Réponse de M. D. Avramopoulos, ministre des Affaires étrangères, à une question d’actualité du député du PASOK, M. A. Loverdos

Réponse de M. D. Avramopoulos, ministre des Affaires étrangères, à une question d’actualité du député du PASOK, M. A. Loverdos

Première partie

D. AVRAMOPOULOS : Merci monsieur le President.

Tout d’abord j’aimerais remercier mon collègue M. Loverdos pour cette question. Je partage pleinement ses préoccupations.

Il est communément admis que la situation des minorités en Syrie et particulièrement celle de nos coreligionnaires chrétiens a été toujours au cœur de nos préoccupations. Depuis le début de la crise en Syrie, notre ambassade à Damas avait des contacts continus avec le Patriarcat d’Antioche, les métropolites, les prêtres du Trône et, bien évidemment, avec les fidèles, dont beaucoup de Grecs. Nous avons suivi de près la situation et, bien entendu, nous avons prêté l’assistance nécessaire.

D’après, donc, nos informations parvenues depuis Damas, le ministère a, à maintes reprises, adressé des communiqués oralement et par écrit à l’attention de nos partenaires européens, tout en les sensibilisant à la situation particulière des chrétiens en Syrie dont la majorité écrasante ne souhaite jouer aucun rôle dans cette crise que traverse le pays depuis un an.

Le résultat de nos actions et de notre coordination – je tiens à souligner toujours notre coopération dans la région avec d’autres partenaires qui partagent nos préoccupations – a été l’inclusion dans les conclusions du Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne de la nécessité d’instaurer en Syrie un Etat de droit qui respectera les droits de tous les citoyens, indépendamment de leur origine ethnique ou de leur appartenance religieuse. Cette nécessité est notamment portée à l’attention des organisations de l’opposition en Syrie lesquelles dans toutes leurs déclarations officielles et, récemment dans la Charte adoptée au Caire le 3 juin, se sont engagées dans ce sens. Il est à noter que les membres des différentes organisations de l’opposition sont des Syriens provenant des 19 communautés ethniques et religieuses de la Syrie, y compris les communautés chrétiennes.

Lors du récent Conseil des Affaires étrangères tenu à Bruxelles et lors duquel j’ai été représenté par M. Kourkoulas en raison de la visite en Grèce du Président Clinton, on a abordé de manière exhaustive la nécessité de protéger les minorités chrétiennes et signalé au Conseil l’importance particulière que revêt pour nous, pour l’Orthodoxie, le Patriarcat d’Antioche, cette question.

Notre ambassade avait des contacts continus avec les ressortissants grecs en Syrie, et les tenait au courant constamment de la situation de sécurité dans le pays, tout en les incitant à procéder à toute démarche nécessaire relative à leurs documents de voyage et à obtenir des visas d’entrée auprès des autorités des pays de la région dans le cas où ils devraient quitter le pays dans l’urgence.

Le personnel de notre ambassade, monsieur le Ministre, a, jusqu’au dernier moment, et ce dans des conditions particulierement irregulieres, veille a ce que des passeports soient delivres a toutes les personnes ayant depose des demandes y relatives. Nos fonctionnaires ont egalement donne des instructions a nos consulats honoraires pour ce qui est du reglement des cas urgents de vol ou d’expiration de documents de voyage et je dois vous dire qu’il y avait en fait des cas de ce genre.

Il y a quelques jours, en raison de l’aggravation de la situation de sécurité dans le pays qui met désormais en danger la vie des fonctionnaires et limite considérablement les possibilités de déplacement en dehors de la ville de Damas, on a pris la décision de fermer notre ambassade. Toutefois, nos consulats honoraires dans les villes d’Alep, de Lattaquié et de Tartus sont toujours opérationnels et ont reçu des instructions pour fournir aux ressortissants grecs qui ont décidé de ne pas quitter la Syrie toute assistance nécessaire.

En outre, conformément aux traités de l’Union européenne, quatre – et je le souligne – ambassades des 27 ambassades des Etats membres de l’Union qui demeurent opérationnelles fourniront une assistance consulaire aux ressortissants grecs. Force est de signaler que notre ambassade figure parmi les dernières missions diplomatiques qui ont quitté le pays, car la majorité écrasante de nos partenaires avaient d’ores et déjà quitté le pays pour des raisons de sécurité au cours de la période février-mars.

Le gouvernement grec continuera de suivre de près tous les développements dans la région et, bien évidemment, les questions relatives à la sécurité en Syrie, en fonction toujours de la protection de la sécurité de nos compatriotes. A ce stade, permettez-moi de signaler une chose très importante, le principe fondamental de notre politique à l’égard de cette question, est la transition démocratique en Syrie. Le régime actuel a pris fin et doit quitter le pouvoir dans le plus brefs délais possibles.

Nous continuerons de lutter en faveur de la protection des droits des minorites, et notamment des chretiens de la Syrie, dans cet environnement volatile et dangereux qui prevaut dans le pays. La Grece continuera de soutenir et de declarer, comme je l’ai tout a l’heure dit, que la solution en Syrie ne doit etre que politique.

