Point de presse du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Grigoris Delavekouras, du 13 janvier 2011

Points principaux :

[Concernant la visite entre les négociateurs et M. Nimetz :]

·          Après une très longue période, il y a dix jours environ, M. Nimetz a annoncé que le 9 février il a invité les négociateurs des deux pays, MM. Vassilakis et Giolefski à se rencontrer à New-York. Nous nous réjouissons de cette rencontre. Elle est la preuve vivante que le processus engagé sous l'égide des Nations Unies constitue le cadre de résolution de la question du nom. Nous espérons que cette rencontre sera constructive.

[Concernant l’immigration clandestine et la nécessité de coopérer avec la Turquie :]
·          Je crois que grâce aux contacts que nous avons eus avec la partie turque au niveau des premiers ministres, aussi bien lors de la visite du premier ministre turc à Athènes en automne, que lors de la visite du premier ministre grec en Turquie, la partie turque a réalisé combien cette question était grave et importante. Cela constitue avant tout une pression disproportionnée pour notre pays, disproportionnée par rapport à sa taille et à sa population, et ce, en raison de sa position géographique, de sa position en tant que frontière extérieure de l'Union européenne, [notre pays] qui accueille ce grand nombre d’immigrés qui, finalement, en raison des dispositions du règlement Dublin II restent dans notre pays.
·          Pour cette raison, il est absolument nécessaire que l’Union européenne s'implique davantage dans le processus, dans l'effort que nous déployons pour contrôler ce phénomène et que la Turquie coopère pour le contrôle de ses frontières. Je pense que c'est à travers cette coopération que nous pourrons réellement voir des résultats et envoyer un message clair aux trafiquants, qui exploitent ces hommes, leur dire que ce passage est fermé et que l’exploitation ne peut plus continuer.

[Concernant le survol d’avions turcs au-dessus d'Agathonissi à la veille de la visite du Premier ministre à Erzeroum :]
·          Le ministre grec des Affaires étrangères s'est entretenu au téléphone avec son homologue turc à deux reprises avant la visite du Premier ministre grec en Turquie. Lors de ces entretiens, le ministre grec a affirmé clairement que ces actions étaient inacceptables et que la Grèce ne les tolérait pas. C’est un point que nous ne devons pas oublier, à savoir que la Grèce exerce sa souveraineté et ne permet pas qu’on lui porte atteinte. Pour cette raison, en cas de violations ou de survols, tant le ministère des Affaires étrangères que le ministère de la Défense nationale réagissent immédiatement en vue de sauvegarder notre souveraineté.

[Concernant l’initiative visant à convoquer une conférence sur le parcours européen de la Turquie :]
·          Lors de ces rencontres qui se sont déroulées à Erzeroum, l'accent a notamment été mis sur les relations Union européenne - Turquie et je pense que notre constatation commune, comme il résulte de ces discussions, est que ce processus, comme il se déroule actuellement, a perdu de sa dynamique.
·          C’est dans ce contexte qu’a été présentée la pensée du ministre grec des Affaires étrangères sur la possibilité d’organiser une rencontre, probablement au sommet, après les élections en Turquie afin que les Etats membres de l’UE et la Turquie puissent réitérer clairement leur engagement en faveur de la pleine adhésion de la Turquie, ce qui bien entendu présuppose que tous les critères définis aient été remplis.

[Concernant la coopération énergétique Grèce – Israël :]
·          Cette idée est manifeste et existe, à savoir la possibilité pour Israël d’avoir de gros gisements de gaz naturel et de vouloir les transférer vers l’Union européenne et le fait que notre pays peut, du point de vue géographique, jouer ce rôle. Cette idée n'a pas fait l'objet de discussions hier, elle l'a été dans le passé. Hier nous avons constaté la volonté et l’intention des deux parties de coopérer dans le domaine énergétique également. Cela étant, nous devrons discuter sur la base de données précises.

Extraits du point de presse

M. G. DELAVEKOURAS : Bonjour et bonne année. Je commencerais par le programme de la direction politique.

Aujourd’hui, à 11h00, M. le ministre a participé à la rencontre entre le premier ministre et le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères d'Israël, M. Lieberman. A 17h00, M. Droutsas participera à la rencontre de M. Papandréou avec le commissaire européen au Marché intérieur, M. Barnier.

Mardi 18 janvier vers midi, M. Droutsas participera aux entretiens du Président de la République, M. Papoulias avec son homologue arménien, M. Serzh Sargsyan qui effectue une visite officielle dans notre pays. Le même jour, M. le ministre rencontrera le ministre arménien des Affaires étrangères.
A 20h30, M. le ministre assistera à un dîner offert par le Président de la République en l’honneur de son homologue arménien.
Mercredi 19 janvier, M. le ministre effectuera une visite en Pologne. A Varsovie, M. Droutsas aura des entretiens privés avec le ministre polonais des Affaires étrangères sur des questions d’intérêt européen en vue de la présidence polonaise du Conseil européen au second semestre 2011.

