D. DROUTSAS: J’aimerais souhaiter la bienvenue à Athènes au ministre des Affaires étrangères de la Turquie et cher ami, Ahmet Davutoglu. Bienvenue Ahmet.
Ces derniers dix-huit mois ont ete marques par des rencontres frequentes. Nous recherchons et preparons systematiquement ces rencontres afin qu'elles puissent produire des resultats. Car notre objectif, notre objectif commun est la promotion ulterieure de la cooperation greco-turque, un objectif auquel nous sommes fermement attaches. Aujourd'hui aussi, nous avons eu une rencontre particulierement constructive. Nous avons aborde des questions d'interet bilateral auxquelles je reviendrais tout a l'heure. Nous avons echange des vues sur la conjoncture internationale et notamment sur la situation dans notre voisinage direct, qui comme vous le savez, n’est pas bonne. Pour ce qui est de la Libye et de la region elargie du Moyen-Orient, M. Davutoglu et moi partageons la meme inquietude. Et j’aimerais a ce titre rappeler que les Premiers ministres de la Grece et de la Turquie ont des contacts etroits, des les premiers instants de la crise et il est certain – et c’est notre constatation commune avec M. Davutoglu – que la situation qui prevaut en ce moment en Libye ne peut, ne doit pas, continuer et nous sommes convenus de discuter aujourd’hui et d’examiner les details qui nous permettrons, a la Grece et a la Turquie, de cooperer plus etroitement et plus efficacement dans ce domaine et notamment dans la question tres importante de l’aide humanitaire necessaire dans cette region.
En ce qui concerne les relations bilatérales, un bref bilan a été dressé sur la coopération gréco-turque jusqu’à présent. Cette coopération, comme vous le savez, est promue à travers le principal véhicule que nous avons créé, ledit Conseil supérieur de coopération gréco-turque et nous deux pouvons être satisfaits des résultats dès la première réunion de cette instance, en mai passé, lors de la visite du Premier ministre turc M. Erdogan ici à Athènes.
Nous croyons en ce mécanisme, en son côté pratique, aux possibilités et perspectives d'avenir qu'il offre pour le renforcement ultérieur de la coopération gréco-turque dans des domaines très importants comme, à titre indicatif, le commerce, l'économie, la coopération économique de manière plus générale, la culture, le tourisme, la protection du citoyen et de l’environnement.
Nous attendons avec impatience l’organisation du deuxième Conseil supérieur de coopération et comme nous l’avons dit ce Conseil devrait se tenir en juin, en Turquie cette fois, et nous aborderons cette question de manière plus détaillée aujourd'hui, en même temps que nous préparerons les prochaines actions à entreprendre.
Notre coopération dans le domaine de l’économie est au cœur de cet effort. Nous avons constaté avec satisfaction que les exportations grecques vers la Turquie avaient augmenté l’année passée. Les deux parties sont particulièrement actives au niveau entrepreneurial. Et nous, en tant que gouvernement voulons faciliter et encourager toutes les initiatives visant à élargir la coopération économique entre nos deux pays.
Bien entendu, il reste encore beaucoup à faire au niveau de nos relations bilatérales, qui sans aucun doute s’intègrent dans le cadre des relations de la Turquie avec l’Union européenne.
Les contacts exploratoires, comme nous les avons appelés, se poursuivent. Nous demeurons attachés à l’effort, un effort difficile. Tout le monde sait qu’il existe des différends entre nous et des positions différentes et c’est d’ailleurs là-dessus que nous discutons. Le cadre, toutefois, est clair et bien connu : respect du droit international, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre pays. Certaines pratiques de la Turquie - et nous l'avons dit d'emblée - ne contribuent pas à cet effort, à notre effort commun et pire encore, elles engendrent un certain sentiment d’incrédulité parmi l’opinion publiques et ces pratiques devront cesser.