La continuation des conflits ne contribue guère au règlement du problème et ne fait qu’accroître le nombre de victimes parmi la population civile. Cela doit cesser et la communauté internationale doit soutenir un processus de transition politique qui sera mené par le peuple syrien lui-même avec lequel les Grecs ont entretenu et continuent d’entretenir des relations traditionnelles d’amitié et de respect.

Je vous remercie

Deuxième partie

D. AVRAMOPOULOS : Merci Monsieur le President.

Tout d’abord, je voudrais dire à mon collègue, M. Loverdos, au sujet de sa proposition de convoquer une séance spéciale du Comité « Affaires étrangères et Défense nationale » sur la crise dans la région et non seulement en Syrie, car, comme vous le savez, il y a de nombreux et importants développements qui se déroulent actuellement dans la région élargie de la Méditerranée orientale. C’est pourquoi, aussitôt après l’ouverture du parlement, nous prendrons cette initiative. Je vous remercie pour votre proposition.

Monsieur le ministre, vous avez dit quelque chose tres important et permettez-moi, a cette occasion de le confirmer : a cause de la crise economique la Grece s’est repliee sur elle-meme, notre presence politique et diplomatique s’est affaiblie dans la region elargie et dans le monde entier et nous avons tous une part de responsabilite a cet egard.

La Grèce, en dépit de la crise économique, ne cesse d’être un facteur de stabilité dans la région, avec une présence marquée et une voix qui est à la hauteur de son histoire et des exigences imposées par la situation actuelle. Aucun gouvernement, j’ose dire, n’a renoncé à cette possibilité et à ce droit, mais, sans aucun doute, la crise économique a considérablement nuit à la présence internationale du pays et a terni le prestige de la Grèce à l’international.

J’aimerais saisir cette occasion pour vous dire que hier une circulaire a été adressée à toutes nos missions diplomatiques dans le monde afin que ces dernières s’activent pour promouvoir l’image de notre pays dans tous les coins du monde. Nous savons que la conjoncture économique actuelle et les obligations financières ont également touché le service diplomatique. En dépit de cela, à l’heure actuelle l’important est de rehausser l’image de notre pays à l’international et ce combat sera livré par le ministère des Affaires étrangères, les diplomates grecs étant en première ligne de ce combat.

Pour ce qui est d’une autre remarque que vous avez faite, j’ai eu moi-meme l’occasion de constater lors d’une visite que j’ai effectuee, en assumant une autre fonction, au Patriarcat d’Antioche, cette contrariete qui date depuis longtemps au sein du Patriarcat. Votre remarque est positive et nous la prendrons en compte, a savoir qu’en concertation avec l’Eglise de Grece toutes ces questions seront reglees. Le fait que la Grece est actuellement aux cotes de nos coreligionnaires chretiens en Syrie, aux cotes du Patriarcat d’Antioche, comme j’ai tout a l’heure dit, est la premiere preuve du respect profond et de l’estime de la Grece envers le Patriarcat et ainsi que du soutien qu’elle lui accorde, et nous continuerons dans ce sens.

Tout ce que vous avez dit monsieur Loverdos, reflète la réalité à laquelle nous devons faire face. Par ailleurs, on tire une autre conclusion aussi : il est temps qu’une nouvelle politique émerge à travers cette crise afin que notre pays regagne la place qu’elle mérite et que son prestige, sa dignité et sa confiance soient rétablis.

Nous disposons d’immenses capacités, nous n’avons pas valorisé notre potentiel diplomatique et lorsque l’occasion sera présentée, j’informerai de nouveau le Corps diplomatique des initiatives que nous allons prendre depuis le 20 août, date à laquelle commence le programme, le plan d’action visant à rétablir notre présence et notre prestige à l’international et à redonner à la Grèce son rôle en tant que facteur de stabilité dans la région entière.

S’agissant des missions de paix et humanitaires, independamment des evolutions dans la region elargie du Moyen-Orient, la Grece continuera d’offrir ses services a l’Organisation des Nations Unies et aux instances internationales y relatives, tout en prouvant sa presence marquee dans la region et en valorisant un privilege dont elle dispose et qui lui a ete legue par l’histoire, a savoir sa capacite a etre un interlocuteur respecte et sur un pied d’egalite de tous les pays de la region.

Tel est l’objectif de la politique étrangère grecque tout comme, au même titre, honorer sa principale obligation de sauvegarder et défendre pleinement nos droits nationaux. Mais la Grèce de l’extroversion fait de nouveau son apparition tout en marquant une nouvelle ère. Parallèlement aux efforts consentis par toutes les forces politiques afin que la Grèce retrouve son orientation au milieu de cette crise généralisée et particulièrement profonde et pénible pour le peuple grec, nous verrons réapparaitre la Grèce de la fierté et de la dignité

Je vous remercie monsieur le Ministre.

Aout 2, 2012