Point de presse du porte-parole du ministère des Affaires étrangères G. Delavekouras

G. Delavekouras : Bonjour. Je commencerais par le programme.
Il y a peu, le ministre des Affaires étrangères a rencontré l’ambassadeur du Qatar qui lui a remis une invitation du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar en vue de participer au 13e Forum de Doha qui se tiendra du 20 au 22 mai et qui sera consacré à des questions relevant de la politique internationale.
Demain, le ministre des Affaires étrangères rencontrera l’ambassadeur de Serbie, et le mardi 16 avril, qui marque le 10e anniversaire de la signature à Athènes du Traité d’adhésion des dix nouveaux Etats membres de l’Union européenne, le ministre des Affaires étrangères sera le principal interlocuteur à la manifestation organisée à l’amphithéâtre Kranidiotis au ministère des Affaires étrangères à l’occasion de la célébration de cet anniversaire, avec la participation des ambassadeurs de ces pays. Le même jour, le ministre des Affaires étrangères aura une rencontre avec des membres de la délégation du Council on Foreign Relations qui effectueront une visite dans notre pays.
Lundi 22 avril, le ministre des Affaires étrangères sera au Luxembourg en vue de participer au Conseil Affaires générales et au Conseil Affaires extérieures de l’Union européenne. Le Conseil Affaires générales sera consacré à la préparation du Conseil européen du 22 mai, au cadre budgétaire pluriannuel, tandis que seront présentés les rapports de la Commission européenne sur la Serbie, le Kosovo et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine. A l’ordre du jour Affaires extérieures figurent la politique énergétique européenne, la politique de voisinage à l’est, la situation en Syrie, au Liban et en Egypte, ainsi qu’au Mali et au Myanmar.
Apres le Luxembourg, le ministre se deplacera a Bruxelles pour participer, le mardi 23 avril, a la reunion de printemps des ministres des Affaires etrangeres de l’OTAN. L’ordre du jour de la reunion n’a pas encore ete arrete definitivement, mais il comprend, entre autres, les perspectives de developpement ulterieur du partenariat avec les pays du Dialogue mediterraneen, les evolutions en Afghanistan et au Pakistan et les perspectives apres 2014, ainsi que la tenue du Conseil OTAN – Russie.
Mercredi 24 avril, le ministre des Affaires étrangères recevra son homologue de Bosnie et Herzégovine, M. Zlatko Lagumdzija à Athènes avec lequel il aura des entretiens bilatéraux et élargis. Cette rencontre sera suivie d’un point de presse et par la suite M. Avramopoulos offrira un déjeuner en l’honneur de son homologue bosniaque.

Le Conseil national de politique étrangère sera convoqué jeudi 25 avril au ministère des affaires étrangères sous la présidence de M. Avramopoulos, avec la participation des représentants des partis politiques. Le Conseil sera consacré aux relations entre la Grèce et les partenaires européens, aux relations gréco-turques et aux évolutions dans le dossier chypriote, à la situation au Proche-Orient, à la perspective européenne des Balkans occidentaux et aux relations de la Grèce avec ces pays.
Enfin, le lundi 29 et le mardi 30 avril, M. le ministre effectuera une visite officielle en Azerbaidjan. Lors de ses rencontres avec la direction politique du pays, M. Avramopoulos passera en revue les relations bilaterales, tout en mettant l’accent sur le developpement des relations economiques entre la Grece et l’Azerbaidjan ainsi que les relations Azerbaidjan – Union europeenne au premier semestre 2014. Tout naturellement, les evolutions relatives a la cooperation energetique Grece – Azerbaidjan seront abordees a la lumiere de la ratification de l’accord Grece – Albanie – Italie sur la mise en ?uvre du gazoduc TAP.
Le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Kourkoulas participe aujourd’hui à la session plénière du Parlement sur le débat et l’adoption du projet de loi « Création d’un bureau de la présidence grecque et autres dispositions », tandis que demain, vendredi 12 avril, M. Kourkoulas co-présidera avec le ministre russe des Transports, M. Sokolov la 8e réunion plénière du Comité interministériel mixte de coopération économique, industrielle, technologique et scientifique. A l’issue des travaux dudit comité qui se tiendront au ministère des Affaires étrangères, un protocole d’accord sera signé et des déclarations faites à la presse. Par la suite, le Secrétaire adjoint proclamera l’ouverture du 5e Conseil d’affaires gréco-russe aux bureaux du SEV à Athènes.

