Séance d’information devant le Comité permanent Défense nationale et Affaires étrangères par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos

Séance d’information devant le Comité permanent Défense nationale et Affaires étrangères par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos VénizélosNous vous communiquons ci-dessous l’intervention du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos, devant le Comité permanent Défense nationale et Affaires étrangères du Parlement hellénique.

«Merci, Monsieur le président,

Je remercie Mesdames et Messieurs les députés et vous-mêmes naturellement, pour avoir répondu à ma lettre, dans laquelle je demandais la réunion du Comité permanent afin que celui-ci soit informé des évolutions dans le domaine de la politique étrangère.

Hier, nous avons eu l’occasion d’aborder ces questions avec les représentants des partis au Conseil national sur la Politique étrangère. Or, tous les membres du Comité permanent doivent bénéficier de la même information, c’est pourquoi je me réjouis de l’occasion qui m’est donnée aujourd’hui de faire cette introduction, pour dire des choses qui sont connues et d’autres qui le sont moins, afin que nous puissions avoir un cadre systématique qui nous permettra d’exprimer toutes nos objections, nos problématiques et nos planifications avant tout.

Nous vivons dans une conjoncture inhabituellement problématique. Une conjoncture faite de multiples crises et défis. A mon sens, les plus grands après la dissolution de l’Union soviétique et la fin de la bipolarisation de l’après-guerre. Je dirais que dans la région élargie du voisinage européen – au sud et à l’est – aujourd’hui, ces derniers mois, des tensions sont générées et ces tensions sont supérieures à la somme des tensions générées après la dissolution de l’Union soviétique, de l’ex-Yougoslavie et la première phase dudit « Printemps arabe ».

Par ailleurs, en tant que pays, nous sommes confrontés, ces dernières années, à la fameuse crise économique. L’économie est un paramètre de puissance nationale et nous nous efforçons d’atténuer tout impact de la crise économique sur l’exercice de la politique étrangère et de la politique de défense et de sécurité. L’Europe, dans son ensemble, en tant qu’entité et la zone euro de manière générale, traverse une crise universelle, qui n’est pas seulement une crise économique, mais aussi politique, qui l’empêche de se constituer et de prouver sa puissance en tant qu’entité politique.

En outre, dans notre voisinage des Balkans, nous constatons une stagnation impressionnante, non seulement au niveau de l’intégration européenne et euro-atlantique des pays, mais aussi au niveau des problèmes régionaux, qui  se sont ranimés, bien que – je le concède – des progrès aient été accomplis.

De nombreuses tensions historiques qui perdurent dans notre région, sont ravivées très facilement, comme l’ont montré les récents incidents entre la Serbie et l’Albanie qui ont commencé lors d’un match de football et se sont poursuivies hier à Belgrade avec les propos conflictuels échangés entre les deux Premiers ministres.

La crise apparaît sur deux fronts géographiques : la crise au sud, au Moyen-Orient et en Méditerranée et, naturellement, la crise à l’est avec comme foyer, l’Ukraine, qui a influencé globalement les relations entre l’Occident et la Fédération de Russie.

Le dénominateur commun de ces deux fronts de crise est, sans aucun doute, la contestation des frontières existantes. La contestation de la notion d’Etat, car tout cela est lié à la dissolution des Etats et à la contestation des frontières existantes. Mais aussi à l’apparition d’entités terroristes qui manifestent des caractéristiques « interétatiques », comme c’est le cas de l’EI.

Bien entendu, il y a toujours le facteur classique de l’énergie, qui joue un rôle déterminant sur ces deux fronts et – chose impressionnante – tous les phénomènes liés au terrorisme prennent la forme d’une menace non seulement externe, mais aussi interne. Cela est notamment visible avec les combattants étrangers de l’EI qui sont issus de pays occidentaux. Et désormais, c’est la question numéro un qui est mise en avant au sein de la communauté internationale, après la récente décision du Conseil de sécurité. Or, cette expérience est aussi ancienne, car ce phénomène était apparu lors des différentes phases de la guerre en ex-Yougoslavie.

Un autre dénominateur commun est la difficulté de gérer les flux migratoires, le changement dans les données du problème des réfugiés, notamment sur le front sud. L’imposition de sanctions économiques est un dénominateur commun aussi. Nous avons commencé par l’Iran, mais maintenant notre grand problème est la Russie. Et certes, en termes de valeurs et d’idéologie, la question sous-jacente du point de vue occidental, est les relations entre démocratie et Etat de droit, d’un côté – selon la conception occidentale – et sécurité de l’autre, selon une conception occidentale, mais pas seulement. Car cette conception revêt aussi des caractéristiques universelles.

Nous avons aussi de nombreux phénomènes de débordement de tension. Certains pays, comme le Liban, sont traditionnellement victimes de ce débordement, tandis que nous avons une mixture de problèmes classiques, préexistants, comme le problème palestinien et des nouveaux fronts ouverts, comme ceux en rapport avec l’EI.

