Réponse du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, lors d’un débat sur une question d'actualité en session plénière du Parlement (Athènes, 27.05.2022)

Merci, Monsieur le Président.

Merci de votre compréhension, car la dernière fois, mon programme ne m'a pas permis d'être là.

Permettez-moi de vous répondre, comme d'habitude, directement, et de ne pas tenter de sous-estimer votre intelligence ou celle de cette chambre.

Tout d'abord, votre parti mais aussi la Nouvelle Démocratie ont tous deux des réserves très précises, portant sur des articles spécifiques, sur une formulation spécifique et sur des questions spécifiques de l'accord de Prespès.


Mais vous avez mentionné à juste titre la position claire du Premier ministre Mitsotakis, à savoir que si l'accord est ratifié, la Nouvelle Démocratie appliquera cet accord.

Le gouvernement de la Grèce n'a pas le droit d'avoir une politique révisionniste à l'égard des accords que le pays lui-même a signés, quels que soient les gouvernements.

Cela dit, à votre question de savoir si le pays est satisfait de la mise en œuvre de l'accord de Prespès, je tiens à dire qu'il y a des problèmes concernant l'accord de Prespès. Il y a des problèmes concernant les manuels scolaires, il y a des problèmes concernant les marques, il y a des problèmes concernant les dénominations. Il y a aussi des questions concernant la tentative, et les actions entreprises contre cette tentative, de la Macédoine du Nord de l'époque d'apparaître comme un successeur de l'empire d'Alexandre le Grand, ce qu'on appelle l’antiquisation. Il y a encore des problèmes avec cela.

Mais si la question porte sur la tendance générale, ce que je comprends, et mon sentiment est tout à fait récent parce que j'étais à Skopje avant-hier, c'est qu'un effort est fait de l'autre côté, effort qui se heurte à  des problèmes, aux énormes réactions de la part de leur propre opposition interne, qui adopte une attitude absolument contre-productive, mais un effort est néanmoins consenti.

En ce qui concerne la question de la police du ciel, que vous avez soulevée, la réalité est que, depuis longtemps, c'est l'armée de l'air grecque qui exerce la fonction de police du ciel, même si le texte contractuel n'a pas été ratifié par le Parlement grec.

Force est d’indiquer également que la Grèce fournit toute l'aide qu'elle peut à la Macédoine du Nord, ainsi qu'à l'Albanie, pour faciliter leur processus d'adhésion. Bien sûr, conformément à la conditionnalité habituelle dans le cas des deux pays.

Pour ce qui est maintenant des dates, je vais maintenant vous répondre clairement et en une seule phrase. Cela sera fait lorsque l'intérêt national et le programme du Parlement le permettront. Je comprends, il y a un retard. Vous avez raison de le constater. Vous avez raison de vous référer aux dates, vous avez raison de vous référer au fait qu'il y a aussi un intérêt national.

D'autre part, il y a aussi la considération plus large de l'intérêt national, que chaque gouvernement a le droit de faire, et dans ce sens, je répète que, quand le gouvernement jugera que c’est le bon moment, ces textes seront soumis au vote.

Merci beaucoup.


2ème intervention

Mon cher collègue, il n'est généralement pas judicieux de remercier les collègues de l'opposition pour le ton qu'ils emploient dans la formulation de leurs questions ou ce n'est pas, si vous voulez, « percutant ». Vous savez, d'habitude, les querelles sont beaucoup plus à la mode, mais, néanmoins, je suis obligé de vous remercier à la fois pour le ton de votre deuxième intervention et pour la façon dont vous voyez la question des relations du pays, à la fois avec la Macédoine du Nord et avec les Balkans dans leur ensemble.

Car, en effet, nous sommes appelés à répondre à la question suivante : L'existence, la stabilité, les relations amicales avec la Grèce et le parcours européen de la Macédoine du Nord sont-ils ou non dans l'intérêt de notre pays ?

Et je pense que la grande majorité des collègues, quel que soit leur passé, ont répondu que c'est dans l'intérêt de notre pays.

Et je dois également vous remercier pour votre déclaration, qui n'est pas faite au nom de votre parti, bien sûr, mais qui est révélatrice de l'esprit de votre parti, du soutien, de l'effort plus large pour établir des relations étroites avec ce pays, qui, je dois le dire, a fait des pas d'amitié très importants envers la Grèce. Il a adopté l'ensemble des positions européennes à l'égard de la Turquie.  Tout comme l'Albanie, d'ailleurs. Et, bien sûr, c'est notre pont vers les Balkans, vous l'avez très bien dit.

La Grèce est un pays qui a un intérêt absolu à la stabilité dans les Balkans. Elle a un intérêt absolu à prévenir le révisionnisme dans les Balkans. Elle a un intérêt absolu à empêcher les changements de frontières dans les Balkans. Elle a toutes les raisons, à la fois fondées sur des valeurs et étroitement liées à l'intérêt national, de promouvoir l'idée de sociétés multiculturelles dans les Balkans.

Elle a toutes les raisons d'empêcher la création d'un centre, ou de plusieurs centres, de fondamentalisme islamique dans les Balkans. Soit plus près de nous, soit plus au nord, en Bosnie-Herzégovine.

Et dans ce contexte, ce mois-ci et le mois prochain, je ferai des tournées continues dans les Balkans. En consultation avec un certain nombre d'autres pays qui sont nos interlocuteurs constants. Parce que la situation dans les Balkans laisse à désirer.

Et je ne parle pas de la Macédoine du Nord, je parle, par exemple, de la Bosnie-Herzégovine où la situation est extrêmement préoccupante.  

C'est pourquoi nous devons toujours garder à l'esprit, je ne parle pas de vous, mais de nous tous, l'intérêt national plus élargi.

Je crois que l'intérêt national au sens large est identique au parcours européen de toute cette région, et c'est la voie que nous devons suivre.

Merci beaucoup.

May 27, 2022