ce n’est ainsi qu’une solution durable pourra être dégagée. C’est pourquoi je répète que la partie Chypriote turque doit changer d’attitude. Sinon, personne ne pourra être optimiste que les choses tourneront favorablement et que nous aurons des résultats. Malheureusement, l’attitude de M. Eroglu ces derniers temps, qui se rétracte de ce qu’il a été convenu, n’inspire guère l’optimisme.
Merci.
January 13, 2012