Et à l’heure où tout cela se déroule dans notre région et, de manière générale, dans le monde, nous devons faire face, ces dernières semaines, à une nouvelle tension accrue à Chypre en raison de la décision provocatrice de la Turquie de violer, ouvertement et sans dissimulation, les droits souverains de la République de Chypre, en envoyant le navire de recherche Barbaros dans la ZEE et le plateau continental de Chypre afin que celui-ci procède à des recherches sismiques, qui sont une violation directe et matérielle – et non seulement symbolique – aux droits souverains d’un Etat indépendant membre de l’ONU et de l’UE.

Bien entendu, la question que nous nous devons d’examiner aujourd’hui, est la position de la Grèce, et je dirais de Chypre aussi, dans le cadre régional et international actuel. Et pour ce, nous ne pouvons nous dispenser d’examiner en même temps la position de la Turquie dans ce même cadre régional et international.

Permettez-moi de rappeler très brièvement quelques données fondamentales de la politique étrangère grecque, les paramètres qui composent le cadre stratégique de la politique étrangère grecque au cours de ces 40 dernières années, à savoir la période marquant l’instauration de la démocratie.

•    Notre politique est toujours une politique de principes, à savoir, le respect du droit international et des droits de l’homme. Le respect des frontières existantes, le rejet du révisionnisme des frontières existantes et la protection des droits et intérêts nationaux. Rien de tout cela n’est évident. Et tout cela entraîne des obligations impérieuses. Mais en tout état de cause ce sont les principes qui régissent notre politique.
•    Deuxième paramètre, nous mettons tout en œuvre – et nous avons réussi – pour que la crise économique n’influence pas la puissance nationale et n’ait pas un impact négatif sur nos questions nationales.
•    Troisième paramètre, la nécessité d’accorder notre statut d’Etat membre de l’UE et de l’ONU à notre position dans les crises régionales et internationales, de façon à renforcer finalement notre position, du point de vue de la sécurité nationale et desdites questions nationales, comme la question chypriote, les relations gréco-turques, la situation en Egée et la Méditerranée orientale, la question du nom de l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine, la situation dans les Balkans occidentaux, etc.. De ce point de vue, certes, d’importantes occasions se sont présentées à nous, comme la présidence du Conseil de l’UE au premier semestre 2014 – la cinquième présidence grecque du Conseil – et la présidence de l’OCEMN, au second semestre en cours.
•    Quatrième paramètre, la valorisation autant que possible de l’hellénisme de l’étranger, en tant que groupe de pression et dans le même temps la protection des communautés grecques et des communautés d’origine grecque, comme c’est le cas actuellement avec les communautés grecques en Ukraine et notamment dans la région élargie de Marioupol. 
•    Cinquième paramètre, les efforts que nous déployons en vue de valoriser au mieux la diplomatie culturelle et ecclésiastique et la présence orthodoxe dans le monde entier, ce qui est lié à la nécessité de protection des populations et des monuments chrétiens, notamment au Moyen-Orient. Le fait que nous ayons trois patriarcats orthodoxes grecs dans la région élargie de Jérusalem, d’Alexandrie et d’Antioche, qui est, du point de vue du style, un patriarcat orthodoxe grec, mais aussi le Monastère du Sinaï qui est un monument de référence mondiale, signifie que nous avons des arguments solides et des raisons particulières de soulever ces questions.
•    Sixième paramètre, la valorisation des identités multiples du pays. En effet, outre l’identité européenne et euro-atlantique, nous avons une identité balkanique très forte, une identité méditerranéenne, qui plus est après la création de la macro-région Adriatique – Ionienne et nous avons aussi pour des raisons historiques une identité forte ayant des caractéristiques propres à la région de la mer Noire puisque nous exerçons parallèlement la présidence de l’OCEMN
•    Nos relations traditionnelles avec le monde arabe – et c’est le septième paramètre – font apparaître de nouvelles stratégies d’alliance de nature bilatérale ou multilatérale, comme l’a attesté la réunion au sommet tripartite entre la Grèce – Chypre et l’Egypte et comme l’attestera dans peu de temps la coopération tripartite Grèce – Chypre – Israël et avec d’autres pays. Je citerais en exemple les Emirats arabes unis, des pays du Golfe.
•    Le huitième paramètre est certes évident, mais force est de le rappeler. L’accent est mis sur la diplomatie énergétique qui est un dénominateur commun de toutes nos initiatives. Lorsque je parle de diplomatie énergétique, je me réfère bien entendu à une série de questions et à la nécessité de valoriser nos propres ressources naturelles. Je me réfèrerais plus particulièrement à la politique des pipelines, la politique des terminaux, des gaz liquéfiés et comprimés. Bien entendu tout cela est dicté par un principe, à savoir la nécessité pour la Grèce de valoriser ses droits souverains conformément au droit international et notamment au droit international de la mer.
