Séance d’information tenue par le ministre des Affaires étrangères, N. Kotzias, à l’intention des correspondants grecs (Washington, 22 mai 2018)

Séance d’information tenue par le ministre des Affaires étrangères, N. Kotzias, à l’intention des correspondants grecs (Washington, 22 mai 2018)Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Je pense que si l’on compare nos visites à Washington – je me rappelle de notre voyage en avril 2015 – à notre visite de cette année, en 2018, on constatera une grande différence. La reconnaissance du rôle de la Grèce dans la région est plus importante que jamais. La reconnaissance des initiatives que nous entreprenons dans le domaine de la politique étrangère fait l’objet également de consultation et d’étude de la part des Américains.

Les principaux dossiers abordés ont été premièrement le développement ultérieur de notre relation stratégique portant sur un large éventail de domaines allant de l’énergie et de la sécurité énergétique jusqu’à la coopération dans le domaine de l’agriculture, de la civilisation, de l’éducation, des investissements et de l’économie.

Deuxièmement, nous avons discuté des problèmes auxquels est confrontée la région de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient. Les Américains ont exprimé leurs préoccupations à l’égard des événements dans la région. Nous avons débattu des questions portant sur la sauvegarde de la paix dans la région, telle que nous la concevons.

Troisièmement, nous avons discuté de la région des Balkans et de la politique de stabilité et d’initiatives de notre pays.  A été confirmée la reconnaissance de la part des Américains – reconnaissance éprouvée d’ailleurs par le plus grand nombre de pays dans le monde –  de l’impact positif des initiatives qu’entreprend la Grèce. D’après mon expérience, lorsque nous exerçons une politique étrangère active et entreprenons des initiatives, personne ne peut intervenir ou avoir un mot à dire concernant ces initiatives et la politique étrangère et cela est valable aussi pour Skopje. Pour ce qui est de Skopje, comme vous le savez, j’ai une concertation et une coopération continues avec le Premier ministre du pays avec lequel il y a une convergence de vues. En outre, les Américains ont manifesté un intérêt marqué à l’égard de la question de la Turquie. Je dirais qu’ils étaient disposés à écouter les analyses.  A mon avis, ils recherchent la manière dont ils feront face à de nouvelles situations et forgeront de nouvelles alliances dans la région.

JOURNALISTE : Concernant ce que les Américains ont affirmé dans leur communiqué sur le dialogue stratégique, voudriez-faire une remarque supplémentaire ?

Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Comme je vous l’ai dit, les Américains comprennent que notre pays entreprend d’excellentes initiatives. Ils ont été impressionnés par un grand nombre de choses, tout comme la plupart de nos partenaires à l’ouest et à l’est. Je citerai deux exemples à cet égard. L’un porte sur nos initiatives pour la protection des communautés religieuses et culturelles au Moyen-Orient. C’est-à-dire l’image d’Athènes il y a quelques mois, où on pourrait voir les couleurs de toutes les religions – vert, mauve, blanc, noire, etc., – avec l’arrivée de tous les chefs des dogmes religieux et des églises du Moyen-Orient. Ils ont été impressionnés car nous sommes le seul pays à pouvoir rassembler et accueillir dans son territoire les chefs des religions et des églises les plus diverses.

Le seconde chose, et plus récente, qui les a impressionés, était notre rencontre à Sounion. La rencontre organisée à Athènes pour pouvoir discuter ouvertement et franchement de toutes les questions ayant trait au développement et à l’avenir de l’Union européenne avec les pays du groupe Visegrad, avec d’autres pays comme la Slovénie qui est située en Europe orientale, avec tous les pays des Balkans occidentaux candidats à l’adhésion, ainsi que les pays du groupe B-4, à savoir la coopération qu’ont les 4 Etats membres de l’UE provenant des Balkans, c’est-à-dire la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce. Car, comme vous le savez, nous avons d’autres coopérations, comme avec la Serbie et une réunion sur la coopération frontalière très importante qui s’est tenue récemment à Thessalonique avec l’ARYM, la Bulgarie et l’Albanie.

Je pense que les Américains savent bien que nous constituons une puissance forte et un pôle puissant de stabilité et de sécurité dans notre région et ils sont désireux de dialoguer avec nous, de tirer des enseignements de notre expérience et d’écouter très attentivement nos points de vue. Des points de vue très directs.

JOURNALISTE : Pouvez-vous nous dire quelque chose au sujet de la rencontre avec M. Bolton ?

Ν. KOTZIAS : La rencontre avec M. Bolton a duré le double de temps qui avait été prévu. M. Bolton, tout comme M. Pompeo, était disposé à écouter. Il a fait des remarques très intéressantes et avait beaucoup de questions. Notre discussion portait sur les politiques stratégiques dans la région, les contradictions et les oppositions de la Turquie et dans quelle direction va ce système, les questions des routes énergétiques et de la garantie des ressources énergétiques pour les pays qui en sont propriétaires, à savoir Chypre, l’Egypte et Israël, ainsi que la coopération futures des relations Grèce – Etats-Unis. Ce qui me surprend assez est que, premièrement, les Américains veulent écouter notre point de vue, même si nos points de vue sont divergents. Ils s’intéressent beaucoup à notre expérience.

Nous avons, par ailleurs, discuté de la question du nom, comment évolue-t-elle et dans quel sens. Comme vous le savez, nous l’avons abordée avec M. Mitchell. S’agissant de ce dossier, nous ne subissons aucune pression et personne n’a l’intention de faire pression sur nous. Jamais je n’accepterais que des pressions soient exercées sur nous. Ils s’intéressent toutefois beaucoup à la solution et essaient de comprendre où en est la négociation et quels sont ses points difficiles. La négociation, comme vous le savez, se poursuivra jeudi et vendredi, en présence de M. Nimetz. Les équipes techniques, qui se réunissent en parallèle avec la négociation principale, se réuniront aussi. Vous devez savoir que nous avons élaboré un grand texte – l’Etat grec l’a fait. Nous avons intégré ce texte ainsi que le texte juridique établi par M. Nimetz à un texte unique qui traite – dans sa seconde partie – des coopérations futures Grèce – ARYM, autrement dit les perspectives d’avenir sur des questions comme l’éducation, la recherche, etc. La première partie concerne des questions liées à la question du nom, notamment les questions d’irrédentisme, avec lesquelles nous devons en finir, tout comme le chapitre sur la reconnaissance de toutes les réalités juridiques internationales, les frontières, l’inviolabilité des frontières, qu’aucune des parties ne puisse faire de la propagande au détriment d’une autre, etc.

May 23, 2018