La question chypriote
La question chypriote a de profondes racines historiques et revêt différents aspects internes et externes. Toutefois, depuis l’invasion turque illégale (juillet-août 1974) et l’occupation d’environ 37% du territoire de la République de Chypre depuis cette date, il s’agit avant tout d’un problème international d’invasion et d’occupation, en violation directe de la Charte des Nations Unies et d’une série de résolutions des Nations Unies.
Depuis 49 ans maintenant, la Türkiye refuse de retirer les forces armées d’occupation illégale de Chypre qui en font désormais la région la plus militarisée au niveau mondial. Par ailleurs, la question chypriote est un cas typique de violation permanente, flagrante et massive des libertés et droits de l’homme fondamentaux par la Türkiye. Plus spécifiquement, la Türkiye viole les droits des réfugiés Chypriotes grecs, des personnes portées disparues et de leurs proches, ainsi que des personnes enclavées dans la partie occupée de l’île et poursuit systématiquement la colonisation illégale et la destruction du patrimoine culturel dans les parties occupées de Chypre.
La communauté internationale s’est à plusieurs reprises exprimée au sujet de la question chypriote, condamnant l’invasion et exigeant le retrait des forces d’occupation, dans une série de décisions et résolutions lors de fora internationaux, comme l’Assemblée générale et le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le Parlement européen, le Conseil de l’Europe, le mouvement des non-alignés et les Etats membres du Commonwealth.
En novembre 1983, la partie turque a procédé à la proclamation unilatérale d’indépendance du pseudo-Etat dans la partie Nord de Chypre. Par ses résolutions 541/1983 et 550/1984, le Conseil de Sécurité a condamné cette action unilatérale illégale, en demandant sa révocation et en invitant les Etats à respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territorial de la Républiquede Chypre et de ne pas reconnaître ou soutenir de quelque manière que ce soit l’entité sécessionniste illégale.
Les Résolutions des Nations Unies invitent les deux communautés à parvenir à une solution convenue conjointement au problème politique interne de Chypre au moyen de négociations, dans le cadre du respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la République de Chypre, du retrait rapide des forces armées étrangères, de la cessation de toute ingérence étrangère dans ses affaires et l’adoption de mesures d’urgence pour le retour de tous les réfugiés dans leurs foyers.
Les Décisions des Nations Unies déterminent également la base d’une solution convenue, au sein d’une fédération bicommunautaire et bizonale fondée sur l’égalité politique, conformément aux Résolutions pertinentes de l’ONU, mais au sein d’une souveraineté, une personnalité internationale et une citoyenneté. La solution envisagée devra par ailleurs, compte tenu de la qualité de Chypre en tant qu’Etat membre de l’Union européenne, être pleinement conforme au cadre institutionnel et juridique de l’UE et assurer la continuation de la participation efficace de Chypre aux processus de prise de décisions de l’Union européenne.
La coopération et coordination permanentes de la Grèce et de Chypre constituent un facteur décisif visant à un règlement global, mutuellement acceptable, équitable et durable de la question chypriote, toujours comme prévu par les Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité de l’ONU et au sein de l’acquis communautaire dans tout le territoire de l’île réunifiée.
Les pourparlers pour parvenir à une solution de la question chypriote dans le cadre de l’ONU ont été interrompus sans atteindre un règlement final pendant le Conférence de Crans Montana sur Chypre, en juillet 2017. Durant la réunion informelle « 5+ONU » qui a été convenu par le Secrétaire Général de l’ONU en Avril 2021, la partie turque et chypriote-turque a rejeté au total le cadre de pourparlers proposé par l’ONU au sein d’une fédération bicommunautaire et bizonale, en soutenant désormais une solution à deux états.
De plus, malgré ses obligations communautaires (Protocole Additionnel à l’accord d’Ankara, Déclaration de l’UE de 21ème Septembre 2005), la Türkiye insiste sur son refus de normaliser ses relations et de reconnaître la République de Chypre.
D’ailleurs, Ankara s’est concentrée sur sa campagne de valorisation au niveau international de l’entité sécessionniste illégale dans les territoires occupés. Pour cette raison, la Grèce conjointement avec la Chypre et avec le soutien de l’UE et des Etats-Unis, restent prêts au niveau diplomatique.
A l’issue de son élection à la Présidence de l’Etat, en février 2023, Président Christodoulidis a priori la valorisation du rôle de l’UE dans les efforts tendant à la reprise de négociations dans le cadre de l’ONU. Dans ces Conclusions de 30.6.2023, le Conseil Européen a appelé de ses vœux l’UE à jouer un rôle actif dans le soutien « à chaque étape », du processus mené sous l’égide des Nations unies, « en utilisant tous les moyens appropriés à sa discrétion ».
La position intransigeante de la Türkiye et de la partie chypriote-turque concernant le processus des négociations est suivie par les efforts systématiques d’imposer des nouveaux faits accomplis dansVarosha et dans la Zone Tampon. Le Conseil de Sécurité a condamné, de manière répétitive, telles actions. En plus, le Conseil de Sécurité, par sa résolution plus récente, a averti que toute acte unilatérale dansVarosha peut conduire à la prise des mesures par le Conseil de Sécurité.