Force est de rappeler, de ce  point de vue, qu’en 2011 a été votée la loi 4001 permettant à la Grèce de définir, du point de vue réglementaire, les frontières ultimes de son plateau continental et de sa zone économique exclusive. Par la suite, elle a notifié à l’Organisation des Nations Unies ces coordonnées géographiques et a lancé, à travers la coopération entre les ministères des Affaires étrangères et de l’Energie, un appel d’offres concernant la recherche et l’exploitation de parcelles dans la mer Ionienne et au sud de la Crète, outre les appels d’offres lancés et qui concernaient le continent ou autres mers de la Grèce, situés dans les eaux territoriales.
Outre tout cela, notre terminal à Revithoussa et notre position géographique nous permettent de discuter non seulement du TAP et des interconnexions, mais aussi de nouvelles idées très importantes, comme le couloir central Egée - Baltique permettant d’approvisionner la quasi-totalité des pays de l’Europe du sud-est et de l’Europe centrale et se basant en grande partie sur la capacité de la Grèce à transporter du gaz naturel liquéfié.
La discussion sur l’EastMed est toujours en cours, à savoir le pipeline qui en réalité unit le bassin levantin à la Grèce, à travers la Crète, le Péloponnèse et bien entendu la coopération trilatérale avec Chypre et l’Egypte ainsi que Chypre et Israël revêt une dimension énergétique majeure. Sans parler de nos contacts avec les autres pays, comme notre contact systématique avec l’Algérie ou encore le Kuweit et Qatar.
•    Le neuvième paramètre est la politique maritime intégrée qui était une priorité de la Présidence hellénique au premier semestre de l’année 2014 au Conseil de l’Union européenne. La politique maritime intégrée n’est pas seulement européenne, elle est aussi nationale et elle s’inscrit dans notre volonté de résoudre de façon systématique des questions portant sur la délimitation de zones maritimes, tout en sachant comment une négociation peut en influencer une autre.
Outre les zones maritimes, il est pour nous très important de garantir la libre navigation et de protéger les intérêts de l’industrie maritime grecque, qui est l’un des paramètres fondamentaux de notre puissance nationale et de la présence internationale de l’hellénisme. De ce point de vue, nous avons, ces derniers temps, unifié nos efforts et nos techniques, non seulement par rapport aux consultations menées au cours des douze dernières années – je dirais même les 38 dernières années depuis 1976 – avec la Turquie pour la délimitation du plateau continental, initialement en Egée et par la suite du plateau continental et de la ZEE en Egée et en Méditerranée orientale mais aussi par rapport à tout ce que nous faisons pour transformer l’ancienne convention de 1977 sur la délimitation du plateau continental entre l’Italie et la Grèce en convention complète sur la délimitation du plateau continental et de la ZEE entre ces deux Etats membres de l’Union européenne. Par rapport à tout ce que nous faisons pour garantir la convention signée en 2009 avec l’Albanie, tout ce que nous nous sommes efforcés de faire avec la Libye avant la dissolution de l’Etat et tout ce que nous faisons maintenant par rapport à l’Egypte et dont nous discuterons – j’imagine – plus spécifiquement. Il y a donc une notion de politique intégrée pour ce qui est des zones maritimes.
•    Le dixième paramètre est l’accent mis sur la gestion des flux migratoires, non seulement à travers une politique migratoire européenne intégrée, que le Commissaire grec est invité aujourd’hui à gérer, mais aussi à travers les efforts que nous déployons pour intervenir en tant qu’UE au moins dans les foyers de crise, notamment dans le voisinage sud et dans des pays comme la Syrie, la Libye, la Tunisie, etc..
•    Le onzième paramètre, très important, est la nécessité de parvenir à un consensus national dans le domaine de la politique étrangère. Je pense qu’il existe un acquis très important de la période marquant l’instauration de la démocratie, un acquis qui nous enseigne que, en dépit des tensions et des désaccords apparents, les grands choix stratégiques sont caractérisés par la stabilité, la continuité et le large consensus, du moins, entre les partis appelés à gérer la politique du gouvernement.
•    Le douzième paramètre est la nécessité d’intégrer toutes nos actions menées dans le domaine de la politique étrangère dans le cadre constitutionnel d’exercice de la politique étrangère. Et même si cela est évident, il convient de le rappeler.
•    Le paramètre suivant est la nécessité d’intégrer notre politique étrangère et européenne dans le cadre élargi de la politique nationale de sécurité, que celle-ci soit corrélée à notre doctrine en matière de défense et, plus généralement, avec la nécessité de protéger non seulement la sécurité extérieure, mais aussi intérieure. Sans oublier la nécessité d’intégrer toutes les actions dans un cadre stratégique visant à valoriser l’expérience historique et à rappeler que le patriotisme est synonyme de connaissance de l’histoire, de compréhension et de valorisation du rapport de force, de renforcement ou encore de maintien des paramètres de la puissance nationale.