Nous discutons naturellement de la question de l'immigration clandestine. La Grèce, comme chacun sait, subit une très grande pression à ses frontières, qui sont des frontières extérieures de l'Union européenne, les frontières de l’Europe et de la Turquie et c’est la raison pour laquelle elle demande l'assistance des partenaires à l’Union européenne. La mission de la FRONTEX revêt une importance majeure et nous avons pu voir des résultats tangibles dans le bon sens, mais elle n'est certainement pas suffisante. L'amélioration de la coopération entre l'Union européenne et la Turquie et entre la Grèce et la Turquie dans ce domaine est tout aussi importante et je pense que nous sommes tous deux d'accords à ce sujet.
La fin des négociations pour l’accord de réadmission Union européenne – Turquie a été un pas important dans le bon sens. Nous saluons cette décision et espérons que cet accord entrera bientôt en vigueur. Nous espérons aussi que la discussion sur la prise de mesures qui faciliteront le déplacement des ressortissants turcs dans l’espace européen sera bientôt engagée. Et je veux parler ici, bien entendu, de la question de l'abolition de visa pour les ressortissants turcs, au niveau de l'Union européenne. D'ailleurs, je pense que les résultats, les résultats récents concernant notre tourisme, de la libéralisation du régime des visas auxdits passeports verts, étaient positifs et je pense que les chiffres étaient particulièrement probants, à savoir l’augmentation du nombre de touristes turcs en Grèce, notamment dans les îles, l'été dernier.
En conclusion, permettez-moi de me référer brièvement aux relations entre la Turquie et l’Union européenne. Notre position, à cet égard, est bien connue ; nous nous positionnons en faveur de la pleine adhésion de la Turquie à l’Union européenne, sans demi-mesures ou relations spéciales. Bien entendu, cela implique le respect des obligations que la Turquie a assumées vis-à-vis de l'Union européenne, mais aussi des Etats membres de l'Union européenne et la réalisation des progrès nécessaires dans l'effort de réformes, qui est déjà très important pour la Turquie. Ce processus – et il ne faut pas se leurrer – entre dans une phase cruciale et à cet égard la question chypriote demeure une plaie ouverte et a un impact évident sur le parcours d'adhésion de la Turquie. Nous devons donc maintenant faire preuve de courage et de détermination, afin de réaliser des progrès, des progrès nécessaires dans les négociations menées sous l’égide de l’ONU et je parle d’un progrès concret et non destiné à des fins médiatiques.
L’Europe, le projet européen, est la meilleure garantie de paix, de prospérité et de sécurité de nos citoyens et de nos pays et je suis certain que la Turquie fera de grands pas en avant dans son processus de réformes. La Grèce sera toujours aux côtés de la Turquie et contribuera de toutes ses forces à ce processus. Et permettez-moi de dire que notre espoir est de voir la Turquie devenir membre de plein droit de l'Union européenne, de voir la Grèce, la Turquie et Chypre coopérer à Bruxelles pour leurs intérêts communs dans le cadre d’une Europe élargie. Ahmet, je pense que nous partageons cette vision et je te promets de continuer de travailler étroitement avec toi jusqu’à ce que nous atteignions cet objectif, notre vision commune.
Encore une fois, je te souhaite la bienvenue à Athènes ainsi qu’à tous tes collaborateurs qui t’accompagnent.
A. DAVUTOGLU: Merci beaucoup Dimitris pour tes bonnes paroles et l’accueil particulièrement chaleureux que vous m’avez réservé. Aujourd’hui j'ai rencontré le Premier ministre, M. Papandréou et toi-même et nos entretiens étaient très importants. Comme vous le savez, lors de ma première visite à Athènes, après les élections de l'année passée, j'avais transmis une lettre de notre Premier ministre, M. Erdogan au Premier ministre grec. A ce stade, j’aimerais de nouveau dire que notre coopération très étroite entre dans une nouvelle phase et a conféré une nouvelle dimension aux pourparlers gréco-turcs et à la coopération gréco-turque. En l’espace de 15 mois, nous nous sommes rencontrés sept fois et des dizaines de fois dans des enceintes internationales et nous avons bien entendu eu l’occasion de passer en revue de manière détaillée la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Les relations bilatérales, les relations dans le cadre de l’Union européenne et les relations avec la région élargie et enfin notre position sur la carte mondiale.