Par ailleurs, pendant son séjour à Varsovie, M. le ministre aura une rencontre avec le président du Parlement.
En ce qui concerne le programme de la ministre adjointe des Affaires étrangères, vendredi 13 janvier, Mme Mariliza Xenogiannakopoulou se rendra à Budapest afin de participer à la rencontre informelle de deux jours des ministres des Affaires européennes des Etats membres de l'UE qui est convoquée dans le cadre de la présidence hongroise.

Mardi 18 janvier à 10h00, Mme Xenogiannakopoulou prononcera une allocution devant le Comité Défense nationale et Affaires extérieures du Parlement concernant la ratification du Traité d’Association et de Stabilisation UE – Serbie.

En ce qui concerne le programme de M. Kouvelis, aujourd’hui à 12h00, M. Kouvelis reçoit dans son bureau l'ambassadeur d'Italie, M. Trupiano et l’ambassadeur de Bosnie-Herzégovine, M. Bronza pour s'entretenir sur des questions liées à l'initiative adriatique-ionienne.
A 19h00, le Secrétaire d’Etat assistera à une manifestation de l’ISTAME sur le thème « Réforme du système financier de l’UE : tirer les leçons de la crise » organisée au Palais de la Musique. Vendredi 14 janvier à 15h00, M. Kouvelis aura une rencontre dans son bureau avec le SG de l'OCEMN, M. Chrysanthopoulos.
Lundi 17 janvier à 10h00, le Secrétaire d’Etat recevra dans son bureau le Directeur général à la sécurité énergétique du MAE de la Roumanie, M. Constantinescu et le même soir, il assistera à la manifestation annuelle de la Chambre de commerce et d’industrie d'Athènes, à l'hôtel Intercontinental.

Mardi 18 janvier à 11h30, le Secrétaire d’Etat assistera à la manifestation organisée en vue de la signature de l’Accord international de coopération bilatérale entre l’Université Capodistrienne d’Athènes et l'université Garyounis de Libye. Dans l’après-midi, M. Kouvelis rencontrera l’ambassadeur de Singapour, M. Philip ENG et par la suite l’ambassadeur de la République tchèque, Mme Hana Sevjikova.


Enfin, mercredi 19 janvier à 11h00, le Secrétaire d’Etat prononcera une allocution lors du forum d’affaires gréco-arménien organisé dans le cadre de la visite du Président arménien à la chambre de commerce et d’industrie d’Athènes.

Enfin, le programme de M. Dollis. Ce dernier se rendra, dimanche 16 janvier, à Dervitsani, en Albanie en vue de participer aux manifestations commémoratives du 20e anniversaire d'OMONOIA.

Je suis à votre disposition pour la séance de questions.

MME S. RISTOVSKA : Concernant la rencontre de M. Nimetz à New York, y a-t-il un changement de l’autre côté, un changement dans les positions par exemple, car nous avons pu lire certains articles qui confirmaient l’existence de volonté de l’autre partie et l’autre partie dit que la Grèce ne fait pas preuve de volonté; par ailleurs les journaux ici ont écrit que le MAE pense qu'il s'agira d'une rencontre informelle. Est-ce que cela est vrai?

M. G. DELAVEKOURAS : Après une très longue période, il y a dix jours environ, M. Nimetz a annoncé que le 9 février il a invité les négociateurs des deux pays, MM. Vassilakis et Giolefski à se rencontrer à New-York. Nous nous réjouissons de cette rencontre. Elle est la preuve vivante que le processus engagé sous l'égide des Nations Unies constitue le cadre de résolution de la question du nom. Nous espérons que cette rencontre sera constructive. Et ce, parce qu'un délai important s'est écoulé depuis la rencontre précédente et ce sera une occasion pour les deux parties de passer en revue la situation et de voir où nous en sommes dans la question du nom. Cela étant, nous ne nous attendons pas à des évolutions dramatiques et c'est pourquoi je peux qualifier cette rencontre d’informelle. Cela dit, la Grèce vient toujours discuter dans un esprit constructif pour pouvoir aller de l’avant. Nous avons présenté nos points de vue et nous pensons que ces points de vue sont logiques et justes et peuvent nous conduire à une solution dans les plus brefs délais. Je pense que le cadre de la discussion est désormais clair et il ne reste plus qu'à voir si les deux parties ont la volonté politique de parvenir à une solution. Les rencontres auxquelles aspire la partie grecque et qui ont eu lieu entre les deux ministres, ont pu créer un climat plus positif, même s’il y a parfois eu des pas en arrière. Il est nécessaire de maintenir un climat positif et c’est pourquoi nous continuerons de rechercher des contacts directs au plus haut niveau politique; toutefois, il faudra à un moment donné que l'autre partie fasse preuve de la même volonté politique, afin que nous puissions enfin parvenir à une solution à la question du nom; cela est absolument nécessaire pour que le processus d'adhésion de l'ARYM à l'UE et à l'OTAN avance.