De ce point de vue, nous pouvons voir maintenant très brièvement les questions en suspens, à commencer par la provocation de la Turquie à l’égard des droits souverains de la République de Chypre. Les faits réels sont connus :
La Turquie a émis un NAVTEX, selon lequel un navire de recherche, le Barbaros, s’est installé sur un point de la ZEE, et donc, du plateau continental de la République de Chypre, un point qui ne fait pas l’objet d’une revendication de délimitation entre la République de Chypre et la Turquie. Il ne s’agit donc pas d’un point sur lequel la Turquie fait potentiellement valoir ses droits souverains.
La Turquie invoque donc comme titre « légal » de cette action, premièrement sa capacité de pays garant, sur la base des traités de garantie de Zurich et de Londres de 1960, comme elle l’avait fait également pour l’invasion de 1974, deuxièmement, un traité commercial conclu entre les autorités du pseudo-Etat, la soi-disant « République turque de Chypre nord » et la société étatique turque d’exploitation d’hydrocarbures, la TPAO.

Il est très important de dire à la communauté internationale qu’il n’y a pas de différend concernant la délimitation, qu’il n’y a pas de région contestée. Et même si l’on accepte l’approche plus extrême et barbare disant qu’il existe une division de facto à Chypre qui n’est pas acceptée par la communauté internationale, cette région correspond à la région au sud qui est légalement contrôlée par la République chypriote légale et ses organes.

L’attitude de la communauté internationale est connue : vous connaissez les déclarations du SG de l’ONU, les réponses données par le représentant du Département d’Etat, la déclaration officielle de l’UE, au plus haut niveau, que sont les conclusions du Conseil européen. Vous savez quelle est la position de la Fédération de Russie, vous savez les formulations inclues dans les communiqués conjoints que nous avons publiés avec des pays comme l’Egypte.

Certaines voix internationales parlent ouvertement des actions unilatérales de la Turquie, de la nécessité pour la Turquie de cesser immédiatement toute action provocatrice. D’autres voix internationales parlent certes des droits souverains de la République de Chypre, des droits qu’ils reconnaissent et respectent, mais demandent que des initiatives soient prises pour parvenir à la désescalade et éviter toute poursuite des tensions. Cela veut dire que l’auteur d’un acte illégal international est envisagé de la même façon que celui qui exerce ses droits souverains. Dans ce sens, nous voulons manifestement une position plus claire de la part de la communauté internationale dans toutes les enceintes car cette approche, qui est, dans une large mesure, neutre, n’est pas celle qui devrait être.

On pourrait se demander pourquoi tout cela a lieu maintenant et où cela peut-il mener. Cela a lieu car c’est lié à la conjoncture internationale, au fait que la Turquie est au cœur de toutes les crises régionales et parce qu’elle estime pouvoir prétendre à un droit d’asile international, du fait qu’elle est un facteur crucial dans la lutte contre les actions agressives de l’EI.

Manifestement la Turquie associe ce qui se passe en Egée et en Méditerranée orientale – ce qui ressort de la dernière discussion et décision du Conseil de sécurité nationale – à ce qui se passe à l’intérieur du pays pour ce qui est des minorités ethniques et religieuses et notamment de la question kurde. En tout état de cause, rien de tout cela ne saurait justifier une violation aussi flagrante du droit international.

Nous comprenons également que certaines initiatives grecques, comme la coopération tripartite Grèce – Chypre – Egypte ou Grèce – Chypre – Israël, pourraient être envisagées avec appréhension, alors que nous avons déclaré sur tous les tons que nous voulons une relation de bon voisinage, une relation d’amitié et de coopération. Nous sommes en faveur de la perspective européenne de la Turquie. Nous voulons une Turquie stable, prospère, fiable qui n’exporte pas de crises. Nous voulons promouvoir notre coopération dans tous les domaines.

Nous voulons des voies de communications ouvertes. Nous voulons être deux alliés sérieux et fiable au sein de l’OTAN. Nous voulons éviter les tensions artificielles et éviter que ces tensions soient « militarisées ». Nous avons expliqué sur tous les tons que ni la coopération trilatérale Grèce – Chypre – Egypte, ni la coopération trilatérale Grèce – Chypre – Israël, ne revêtent un caractère agressif et ne se retournent contre la Turquie.

Au contraire, nous avons lancé un appel dimanche depuis le Caire, avec la déclaration du Caire, à tous les pays de la région, nous les avons invités à accepter le droit international, la convention de l’ONU sur le droit international de la mer et à adopter une vision commune de coopération, pour la légalité internationale et pour surmonter la crise dans l’intérêt de nos peuples.

Comme vous le savez, cette action provocatrice a abouti à la suspension des pourparlers car, comme l’a jugé le président Anastassiadis, la République de Chypre, la communauté chypriote grecque ne pouvaient poursuivre ces pourparlers tant que continuait cette provocation à l’encontre des droits souverains de la République de Chypre.

Le cœur du problème est toujours le refus de la Turquie de reconnaître l’existence et la personnalité juridique internationale de la République de Chypre. Elle refuse de reconnaître la situation juridique qui existe sur l’île. A Chypre, il y a un Etat membre de l’ONU, de l’UE et de la zone euro, un Etat doté d’une personnalité juridique internationale, jouissant d’une souveraineté nationale et de droits souverains. Et cet Etat c’est la République de Chypre.

