A. PAPAIOANNOU : Bonsoir à tous. Pardonnez-moi de faire le point de presse plus tard aujourd’hui. Mais pour des raisons impérieuses nous n’avons pu l’organiser plus tôt et nous nous adaptons. Normalement, les points de presse auront lieu tous les jeudis matin, comme nous l’avons dit.
Aujourd’hui, permettez-moi tout d’abord d’exprimer la tristesse de la famille du ministère des Affaires étrangères, car, malheureusement, depuis notre dernier rendez-vous, nous avons perdu une collègue. Georgia Ralli. Comme vous le savez, dimanche dernier le ministre a fait part de ses condoléances à la famille.
Lorsque nous perdons un membre de la famille du ministère des Affaires étrangères, l’ensemble du ministère est en deuil.
J’aimerais maintenant me référer, en guise d’introduction, à des sujets de ces jours passés, je vous parlerai aussi du programme, puis nous aurons la séance de questions. Comme la dernière fois.
Le premier sujet que je souhaiterais évoquer aujourd’hui est bien entendu la déclaration du ministre des Affaires étrangères, mardi dernier. Vous l’avez certainement tous lue. Et je voulais à cet égard souligner trois points principaux que je considère comme essentiels.
Le premier, comme l’a dit le ministre, nous devrons désormais avoir au niveau européen une vision commune sur le rôle déstabilisateur que joue actuellement la Turquie. Autrement dit, le point de départ que nous devons avoir en tant qu’Europe – non seulement en tant que Grèce, en tant que Chypre, mais tous ensemble – est ce que fait la Turquie de manière générale. Son rôle déstabilisateur, sa politique de transgression, non seulement en Méditerranée orientale, mais aussi en Libye, dans le Caucase, en Syrie, etc. Et bien entendu toutes les autres choses qu’elle fait, lorsqu’elle soutient des organisations extrémistes dans la région, instrumentalise la question migratoire, etc. Je ne vais pas entrer dans les détails. Quoi qu’il en soit, tous les Européens doivent partager cette vue désormais.
Le deuxième point essentiel est qu’en octobre dernier, l’Union européenne, le Conseil européen a offert une chance à la Turquie de revenir à la légalité internationale. Le message envoyé par l’Union européenne était clair. Le ministre a souligné avec sobriété que la fenêtre d’opportunité venait d’être fermée et que toute déclaration de dernière minute que pourrait faire la Turquie dans un avenir proche, ne changera pas l’image qu’a montré ce pays au cours des 1,5 – 2 derniers mois.
Non seulement l’Union européenne a offert une chance à la Turquie, mais elle a décidé de ne pas imposer des mesures ou des sanctions à son égard. Elle a décidé de remettre cela à plus tard et au lieu de saisir cette occasion afin de créer la perspective d’un agenda positif, la Turquie a fait tout le contraire. Elle a détérioré le climat et ne nous laisse désormais plus d’autres choix. Je ne parle pas en tant que Grèce, mais en tant qu’Europe.
Le troisième point que j’aimerais évoquer, en ce qui concerne la déclaration, est que M. Dendias a réitéré que notre pays était toujours prêt à engager un dialogue constructif. Bien entendu, toujours dans le cadre du respect du droit international et du droit de la mer et comme il l’affirme dans sa déclaration, la Grèce exige à cette fin que son interlocuteur respecte le droit international – et je voudrais insister sur ce point – en tant que choix permanent et non à titre occasionnel.
En ce qui concerne cette déclaration, nous pourrons y revenir si vous le souhaitez.
Le deuxième point que je voulais aborder aujourd’hui sur le fond est que le ministre s’est entretenu, ces jours passés, avec un certain nombre de ministres des Affaires étrangères arabes, notamment d’Algérie, de Jordanie, d’Egypte, des Emirats arabes unis et d’Arabie saoudite.
Lors de ces entretiens, il a abordé deux questions. La première était, bien sûr, les relations bilatérales. A la suite de la visite du Président Sissi à Athènes, de la visite du Premier ministre dans les Émirats, des contacts avec l’Arabie saoudite. L’autre question qu’il a soulevée, était la réunion ministérielle imminente de l’Organisation de la coopération islamique, qui se tiendra demain et après-demain à Niamey au Nigeria. A ce titre, il a mis en avant, auprès de ses homologues, les efforts que déploie depuis des années la Turquie, en proposant des projets de résolution, qui bien entendu n’ont rien à voir avec la réalité et s’efforcent de faire passer une image totalement altérée de diverses questions, comme celle de la minorité musulmane à Thrace.
