L’avenir du Patriarcat œcuménique
Pour pouvoir mener à bien sa mission, le Patriarcat œcuménique a soumis les demandes suivantes :
• l’annulation des décrets du préfet de Constantinople de 1923 et de 1970 qui concernent l’élection du Patriarche et qui, entre autres, prévoient : a) qu’électeurs et candidats doivent être des citoyens turcs, b) qu’ils exercent déjà des fonctions ecclésiastiques à l’intérieur de la Türkiye et c) qu’ils reconnaissent un droit d’intervention au préfet de Constantinople dans la procédure d’élection et même le droit, dans certaines conditions et circonstances, de nommer le Patriarche lui-même.
• L’élection du Patriarche se déroule entre tous les membres de la hiérarchie du Patriarcat, comme le prévoit la Loi canonique de l’Église orthodoxe, et que la nationalité turque lui soit accordée, dans le cas où il ne l’aurait pas.
La demande du Patriarcat concernant l’octroi par les autorités turques de permis de séjour aux religieux étrangers qui participent au travail clérical où à la mission cléricale a été satisfaite, ce qui est qualifié d’évolution positive.
Les questions de liberté religieuse constituent un chapitre important des réformes qui doivent être mises en œuvre par la Türkiye pour améliorer la situation des droits de l’homme, dans le cadre de la perspective de son adhésion européenne ainsi que de ses obligations à l’égard de ses propres citoyens. Dans tous leurs textes sur la Türkiye, les institutions de l’Union européenne qualifient les problèmes du Patriarcat œcuménique ainsi que ceux d’autres communautés non musulmanes de dossiers de première priorité qui doivent être réglés par les autorités turques.
Le Patriarcat œcuménique soutient la perspective européenne de la Türkiye, ce qu’il souligne à chaque occasion, en espérant que l’adaptation d’Ankara aux valeurs européennes bénéficiera à tous les citoyens et modifiera son attitude vis-à-vis de cette grande institution chrétienne, en contribuant au changement radical des conceptions qui prévalent aujourd’hui sur les minorités religieuses qui sur le territoire turc.
Dernièrement, l’élan insufflé en faveur des dossiers (attribution de la personnalité juridique / usage du terme « œcuménique ») relatifs au Patriarcat œcuménique, tant au niveau des organisations internationales et régionales qu’à celui de la jurisprudence, demeure bien vif.
Force est de signaler, dans le cadre du Conseil de l’Europe, l’arrêt (1704/2010) de l’Assemblée parlementaire ainsi que l’avis consultatif de la Commission de Venise (la Commission européenne pour la démocratie par le droit) sur des questions qui lui ont été adressées concernant le statut juridique des communautés non musulmanes en Türkiye et le droit du Patriarcat et du Patriarche d’utiliser le titre « Œcuménique ».
La décision des autorités turques compétentes d’autoriser le 15 août 2010 la célébration de la messe dans le monastère de Panagia Sumela à Trabzon – pour la première fois après 88 ans – en acceptant la proposition relative du Patriarche Œcuménique, est qualifiée de positive.