La République de Chypre dispose d'institutions légales qui sont démocratiquement élues et elle est représentée au niveau international par le Président, le Président Anastassiadis. Jusqu'au départ des Chypriotes turcs des organes constitutionnels de la République de Chypre en 1963, début 1964, la communauté chypriote turque et les citoyens chypriotes turcs  de la République chypriote participaient aux organes de la République chypriote. Le dirigeant de la communauté chypriote turque a été également vice-président de la République de Chypre. Les Chypriotes turcs assumaient des fonctions au sein de tous les organes, il y avait des députés chypriotes turcs, le procureur général adjoint, le gouverneur adjoint de la Banque centrale étaient des chypriotes turcs, des citoyens chypriotes.
Comme vous le comprenez, il s'agit d'une réalité et d'une situation juridique que personne ne peut négliger. Le fait que cet Etat existe, lequel a tous les droits d'un Etat membre de l'ONU et de l'UE, ne signifie pas que les communautés n'existent plus. Ces communautés en tant qu'entités constitutionnelles sont prévues par la constitution de la République de Chypre de 1960 qui était de caractère bicommunautaire et était axée  - et continue d'être axée - sur l'existence de deux communautés.

Le dialogue est bicommunautaire et une solution est recherchée, solution qui, comme il a été, à maintes reprises, convenu – la dernière fois étant le 11 février 2014 avec la signature du Communiqué y relatif entre le Président Anastassiadis et M. Eroglu – entre les deux dirigeants des deux communautés, est une solution  fédérale, bicommunautaire, bizonale, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et des Accords de haut niveau. Par Accords de haut niveau, on entend l'accord entre Makarios et Denktash de 1977 et l'accord entre Kyprianou et Denktash de 1979. Et l'acquis communautaire. Il s'agit d'un cadre à deux niveaux que la Turquie doit comprendre.

Le contrôle de la richesse minière, souterraine et sous-marine relève de l'Etat. Cet Etat continuera d'exister sous la forme qu'il prendra après l'atteinte d'une solution mutuellement acceptable et viable et il y a les deux communautés qui participent aux pourparlers bicommunautaires. Le fait donc que la Turquie n'accepte pas cet Etat, ne reconnait pas la République de Chypre, n'applique pas le Protocole d'Ankara, n'applique pas l'accord de réadmission, entrave la perspective européenne de la Turquie et  l'évolution des pourparlers bicommunautaires et entrave la mission de l'alliance contre l'EI tout en influant de manière négative sur la stabilité dans toute la région.

Comme vous le comprenez donc, l'UE et l'ONU, la communauté internationale et avant tout l'ONU à laquelle incombe la responsabilité y relative, prennent des initiatives surtout par le biais du nouveau Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU, M.  Espen Eide, en vue d'assurer la reprise des pourparlers suspendus et il est évident que la République de Chypre, le gouvernement grec qui soutient le Président Anastassiadis, sont en faveur de la reprise des pourparlers et notre objectif est la reprise et l'issue positive de ces pourparlers. Toutefois, cela n'est pas possible tant que la Turquie continue à violer les droits souverains de la République de Chypre, au nom du pseudo-Etat ou dans le meilleur des cas, au nom de la communauté chypriote turque, laquelle participe en tant qu'entité aux pourparlers.

La réponse sur le fond est qu'il n'y a aucun argument et il n'y a aucune raison de s'inquiéter, car, il a été affirmé sur tous les tons par le Président Anastassiadis et par la communauté chypriote grecque en tant qu'entité, que, en tout état de cause, les questions de la richesse minière  et par conséquent des droits souverains relèveront de la responsabilité de l'Etat fédéral, à savoir du gouvernement central. Et ce dernier sous sa nouvelle forme sur laquelle on cherche à se mettre d'accord, est celui qui, conformément à la Constitution dudit Etat, assurera les droits de tous les citoyens, Chypriotes grecs et Chypriotes turcs dans le cadre d'une égalité proportionnelle.

Ce gouvernement central assurera aussi les droits des deux communautés, de la communauté chypriote grecque et de la communauté chypriote turque, d'une manière qu'il ne sera pas non seulement égalitaire mais plus favorable à la partie chypriote turque afin de réduire l'écart au niveau du développement entre les deux parties. Cela a été convenu lors des étapes antérieures des négociations entre MM. Christofias et Talat et par la suite entre MM. Christofias et Eroglu.

Toutefois, ces questions seront, lors de la phase actuelle, réglées par l'Etat de la République de Chypre compétent en la matière et, si et lorsqu'une solution est atteinte, par le gouvernement central de Chypre qui sera doté des caractéristiques bicommunautaires et bizonales. Ces assurances peuvent être revêtues d'un caractère institutionnel également et, ainsi, la violation continue des droits souverains de la République de Chypre est dénuée de tout argument solide. La réaction est intense, la réaction a des caractéristiques politiques et peut être dotée de caractéristiques juridiques, mais cela est une autre question qui doit faire l'objet d'une discussion. En ce qui nous concerne, nous ne voulons pas engager cette discussion mais trouver une solution à travers la désescalade et le rétablissement de la légalité internationale en faveur de laquelle nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir.