Troisième point, très rapidement. Le ministre s’est entretenu, mardi dernier, avec son homologue britannique, Dominic Raab. Le principal sujet de cette discussion, comme vous pouvez vous en douter, était le dossier chypriote. Le ministre britannique lui a demandé ce que nous pensions d’une éventuelle invitation à une rencontre informelle à cinq parties. Le ministre a répondu que, en tout état de cause, la seule base de règlement de la question chypriote est celle qui est bien connue : une fédération bizonale, bicommunautaire, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et de l’acquis communautaire. Et que toute poursuite des pourparlers sous l’égide du Secrétaire général de l’ONU, pour ce qui est de la résolution de la question chypriote, devra se faire là où l’on s’était arrêté à Crans Montana en 2017.
En ce qui concerne les États-Unis : le président élu des États-Unis, M. Biden, a annoncé que le nouveau Secrétaire d’état américain – qui devra certes passer la procédure de confirmation du Sénat, le « confirmation hearing », sera M. Antony Blinken, qui, comme chacun sait, connaît très bien l’Europe et notre région. Cela est une évolution positive. À ce stade, j’aimerais également souligner que le Secrétaire d’état sortant, M. Pompeo, a fait beaucoup de choses pour le renforcement des relations bilatérales avec la Grèce, mais aussi en Méditerranée orientale. Et bien sûr je vais redire ce que j’ai déjà dit dans le passé et ce qu’a réitéré le ministre à maintes reprises, à savoir que ce que nous attendons de la nouvelle administration américaine, est une plus grande présence des États-Unis en Méditerranée orientale.
De plus, à l’heure même où nous parlons, le ministre tient une séance d’information devant les représentants des partis représentés au Parlement sur le récent accord conclu entre la Grèce et les Émirats arabes unis ainsi que sur la Déclaration conjointe sur le partenariat stratégique. Le ministre des Affaires étrangères fera une déclaration à la fin de ces séances d’information, notamment en ce qui concerne cet accord. C’est pourquoi je ne vais pas m’étendre sur le sujet.
Un peu plus tôt, il s’est entretenu avec le Secrétaire général de l’OTAN, M. Stoltenberg. Les principaux points abordés lors de cette communication téléphonique : M. Stoltenberg a décliné l’ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN qui se tiendra, par visioconférence, mardi et mercredi prochains. J’y reviendrai lorsque je parlerai du programme. Certes le ministre, dans ce contexte, a réitéré nos positions de manière détaillée pour ce qui est de l’attitude provocatrice et infractionnelle de la Turquie et de la situation en général en Méditerranée orientale.
Voilà pour ce qui est de l’introduction.
En ce qui concerne le programme : le ministre s’entretiendra demain avec son homologue italien, M. Di Maio. J’avais annoncé que cet entretien se ferait mardi passé, finalement il se fera demain. Les questions abordées demeurent les mêmes, à savoir la situation en Méditerranée orientale et la Libye.
Le ministre participera à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, qui se tiendra en ligne, mardi et mercredi prochains. Permettez-moi à ce stade d’évoquer certains points. Tout d’abord, lors de la première session de cette ministérielle, le rapport du Processus de réflexion « OTAN 2030 » sera abordé. M. Stoltenberg a désigné un groupe d’experts pour préparer un rapport sur la façon dont l’OTAN devra procéder au cours des dix prochaines années.
Les chefs dudit groupe, à savoir l’ancien ministre de la Défense de l’Allemagne et l’ancien Secrétaire d’état adjoint américain, présenteront les principaux points du rapport. Permettez-moi, à ce stade, de soulever un point concernant ledit rapport. Le texte souligne la nécessité impérieuse de réaffirmer l’engagement des alliés, de tous les alliés de l’OTAN, de respecter les principes et les valeurs de l’alliance (Ex. démocratie, état de droit, droits de l’homme, etc.). Il propose l’adoption d’un code de conduite pour ce qui est des pays alliés.
Par ailleurs, le rapport précise que les alliés doivent éviter d’entraver l’œuvre de l’alliance pour des raisons politiques propres. Dois-je en dire plus ?
Voilà pour ce qui est du rapport de réflexion. Après, les ministres des Affaires étrangères aborderont la question de l’Afghanistan et de la Russie. Par la suite, dans le cadre d’une autre thématique, ils aborderont la question de la Chine, avec la présence des ministres des Affaires étrangères de la Corée du sud, de l’Australie, du Japon, de la Nouvelle Zélande et du Haut représentant de l’Union européenne, M. Borrell.
Enfin, il y aura une discussion par visioconférence avec les ministres des Affaires étrangères de la Géorgie et de l’Ukraine sur la sécurité en mer Noire. Voilà pour ce qui est de la réunion ministérielle de l’OTAN.