Le défis le plus récent dans la Zone Tampon du côté turc, était l’agression contre la force de maintien de la paix de Nations Unies à Chypre (UNFICYP) à Pyle (18.8), qui tentaient de bloquer des activités de construction non-autorisées à l’intérieur de la Zone Tampon par la partie chypriote-turque. Les membres du Conseil de Sécurité (Déclaration à la Presse de 21.8), aussi qu’une grande partie de la communauté internationale (UE, SG/ONU, P3 du Conseil de Sécurité, Chine et Egypte)ont gravement condamné ces actions, qui faciliteraient l’accession des forces d’occupation dans la région. De même, la Présidente de la République, lors de sa visite à Chypre le 1er octobre 2024, a souligné que les deux pays continueront à œuvrer pour la réunification de Chypre et de son peuple.
Du côté grec, m. le Premier Ministre, durant sa visite à Chypre (31.7) et aux Nations Unies (21-22.9) a réaffirmé l’attachement indéfectible de la Grèce sur la résolution de la question chypriote, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité, qui constitue une priorité absolue pour la Grèce. En même temps, il a envoyé le message que les relations entre la Grèce et la Chypre sont excellentes et leur coordination concernant la question chypriote est assuré.
Le ministre des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, a rencontré l'envoyée personnelle du Secrétaire général des Nations Unies pour Chypre, María Angela Holguín Cuéllar, le 6 février et le 14 mai 2024, à Athènes, dans l'attente du lancement d'un dialogue entre les parties en vue d'un règlement juste et viable de la question chypriote sur la base d'une fédération bizonale et bicommunautaire et dans le cadre des résolutions et des décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies et conformément aux principes fondamentaux de l'UE et de l'acquis de l'UE. À cet égard, il convient de noter que les conclusions du Conseil européen des 17 et 18 avril 2024 soulignent que, pour renforcer encore la coopération euro-turque, l'UE attache une importance particulière à la reprise et à l'avancement des pourparlers sur le règlement de la question chypriote. Le 15 octobre 2024, une réunion informelle entre le président de la République de Chypre, Nikos Christodoulides, le dirigeant chypriote turc, Ersin Tatar, et le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a eu lieu à New York, à l'initiative de ce dernier.
LES POSITIONS DE LA GRÈCE
• La coopération continuelle et la pleine coordination avec la République de Chypre à tous les niveaux constitue la pierre angulaire de la politique de la Grèce concernant la question chypriote.
• La Grèce continuera de constamment rappeler que la question chypriote est surtout un problème international d’invasion et d’occupation.
• Les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, y compris la plus récente Résolution 2674 de 30 janvier 2023 prorogeant le mandat de UNFICYP, expriment la volonté collective de la communauté internationale de trouver une solution à la question chypriote, dans le cadre de l’ONU.
• Il est important que, malgré la situation tragique internationale crée par l’invasion russe de l’Ukraine, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité semblent de rester en accord entre eux.
• De plus, nous félicitons la disponibilité de l’Union Européen, déclarée dans les Conclusions du Conseil Européen de 30 juin 2023, à assumer un rôle actif dans le soutien du processus mené sous l’égide des Nations Unies concernant la résolution de la question chypriote, en utilisant tous les moyens appropriés à sa discrétion.
• Notre objectif est de renforcer le soutien international vers la République de Chypre, qui, depuis 49 ans fait face à l’occupation continuelle de plus d’un tiers de son territoire et aux efforts systématiques d’imposer des nouveaux faits accomplis, surtout dans Varosha et dans la Zone Tampon.
• La preuve des intentions publiquement déclarées par la partie Turque et par les dirigeants chypriotes-turcs inclue les actions unilatérales et illégalesd’ « ouverture » de la zone littorale de Varosha, en violant les Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui appelle pour le placement du secteur de Varosha sous l’administration du Conseil de Sécurité.
• Ces actions turcs et chypriotes-turcs ont été condamnées directement et répétitivement par le Conseil de Sécurité de l’ONU, y compris par la Résolution 2674/2023 du Conseil de Sécurité, qui « souligne une fois de plus qu’il importe d’éviter toute acte unilatérale susceptible de conduire à une réponse par le Conseil de Sécurité ».
• Tant que la Türkiye continuera à s’insister à ses demandes inacceptables, hors cadre des Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour une solution « à deux états », à ses efforts à imposer des nouveaux faits accomplis et à sa campagne de valorisation au niveau international de l’entité sécessionniste illégale dans les territoires occupés, il n’y a pas source d’optimisme.
• Malheureusement, les messages envoyés par la Türkiye, dans toute occasion, concernant la possibilité de reprise des pourparlers sur la question chypriote, restent négatifs.
• La position intransigeante de la Türkiye ne faiblira pas l’engagement ferme de la Grèce de reprendre les pourparlers toujours dans le cadre des Résolutions pertinentes de l’UE.
• La solution que nous avons comme objectif peut être effectuer seulement par des négociations, dans le cadre contraignant du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
• Cette solution devra libérer la République de Chypre par les forces d’occupation turques et par le système obsolète des garanties et de droits d’intervention dans les affaires chypriotes.
• Et bien sûr, il devra garantir l’application de l’acquis communautaire dans tout le territoire de l’île réunifiée.