Le Secrétaire général des relations économiques internationales et de la coopération au développement, M. Mihalos, se déplacera vendredi 19 avril à Rome en vue de participer au comité politique informel tripartite Grèce – Albanie – Italie sur le gazoduc TAP.

Voilà pour ce qui est du programme, je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions. S’il vous plaît.

G. VLAVIANOS : Monsieur le porte-parole, j’aimerais vous demander si vous pouviez nous donner quelques détails sur la proposition Nimetz sur l’appellation de l’ARYM.
G. DELAVEKOURAS : Nous attendons aujourd’hui le retour du représentant de la Grèce aux négociations, M. Vassilakis, qui tiendra une séance d’information sur les discussions et la nouvelle proposition présentée par M. Nimetz aux deux parties il y a quelques jours à New York. Ce processus, que la Grèce soutient fermement toutes ces années, a malheureusement trop duré. Et il a trop duré car il manque la volonté politique. Nous espérons et percevons la dernière rencontre comme un pas supplémentaire en avant dans ce processus, qui a pour objectif de nous rapprocher, afin que nous puissions arriver à un moment donné à une solution mutuellement acceptable pour les deux parties. Dans ce contexte, nous continuons de soutenir le processus, d’évaluer les nouvelles propositions du représentant des Nations Unies et bien naturellement nous l’informerons, comme toujours, dans un esprit constructif, des positions de la Grèce, en ayant toujours à l’esprit qu’une solution doit être trouvée, solution qui puisse clarifier la situation, régler définitivement la question et respecter l’histoire et la civilisation de chaque pays, pour éviter toute mauvaise interprétation.

S. RISTOVSKA : Une précision de votre part, car hier nous avons lu la presse nationale qui faisait état du déterminatif géographique. La partie grecque veut être avant le terme « Macédoine » et non avant « République » ?

G. DELAVEKOURAS : Tout d’abord - et j’aimerais le préciser - car chaque réunion donne lieu à des articles dans la presse sur différentes propositions de noms, je n’ai l’intention ni de démentir, ni de confirmer, ni de commenter ces articles. Cela étant, il est clair qu’un déterminatif géographique, détermine une zone géographique et comme nous l’avons dit nous devons parvenir à une solution qui ne donnera lieu à aucune mauvaise interprétation.

A. ATHANASSOPOULOS : Pouvez-vous nous redire la position ferme de la Grèce pour éviter toute mauvaise interprétation sur la solution que nous recherchons ? Merci.

G. DELAVEKOURAS : La position ferme de la Grèce est connue : nous parlons d’une appellation avec déterminatif géographique et pour tous les usages (erga omnes).

Μ. ΚΟΤΟVSKA: Foreign Minister, Mr. Popovski, yesterday addressed a public invitation to his Greek colleague, Mr. Avramopoulos, regarding the Ministerial meeting that will be held in the town of Ohrid in May. So is Mr. Avramopoulos going to consider this invitation?

G. DELAVEKOURAS : Le programme du ministre des Affaires étrangères en mai n’ayant pas encore été défini, je n’ai rien à vous annoncer à l’heure qu’il est.

J. TASEVSKA: During yesterday’s meeting with the Greek President, Mr. Avramopoulos said that Greece is turning to a positive diplomacy and moving forward. What does that mean?