[…]

M. M. POLLATOS : Votre commentaire concernant la prise de position de M. Erdogan, à savoir que M. Papandréou aurait manqué de délicatesse dans son discours tenu à Erzeroum et que tout cela susciterait des tensions dans les relations gréco-turques ?

M. G. DELAVEKOURAS : J’aimerais avant tout dire que cette visite, la décision du premier ministre grec d’accepter l’invitation de M. Erdogan de participer à la réunion des ambassadeurs turcs a revêtu une haute symbolique, à laquelle le premier ministre grec a donné corps. Il a saisi cette occasion pour présenter de façon claire la volonté et la vision de la Grèce en faveur d’une amélioration substantielle des relations entre les deux pays. Il a dans le même temps eu l’occasion de présenter d’une façon tout aussi claire les grands problèmes qui empêchent cette relation d'avancer. Les rencontres du premier ministre se sont déroulées dans un climat très cordial et je pense que cela était visible lors des différentes étapes de la visite.
Cela étant, les relations gréco-turques entrent dans une nouvelle phase, une phase de sincérité, une phase lors de laquelle on reconnaît les problèmes et pour essayer de les résoudre. C’est une décision politique claire du gouvernement grec de faire cet effort et il ne reste qu’à la Turquie de prouver qu'elle est prête.
L'incident relatif au survol un jour avant le voyage du premier ministre fait tout d'abord naitre des risques d'incident, mais aussi des doutes quant à la capacité et à la volonté de la Turquie d'avancer vers une normalisation des relations.
C’est pourquoi l’engagement et la déclaration du premier ministre turc sont importants, à savoir qu’il souhaite le développement substantiel de nos relations bilatérales. C’est la raison pour laquelle nous avons fait des pas aussi importants pendant la période passée. Je tiens à vous rappeler la première réunion du conseil supérieur de coopération entre les deux pays, en mai dernier, un conseil de coopération qui a ouvert le champ de coopération des deux pays. Nous avons eu la signature d'accords importants sur toute une série de questions qui ont trait au quotidien des citoyens des deux pays – je me réfère à titre indicatif à l’immigration clandestine et au tourisme. Ce sont des pas en avant qui confèrent un nouveau cadre institutionnel aux relations gréco-turques.
Dans le même temps, il y a le mandat politique clair donné par les deux premiers ministres aux représentants des deux pays dans les contacts exploratoires, d'intensifier ces contacts afin de parvenir à une solution. Et c’est là qu’est présentée la position de la Grèce : si nous ne parvenons pas à conclure ces contacts exploratoires, nous devrons saisir la cour internationale de la Haye qui tranchera cette question juridique.

[…]

M. G. DELAVEKOURAS : […].  Il y a des consultations au niveau technique, au niveau d'experts entre les deux pays, l'accord consiste pour la Turquie à accepter mille demandes par an en provenance de la Grèce.

M. Μ. POLLATOS : Combien de demandes a-t-elle accepté à ce jour ?

M. G. DELAVEKOURAS : Je ne connais pas le chiffre exact.

M. Μ. POLLATOS: Il est plus grand, plus petit…

M. G. DELAVEKOURAS : Je ne connais pas les statistiques. Ce que je peux néanmoins dire avant tout c’est qu’au niveau de l’environnement politique, la Turquie jusqu'à un moment donné envisageait la question de l’immigration clandestine tout en étant sur la défensive. Je crois que grâce aux contacts que nous avons eus avec la partie turque au niveau des premiers ministres, aussi bien lors de la visite du premier ministre turc à Athènes en automne, que lors de la visite du premier ministre grec en Turquie, la partie turque a réalisé combien cette question était grave et importante. Cela constitue avant tout une pression disproportionnée pour notre pays, disproportionnée par rapport à sa taille et à sa population, et ce, en raison de sa position géographique, de sa position en tant que frontière extérieure de l'Union européenne, notre pays qui accueille ce grand nombre d’immigrés qui, finalement, en raison des dispositions du règlement Dublin II restent dans notre pays. Pour cette raison, il est absolument nécessaire que l’Union européenne s'implique davantage dans le processus, dans l'effort que nous déployons pour contrôler ce phénomène et que la Turquie coopère pour le contrôle de ses frontières. Je pense que c'est à travers cette coopération que nous pourrons réellement voir des résultats et envoyer un message clair aux trafiquants, qui exploitent ces hommes, leur dire que ce passage est fermé et que l’exploitation ne peut plus continuer.

