Monsieur le Président, merci. Après vous avoir remercié pour vos vœux, permettez-moi à mon tour d’exprimer à mes chers collègues mes voeux à l’occasion de la fête d'aujourd'hui et pour les fêtes de ces derniers jours. Nous sommes entrés dans la période des fêtes.
Et je tiens aussi à vous remercier, Monsieur le Président, vous et le Comité, de l'occasion qui m'est donnée de vous rencontrer aujourd'hui et d'informer le Comité des questions relevant de la responsabilité du ministère des Affaires étrangères concernant un large éventail de sujets d'intérêt national.
La première question évidente d'intérêt national majeur est notre relation avec la Turquie et le problème chypriote, en précisant, bien sûr, que la politique étrangère du pays n'évolue pas en opposition avec la Turquie et ce qu'elle fait ou dit.
Nous avons une politique étrangère autonome et indépendante, conçue évidemment sur la base de l'intérêt national. Bien sûr, nous aimerions avoir une relation de bon voisinage durable avec notre pays voisin, la Turquie, sur une base donnée.
La base est le respect du droit international, et le droit international inclut évidemment le droit international de la mer, la CNUDM, qui fait également partie de l'acquis européen.
Je voudrais vous rappeler ce que vous savez très bien, Mesdames et Messieurs, que la CNUDM a été ratifiée par l'Union européenne et pas seulement par l’ensemble de ses États membres.
Et, bien sûr, la Grèce et le gouvernement actuel, le gouvernement Mitsotakis, reste toujours ouverte au dialogue avec la Turquie, mais dans le cadre que j'ai mentionné précédemment. Dans le contexte du droit international, sur le différend, le seul différend que nous avons avec le pays voisin.
Le gouvernement turc doit, à un moment donné, prouver ce qu'il a proclamé à divers interlocuteurs. Qu'il souscrit au dialogue, mais dans ce contexte, pas à un dialogue prétentieux, hors contexte, basé sur des généralités.
Et aussi, il y a une condition préalable évidente pour le succès d'un dialogue. Il s'agit d'abandonner la menace de guerre contre la Grèce, le casus belli, et aussi, je le répète, d'accepter le cadre spécifique.
Le casus belli, Mesdames et Messieurs, est un problème énorme. Parce que le pays voisin est le seul pays de la planète, je répète, le seul pays de la planète, qui, en violation totale de la Charte des Nations unies, menace un pays voisin de guerre, menace qui sera exécutée, ce qui souligne le caractère inacceptable de la menace, si l'autre pays, c'est-à-dire la Grèce, exerce son droit légitime.
Cela doit cesser. Il n'est pas possible au XXIe siècle d'accepter la menace de la guerre comme une logique de coexistence. La Turquie doit comprendre qu'il est également dans son propre intérêt que le casus belli soit levé.
En ce qui concerne la question chypriote, les actions provocatrices et illégales tant dans la ville enclavée de Famagouste, en violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, que dans la zone économique exclusive de Chypre doivent être abandonnées, et il doit y avoir une reprise du dialogue dans le seul cadre acceptable, celui prescrit par le Conseil de sécurité des Nations unies dans ses résolutions, à savoir la Fédération bizonale et bicommunautaire.
À la suite de notre discussion, et après les prises de position, j'espère avoir l'occasion de vous informer du rôle de notre pays dans la nouvelle architecture de sécurité qui se dessine en Méditerranée orientale, du renforcement de nos relations avec des acteurs importants de notre région élargie, tels que l'Égypte, Israël, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite. Mais aussi du réseau de contacts bilatéraux et de partenariats trilatéraux et multilatéraux avec d'autres États, tels que Bahreïn et Oman.
Il sera très intéressant, je pense, de discuter des accords importants qui tracent notre cadre, comme celui avec la France, avec les États-Unis, de discuter de notre relation avec le Royaume-Uni, dans l'ère post-Brexit, de notre nouvelle présence au Moyen-Orient, en Libye, en Syrie, de l'intérêt de notre pays pour ce qui se passe dans le Caucase, de notre engagement constant, soutenu et cohérent dans les Balkans, en nous concentrant d'une part sur l'adhésion des Balkans occidentaux, en particulier de l'Albanie et de la Macédoine du Nord, sans pour autant vous cacher les préoccupations que suscite la situation en Bosnie-Herzégovine. Bien sûr, la perspective européenne de tout pays implique le respect de la conditionnalité.
