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France Inter – Émission «Allô l’Europe» : Interview de Dimitris Kourkoulas (José-Manuel Lamarque, Emmanuel Moreau)

Monday, 27 January 2014

Lamarque : Kalimera. La Grèce, berceau de notre civilisation, est à la tête de l'UE pour 6 mois. C'est, Emmanuel, la preuve que la place de la Grèce en Europe reste toujours légitime, même si certaines et certains n'ont pas hésité, naguère, à la vilipender et insulter le peuple grec.

Moreau : La date de cette présidence n'a pas été choisie par la Grèce, José-Manuel ; mais elle l'assume d'autant mieux que les rapports avec l'Allemagne, depuis le nouveau gouvernement, se sont nettement améliorés. Et, elle souhaite utiliser cette présidence, justement, comme d'un atout.

Dimitri Kourkoulas, vous êtes secrétaire d'État aux Affaires Étrangères grecques. Quelles sont vos priorités pour ces 6 mois à venir ?

Kourkoulas : C'est d'abord la croissance et l'emploi, notamment l'emploi des jeunes. Il y a un deuxième groupe de priorités qui vise à mieux armer l'union monétaire et économique, à donner des instruments institutionnels à notre zone euro, notamment l'union bancaire. Le troisième groupe se réfère à la gestion du phénomène d'immigration – phénomène qui ne va pas s'arrêter – mais nous estimons que l'UE doit être plus active aussi bien à l'intérieur de l'UE, mais aussi et surtout [qu'elle doit] mieux coopérer avec les pays tiers, qui sont des pays d'origine de transit, pour combattre ces réseaux criminels. Et la quatrième priorité est liée avec la politique à degré méditerranéen : il y a déjà dans différents secteurs des politiques européennes maritimes – nous voulons étendre la dimension de ces politiques pour inclure des aspects de sécurité maritime, et aussi des aspects énergétiques : les voies maritimes sont très importantes pour notre approvisionnement aussi en énergie.

Lamarque : Kirie Kourkoulas, maintenant au bout de six années de crise – revenons à la Grèce – on attend des chiffres, et on les espère excédentaires.

Kourkoulas : Oui, je pense que la Grèce a vraiment fait un effort incroyable. On a réussi à réduire notre déficit qui était astronomique en 2009 – 15% du PNB – et déjà en 2013, l'année passée, on a réussi à avoir un excédent primaire budgétaire. Cette année 2014, cet excédent va s'accroître ; on attend maintenant la confirmation par les statistiques européennes de cet excédent de l'année passée. C'est un très bon signe car grâce aux sacrifices du peuple grec, on a enfin réussi à mettre de l'ordre dans le budget de l'État. De plus, il y a des signes positifs sur la croissance : après 6 ans de croissance négative les prévisions sont positives pour 2014 et encore plus positives pour 2015.

Moreau : Cela veut-il dire que très prochainement, la Grèce ne connaîtra plus l'aide européenne ?

Kourkoulas : Oui on espère pouvoir sortir du programme d'ajustement. Notre objectif est de pouvoir être indépendant et marcher sur nos propres pieds, et aller sur les marchés pour ne plus avoir besoin de la solidarité de nos partenaires. Mais je dois ici souligner et répéter que la Grèce a honoré sa signature : on a remboursé chaque euro, chaque centime de ce qui nous a été prêté, et on compte continuer à faire la même chose aussi longtemps que l'économie grecque est vivante. Je pense que les perspectives sont positives.

Moreau : Monsieur le ministre, dans quelques mois vont avoir lieu les élections européennes. Est-ce que la Grèce va faire partie du débat à votre avis ?

Kourkoulas : Malheureusement, les tendances anti-démocratiques, même fascistes, nazis, ont essayé – et ont réussi, d'une certaine façon – à exploiter la crise sociale et économique qui a frappé la Grèce et d'autres pays, et on voit qu'il y a une augmentation de ces tendances extrémistes pas seulement en Grèce malheureusement mais dans d'autres pays. Nous considérons que c'est un développement très inquiétant, mais ce qui est positif est qu'en Grèce il y a un front de toutes les forces démocratiques pour faire barrage à la propagation de cette idéologie ; et surtout on va se battre en essayant de sortir de la crise aussi vite que possible pour que les extrémistes ne puissent pas essayer de détruire tout ce qui a été construit en Europe les quarante dernières années.