[…]
M. Μ. POLLATOS : Ah, moins donc, 20 - 30 disons…

M. G. DELAVEKOURAS : Il peut y avoir plus d’immigrés clandestins pour chaque demande. Cela étant, la vraie question est de se dire que nous devons créer le cadre institutionnel qui nous permettra de mettre en place la meilleure coopération possible enter l’UE et la Turquie et nous devons avoir une application encore plus stricte du l’accord existant de réadmission. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que nous voulons voir le parachèvement de l'accord de réadmission entre l'Union européenne et la Turquie. Des contacts ont été établis, des efforts ont été faits, il y a du progrès, mais nous n'avons pas encore atteint ce niveau. Nous pensons que cette négociation doit s’achever et que l’accord de réadmission UE – Turquie soit convenu, mais jusqu’à ce que cela ait lieu, il faudra respecter strictement l’accord bilatéral existant tant avec la Grèce qu’avec la Bulgarie.

M. Α. ATHANASSOPOULOS : J'aimerais rebondir sur ce qu’a dit mon confrère pour vous poser deux questions. Premièrement concernant l’immigration clandestine, où en est la discussion engagée entre Union européenne et Turquie sur l’accord, sur la signature d’un accord de réadmission ? Deuxièmement, pouvez-vous nous donner une idée de ce que répond M. Davutoglu à M. Droutsas, lorsque ce dernier soulève la question des survols? Comment justifie-t-il cela ? Qu’entend-il faire à l’avenir pour que cela ne se répète pas ?

M. G. DELAVEKOURAS : Pour répondre à la première question. Il y a eu  - sur initiative de l'Union européenne - une rencontre avec la Turquie pendant laquelle l'UE a soumis des propositions et la discussion se poursuivra sur ces propositions. Toutefois, nous ne sommes pas encore arrivés à un accord. Lorsque cet accord sera atteint, nous l'annoncerons et cela sera un développement très positif.

M. A. ATHANASSOPOULOS :    [hors micro, il demande des détails sur les propositions de l’UE]

M. G. DELAVEKOURAS : Bon, ce sont des propositions précises, des textes à caractère technique qui ont toutefois des dimensions politiques et c’est justement pour cette raison-là que ces propositions doivent avoir la forme à notre avis, d’accords y relatifs conclus entre l’Union européenne et d’autres pays. Tel est le cadre et l’acquis de l’Union européenne pour ce qui est de ce processus et c’est dans cet esprit que l’Union européenne participe à la négociation avec la Turquie. Tel est l’objectif recherché et j’espère que nous pourrons bientôt y parvenir.

Pour ce qui est de votre deuxième question, pour être plus concret, le ministre grec des Affaires étrangères a eu deux entretiens téléphoniques avec son homologue turc avant la visite du Premier ministre grec en Turquie. Lors de ces entretiens, le ministre grec a fermement et clairement expliqué que ces actions étaient inacceptables et que la Grèce ne pouvait les tolérer. Je pense que nous devons retenir cet élément, à savoir que la Grèce exerce sa souveraineté et ne supporte aucune agression. C’est pourquoi, chaque fois qu’il y a des violations ou des survols, la réaction tant du ministère des Affaires étrangères que du ministère de la Défense nationale est immédiate en vue de sauvegarder notre souveraineté.

Cela dit, une démarche très sérieuse a été faite par le ministre des Affaires étrangères auprès du ministre turc des Affaires étrangères et à la question bien évidente de savoir dans quelle mesure la Grèce devrait être au rendez-vous à Erzeroum ou non, nous avons eu les solutions suivantes : l’une consistait pour le Premier ministre grec de décider de ne pas assister à la réunion ce qui transmettrait en réalité un message à la Turquie. Toutefois, cette option ne conduirait nulle part. L’autre option était que le Premier ministre assiste à Erzeroum et soulève de manière claire les questions y relatives, ce qui a été le cas. Telle est la politique que nous suivons. Une politique qui consiste à appeler les choses par leur nom, à soulever les questions et à essayer de les régler. Et c’est justement ce qui s’est passé.  