En ce qui concerne le programme du ministre des Affaires étrangères, M. Dendias, je dirais qu’à l’heure actuelle nous planifions, probablement pour la semaine prochaine, deux déplacements à l’étranger. Étant donné que nous ne savons pas encore si ceux-ci auront lieu, encore moins le jour exacte, permettez-moi d’y revenir volontiers la semaine prochaine avec des détails, dès que ces déplacements seront confirmés.
Vendredi prochain, bien que ce soit encore loin, nous avons la conférence ministérielle de l’OSCE à Tirana qui se tiendra également en ligne sur Internet. Mais nous en parlerons la semaine prochaine.
Je passe maintenant au programme du ministre adjoint aux Affaires étrangères, M. Varvitsiotis. Tout d’abord, M. Varvitsiotis a aujourd’hui la réunion par visioconférence de la ministérielle de l’Union européenne avec les pays du voisinage sud, coprésidée par la ministre espagnole des Affaires étrangères et le haut représentant / vice-président de la Commission.
Demain, toujours en ligne, il participera à une rencontre au niveau ministériel de l’Union pour la Méditerranée. Mardi 1er décembre, il participera, toujours en ligne, au Conseil informel des Affaires générales qui sera principalement consacré à l’avenir de l’Europe et à l’élargissement. Les ministres des Affaires étrangères des pays candidats des Balkans occidentaux participeront également au débat sur l’élargissement.
En ce qui concerne le Secrétaire d’état aux Affaires étrangères, M. Vlassis, je préciserai qu’aujourd’hui il s’entretiendra avec le Métropolite Ignace de Madagascar et mardi prochain il participera à la réunion ministérielle de l’Union européenne avec les pays ASEAN, qui se tiendra à Singapour.
Voilà pour ce qui est du programme de la direction politique et, comme toujours, je suis à votre disposition pour la séance de questions.
G. MOUTSOS : Bonjour à tous. Nous venons d’apprendre que la majorité du parlement européen, avec 440 voix pour, s’est en fait prononcée en faveur de l’imposition de sanctions à l’encontre de la Turquie. La question est de savoir si nous sommes finalement sur le point d’imposer des sanctions lors du Conseil européen du 10 décembre, compte tenu du fait que le parlement européen n’a pas la possibilité d’imposer des sanctions.
Et suite à cela, nous voyons des pays qui sont hésitants jusqu’à présent, comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, qui changent légèrement de position. Et bien entendu, avez-vous un retour d’information sur ce qui a fait qu’ils ont changé de position vis-à-vis de la Turquie. Merci.
A. PAPAIOANNOU : En ce qui concerne le parlement européen, en effet il n’a pas de pouvoir exécutif pour ce genre de questions. Mais le vote en soi, avec une large majorité, à savoir 440 sur un total de 700, revêt une certaine importance. Je ne sais pas combien ont voté. Mais quoi qu’il en soit, 440 est un chiffre important, un message politique en soi et d’après ce que je peux comprendre, il y a eu un large soutien de la part de nombreux partis au sein du parlement européen. Cela constitue en soi une évolution importante.
Vous me demandez ce qui a changé dans l’attitude de certains pays. C’est ce que je disais plus tôt. D’une part, l’attitude de transgression de la Turquie, qui laisse clairement transparaître qu’elle constitue une provocation, une menace pour la stabilité en Europe.
Par ses actions, la Turquie déstabilise l’ensemble de l’Europe. Je ne veux pas répéter tous les domaines où c’est le cas, je pense que vous les connaissez, mais cela constitue désormais un point commun, non seulement pour les pays qui en font l’expérience au quotidien, mais aussi pour l’ensemble des pays de l’Union européenne.
Et bien sûr, nous y contribuons également par des entretiens, informant nos homologues européens. Le ministre des Affaires étrangères a réalisé un véritable marathon diplomatique qui commence à porter ses fruits.
S. SIDERIS : Bonjour. J’aimerais que nous revenions un peu à la première question, la perte tragique de Georgia Ralli. Elle est la première victime du coronavirus parmi les missions diplomatiques grecques, mais il y a aussi d’autres cas dans les missions diplomatiques, selon les informations.
En Turquie, nous avons eu 6-7 cas de coronavirus. Certains dénoncent même le fait que l’ordre a été donné, alors que la pandémie fait rage, de peindre l’ambassade sans que les mesures nécessaires ne soient prises. Est-ce que la direction du ministère pense prendre certaines mesures pour assurer la sécurité et la santé des employés du ministère des Affaires étrangères ?
Ma deuxième question est la suivante : pour quelle raison M. Dendias a-t-il finalement diffusé un message enregistré sur la Turquie ? Quel était l’objectif ? Car le ministère turc des Affaires étrangères a réagi en disant que c’était pour éviter le dialogue direct entre la Grèce et la Turquie, ce sur quoi la Turquie insiste. Merci.
