Exposition "La Grèce des origines, entre rêve et archéologie" du 05 octobre 2014 au 19 janvier 2015 Musée d'Archéologie nationale Château de Saint Germain en Laye. Prolongation jusqu'au 02 février 2015
Naissance d’un Etat et d’une archéologie
Dès son indépendance (1832), la Grèce s’est souciée de protéger ses antiquités en créant un Service archéologique (1834). Peu de temps après, la première revue d’archéologie grecque, Ephéméris Archaiologiki, est fondée, en même temps que la Société archéologique d’Athènes. La France crée en 1846 l’Ecole française d’Athènes pour favoriser l’étude des antiquités, puis l’Allemagne édifie à son tour un institut d’études en 1874 ; elles seront imitées par de nombreux pays. Ces institutions mènent des recherches archéologiques systématiques à partir des années 1870-1880 : c’est la fin de la quête des objets de collection. Des explorations archéologiques de grande ampleur commencent dans les régions nouvellement rattachées à la Grèce : la Thessalie et une partie de l’Epire en 1881, la Crète en 1913, après avoir été autonome à partir de 1898. Enfin, de nombreuses prospections ont lieu en Macédoine, une région récupérée lors des guerres balkaniques (1912-1913), pendant la première guerre mondiale et l’ouverture, en 1915, d’un front oriental. La Grèce a reconstruit son passé en même temps qu’elle a construit son Etat.
Les civilisations égéennes au musée d’Archéologie nationale
« Cette forme insolite […] vous révèle dans la Grèce une Grèce inconnue […] aussi grave, aussi profonde, aussi colossale que l’autre est éclatante, légère et mesurée ; […] tout ici répond à la renommée des Atrides et renouvelle l’épouvante des fables des Achéens », ainsi s’exprimait Edgard Quinet en 1830, voyageur épris de tragédies devant les murs de Mycènes. Comme d’autres voyageurs avant lui, il avait conscience de toucher le souvenir d’un passé méconnu, d’une Grèce des origines, mais jamais il n’aurait cru qu’elle datait de la préhistoire. Pour cela, il faudra attendre la fin du XIXe siècle et les pionniers de l’archéologie qui ont révélé au monde les premières civilisations de la mer Egée. Le « musée des Antiquités nationales » a alors joué un rôle fondamental en diffusant ces fabuleuses trouvailles. Ici, comme au musée du Louvre, les visiteurs ont pu aller à la rencontre des civilisations égéennes. Dans la salle d’Archéologie comparée, une grande vitrine leur était alors entièrement consacrée. Nous vous proposons de vous replonger dans cette époque de tous les possibles et de revivre cette grande aventure archéologique.
En France, à la fin du XIXe siècle, les archéologues et le public découvrent dans un grand fracas d’images, de motifs, d’or et de couleurs, les civilisations millénaires qui ont peuplé la Grèce. La science archéologique comme l’art moderne s’en trouvent profondément bouleversés. Grâce à des collections de nombreux musées français, de documents d’archives inédits et de photographies d’époque, l’exposition La Grèce des origines, entre rêve et archéologie montre comment ce passé le plus ancien de la Grèce fut interprété à la Belle Epoque. Ce voyage dans le temps est l’occasion de découvrir des personnalités originales, des géologues, des archéologues et des amateurs éclairés qui ont exploré le sol grec avec des méthodes et des idées qui rappellent les savants de Jules Verne, confiants dans le progrès et l’avancée de la science.
Après les pionniers, qui parcoururent les Cyclades et permirent, par exemple, la découverte des premiers vestiges sur l’île de Santorin, deux hommes se distinguèrent, aussi bien surdoués qu’imaginatifs, scientifiques de talent autant que grands rêveurs : Heinrich Schliemann et Arthur Evans. Ils écrivirent une autre histoire de la Grèce, bien antérieure à l’époque classique à partir des fouilles qu’ils réalisèrent sur les sites de Troie en Asie Mineure, Mycènes en Grèce et Cnossos en Crète. Ces découvertes fabuleuses furent relayées en France par le monde savant. Salomon Reinach, alors directeur du « Musée des Antiquités nationales » comme son ami Edmond Pottier, conservateur au Musée du Louvre, firent leur possible pour présenter aux visiteurs des objets originaux et des reproductions caractéristiques de l’art de ces civilisations «égéennes». Les visiteurs découvrent par exemple que même les plus beaux objets des musées grecs étaient présents grâce aux reproductions spectaculaires d’Emile Gilliéron, exceptionnellement présentées à Saint- Germain-en-Laye. Mais Schliemann et Evans, hommes modernes, diffusaient aussi eux-mêmes leurs découvertes par tous les médias possibles : livres, articles dans les journaux, photographies et dessins. C’est ainsi que Mycènes et Cnossos devinrent les nouvelles destinations de voyage à la mode, où les artistes, comme Léon Bakst, allèrent puiser leur inspiration auprès d’un art neuf, vibrant et coloré. Décors de théâtre ou d’opéras, costumes, robes et écharpes célébrées par Marcel Proust raconteront aux visiteurs cette «Crétomanie» qui s’abattit sur Paris.
Les archéologues portent actuellement un regard différent sur ces civilisations découvertes il y a mainte¬nant plus d’un siècle : leurs méthodes ont changé, leurs questions aussi et il est important de savoir que l’archéologie se bâtit également sur des hypothèses, voire des illusions qu’il faut être capable parfois de déconstruire. Mais il est essentiel de continuer à rêver le passé des peuples de la mer Egée. Les créations des artistes, qu’ils soient couturiers comme Karl Lagerfeld, cinéastes ou dessinateurs de bandes dessinées, sont encore imprégnées de poulpes et de rosaces, de déesses aux serpents, de colonnes rouges et de masques d’or.
L’exposition vous fera revivre la découverte du passé le plus ancien de la Grèce grâce à des collections de nombreux musées français, de documents d’archives inédits et de photographies d’époque. Lors de ce voyage dans le temps, vous rencontrerez des personnalités originales: géologues, archéologues et amateurs éclairés, sortes de savants à la Jules Verne.
Pour aller plus loin :
http://musee-archeologienationale.fr/evenement/la-grece-des-origines-entre-r
eve-et-archeologie