Comme vous le savez, le Conseil supérieur de coopération stratégique a été fondé lors de la visite du Premier ministre turc en mai dernier. Je pense que les 35 accords signés pendant la visite du Premier ministre turc à Athènes sont uniques en leur genre ; c’est la première fois qu’autant d’accords ont été signés au niveau gréco-turc. Et maintenant, certes, nos discussions revêtent un caractère préparatoire pour la prochaine réunion, en Turquie, du Conseil supérieur de coopération stratégique. Nous nous sommes également rencontrés à Erzurum et nous avons eu l’occasion de discuter de ce sujet.
Je voudrais également évoquer une question très importante pour la Turquie. Comme vous le savez, après l’entrée en vigueur de l’exemption de l’obligation de visa pour les ressortissants turcs titulaires des passeports verts, le flux de touristes turcs vers la Grèce a enregistré une hausse considérable. A cette occasion, je voudrais souligner l’évolution très positive de nos relations économiques. Le volume de nos échanges commerciaux a dépassé trois milliards de dollars et je pense que nous pourrons davantage augmenter ce volume. Nous considérons les contacts exploratoires et toute autre forme de contact entre la Grèce et la Turquie dans un contexte de bon voisinage et nous pensons qu’un élan important a été donné à ces relations et de bonnes opportunités se présentent à cet égard.
Nous reconnaissons les efforts consentis par la Grèce dans le cadre des pourparlers d’adhésion de la Turquie avec l’Union européenne. Je tiens à remercier mon cher ami Dimitris pour la façon dont il a géré la question des visas. Nos premiers interlocuteurs à l’égard de cette question sont la Grèce et la Bulgarie. Et la Grèce a toujours fait part de son plein soutien aux efforts de notre pays visant à son adhésion et à son parcours. Néanmoins, je pense que la libre circulation des citoyens en ce moment entre la Grèce et la Turquie est très importante. Depuis cette tribune, j’invite les citoyens grecs à visiter la Turquie. Les deux peuples doivent se connaître, nous devons développer des relations de bon voisinage et axer nos relations sur des fondements encore plus solides, sur le bon voisinage. Et la question d’exemption de l’obligation de visa revêt une importance majeure et nous voulons visiter nos voisins grecs et connaître le peuple grec.
Bien évidemment, la coopération économique revêt une importance majeure mais nous pensons qu’il y a également d’autres questions qui peuvent aider au renforcement de ces relations. Nos discussions portent, bien entendu, sur un grand nombre de questions parmi lesquelles figure aussi la question chypriote. Nous devons envisager la Méditerranée orientale comme une région où nous pouvons cohabiter en paix. Et, en effet, nous pensons que les obstacles auxquels se heurte la Turquie en raison de la question chypriote, constituent une question importante. Néanmoins, nous pensons que Chypre doit être une île de paix et les problèmes auxquels nous sommes confrontés en raison de Chypre, dans le cadre de l’Union européenne, continueront d’influer en général de manière négative sur nos relations avec la région élargie.
Nous, Grèce et Turquie, sommes deux pays importants de la partie nord de la Méditerranée. Nous entretenons des relations importantes avec la partie sud de la Méditerranée dont les pays, notamment l’Egypte, la Tunisie et la Libye, sont confrontés à des problèmes très graves. Comme vous le savez, lors de mes visites dans ces pays, en Egypte et en Tunisie, j’ai eu l’occasion de me forger une opinion sur des questions que j’ai évoquées avec mon homologue. De nombreuses raisons militent en faveur de notre coopération tant en Méditerranée orientale qu’en Mer noire. J’ai adressé une invitation officielle à M. Papandréou et à M. Droutsas afin que ces derniers assistent en mai à la conférence qui se tiendra avec les pays moins développées. Cette réunion se tient sous l’égide des Nations Unies et nous voudrions voir notre pays voisin et ami assister à cette réunion au sommet.