G. DELAVEKOURAS : Il s’agit de la diplomatie honnête. Nous parlons d’un principe de la politique étrangère grecque, d’un principe que nous concrétisons en vue d’aller de l’avant et d’établir une région de sécurité, de stabilité et de développement dans notre voisinage. Des problèmes existent dans notre voisinage. Il existe toujours des questions en suspens que nous voulons résoudre et c’est sur cette base que les problèmes doivent être soulevés et abordés et sur cette base nous devons parvenir à des solutions par la voie de la diplomatie. La Grèce parle avec franchise et clarté. Ses positions sont bien claires et axées sur le droit international. Elle souhaite voir des progrès sur tous les fronts afin que nous puissions véritablement atteindre cet objectif, tout en prenant en considération que nous parlons d’une région dotée d’une orientation européenne et c’est ce chemin que nous voulons que tous nos voisins empruntent.
Toutefois, je voudrais aussi évoquer une autre question relative aux évolutions dans notre région. Actuellement, l’Europe du Sud-est traverse une période très difficile car nous assistons de nouveau à l’émergence du spectre du nationalisme. Nous sommes très préoccupés par ce phénomène. Notre région a payé chèrement le prix du nationalisme à travers des conflits, des guerres, et elle doit laisser derrière elle ce passé et tourner son regard vers l’avenir.
Malheureusement, les progrès nécessaires n’ont pas été réalisés et je voudrais à ce stade citer un exemple portant sur les événements que nous avons vus se dérouler ces derniers mois dans notre pays voisin, l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, qui a connu d’intenses conflits politiques, où il y a eu des graves questions liées à la liberté de la presse, où nous observons des accords qui ne sont toujours pas respectés, en dépit du rôle de médiation de l’UE.

Il s’agit de questions très graves que l’Union européenne suit de près bien évidemment, ce que fait également la Grèce, en tant qu’Etat membre responsable qui peut évaluer la situation dans le cadre du processus d’adhésion et contribuer à la mise en place des réformes. La Grèce œuvre afin que nos pays voisins puissent entamer un parcours ferme et substantiel vers l’Union européenne.
Il existe toutefois des normes européennes et celles-ci doivent être respectées. Actuellement, il existe de graves problèmes en République yougoslave de Macédoine, des problèmes que ne nous devons pas mettre aux oubliettes mais résoudre. Des réformes doivent être mises en place, il faut qu’il y ait de la détermination et de la volonté politique. La Grèce sera à ses côtés et espère que Skopje pourra peu à peu adopter les normes européennes. Bien évidemment, nous n’en sommes pas encore là et c’est pourquoi il faut faire preuve de constance et réaliser des réformes. Il ne suffit pas d’adopter des lois, il faut les appliquer aussi. Il y certains questions très délicates et très importantes pour nous, telles que la liberté de la presse, car ces derniers mois nous constatons qu’il n’y a pas de liberté de presse. Il s’agit d’une question grave qui doit être résolue. Et le Commissaire Füle qui a récemment visité Skopje a également évoqué cette question.

Il existe des accords bien précis et même l’accord du 1er mars signé entre le gouvernement et l’opposition qui n’est pas toujours appliqué. Et il y a encore d’importantes questions ayant trait aussi au déroulement des élections qui ont été déjà soulevées dans le rapport préparatoire de l’OSCE.
Il s’agit de questions, que, je le répète, nous ne devons pas négliger. Cela est dangereux pour notre région. Nous devons identifier ces questions et les résoudre.

C. BOUATARD: S’agissant de la question macédonienne, la proposition de M. Nimetz a été rédigée en anglais ? Car j’ai essayé de rassembler des informations par les articles parus dans la presse mais je n’ai pu rien trouvé en français ou en grec. Donc je voudrais savoir dans quelles langues a été rédigée la proposition…

G. DELAVEKOURAS : Je n’émets jamais aucun commentaire sur le contenu des idées ou des propositions de M. Nimetz. Toutefois, je pourrais vous dire que la langue de travail est l’anglais, par conséquent ses propositions et ses idées lorsqu’elles sont publiées, sont rédigées en anglais.

A. PELONIS : S’agissant des réparations allemandes, vu que la déclaration de M. Avramopoulos tout à l’heure et vu que la Comptabilité générale de l’Etat a remis le rapport y relatif au ministère des Affaires étrangères – je ne sais pas s’il s’agit d’une initiative du ministère des Affaires étrangères – pensez –vous que c’est le moment propice de soulever de nouveau cette affaire car nous voyons déjà des réactions de la part de l’Allemagne ? Qu’envisage de faire le ministre des Affaires étrangères si le Conseil juridique de l’Etat rend un avis établissant le fondement juridique de cette affaire ? Quels seront les prochains pas à suivre ?
G. DELAVEKOURAS : Le ministère des Finances a rédigé un rapport qui prend acte des archives relatives en la matière. Par la suite, ce rapport a été transmis sous sa forme actuelle par la Comptabilité générale de l’Etat au Conseil juridique de l’Etat afin que ce dernier procède à une évaluation juridique et définisse les demandes de l’Etat grec.
Ses étapes sont très importantes et je pense que cela atteste de la volonté politique qui existe. Mais il faut aussi qu’il y ait une évaluation juridique. Comme le ministre des Affaires étrangères l’a affirmé, les réparations allemandes sont une question soulevée par l’Etat grec avec constance depuis de nombreuses années et la question de savoir si cette question a été résolue ou non est déterminée par la justice internationale. Actuellement, cette question fait l’objet d’une évaluation juridique par le Conseil juridique de l’Etat et lorsque ce dernier aura accompli son évaluation, il rendra son avis.