Je voudrais également vous informer de nos activités dans des domaines qui, jusqu'à récemment, étaient considérés comme ne présentant pas d'intérêt direct pour la Grèce. Je fais référence à l'Afrique sub-saharienne, au Sahel. Mais aussi aux pays d'Afrique centrale, orientale et occidentale.
Comme vous le savez, je me suis récemment rendu au Rwanda, au Ghana et au Gabon, des pays qui n'ont jamais été visités par un ministre grec des Affaires étrangères. Immédiatement après Noël, je me rendrai au Nigeria, en Angola, nous aurons la visite de la ministre des Affaires étrangères du Kenya, j'inaugurerai la nouvelle ambassade de Grèce au Sénégal et probablement ensuite je me rendrai en Mauritanie.
Je voudrais également vous informer sur nos relations avec la Russie, puisque vous savez que le Premier ministre, M. Mitsotakis, s'y rend après-demain pour rencontrer le président Poutine. Ainsi que sur nos relations avec la Chine ; il y a quelques semaines seulement, nous avons reçu le ministre chinois des Affaires étrangères, M. Wang Yi.
Mais aussi sur un certain nombre d'opportunités qui se sont présentées avec des pays qui étaient en dehors de notre horizon immédiat. Je me réfère à deux réunions avec le ministre des Affaires étrangères de l'Inde, dont la première a eu lieu pendant sa visite à Athènes. Je me réfère également à la visite à Athènes, après-demain, de la ministre australienne des Affaires étrangères et aux réunions prévues avec l'Indonésie, le Vietnam et le Japon.
Enfin, nous pouvons discuter de l'état d’avancement de notre candidature, notre candidature très importante, au Conseil de sécurité des Nations unies. J'ai le plaisir de vous dire qu'en ce moment, nous avons 95 engagements, nous sommes très proches de la majorité absolue. Aucun opposant ne s'est manifesté. Il y a deux candidats, nous et le Danemark. Il n'y a pas pour le moment de rival pour les deux sièges.
Je voudrais également mentionner le succès que nous avons remporté lors de notre récente élection au Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO, le 25 novembre. Nous comprenons tous dans cette Assemblée pourquoi cette élection était très importante pour nous. Egalement, l'élection à la Commission de la fonction publique internationale des Nations Unies. Notre campagne n'a pas abouti à une élection mais nous avons obtenu 71 voix en faveur du professeur Sicilianos au poste de juge de la Cour internationale de justice. Et c’était une campagne très difficile en plus, car l'adversaire du professeur revendiquait la poursuite du mandat du défunt, donc le résultat de 71 voix est extraordinaire. Ainsi que notre élection au Conseil exécutif de l'Organisation maritime internationale (OMI), l'élection aura lieu le 15/12.
Il est très important pour le pays d'avoir des candidats, d'avoir des succès et de participer aux instances internationales, vous le comprenez.
Chers collègues, nous vivons dans un environnement en constante évolution. Dans cet environnement, nous poursuivons une politique tournée vers l'extérieur, fondée sur des principes et axée sur le droit international et la légitimité internationale. Nous procédons selon les axes de cette politique. Notre boussole a toujours été la défense de notre souveraineté et de nos droits souverains, la défense de notre intérêt national et la promotion des valeurs universelles. Pour tout cela, j’attends avec intérêt de mener une discussion constructive.
Je dois dire que je pense que nous sommes d'accord sur les principaux piliers de notre politique étrangère, même avec les nuances et les divergences de vues individuelles, qui enrichissent le dialogue et doivent être encouragées. Mais, en conclusion, je voudrais dire que nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de faire semblant d'être en désaccord, car il y a toujours un élément de criticité dans la situation.
Merci beaucoup, Monsieur le Président.
December 6, 2021