A. PAPAIOANNOU : Tout d’abord, permettez-moi de dire que je ne veux pas entrer dans le détail. Je me suis référé à la défunte. Tout le reste relève de données personnelles et nous n’entrerons pas dans les détails.
Pour ce qui est de la prévention des cas de coronavirus aussi bien au ministère des Affaires étrangères, qu’à l’étranger, ce que j’aimerais souligner est que, depuis mars, le ministère des Affaires étrangères a donné des instructions sur les mesures à respecter. Nous avons installé un thermomètre au sein du ministère des Affaires étrangères pour limiter le risque de propagation du virus parmi les employés ici à Athènes et bien entendu nous respectons strictement toutes les instructions du ministère de l’ intérieur et du Secrétariat général de la protection civile.
En ce qui concerne les missions à l’étranger, des instructions ont été envoyées depuis longtemps à toutes les missions de l’étranger sur les mesures de protection et deuxièmement nous avons insisté sur le fait que les mesures définies par les autorités locales devront être respectées.
Cela va de soi, ces mesures sont respectées dans la mesure où cela est nécessaire. Je pense que nous avons évité des situations bien pires et je pense que, compte tenu des circonstances, la situation est la meilleure qui soit.
Malheureusement, nous ne pouvons éviter qu’il y ait zéro cas. Cela est impossible. Puisque vous avez parlé de la Turquie, permettez-moi de dire que les autorités turques ont admis hier officiellement qu’ils sont au troisième rang des pays au monde avec le plus grand nombre de cas à l’heure actuelle. Hier, les autorités turques ont parlé de 28 000 cas.
En ce qui concerne la déclaration du ministère des Affaires étrangères, je m’y suis déjà référé au début. Je vous ai dit ce qu’a dit le ministre, je n’ai rien à ajouter. Merci beaucoup.
P. TZANETAKOS : Bonjour. Dans le cas où le Conseil européen décide effectivement d’appliquer des sanctions à l’encontre d’Ankara, est-ce que le ministère examine des scénarios selon lesquels il pourrait y avoir de la part de la Turquie une certaine forme de réaction vis-à-vis de notre pays et par extension de l’Union européenne ? Et quel type de réaction pourrait-ce être, selon vous ?
A. PAPAIOANNOU : Permettez-moi de me référer à un entraîneur portugais. Hier un grand nom du football nous a quittés et je me suis donc souvenu les paroles de cet ancien entraîneur. On lui avait demandé avant un match « quels sont vos pronostics ? ». Et il avait répondu « Mes pronostics, je vous les donnerai à la fin du match ».
Ainsi, je dirais qu’à l’heure actuelle, nous axons toute notre attention sur le fait que nous voudrions assurer une vision commune des Européens sur ce qu’est la Turquie aujourd’hui, la provocation et la menace qu’elle représente et que nous nous focalisions sur l’application des conclusions du Conseil européen d’octobre en ce qui concerne cette question. Permettez-moi à ce stade de vous lire ce que disait le Conseil européen, le 1er octobre :
« Paragraphe 20 : en cas de nouvelles actions unilatérales ou provocations en violation du droit international (de la part de la Turquie), l'UE utilisera tous les instruments et toutes les options à sa disposition, y compris conformément à l'article 29 du TUE et à l'article 215 du TFUE, pour défendre ses intérêts et ceux de ses États membres ».
Par la suite, les conclusions mentionnent : « Le Conseil européen continuera à suivre de près l'évolution de la situation, et il reviendra sur la question en conséquence et prendra des décisions, le cas échéant, au plus tard lors de sa réunion de décembre ».
Voilà ce que dit le Conseil européen, cela étant nous nous préparons pour le conseil européen de décembre.
A. ZACHARIADIS : Bonjour. Je voulais vous demander – car vous l’avez dit et le porte-parole du gouvernement le dit aussi souvent – que signifie en pratique pour la Grèce ce que l’on attend de constance et de continuité de la Turquie ? Pensons-nous que l’Oruc Reis partira le 29 novembre ? Attendons-nous autre chose ? Est-ce que nous posons une autre condition ou bien attendons-nous quelque chose de précis de la part de la Turquie à part cela ? Merci.
A. PAPAIOANNOU : Écoutez, les propos du ministre, mardi dernier, sont éloquents. Il a parlé d’un choix permanent et non d’un « pavillon de complaisance ». Il a dit qu’une chance a été donnée à la Turquie de mettre fin à son attitude illégale, tant que cela aurait un sens.
Je pense que cela parle de lui-même, il n’y a pas besoin de se perdre en conjectures. Je pense que ce que nous devons voir, c’est l’attitude de la Turquie sur le long terme. Ce que nous attendons de la Turquie.