La question des contacts gréco- turcs alors que le navire Barbaros est toujours dans la ZEE chypriote, a monopolisé nos discussions avec le Président Anastassiadis et le ministre des Affaires étrangères, M. Kassoulidis ainsi que nos discussions avec les chefs des partis politiques chypriotes, le vendredi lors de notre visite à Nicosie avec le Premier ministre - moi j'étais à Nicosie une semaine avant à l'occasion de la réunion ministérielle tripartite entre la Grèce, Chypre et l'Egypte. 

Nous avons pensé que ce canal de communication entre la Grèce et la Turquie est probablement le plus efficace et le plus crédible en vue d'avancer des arguments axés sur le droit international, les arguments de la République de Chypre, laquelle n'est malheureusement pas reconnue par la Turquie et, de cette manière, de parvenir à notre objectif qui est le rétablissement de la légalité internationale et par la suite le rétablissement du dialogue à savoir la reprise des pourparlers.

Dans ce contexte, ma visite convenue à Ankara aura lieu le 29 novembre, à savoir la veille de la célébration de la fête du Patriarcat œcuménique, parallèlement à la visite de Sa Sainteté, le Pape en tant que chef de l'Etat du Saint-Siège en Turquie et en tant que  souverain pontife de l'église catholique romaine au Patriarcat œcuménique.

Par la suite, à savoir les 5 et 6 décembre, comme il a été convenu lors de l'entretien téléphonique entre le Premier ministre et M. Davutoglu, se tiendra la réunion régulière du Conseil de coopération de haut niveau entre les deux gouvernements, la troisième réunion en série qui devrait être tenue en mars et elle a été remise à plus tard après la fin de la Présidence hellénique. Comme il a été convenu à Cardiff lors de la rencontre que nous avons eue avec M. Erdogan, la réunion a été de nouveau remise à plus tard et elle aura lieu d'ici à la fin de l'année, car autrement on aurait perdu toute une année, et nous avons pensé qu'il s'agit d'une série d'actions et de rencontres qui nous permettent d'exprimer nos positions directement et de savoir quelles sont les limites de la position turque.

Bien évidemment, force est de signaler que la réunion au sommet du Caire s'est tenue avant.

Cette semaine se tient au niveau des Secrétaires généraux une réunion bilatérale entre la Grèce et Israël et une réunion tripartite et à la veille de la rencontre entre les deux gouvernements se tiennent deux réunions internationales très importantes, à savoir la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, les 2 et 3 décembre et la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OSCE les 4 et 5 décembre.

Dans ce cadre, il y a une série d'actions dont on pourrait parler, si cela est nécessaire, lors de la dernière étape de ce débat.

Cela dit, je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'évoquer l'étape dans laquelle se trouvent les discussions sur la question chypriote, toujours dans le cadre susmentionné et sur la base du communiqué conjoint du 11 février 2014.

Je voudrais seulement dire que, lorsque le communiqué conjoint avait été adopté, toutes les données relatives à la ZEE chypriote et à l'exploitation de la richesse minière avaient été en place,  à savoir les accords interétatiques sur la délimitation de la ZEE ainsi que les accords commerciaux avec des consortiums. Par conséquent, la partie chypriote turque et la Turquie connaissaient ces données avant le 11 février 2014 date à laquelle les négociations bicommunautaires ont commencé.

Pour ce qui est maintenant des questions gréco-turques, force est de rappeler que, en ce qui nous concerne, nous ne manquons jamais de souligner que le règlement de la question chypriote est un facteur décisif pour l'évolution des relations gréco-turques ainsi que pour insuffler une nouvelle dynamique à ces dernières.

En outre, nous avons toujours dit que la perspective européenne de la Turquie dépend dans une très large mesure du règlement de la question chypriote.  Car, comment est-il possible d'avoir un processus d'adhésion européen qui est de caractère intergouvernemental et qui exige la conclusion d'un accord avec un nouvel Etat membre et avec les 28 Etats membres de l'UE, si un de ces membres n'est pas reconnu? Les choses ne sont-elles pas simples ?

Bien évidemment, le choix de la Turquie elle-même concernant ses relations avec l'Union européenne est une question qui doit être abordée mais cela fera l'objet de discussions lors des contacts que nous aurons dans le cadre du Conseil de coopération de haut niveau entre les deux gouvernements.

Toutefois, nous poursuivons les contacts à tous les niveaux. Force est de signaler que depuis 2002 jusqu'à aujourd'hui, ont été organisés 58 tours de contacts exploratoires sur la délimitation du plateau continental en mer Egée. Ces contacts au cours de ces 18 derniers mois, se sont transformés, suite à mes instructions, en tours exploratoires sur la délimitation du plateau continental et de la ZEE en Egée et en Méditerranée orientale. Et actuellement nous sommes en train de discuter de la règle de référence. La Turquie n'est pas un Etat membre de la Convention de l'Organisation des Nations Unies sur le droit de la mer, mais elle reconnait désormais de manière explicite la validité du droit coutumier de la mer qui fait partie de la jurisprudence des organes juridictionnels internationaux chargés de la délimitation des zones maritimes sur la base de la Convention sur le droit de la mer. Cela est donc très important.