Par conséquent, très distingués représentants des médias, le message que nous voulons transmettre est un message d’amitié, de bon voisinage et de destin partagé. Nous espérons que tout le monde constatera de ses propres yeux à l’avenir proche la coopération excellente entre la Grèce et la Turquie.
Merci beaucoup cher ami Dimitris pour l’accueil chaleureux que tu nous réservé. Merci beaucoup.
M. SERVET: (M. Servet, journal Zaman) Une question pour M. Droutsas. La Turquie a entrepris des pas importants dans le domaine des droits de l’homme, de la question des institutions pieuses et après 50 ans le représentant de la minorité grecque en Turquie a visité le Premier ministre turc dans son cabinet. Qu’en est-il de Thrace ? Qu’est-ce que fait la Grèce à l’égard de cette question ? Pourquoi n’applique-t-elle pas le pacte européen sur les droits de l’homme ?
M. DROUTSAS: Il est vrai, et je le reconnais bien évidemment, que le gouvernement actuel de la Turquie a entrepris des actions positives revêtant aussi un caractère symbolique et j’espère que à l’avenir un élan encore plus important sera donné à ce parcours, tout en réparant les injustices du passé, des injustices que l’actuel Premier ministre turc lui-même a ouvertement stigmatisées. Pour ce qui est de la Grèce, je pense que celle-ci constitue un modèle de diversité religieuse et elle applique une politique de discriminations positives en vue de renforcer les membres de la minorité et la participation active à la vie économique, sociale et politique du pays. La Grèce, et je pense que cela est bien évident à tous, est une démocratie européenne ouverte qui respecte les libertés religieuses de tous ses citoyens. J’ose dire que la Grèce constitue un modèle dans la région et elle fait tout ce qu’elle doit faire vis-à-vis de chaque citoyen, indépendamment de leur appartenance religieuse et, en aucun cas, la Grèce n’accepte et ne peut accepter une logique quelle que soit de réciprocité en matière de droits de l’homme, ni de permettre l’ingérence des tiers dans nos ses affaires intérieures.
N. MELETIS: (Nikos Meletis, journal « Ethnos ») Une question a M. Davutoglu. Monsieur le ministre, d’apres votre interview au journal « Kathimerini » et vos declarations, comment pourrait-on delimiter les zones maritimes entre les deux pays, si la Turquie continue de contester le statut territorial des iles et des ilots rocheux de la Grece ? Le fait que les discussions actuelles portent sur la delimitation des zones maritimes signifie-t-il que la Turquie a renonce a ses contestations ? Deuxieme remarque : la Turquie et vous personnellement, reproche a l’Union europeenne de changer les regles du jeu. L’une des regles du jeu est le respect de la liberte de presse. Nos collegues turcs ont ces derniers jours des demeles avec la justice. Pensez- vous que votre pays honore cette obligation ?
M. DAVUTOGLU: Tout d’abord, je voudrais vous remercier pour avoir soulevé cette question. Si je comprends bien, mon interview au journal « Kathimerini » a été importante et je saisis cette occasion pour faire la clarification suivante : Castellorizo est, bien évidemment, une île grecque. Il n’est pas question de remettre en cause le statut en vigueur. Toutefois, je pense qu’à travers mon interview j’ai transmis des messages très clairs, à savoir que la Turquie a une approche très positive vis-à-vis du règlement des questions en mer Egée. Lorsque la question de Castellorizo a été soulevée, j’ai affirmé que, pour ce qui est de sa position géographique, cette île est située, du point de vue géographique, en Méditerranée. Cela n’a aucun rapport avec notre manière d’envisager les choses ou position juridique quelle qu’elle soit que nous soutenons concernant Castellorizo ou d’autres îles. Je voudrais tout simplement souligner encore une fois, que ma position est absolument fondée sur des critères géographiques et que nous sommes ouverts à toute discussion sur toutes les questions, et bien évidemment celle de Castellorizo. Telle est notre position sur Castellorizo. La Grèce a, bien entendu, ses propres positions. Nous discutons avec la Grèce et nous devons discuter de toutes les questions de manière ouverte et claire. C’est dans le même esprit que sont engagés nos pourparlers.
