Rencontre du ministre des Affaires étrangères, M. D. Avramopoulos avec le commissaire européen, M. S. Füle

Rencontre du ministre des Affaires étrangères, M. D. Avramopoulos avec le commissaire européen, M. S. Füle D. AVRAMOPOULOS: Je me suis entretenu avec le Commissaire Füle avec lequel j'ai eu une discussion intéressante et constructive. Nous allons, si besoin est, de nouveau engager cette discussion.

Lors de notre rencontre d'aujourd'hui, tout comme lors de la rencontre précédente avec le Premier ministre, nous avons été informés de l'état d'avancement du dossier de l'élargissement. Nous avons échangé des vues sur les progrès réalisés par les pays de notre voisinage élargi, en fonction toujours de la protection des intérêts stratégiques de l'Union européenne et de notre pays en tant qu'Etat membre.

La Grèce accorde une grande importance à la politique d'élargissement de l'Union européenne car nous considérons qu'il s'agit d'une politique qui contribue à la consolidation de la paix, de la stabilité et du développement dans notre région. Dans le même temps, l’élargissement sert de catalyseur pour la mise en place d'importantes réformes dans les pays candidats qui se sont engagés à respecter les critères de Copenhague et d'adopter une politique en faveur du renforcement de la paix, de la stabilité et de la prospérité, sur la base des principes de la coopération régionale et du respect des relations de bon voisinage.

Plus particulièrement, nous avons discuté de tous les pays candidats et, bien entendu, de chacun de nos voisins directs qui aspirent à leur adhésion à la famille européenne et nous avons informé M. Füle des positions fermes et immuables de notre pays. Nous soutenons de manière tangible la perspective européenne des trois pays, à savoir de la Turquie, de l'Albanie et de l'Ancienne République yougoslave de Macédoine, et ce, à la condition, bien entendu, que les critères et modalités ainsi que les décisions y relatives de l'Union européenne soient respectés.

Enfin, nous avons discuté de l'initiative « Agenda 2014 » qui sera la priorité principale de la présidence hellénique au cours du premier semestre de 2014 et dont l'objectif est l'accélération du processus d'adhésion des Balkans occidentaux à l'Union européenne.

Je voudrais remercier le commissaire Füle pour cette discussion très utile que nous avons eue. Par ailleurs, avec M. Füle nous partageons les mêmes aspirations pour ce qui est de l'élargissement de l'Union européenne aux pays qui seront véritablement prêts à fonctionner en tant que membres de notre famille européenne, en respectant les principes et les valeurs de l'Europe. Car il ne peut  y avoir de véritable intégration européenne sans le règlement préalable de toutes les questions en suspens. Notre avenir commun au sein de la grande famille européenne nous guidera tout au long de ce chemin.

Je tiens de nouveau à remercier M. Füle et je lui donne la parole.

S. FÜLE : Merci M. le ministre. C’est un grand plaisir pour moi de me trouver ici à Athènes. Un peu plus tôt, nous avons eu des discussions avec le Premier ministre, M. Samaras, qui se sont déroulées dans un climat positif, puis nous nous sommes entretenus avec vous, M. le ministre, sur l’élargissement européen dans le cadre de discussions tout aussi fertiles que constructives.

Je suis parfaitement informé des difficultés que traverse aussi bien la Grèce que l’ensemble de son peuple et bien entendu des efforts douloureux que vous consentez pour venir à bout de ces difficultés. J’estime tout particulièrement votre volonté de faire figurer la question de l’élargissement européen tout en haut de la liste de vos priorités, notamment en vue de la présidence hellénique en 2014.

Nous sommes tous deux d’accord sur le fait que la perspective européenne des pays candidats est très importante, puisqu’elle constitue un outil visant à promouvoir la croissance, le développement économique des pays, et bien entendu la stabilité et la paix tant au sein de l’Union européenne dans son ensemble, que des pays membres séparément. Il est donc très important de conserver cette dynamique pour ce qui est de l’élargissement et de l’avenir des pays candidats.

Le processus d’élargissement avance à pas fermes. Bien entendu, les pays candidats doivent relever certains défis, notamment s’agissant de l’Etat de droit et de leur économie. Néanmoins, le maintien de cette dynamique dans ce processus, la poursuite sans heurt de ce processus, est un outil très important pour l’avenir.

La Grèce, en raison de sa position géographique, peut contribuer pleinement à l’élargissement de l’Union européenne, notamment en ce qui concerne les pays de l’Europe du Sud-est et les trois pays voisins, à savoir la Turquie, l’Ancienne République yougoslave de Macédoine et l’Albanie. Certes, je soutiens fermement ce qu’a dit le ministre, à savoir que le processus d’élargissement créé un environnement favorable à la résolution de questions bilatérales par le biais de l’établissement de relations de bon voisinage.

Une dernière remarque. J’ai assuré le ministre que la Commission européenne maintient son engagement en ce qui concerne la perspective européenne des Balkans occidentaux, de la Turquie et de l’Islande et elle continuera de consentir des efforts pour leur intégration et la coopération avec la Grèce à cet égard se poursuivra.