M. A. ATHANASSOPOULOS :    [hors micro]

M. G. DELAVEKOURAS : C’est pourquoi je vous ai exposé toues les actions entreprises par la Grèce. Tant que cette attitude existe, il est évident que les relations entre la Grèce et la Turquie ne seront pas normalisées. Vu que la Turquie déclare sa volonté d’améliorer les relations avec la Grèce, de les normaliser, elle devra renoncer à ce comportement. Cela est bien clair. Tant que ce comportement subsiste, il y aura une limite dans l’évolution de nos relations.

Mme A. VOUDOURIS : Concernant la proposition du gouvernement grec relative à la réunion entre l’Union européenne et la Turquie, j’imagine que la question d’Erzeroum a été abordée. Quelle a été la position de la Turquie ?
Pourquoi, hormis la déclaration de M. Bagis, nous n’avons aucune autre déclaration officielle ? Quelle est la position d’autres capitales européennes à l’égard de cette réunion ?

M. G. DELAVEKOURAS : Lors des rencontres à Erzeroum, un accent très important a été mis sur la question des relations entre l’Union européenne et la Turquie et je pense qu’il est communément admis, comme il résulte des discussions, que ce processus a perdu de son élan. Dans ce cadre a été présentée la réflexion à laquelle s’est référé le ministre grec des Affaires étrangères concernant l’éventualité d’organiser une rencontre, éventuellement une réunion au sommet, après les élections en Turquie, afin que les Etats membres de l’Union européenne et la Turquie puissent réitérer de manière claire leur engagement à l’égard de la pleine adhésion de la Turquie à condition bien entendu que tous ces critères soient remplis. 

Toutefois, nous parlons d’une réunion lors de laquelle sera abordée la situation actuelle relative au processus d’adhésion de la Turquie et ses perspectives, à savoir dans quelle mesure nous pouvons établir des calendriers concrets et parvenir à des résultats précis pour pouvoir de nouveau donner corps à ce processus. Cela n'a pas de sens de participer à un processus de négociation virtuel, ni chaque semestre, quelques jours avant la fin de la présidence et essayer d’ouvrir un chapitre de manière précipitée. Ce n’est pas la forme que doit avoir la relation de l’Union européenne avec la Turquie.

C’est pourquoi cette discussion s’est déroulée, c’est pourquoi nous avons présenté cette réflexion et nous continuerons nos relations dans la période à venir. Pour ce qui est maintenant de la visite du ministre des Affaires étrangères en Pologne, ce dernier aura l’occasion de discuter de cette question avec son homologue polonais –  car il y a une forte probabilité qu’il revienne dans ce pays pour se pencher sur cette question – ainsi qu’avec nos autres partenaires. Il s’agit d’une idée qui vise à redonner corps à cette proposition et à lui ôter son caractère bureaucratique et procédural qui ne sert à rien.  

Les problèmes sont bien réels dans ce cas également et nous devons les évoquer ce qu’a justement fait le Premier ministre dans son discours à Erzeroum. Il est vrai que le rythme des réformes  en Turquie est très lent et la Turquie n’a pas encore accompli les réformes nécessaires. Il est également vrai que le message a été affaibli par l’Union européenne elle-même car de nombreuses opinions sont exprimées à l’égard de ce dossier. Il est également vrai que l’opinion publique dans certains pays exerce des pressions et que de nombreux chefs politiques à l’Union européenne ne considèrent pas les choses de la même façon. Mais si nous voulons en réalité avoir une relation avec la Turquie qui pourra conduire à la pleine adhésion, selon les engagements que nous avons pris à cet égard, nous devrons aussi parler d’une voix claire.

La dernière question et la plus importante est la question chypriote, la question politique chypriote. Cette question devra être réglée car  la Turquie ne pourra devenir membre de l’Union européenne et nous ne pourrons pas considérer que l’adhésion aura lieu si la question chypriote n’est pas réglée et si une fin n’est pas donnée à l’occupation. C’est pour cette raison et dans cet esprit sincère justement, comme je l’ai tout à l’heure affirmé,  que nous devons nous rassembler et appeler les choses par leur nom. Au lieu de faire des déclarations unilatérales dans tous les sens en affichant nos différends, nous devons voir s’il existe un terrain d’entente et si nous ne pouvons surmonter nos différences, il faut l’affirmer de manière claire.

M. M. POLLATOS : Puisque vous parlez de cette étape marquée par un esprit de sincérité, pourriez-vous nous dire combien de temps durera cette étape ? Car, si je me souviens bien lors du Conseil de coopération de haut niveau, le Premier ministre, dans ce même esprit de sincérité, a de nouveau évoqué ces problèmes concernant les violations et les habitants des îles qui voient par leur fenêtre les avions turcs survoler leur territoire. J’imagine qu’à l’époque M. Papandréou a fait preuve de la même sincérité. C’est-à-dire pour combien de temps le Premier ministre continuera à faire preuve de cette sincérité et pour combien de temps chaque partie continuera à exposer ses opinions dans ce même esprit de sincérité.  Et, finalement qu’en est-il de tout ce comportement, est-ce que ces actions inacceptables laissent planer des doutes sur la capacité et l’engagement du Premier ministre turc ? Je ne comprends pas.