Vous avez dit que le navire Oruc Reis pourrait partir le 29 novembre. Nous avons entendu cela. Des hauts fonctionnaires turcs l’ont mentionné publiquement. Nous verrons. Mais là encore, ce sur quoi j’insiste c’est que nous ne parlons pas de manifestations de bonne volonté du dernier moment.
Je pense que cela en dit long. Permettez-moi de ne pas continuer, je n’ai rien à ajouter à cet égard.
CH. AGROLAMBOS : Bonjour à tous. Que se passera-t-il si le navire Oruc Reis part le 30 et qu’une invitation est adressée pour les contacts exploratoires à Istanbul, qui sont toujours en suspens ?
A. PAPAIOANNOU : Le ministre a déjà répondu à cette question. Permettez-moi de répéter ce qu’il a dit : que nous sommes toujours fidèles à l’idée d’un dialogue franc. Et le ministre a ajouté que cela nécessite que notre interlocuteur ait prouvé qu’il respecte le droit international et, je le souligne encore, en tant que choix permanent et non comme un « pavillon de complaisance ». Cela en dit long. Je n’ai rien à ajouter.
G. EVGENIDIS : Bonjour M. Papaioannou. Étant donné que le ministre a parlé aujourd’hui avec le Secrétaire général de l’OTAN, M. Stoltenberg, si la réunion ministérielle se tient en présentiel la semaine prochaine, une rencontre en marge de cette conférence avec M. Cavusoglu est-elle prévue ?
A. PAPAIOANNOU : Elle ne se tiendra pas en présentiel en raison de la situation mais par visioconférence. Cela est certain.
Μ. GASIAMIS : Le ministre turc de la défense continue de rejeter la responsabilité sur des pays comme la France et l’Allemagne pour l’inspection du navire cargo dans la zone relevant de l’opération IRINI. Dans la presse turque, il est même question de représailles sur des navires commerciaux grecs. Que pensez-vous de cette attitude ?
A. PAPAIOANNOU : Tout d’abord, j’aimerais dire que l’opération IRINI est une opération de l’Union européenne, laquelle, suite à la décision y relative du Conseil de sécurité de l’ONU, applique l’embargo sur les armes en Libye. Dans ce contexte, la frégate allemande, qui était sous administration européenne, a procédé à l’inspection d’un navire turc. La suite, nous la connaissons tous.
M. Borrell a d’ores et déjà répondu à cette question, je n’ai rien d’autre à ajouter.
K. BALI : Si vous me permettez de revenir à une question précédente, car pour moi ce que le ministre entend par la continuité dont doit faire preuve la Turquie n’est pas clair. En d’autres termes, excluez-vous la possibilité que les contacts exploratoires commencent si le navire Oruc Reis part demain et qu’une invitation est lancée ?
A. PAPAIOANNOU : Permettez-moi de revenir sur les propos du ministre.
K. BALI : Si c’est cela, ne vous fatiguez pas.
A. PAPAIOANNOU : Je ne me fatigue pas, simplement je vais vous répondre. Le ministre dit qu’indépendamment des déclarations de dernière minute que peut faire la Turquie, il n’est pas facile pour elle de berner l’Union européenne. Car l’Union européenne n’est pas dupe. Je pense que cela en soi est très clair.
G. MANDALIDIS : Vous avez répondu tout à l’heure et sans doute serait-il inutile que je revienne à la question des navires commerciaux. Il y a des informations selon lesquelles la Turquie donnera une réponse sur le terrain et c’est ce sur quoi insiste M. Cavusoglu. Quel est votre commentaire et quelles mesures sont prises. Est-ce que les articles disant que les navires commerciaux grecs seront inspectés vous inquiètent ? Je pense que vous avez répondu tout à l’heure, je ne sais pas si vous avez autre chose à ajouter.
A. PAPAIOANNOU : Je n’ai rien d’autre à ajouter. Je dirais encore une fois qu’il est question ici d’une opération de l’Union européenne. C’est clair et c’est pourquoi je ne veux revenir sur la question. Tous ceux qui participent à l’opération y participent sous la casquette européenne. Tel est le principal point que j’aimerais que nous retenions.
TH. ARGYRAKIS : Bonjour. J’aimerais avoir une précision concernant le communiqué publié par l’Union des employés diplomatiques suite au décès de la fonctionnaire à Ankara, disant que cet événement tragique souligne la nécessité d’assurer une couverture médicale, pharmaceutique et d’assurance au personnel du ministère des Affaires étrangères dans des pays hors UE, autrement dit à l’écrasante majorité des employés du service extérieur et par la suite le communiqué dit que c’est une question de longue date, etc.
Je comprends donc qu’il y a un problème pour ce qui est de la couverture médicale et pharmaceutique dans des pays tiers hors UE. Pourriez-vous nous dire si le Service du ministère des Affaires étrangères a prévu quelque chose pour répondre à cette question.