En outre, nous n'avons jamais suspendu le dialogue sur les mesures de confiance à caractère aéronaval en mer Egée et en Méditerranée orientale. Bien évidemment, le fameux mémorandum signé entre Papoulias et Yilmaz dont nous pourrons parler davantage au cours de notre discussion, est bien illustrant à cet égard.  Vous savez très bien que ce cadre de la politique étrangère a été façonné au cours des 40 dernières années. Probablement, la journée d'aujourd'hui nous offre l'occasion de rappeler certaines choses en vue d'avoir un meilleur aperçu à cet égard.

J'aborderai très brièvement les questions relatives au Moyen-Orient et au voisinage oriental.

Comme vous le savez, il y a quelques jours, nous avons tenu au ministère des Affaires étrangères une grande réunion entre nos ambassadeurs accrédités dans tous les pays du Moyen-Orient. Cela nous a donné l'occasion de faire une analyse détaillée de toutes ces questions. Si quelqu'un me demandait quel est le dénominateur commun des crises au Moyen-Orient, je dirais qu'en réalité, il existe un contexte idéologique portant sur la relation entre la démocratie et la sécurité, conformément aux stéréotypes occidentaux auxquels je me suis référé. Actuellement sont examinées les évaluations concernant le printemps arabe qui a eu lieu il y a deux ans. Il est évident que la communauté internationale n'a pas une position unique à cet égard. Il existe des priorités nationales bien claires et une évaluation différente des rapports de force régionaux  tant pour les grands pays que pour les pays qui veulent devenir des puissances régionales.

Il est évident que nous sommes très souvent confrontés à des situations rappelant la Société des nations, la mise en place des mandats dans la région élargie du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord, à savoir des régimes qui ont conduit  à l'expédition de l'Asie mineure et à la grande catastrophe. Nous sommes confrontés à des situations qui rappellent le pacte Sykes-Picot concernant la manière dont les zones d'influence en Moyen-Orient ont été tracées entre les grandes puissances de l'époque, lesquelles ne sont pas différentes des grandes puissances de l'époque contemporaine -  à l'exception du rôle des Etats-Unis qui n'étaient pas présents dans la région - mais la France, les Royaume Uni, l'Italie en partie et la Russie étaient toujours présentes.

En réalité, il y a des oppositions très marquées au sein du monde arabe et musulman. Il est évident que les forums tels que la Ligue arabe et l'Union africaine ne peuvent pas jouer un rôle particulier à cet égard. La capacité d'intervention de l'UE s'est affaiblie et, bien évidemment, il existe toujours la crise de la légalité internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU n'étant en mesure de prendre des décisions en temps voulu et d'imposer ses décisions.

Il existe toutefois une autre question plus particulière. Il existe un grand désaccord pour ce qui est de la notion de l'inclusion (inclusiveness) et de la façon dont on envisage les crises tous les pays. A l'égard de la question du Moyen-Orient, à l'intérieur, à savoir la question palestinienne, en Syrie, en Irak, en Libye, au Liban. En réalité, cela est peut-être la question la plus cruciale.

En d'autres termes, la question est de savoir si à ce processus participatif que l'on entend mettre en place en vue de parvenir à une solution politique qui n'exclue aucune force impliquée au conflit, participent aussi les forces terroristes lesquelles, selon le cas, se présentent comme étant plus modérées, ou si cela ne peut être accepté.

Ce flirt avec l'idée de l'inclusion des forces terroristes est la cause de cette montée en puissance subite de l'ISIS, l’ISIL, du DAES, dudit Etat islamique. Car cela a fait l'objet d'un jeu diplomatique, politique et militaire en Syrie et c'est un problème qui existe actuellement en Libye où l'Etat s'effondre, mais il y a de très grandes oppositions. Il existe désormais des contestations très sérieuses à l'égard de la politique de l'ONU, par le biais de ses représentants spéciaux, tels que  Bernandino Leon en Libye et Staffan de Mistura en Syrie C'est une question majeure.

De ce point de vue, nous pouvons au cours du débat, parler de la question palestinienne, de la Syrie, de l'ISIS, de parler de nouveau du rôle de l'Egypte qui est décisifs pour toutes ces questions. Tout comme pour la question palestinienne, pour le cessez-le-feu à Gaza, pour la situation en Syrie, pour la situation en Libye, pour tous les dossiers. Nous parlerons de notre relation avec les pays du Golfe ainsi que des relations entre ces pays. Cela est très important pour les sources d'énergie aussi car pour nous la relation avec le Qatar ou notre relation avec l'Algérie, est très importante afin d'assurer notre approvisionnement en gaz naturel. Nous parlerons des pays qui subissent toujours les conséquences de la crise, tels que le Liban, du degré de résistance de la Jordanie face aux pressions exercées sur ce pays, et de notre relation avec l'Iran. Nous débattrons de notre politique en Libye et de notre politique à l'égard d'autres pays de la région, telles que la Tunisie et le Maroc.