M. G. DELAVEKOURAS : Permettez-moi de commencer par la première question. La sincérité n’est qu’une partie de notre politique. Il s’agit d’un élément qui contribue au climat dans les relations entre les deux pays mais ce n’est pas le seul élément. Toutes les déclarations sont accompagnées d’actes et d’actions et la Grèce suit de manière active une politique visant à améliorer les relations avec la Turquie. C’est pourquoi je me suis tout à l’heure référé aux résultats concrets auxquels nous sommes parvenus, des résultats pas du tout insignifiants puisqu’ils portent sur la vie quotidienne des deux peuples c’est pourquoi tous ces efforts ont un sens.

Nous sommes des voisins que nous vivrons de ce fait ensemble. Il est important de clarifier nos relations, de fixer des limites et d’affirmer si nous pouvons vivre ensemble en paix ou si nous sommes condamnés à vivre dans un climat d’affrontement. Tel a été le dilemme qu’a posé le Premier ministre dans son discours à Erzeroum. A ce dilemme doit également répondre la partie turque et il y a des déclarations  bien claires du Premier ministre turc qui attestent de la volonté de la Turquie de faire ce pas. C’est en fonction de cet acquis que nous procédons sans négliger les autres éléments, tout en prenant en considération tous les éléments et en entreprenant toutes les actions nécessaires qui défendent les intérêts de notre pays car finalement dans nos contacts avec la Turquie nous agissons toujours en fonction de la protection des intérêts du pays et de nos droits et nous sommes guidés par les principes du droit international.

Pour ce qui est des violations, ces actions sont inacceptables et dangereuses car elles sont susceptibles de provoquer des incidents. En outre, elles soulèvent des doutes pour ce qui est de la détermination de la Turquie dans le cadre de cette relation et c’est pourquoi elles doivent cesser.

M. M. POLLATOS : Une autre question encore. Dans cet esprit de sincérité, qu’en est-il des contacts exploratoires ? J’imagine que vous voudriez que non seulement les relations entre les deux gouvernements soient marquées de sincérité mais aussi les relations entre vous et les citoyens. Qu’en est-il des contacts exploratoires ? J’invoque l’esprit de sincérité dont vous avez fait preuve.

M. G. DELAVEKOURAS : Effectivement, je vous répondrai avec sincérité. Les contacts exploratoires, comme vous le savez, sont régis dès leur lancement, par la règle de confidentialité, et tel est le cadre dans lequel ils se déroulent, un cadre qui à mon avis est nécessaire pour leur avancement. Cela dit, toutefois, nous devons reconnaître une réalité, à savoir les Premiers ministres, grec et turc, ont donné un mandat clair aux représentants des deux pays  pour qu’ils intensifient leurs contacts dans le but de parvenir à des résultats. Ce processus est actuellement en cours. Des contacts successifs ont eu lieu et il y en aura d’autres aussi. Je pense qu’il y aura bientôt encore une rencontre.  Ce dialogue doit continuer et nous espérons parvenir à un résultat. Mais s’il n’y a aucun résultat, et il s’agit d’une éventualité bien réelle car il s’agit des questions à caractère juridique qui sont extrêmement complexes et ne sont pas…
[…]

M. M. POLLATOS : Est-ce que d’autres dossiers sont également abordés hormis celui du plateau continental ?

M. G. DELAVEKOURAS : Les discussions portent sur la délimitation du plateau continental. A l’égard de ce dossier, je voudrais vous dire que c’est une question très complexe et il est nécessaire de trouver des déterminateurs communs. Si nous n’y parvenons pas et je reconnais que cette éventualité existe, nous devrons recourir à la justice internationale. Telle est la position de la Grèce. Toutefois, nous verrons ce qui va se passer car nous n’avons jusqu’à présent rien à communiquer concernant les progrès réalisés mais d’autre part nous ne pouvons pas dire qu’il n’y ait eu aucune évolution au niveau des entretiens.

M. A. ATHANASSOPOULOS
: Envisagez-vous l’éventualité d’engager de nouvelles discussions sur les mesures de confiance en vue de réduire les dangers dans l’espace aérien de la Mer Egée ? Première question. Deuxième question : je ne voulais pas vous poser cette question mais en rebondissant sur la réponse que vous avez donnée à mon collègue – puisque nous sommes en train d’aborder l’évolution des contacts exploratoires à partir de 2004 –  je voudrais vous rappeler que l’ancien Premier ministre, M. Simitis dans  son livre en se référant aux contacts exploratoires, évoque quatre questions qui font l’objet de discussion avec la Turquie. L’une de ces questions est la délimitation du plateau continental, les trois autres questions ne font-elles plus partie de cette discussion ? Merci.