J’aimerais egalement ajouter que nous sommes alles au-dela du negativisme psychologique. Je pense que cela est tres important et c’est pourquoi, a mon sens, toutes les negociations et tous les pourparlers se derouleront sans heurt pour ce qui est de la lucidite dont fera preuve chaque partie. En ma qualite d’universitaire, je voudrais aussi ajouter que la premiere liberte que je reconnais est la liberte d’expression. En tant qu’universitaire, j’ai toutes les raisons d’accorder a la liberte d’expression une place primordiale et c’est pourquoi je soutiens a part entiere cette liberte. Toutefois, il existe aussi un autre principe, celui de l’independance de la justice. Pour ce qui est de ces questions, la justice est independante en Turquie et les actions qui ont conduit a l’emprisonnement de ces personnes ne sont pas liees a leur profession de journaliste ou a leurs opinions. Et, nous esperions qu’il n’y aurait aucune ambiguite quant a ces questions. Neanmoins, une enquete judiciaire est en cours en Turquie sur ces questions. Nous attendons avec patience et tolerance les resultats. Le gouvernement turc respecte, bien evidemment, la question de l’independance de la justice.
M. D. DROUTSAS: Pour ce qui est de la première partie de votre question, la position grecque est bien connue. Nos contacts exploratoires visent à la délimitation du plateau continental et nous avons d’emblée affirmé, et cela va de soi, d’Evros jusqu’à Castellorizo, mais j’aimerais axer votre attention sur ce que M. Davutoglu a affirmé, à savoir qu’il s’agit d’un effort sincère et sérieux qui est actuellement en cours. A notre sens, il est de notre devoir de consentir des efforts dans ce sens. Cela est une véritable opportunité pour nos deux pays. C’est sur cela que nous axons notre attention et nos efforts. Comme je l’ai tout à l’heure dit, à notre sens, il est de notre devoir de consentir des efforts et nous devons tous saisir cette occasion.
M. K. HAVER: (Kiuliu Haver, chaine de television turque) Le Premier ministre grec, M. G. Papandreou a declare a Erzeroum que la Turquie ne pouvait pas adherer pleinement a l’Union europeenne si la question chypriote n’etait pas reglee tandis que vous dites que vous esperez voir Chypre, la Turquie et la Grece engager ensemble des pourparlers a Bruxelles. Comment pourrait-on combiner ces deux positions ?
M. D. DROUTSAS: Je ne pense pas qu’il s’agisse de deux positions différentes. Le Premier ministre grec, M. Papandréou n’a pas présenté une approche différente à Erzeroum. Il a parlé en toute franchise de la manière dont nous, en tant que Grèce, considérons les choses, il a parlé du niveau de nos relations et il a identifié les éléments positifs ainsi que les problèmes et je pense que c’est sur cela que nous devons axer notre attention. Nos pourparlers se déroulent dans un esprit ouvert ce qui constitue un véritable exploit. Nous pouvons appeler les choses par leur nom car ce n’est qu’ainsi que nous pourrons parvenir à des approches communes et, je l’espère, à des solutions communes. J’ai affirmé exactement la même chose. Cela est également clair et nous ne devons pas nous cacher derrière notre petit doigt. Le règlement de la question chypriote est une condition à la normalité de nos relations afin de pouvoir avancer dans notre région de la meilleure façon possible. Notre vision est celle d’une Union européenne avec en son sein la Grèce, la Turquie et Chypre, dans le cadre de laquelle nous pourrons discuter de notre avenir commun et le façonner ensemble. Et je pense que cette vision est bien réaliste et ça vaut la peine de lutter et d’œuvrer ensemble dans ce sens et de consentir des efforts sincères.