Pour ce qui est de la mission de l'ONU (UNIFIL) au Liban, comme nous l'avons annoncé, non seulement nous maintenons notre présence dans le pays, mais aussi nous la renforçons car la vedette lance-torpilles que nous avons mise à disposition est un très petit navire qui n'est pas adapté aux besoins de la région. Bien évidemment, nous participons aux missions de l'OTAN, telles que la mission Active Endeavour, à travers la mise en disposition d'un sous-marin. Mais cela s'intègre dans le cadre de nos obligations internationales.

Force est de signaler, qu'en septembre 2013 j'ai visité l'Iran et maintenant nous attendons que l'Iran fasse de même.

Avec mon homologue algérien, nous avons échangé sept visites.

Nous avons des rencontres de très haut niveau avec le Président et le ministre des Affaires étrangères de la Tunisie, du Maroc et nous essayons d'établir une relation fiable avec toute la région.

Je conclue  - car j'ai été trop long - en faisant seulement une référence générale au voisinage oriental. La question ici est de savoir comment la Russie aperçoit la chute du socialisme réel et l'effondrement de l'Union soviétique 25 ans après. Il s'agit d'une question très sérieuse. A savoir, la question est en réalité la façon dont la Russie et l'Occident perçoivent le rôle politique international de la Russie et son espace vital.

Il est évident que l'attitude de la Russie à l'égard de la Communauté des Etats indépendants et de l'Union douanière est tout à fait différente de celle de l'UE et de l'OTAN. Il existe toute une variété de comportements. Il y a les pays baltes qui sont de longue date des membres de l'UE et de l'OTAN. Nous avons des pays qui s'interrogent sur cette éventualité, comme l’Azerbaïdjan. Des pays, comme l’Arménie, qui participent au voisinage oriental mais qui se montrent très sceptiques dans leurs relations avec l'Europe.

Il y a des pays, tels que la Géorgie, qui sont ouvertement en faveur de la perspective européenne et euro-atlantique, mais vous voyez ce qui se passe. Il y a une grande crise gouvernementale et des problèmes en suspens, tels que la situation en Abkhazie. Et, il y a, bien évidemment, la question du Haut-Karabagh entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.  Il y a la Moldavie laquelle, en dépit de sa petite taille, a les mêmes dilemmes que l'Ukraine et elle se prépare à un scrutin. Par coïncidence, la Roumanie aussi se préparer à un scrutin.

En réalité, derrière tout cela se trouve la question de la politique énergétique de l'Europe ainsi que celle de la Russie dont 60% de ses recettes budgétaires provient des ventes de pétrole et de gaz naturel. Il y a donc cette question.

Vous savez que nous faisons tout ce qui en notre pouvoir pour soutenir les communautés grecques de Marioupol afin que celles-ci soient épargnées des conflits et des incidents militaires, mais malheureusement, il y a quelques jours nous avons eu des victimes. Le Consulat général à Marioupol opère de nouveau. Le Consulat général d'Odessa n'est plus en contact avec la Crimée car le régime politique international dans cette région a changé de facto.

Toutefois, en ce qui nous concerne, dans le cadre imposé par notre qualité d'Etat membre de l'UE et de l'OTAN, nous essayons de garder ouverts tous les canaux de communication avec la Russie. J'attends  que M. Lavrov fixe la date  de ma visite à  Moscou, qui fait suite à la visite de ce dernier en Grèce. Le Secrétaire d'Etat aux Affaires politiques,  M. Meshkov visitera la Grèce le 24 novembre en vue d'avoir des consultations politiques avec le  Secrétaire général, l'ambassadeur M. Mitsialis. Le 14 novembre le ministre des Transports de la Russie viendra pour rencontrer M. Kourkoulas, tous deux étant co-présidents du Comité interministériel mixte. Nous promouvons l’année 2016 en tant qu’année de la Grèce en Russie. Nous discuterons à un moment donné des sanctions, des contremesures, ce qui pouvait être fait, ce qui est fait et ce qui sera fait.

Bien entendu, nous voulons par ailleurs valoriser les deux derniers mois de la présidence grecque de l’OCEMN, même si cette présidence coïncide avec des changements au niveau du gouvernement ou des ministres dans de nombreux pays.

Je ne me réfèrerais pas du tout à des questions relatives aux Balkans occidentaux. Je dirais seulement que demain est prévue une rencontre à New York de M. Nimetz avec les négociateurs des deux parties, car le négociateur de l’autre partie a changé et il s’agit de sa première participation. Je dirais aussi que la position grecque est connue, c’est celle de 2008, qui a été largement diffusée et acceptée par la majorité des forces politiques. C’est la politique que nous suivons et appliquons, sans dévier de cette politique».

November 11, 2014