M. G. DELAVEKOURAS : Permettez-moi d’abord de répondre à la deuxième question. Par la suite, vous me rappellerez votre première question. Comme je l’ai à maintes reprises affirmé, il existe une règle de confidentialité que je n’ai pas l’intention d’enfreindre. Je n’aborderai pas le contenu des contacts exploratoires car cela ne sert à rien.

M. M. POLLATOS : Une question a-t-elle été abordée ou d’autres aussi ?

M. G. DELAVEKOURAS : Je vous ai dit que les discussions portaient sur la délimitation du plateau continental. Quelle a été votre première question ?

M. A. ATHANASSOPOULOS :
Envisagez-vous l’éventualité d’engager de nouvelles discussions sur les mesures de confiance en vue de réduire les dangers dans l’espace aérien de la mer Egée ?

M. G. DELAVEKOURAS : Non, je n’ai aucune information y relative sur une éventuelle discussion sur les nouvelles mesures de confiance en ce moment.

M. A. GOGAS : Est-ce que ces derniers jours, la partie turque a fait une démarche auprès du ministère grec des Affaires étrangères au sujet d’un soi-disant incident à Imia ?  L’état-major turc a émis un communiqué sur des violations des…

M. G. DELAVEKOURAS
: Nous suivons de près  toutes ces questions, nous sommes bien au courant mais, j’essaye de me rappeler car il n’y a jamais eu d’incident de ce genre.

M. M. POLLATOS : [hors micro] Est-ce qu’il s’agit d’incidents survenus dans une région autre que celle d’Imia ?

M. G. DELAVEKOURAS : La partie turque fait régulièrement des démarches dans lesquelles elle expose son propre point de vue à l’égard d’incidents survenus, qui ne se sont pas passés de la façon dont elle le dit. Pour ce qui est de la question de votre collègue, je ne me souviens pas d’une telle action.

M. M. POLLATOS
: Est-ce qu’à Agathonissi il y a eu une présentation similaire des intentions de la Turquie ?

M. G. DELAVEKOURAS : A Agathonissi, on a assisté au survol des appareils turcs au-dessus d’une île grecque et c’est pourquoi nous avons fait des démarches de manière immédiate et claire. Des démarches telles que la communication d’informations à l’intention des organisations internationales qui doivent être tenues informées de ces incidents. C’est pourquoi il y a eu cet entretien téléphonique entre le ministre grec des Affaires étrangères et son homologue turc et c’est pourquoi le Premier ministre grec a soulevé cette question de manière aussi claire dans son discours.

Mme VOUDOURIS : Vous avez tout à l’heure dit que les questions ou plutôt la question abordée dans le cadre des contacts exploratoires était complexe et prenait du temps. Est-ce que j’ai bien compris ? A cette occasion, je voudrais vous demander, comme mon collègue, M. Athanassopoulos l’a affirmé, s’il y a un certain calendrier et à quelle date ces contacts prendront fin – des contacts entamés en 2004 – afin de pouvoir recourir à la Cour de la Haye, comme le Premier ministre l’a réaffirmé à Erzeroum ?

M. G. DELAVEKOURAS : Je ne peux pas fixer de calendriers stricts à cet égard car il s’agit d’une discussion en cours et cela dépend de la façon dont les deux parties exposent leurs positions. Toutefois, il est bien évident que les questions relatives à la délimitation des zones maritimes sont bien complexes, il s’agit des différends les plus difficiles à régler et c’est pourquoi dans plusieurs cas il a fallu saisir la justice de ces questions en vue de parvenir à une solution à caractère juridique. Il s’agit d’un différend de nature juridique et c’est pourquoi nous ne devons pas permettre que ce dossier demeure en suspens. D’une part, nous donnons l’élan le plus dynamique et nous soutenons ce processus des contacts exploratoires et d’autre part, nous affirmons que si ces contacts conduisent nul part ou s’ils ne peuvent conduire à aucun résultat en raison de la distance séparant les deux pays, nous devrons recourir aux juridictions internationales.

M. A. FOURLIS : Vous vous êtes référés aux zones maritimes. Est-ce que des questions connexes telles que la question des  zones économiques exclusives est évoquée dans le cadre des contacts exploratoires au même titre que la question du plateau continental ou est-elle plutôt abordée dans le cadre de la discussion sur le plateau continental car il s’agit d’une question connexe ?