Deuxièmement, dans le communiqué de presse qu’il nous a envoyé, M. Katrougalos parle de « …un appel au ministre lors de la rencontre d’aujourd’hui concernant la nécessité d’avoir un protocole de protection clair…dans nos ambassades à l’étranger suite au décès de l’employée. »
J’aimerais que vous me répondiez à cela et je vois également que M. Katrougalos a soulevé une question lors de la rencontre, à savoir quelles sont les lignes rouges d’Athènes, de la Grèce pour ce qui est des actions de la Turquie. Il a noté que par le dernier message NAVTEX, la Turquie soulève la question de l’activité illégale à 5,8 milles nautiques et s’interroge sur le fait de savoir quelles sont finalement les lignes rouges. Ces lignes sont-elles l’envoi du navire de forage turc à l’ouest du 28e méridien. J’aimerais une réponse à ce sujet. Merci.
A. PAPAIOANNOU : J’ai retenu trois questions.
TH. ARGYRAKIS : Non deux. La première concerne le coronavirus.
A. PAPAIOANNOU : La première concerne le communiqué de l’Union des employés diplomatiques qui a été envoyé au personnel diplomatique, à l’ensemble des membres de l’Union des employés diplomatiques. Des collègues ont répondu à ce communiqué dans le cadre de la correspondance interne. Je n’ai rien d’autre à ajouter. Tout collègue le souhaitant peut, dans le cadre de l’Union des employés diplomatiques, exprimer son point de vue concernant le communiqué de cette dernière.
En ce qui concerne le message Navtex, puisque vous soulevez la question, nous avons d’ores et déjà publié un communiqué depuis samedi passé sur la question. Le ministre s’est également exprimé sur la question mardi dernier. Je n’ai rien d’autre à ajouter. Merci beaucoup.
G. MOUTSOS : J’aimerais poser la question suivante : dès lors que le 10 décembre nous avons ce Conseil et si l’on ne voit pas de fumée blanche et que l’Union européenne n’aboutit pas à quelque chose concernant les sanctions. Quel sera le prochain pas que fera la Grèce ? Que ferons-nous ?
A. PAPAIOANNOU : Je vais revenir à ce que je vous disais tout à l’heure au sujet de cet entraîneur. Mes pronostics, à la fin du match. Au risque de devenir fatiguant, je réitèrerais que nous voulons à l’heure actuelle qu’il y ait une vision commune au niveau européen en ce qui concerne l’attitude de la Turquie et que dans ce contexte soient appliqués ce qu’ont d’ores et déjà décidé les chefs d’États et de gouvernements de l’Union européenne au Conseil européen. Je n’ai rien d’autre à ajouter.
Κ. TSAMOURI : Dans le cas où les Européens ne décident pas de prendre des sanctions – mesures à l’encontre de la Turquie, malgré qu’elle ait fait tout le contraire de ce qui est inclus dans les conclusions d’octobre, quelles seront les prochaines actions d’Athènes ?
A. PAPAIOANNOU : Je le redis : à l’heure actuelle, nous nous préparons pour le Conseil européen. Nous avons une ligne claire, nous avons dit quel est le problème et ce que doit faire le Conseil européen. Nous en sommes là en ce moment, c’est notre principale préoccupation à l’heure actuelle.
S. SIDERIS : Il existe un caractère unilatéral dans les contacts entre le ministre grec des Affaires étrangères et les pays du Golfe, le monde arabe. Il a même discuté avec l’Algérie, mais nous n’avons pas de représentation en Libye par exemple car nous avons expulsé l’ambassadeur libyen, ou encore en Syrie, qui sont deux parties importantes qui influencent très certainement la politique de l’Union arabe et du monde arabe.
Qu’avons-nous l’intention de faire à cet égard ? J’ai vu, ces derniers mois, qu’il y a un contact entre le ministre grec des Affaires étrangères et l’ambassadeur américain en Libye en présence de l’ambassadeur américain. Avons-nous transféré nos compétences diplomatiques à la diplomatie américaine ? C’est ce qui s’est passé ? Car c’est la première fois que je vois un ministre parler à un ambassadeur en présence d’un autre ambassadeur.
Ce caractère unilatéral crée peut-être des problèmes dans les Balkans, où les questions sont très importantes, avec d’un côté ce qui se passe entre le Kosovo et la Serbie et ce qui se passe entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie, où nous n’avons pas pris position. Peut-être devrions-nous prendre position, une initiative pour ce qui est du conflit Macédoine du Nord – Bulgarie pour que soient minimisés les problèmes qui existent dans la région ? Merci.