M. PAPATHANASSIOU: (Fanis Papathanassiou, chaîne de télévision publique « ERT ») Ma question porte sur votre déplacement en Thrace. Vous effectuerez un déplacement en Thrace. Quel est l’objectif de votre visite ? Une question à M. Droutsas. Que pense le gouvernement grec de la visite de M. Davutoglu en Thrace ?
A. DAVUTOGLU: Permettez-moi de dire avant tout que je pourrais vous répondre, étant moi-même un spécialiste qui connaît bien la région et essaie de la connaître encore mieux. Je pense que la région de Thrace est une partie intégrante d'un territoire bien précis, au même titre que la Crète, le Dodécanèse, Rhodes, etc. J’aimerais visiter cette région de Grèce, découvrir ses beautés pour mieux la connaître. Ma visite n’a pas seulement lieu en Thrace, mais aussi à Thessalonique et à Kavala également, ce qui me permet de mieux connaître cette partie de votre territoire. Cette région est le voisinage direct de la Turquie et certes les populations, les populations minoritaires constituent un pont de paix qui peut être construit entre les deux pays. Lors de ma prochaine visite, j'aimerais visiter Sparte, voir ce qu'est devenue aujourd'hui cette ville revêtant une importance historique. En tant que ministre des Affaires étrangères je peux dire, venez visiter la Turquie, il y a certainement des endroits en Turquie où vous avez des racines. Ainsi, à Thessalonique, Izmir, Edirne, Crète, il y a des communautés qui ont créé un patrimoine culturel commun.
Ce soir je prononcerais un discours devant l’ELIAMEP, je dirais que nous avons tourné la page, que les temps ont changé, que l'ancien modèle a changé pour ce qui est de la façon dont on se percevait l’un l’autre. Si vous visitez notre pays, si vous nous connaissez mieux – disons la visite à Erzurum de M. Papandreou et de M. Droutsas était très importante pour nous car ils ont pu voir une région qui n’est habituellement pas visitée par des ministres ou premiers ministres grecs. Par ailleurs, lorsqu’ils viendront à Istanbul, ils iront visiter le Patriarcat à Phanar, et nous sommes particulièrement satisfaits de ces visites effectuées lors de chaque déplacement d'un haut fonctionnaire grec en Turquie. Vous êtes les bienvenus en Turquie et dans toutes ses régions et nous serons ravis que vous les visitiez. Récemment, j’étais à Bodrum, Halicarnasse et j’ai dit si tu es près de Rhodes, vient me voir et de là nous avons transmis un très bon message et je pense que chaque retrouvaille de ce genre sont autant d'occasions d'envoyer des messages comme celui-ci.
Merci beaucoup.
D. DROUTSAS: La Grèce est un pays libre et accueillant et M. Davutoglu, comme chaque visiteur de notre pays, est toujours le bienvenue et tout à l'heure j'ai eu l'occasion de répondre à l'un de vos confrères, mais permettez-moi de le redire : la Grèce constitue un modèle de coexistence harmonique entre différentes religions, c’est une démocratie européenne ouverte qui respecte les libertés religieuses de tous ses citoyens et encore une fois je pense que la Grèce constitue un modèle pour sa région. Je respecte tous les droits, de tous les citoyens grecs. La Grèce s’acquitte et s’acquittera de toute obligation qu'elle a vis-à-vis de ses citoyens et de ses citoyens d’appartenance musulmane; l’Etat grec s’acquitte de toutes ses obligations et certes il n’est pas question d’accepter une logique de réciprocité en matière de droits de l’homme, ni de permettre l’ingérence de tiers dans nos affaires intérieures.
March 10, 2011