M. G. DELAVEKOURAS : Permettez-moi, tout d’abord de vous dire que la politique de la Grèce, une politique suivie également par le gouvernement précédent, vise à la délimitation des zones maritimes avec tous nos voisins. C’est ainsi que nous avons eu cet accord avec l’Albanie, en dépit des questions soulevées relatives à la décision de la Cour constitutionnelle dans ce pays, des négociations sont en cours avec la Libye et l’Egypte et, bien évidemment, notre relation avec la République de Chypre nous permet de procéder rapidement et, enfin, avec la Turquie il y a des contacts exploratoires en cours. Toutefois, je n’aborderai pas le contenu des contacts exploratoires. C’est une règle que les deux parties ont respecté à ce jour et cela est important.

M. A. FOURLIS : Deuxième question : Est-il vrai que lors des entretiens avec M. Liberman une question d’intérêt israélien a été soulevée concernant la construction d’un gazoduc reliant la région où se situe le gisement de Léviathan entre Chypre et Israël à l’Union européenne à travers la zone économique exclusive de Chypre et de l’espace maritime de Crète ?

M. G. DELAVEKOURAS : Cette idée est manifeste et existe, à savoir la possibilité pour Israël d’avoir de gros gisements de gaz naturel et de vouloir les transférer vers l’Union européenne et le fait que notre pays peut, du point de vue géographique, jouer ce rôle. Cette idée n'a pas fait l'objet de discussions hier, elle l'a été dans le passé. Hier nous avons constaté la volonté et l’intention des deux parties de coopérer dans le domaine énergétique également. Cela étant, nous devrons discuter sur la base de données précises.

M. A. FOURLIS : Deux questions. Vous avez tout à l’heure dit que les relations avec la Turquie se développaient dans un esprit de sincérité. Dans ce contexte, comment qualifieriez-vous les relations gréco-israéliennes ? Deuxième question : que pense le ministre grec des Affaires étrangères des évolutions récentes en Tunisie ? Etes-vous en contact avec les autorités consulaires pour ce qui est de la sécurité des ressortissants ou des voyageurs grecs se trouvant dans le pays voisin ? Merci.

M. G. DELAVEKOURAS : Pour ce qui est de la relation de la Grèce avec Israël, cette question a été abordée en détail lors les consultations qu’ont eues hier les deux ministres des Affaires étrangères. Nos relations se sont actuellement dotées d’une dynamique très forte et nous avons aujourd’hui l’occasion de les développer. Il existe un champ de coopération élargi et les deux pays peuvent assumer des rôles complémentaires et trouver des champs de coopération qui seront dans l’intérêt des deux parties. C’est pourquoi la décision de créer un Conseil ministériel de coopération avec Israël a été prise dont l’objectif est de doter cette coopération d’un cadre institutionnel et de fixer des calendriers et des objectifs concrets en vue de parvenir à ces résultats.

Je pense qu’il est du devoir des deux parties de saisir cette occasion offerte et de consolider notre coopération sur des bases solides.

Tel est donc le contexte actuel. Dans les trois mois à venir, se tiendra le premier Conseil ministériel de coopération entre les deux pays et je pense que nous pourrons désormais voir des résultats réels émanant de notre coopération. A titre indicatif, la coopération porte sur l’environnement, la production agricole, le tourisme, la défense, l’énergie, les sources d’énergie renouvelables et éventuellement à l’avenir, d’autres coopérations en matière énergétique. Il existe un grand nombre de champs de coopération ce qui est au profit des deux pays.

Pour ce qui est de votre deuxième question, le ministère des Affaires étrangères a bien entendu des contacts soutenus avec nos missions diplomatiques en Tunisie. La situation est évidemment inquiétante. Heureusement, il n’existe aucun danger à ce jour pour les Grecs vivant dans ce pays, dont le nombre est assez restreint. Cela dit, nous continuerons de suivre la situation de près.

M. A. FOURLIS : Merci.

M. G. DELAVEKOURAS: Merci à vous.

M. A. FOURLIS : Pour ce qui est de la visite de M. Davutoglu à Athènes…

M. G. DELAVEKOURAS : Cette visite aura probablement lieu au mois de mars.

M. A. FOURLIS : Est-ce qu’il est trop tôt pour vous demander des informations sur cette visite ?

M. G. DELAVEKOURAS : Il s’agit d’une visite effectuée dans le cadre des travaux de préparation du Conseil de coopération de haut niveau qui se tiendra en juillet. Il s’agit aussi d’une visite qui s’inscrit dans le prolongement de la visite effectuée par le ministre des Affaires étrangères à Ankara avant la première réunion du Conseil de coopération de haut niveau en mai à Athènes.

January 13, 2011