Α. ATHANASSOPOULOS : Ma question s’adresse aux deux ministres. J’aimerais avoir plus de précisions sur ce qui a été dit concernant la question de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine. Notamment, M. le commissaire, vous vous êtes référés aux défis de l’Etat de droit. J’aimerais savoir dans quelle mesure vous êtes satisfaits des réformes engagées dans le pays voisin et dans quelle mesure ce progrès est suffisant de sorte que dans le rapport sur les progrès réalisé que nous attendons vous proposiez le début de négociations d’adhésion. Merci.

S. FÜLE : Nous avons abordé toute une série de questions, tout en nous axant sur la question de la présidence grecque de 2014 et la façon dont la Commission pourrait soutenir les priorités de la présidence grecque en matière d’élargissement.

En ce qui concerne notre discussion sur l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, nous avons échangé des vues sur notre façon de voir les évolutions de ces derniers mois. J’ai donné au ministre mon point de vue sur ce dialogue de haut niveau. Ce dialogue a eu un effet sur ces réformes, pour être plus précis il a remis sur la bonne voie les réformes dans ce pays, notamment en ce qui concerne l’ordre public.

Mon évaluation concernant les réformes est donc positive. Permettez-moi de ne pas divulguer en ce moment quelle sera la recommandation de la Commission, d’ailleurs je devrais d’abord présenter la question au collège des commissaires la semaine prochaine. Je vous rappelle qu’au cours de ces trois dernières années, la recommandation de la Commission sur l’adhésion était positive.

Nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points, par exemple, nous sommes convenus que la résolution de la question du nom ainsi que le progrès de ce pays vers l’élargissement revêtait une importance cruciale.

D. AVRAMOPOULOS : Comme je l’ai tout à l’heure dit, la Grèce soutient les pays voisins dans leur cheminement vers l’Union européenne. J’ai eu l’occasion, avec M. Füle d’aborder toutes les questions ayant trait à l’élargissement et bien entendu nous nous sommes référés à la question du nom de Skopje.

Nous ne sommes pas entrés dans le détail. Le rapport final – comme il vient de le dire – n’est pas encore achevé. Toutefois, l’occasion m’a été donnée de réitérer que la Grèce attend du pays voisin un geste qui soit conforme aux initiatives qui ont été prises ces dernières années sous l’égide des Nations Unies. Je dois, dans ce contexte, souligner que nous avons encouragé le lancement des procédures sous la direction de M. Nimetz. Une solution qui soit mutuellement acceptable doit être fondée sur le respect culturel et historique réciproque. La Grèce a d’ores et déjà fait des pas en avant, elle a montré ses réelles intentions et nous sommes arrivés à un point où il peut y avoir des résultats sous l’égide des Nations Unies.

Nos positions sont connues. Elles ont été réitérées à maintes reprises, en Grèce et à l’extérieur de ses frontières, notamment pendant mes contacts à New York, tant avec le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, qu’avec l’envoyé spécial du Secrétaire général M. Nimetz. Nous pensons qu’à un moment donné il y aura la compréhension et le réalisme requis pour que le pays voisin puisse faire les pas nécessaires pour parvenir à une solution sur la base des principes que je viens de mentionner.

NIKOS MELETIS : Une question pour M. le commissaire. Etes-vous préoccupé par le fait qu’hier M. Erdogan, en présentant le manifeste de son parti pour les prochaines années, n’a fait aucune référence à l’Union européenne, à l’heure où un pays souhaitant adhérer à l’Union, menace non seulement Chypre, mais aussi fait la guerre contre les citoyens de cette dernière. La deuxième question est s’il compte changer et demander pardon à ceux qui le suivent sur Twitter pour avoir fait circuler, à son insu, une information fausse.

S. FÜLE : Tout d’abord ce tweet n’avait pas pour objectif d’attiser les tensions qu’a suscitées cette prétendue information qui a circulé dans les médias sociaux.

Ce tweet a été écrit pour que puisse régner la modération et le sang froid et que la réalité puisse être restituée.

Vous avez posé une question sur le Premier ministre de la Turquie. Il y a deux semaines, j’étais à une conférence à Yalta où j’ai eu l’occasion d’entendre aussi bien le Premier ministre Erdogan que le Président ukrainien Yanukovich.

J’ai pu entendre un discours particulièrement chaleureux sur la poursuite des négociations d’adhésion. J’ai entendu le Premier ministre Erdogan demander à ce qu’une chance soit donnée à son pays de devenir Etat membre de l’Union européenne.

Dans l’intervalle, bien entendu, il attend l’encouragement et l’agenda positif, qui aura des résultats bien précis.

J’espère aussi que le rapport qui sera bientôt publié avec les conclusions et les recommandations de la Commission contribuera à relancer les négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, ce qui sera aussi bien dans l’intérêt de la Turquie, que de l’Union européenne.

October 1, 2012