A. PAPAIOANNOU : C’est moi qui vous remercie. En ce qui concerne la Libye et la Syrie, comme vous le savez très bien, le ministre des Affaires étrangères a désigné un envoyé spécial pour la Libye, l’ambassadeur Lazaris et un envoyé spécial pour la Syrie, l’ambassadeur Mme Athanassiou. Par ailleurs, comme je l’ai dit la dernière fois, un chargé d’affaires a été désigné en Syrie, avec son siège à Beyrouth, je n’ai donc rien à ajouter à ce sujet.
En ce qui concerne ce que vous avez dit sur la région des Balkans, je vais réiterer que la Grèce soutient fermement la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux sur la base de la conditionnalité, et dans ce cadre même celle de la Macédoine du Nord, car nous estimons que cela aidera à la stabilisation de la région élargie.
CH. AGROLAMBOS : 193 députés européens ont voté contre les sanctions à l’encontre de la Turquie et 53 se sont abstenus. 193 votes négatifs sur un vote concernant des sanctions, 193 c’est beaucoup et manifestement ce chiffre traduit les points de vue gouvernementaux de pays.
Si les gouvernements de ces eurodéputés insistent sur l’agenda positif pour lequel le ministre a dit qu’il n’y a pas de place, il n’y a pas de place pour un dialogue formel, que se passe-t-il dans ce cas ?
A. PAPAIOANNOU : Tout d’abord, les députés européens ne représentent pas leurs gouvernements.
CH. AGROLAMBOS : Ils se font l’écho des points de vue de leurs gouvernements.
A. PAPAIOANNOU : Ils ne se font pas l’écho des points de vue de leurs gouvernements. Mais de ceux qui les ont élus. Ils appartiennent à des partis européens et se font l’écho de ces points de vue.
Je voulais faire une parenthèse ici. Cela ne veut pas dire que ceux qui n’ont pas voté en faveur de cette résolution – dont je n’ai d’ailleurs pas vu la teneur, je ne sais pas si tous ceux qui ne l’ont pas votée, s’ils n’ont pas voté en faveur parce qu’ils ne sont pas d’accord avec la résolution dans son ensemble. Peut-être ne sont-ils pas d’accord avec une partie. Je ne peux pas le savoir à l’heure actuelle, donc je ne veux émettre aucune hypothèse.
Mais j’aimerais souligner une chose : je n’ai entendu personne dire qu’il y a, à l’heure actuelle, après tout ce comportement de la Turquie ce dernier mois et demi, la possibilité d’un agenda positif. C’est tout le contraire je dirais.
Je voulais mettre l’accent là-dessus. Car l’agenda positif est une autre chose et les conclusions du Conseil européen disent ce qui constitue un agenda positif et si vous me le permettez je vais regarder et vous le dire tout de suite.
Je lis les conclusions, au paragraphe 19 : « ...un programme politique constructif entre l'UE et la Turquie mettant particulièrement l'accent sur la modernisation de l'union douanière et la facilitation des échanges commerciaux, les contacts entre les personnes, les dialogues à haut niveau et la poursuite de la coopération sur les questions de migration, conformément à la déclaration UE-Turquie de 2016 ».
Si vous me permettez, je n’ai entendu personne dire qu’à l’heure actuelle il soit encore possible de parler d’un agenda positif UE – Turquie. Tout le contraire je dirais. Tout le monde dit que la Turquie a été dans la direction opposée et qu’il n’y a aucune possibilité de faire autre chose. C’est tout ce que j’ai à dire pour l’instant.
G. MANDALIDIS : J’ai lu tout à l’heure dans la presse, sur le réseau de l’état que M. Stoltenberg a eu un entretien avec M. Cavusoglu. Y a-t-il une tentative de médiation de la part du Secrétaire général en vue de la réunion au sommet pour améliorer la situation ? Ou bien était-ce juste la séance d’information en vue de la réunion ministérielle ?
A. PAPAIOANNOU : Le Secrétaire général de l’OTAN toujours avant les réunions ministérielles et notamment lorsqu’il y a de nombreux points à l’ordre du jour, a l’habitude de s’entretenir avec l’ensemble des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’OTAN pour leur décliner l’ordre du jour. C’est une pratique immuable et de la même façon qu’il a parlé avec M. Dendias un peu plus tôt, il a parlé avec M. Cavusoglu plus tard.
Α. ALEXOPOULOS : Bonjour à tous. J’aimerais tout d’abord vous poser une question sur les rencontres d’aujourd’hui de M. Dendias. Nous voyons SYRIZA et plus particulièrement le chef du dossier Affaires étrangères, M. Katrougalos – certes cette question a été répondue tout à l’heure – dire certaines choses concernant les lignes rouges. Il y a la déclaration du porte-parole du parti communiste, M. Marinos, qui arrive en guise de réponse – c’est ainsi que je perçois cette déclaration – qui dit que la ligne rouge est en fait la co-exploitation dans l’Egée.