C. BOUATARD: Quand est-ce que s’achèvera ce processus ?

G. DELAVEKOURAS : Cela dépendra des travaux du Conseil juridique de l’Etat.

C. BOUATARD: Avez-vous une idée ?

G. DELAVEKOURAS : Je vous ai dit que cela dépend du Conseil juridique lequel est en train d’évaluer cette affaire et par la suite il devra rédiger son avis.

D. VAGENA : Lorsque le ministre des Affaires étrangères, et vous aussi, emploie le terme justice internationale, qu’est-ce que cela signifie ? Jusqu’où sommes nous disposés à aller concernant la question des réparations allemandes vu le refus catégorique de Berlin ? Allons-nous éventuellement saisir la Cour internationale de la Haye de cette affaire ?

G. DELAVEKOURAS : Comme je vous l’ai tout à l’heure dit, puisque cette question revêt une dimension juridique et est axée sur des données qui sont actuellement en cours d’évaluation, nous devons attendre que le Conseil juridique de l’Etat achève son évaluation et rende son avis. Cela dit, il ne revient ni à la Grèce, ni à l’Allemagne de déterminer si cette question a été résolue ou non car il existe une dimension juridique relevant de la justice internationale.

D. VAGENA : A savoir la Cour de la Haye est une option parmi d’autres options qui n’est pas exclue.

G. DELAVEKOURAS : En ce moment, je ne voudrais pas émettre des hypothèses car cela ne serait pas un geste responsable de ma part. Nous devons attendre que le Conseil juridique rende son avis pour pouvoir par la suite en parler.

C. KAPOUTSIS : S’agissant de la même question, monsieur le porte-parole, cette question ne revêt-elle pas une dimension politique ?

G. DELAVEKOURAS : Bien évidemment et c’est pourquoi je vous ai dit que la volonté politique est confirmée par ces pas qui sont faits de manière responsable afin d’avoir une connaissance bien exacte des données existantes.
Α. GIAMALI : Est-ce que le gouvernement pense que la prévision du premier mémorandum relative à la consolidation des prétentions crée des problèmes ?

G. DELAVEKOURAS : S’agissant de la question des réparations allemandes, aucun rapport ne peut être établi dans la conjoncture économique actuelle. La question des réparations allemandes est une question que l’Etat grec soulève de manière systématique depuis de nombreuses années. C’est dans ce contexte que nous envisageons cette question et force est de signaler qu’il s’agit d’une question qui revêt une dimension morale et historique très importante pour la Grèce.

Α. ATHANASSOPOULOS : Une précision plutôt. La question des réparations allemandes revêt deux aspects, d’une part les réparations privées, d’autre part le prêt obligatoire. Le Conseil juridique de l’Etat statuera sur lequel des deux aspects ? Sur les deux ? Car je vous ai entendu faire une distinction. Vous avez parlé des prétentions de l’Etat grec. Et du point de vue technique, comment se déroule ce processus ? Avez-vous un aperçu de la question ?
G. DELAVEKOURAS : Permettez-moi avant tout de préciser que le contenu du Rapport de la Comptabilité générale de l’Etat est confidentiel. Je ne peux donc émettre aucun commentaire à ce sujet. Nous parlons de dossiers de l’Etat qui étaient détenus par le ministère des Finances et qui à l’heure actuelle sont examinés par la Comptabilité générale de l’Etat. Nous avons discuté de ces dossiers, en évaluant les prétentions de l’Etat grec.

April 11, 2013