Et je voudrais demander à ce sujet s’ils discutent d’une co-exploitation finalement ou non. Et une deuxième question, je vais vous faire revenir à il y a quelques jours, un rapport de police et vous demander à propos des djihadistes ; nous avons vu au cours de ces 15 derniers jours deux djihadistes passer les frontières grecs et être arrêtés.
A. PAPAIOANNOU : Quelle est votre question à ce sujet ?
Α. ALEXOPOULOS : Ma question est : quelles actions sont faites s’agissant de votre ministère ? Est-ce qu’il ne faudrait-il pas qu’il y ait un contrôle avant l’entrée dans le pays ?
A. PAPAIOANNOU : Avant l’entrée dans un autre pays, vous voulez dire ?
Α. ALEXOPOULOS : Non. Je veux dire lorsqu’ils viennent avec les flux migratoires sur les bateaux. Ne faudrait-il pas qu’il y ait un plus grand contrôle à ce moment-là.
A. PAPAIOANNOU : Donc à l’entrée, lorsqu’ils sont déjà arrivés dans le pays. Car le contrôle se fait lorsqu’ils sont arrivés dans le pays et non avant l’entrée. C’est pourquoi je dis que cela aussi est important. Lorsqu’on parle de contrôle…
Α. ALEXOPOULOS : Je n’ai sans doute pas bien expliqué. Ce que je veux en fait dire c’est que le dernier était entré dans le pays en 2018. C’était sans doute déjà trop tard, les deux années. Il aurait pu passer jusqu’en Allemagne.
Α. PAPAIOANNOU : Permettez-moi ici de ne pas entrer dans le détail. Cela relève de la compétence du ministère de la protection civile. Mais à ma connaissance de nombreux contrôle minutieux sont effectués sur les personnes entrant légalement ou illégalement dans le pays le cas échéant.
Mais je vous redis. Je vous renvoie au ministère de la Protection du citoyen pour de plus amples informations sur le sujet. Vous l’avez dit vous-même, c’était un rapport de police.
Α. ALEXOPOULOS : Et pour ce qui est de ma première question ?
A. PAPAIOANNOU : Sur ce qu’a dit le porte-parole du parti communiste de Grèce, vous pouvez volontiers demander à M. Marinos qui vous dira ce qu’il entend par-là.
S. SIDERIS : Vous ne m’avez pas répondu si nous avions transféré nos compétences diplomatiques aux États-Unis en Libye. Premièrement.
Deuxièmement, que s’est-il passé avec les soi-disant députés turcs qui ont été arrêtés à Katakolo. Y a-t-il eu un contact diplomatique, ou certaines procédures ?
Et troisième et dernière question pour aujourd’hui, qu’en est-il des statuts du ministère des Affaires étrangères ? Je crois qu’ils reviennent de la Cour des Comptes et du Bureau de comptabilité générale pour que des corrections y soient apportées, selon les informations disponibles. Finalement quand entreront-t-ils en vigueur ?
A. PAPAIOANNOU : En ce qui concerne le projet de loi sur les statuts du ministère des Affaires étrangères, celui-ci sera bientôt soumis au Parlement. Je peux vous l’assurer.
S. SIDERIS : J’ai eu une confirmation sur ce que j’ai demandé.
A. PAPAIOANNOU : Il sera bientôt soumis au Parlement.
Le ministre des Affaires étrangères a la possibilité de s’entretenir avec différents hauts fonctionnaires d’autres pays pour discuter des évolutions internationales et dans ce contexte il avait eu une discussion avec l’ambassadeur américain en Libye.
Certes, puisqu’il était avec un haut fonctionnaire américain, l’ambassadeur américain était présent, en ligne. Je ne vois rien de mal à cela.
S. SIDERIS : Concernant Katakolo vous ne m’avez pas répondu.
A. PAPAIOANNOU : Demandez au ministère de la Protection du citoyen s’il vous plait.
S. SIDERIS : Il n’y a pas eu non plus une démarche du côté de la Turquie ?
A. PAPAIOANNOU : Demandez s’il vous plait au ministère de la Protection du citoyen. Cette question relève de sa compétence.
S. SIDERIS : Les démarches du ministère des Affaires étrangères de la Turquie sont envoyées au ministère de la Protection du citoyen ?
A. PAPAIOANNOU : Très bien. Merci beaucoup M. Sideris.
S. SIDERIS : Si quelque chose a changé dites le moi que je le sache.
A. PAPAIOANNOU : Je ne vois pas d’autre question.
Je vous remercie. On se voit la semaine prochaine, sauf imprévu. Bonne journée.
November 27, 2020