Interview accordée par le ministre des Affaires étrangères, N. Kotzias à l’agence de presse athénienne – Macédonienne à l’issue de la Conférence internationale de Paris pour la paix au Proche-Orient (Paris, 15.01.2017)
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, vous venez de participer,
aujourd’hui, à cette grande conférence pour la paix au Proche-Orient
dont l’efficacité a particulièrement été contestée. À l’issue de cette
journée d’aujourd’hui, que pensez-vous de son utilité ?
Ν.
ΚΟΤΖΙΑS : Toute rencontre et consultation sont utiles. Particulièrement
pour les régions en proie à de grandes crises, comme le Moyen-Orient.
J’ai souligné la nécessité de promouvoir avec courage, l’espoir et la
confiance dans la région. De prendre en compte les grands intérêts des
Palestiniens et des Israéliens pour la création de deux Etats dans la
région, où sévit aujourd’hui la crise du Moyen-Orient. J’ai par ailleurs
souligné la nécessité de soutenir plus globalement la stabilité et la
sécurité dans la région. Je me suis référé aux initiatives prises par le
gouvernement grec, à savoir les modèles de coopération tripartites avec
cinq pays, la Conférence de Rhodes qui se tiendra de nouveau dans
quelques mois ou encore notre initiative en vue de la protection des
groupes religieux chrétiens ou autres et des groupes culturels au
Moyen-Orient.
JOURNALISTE : Pensez-vous que les initiatives de la
Grèce dans la région de la Méditerranée orientale peuvent contribuer à
ce processus de paix ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Je dirais que notre agenda
présente une particularité car il s’agit d’un agenda positif. Nous
promouvons des actions et des objectifs positifs visant à développer le
réseautage et par extension la stabilité dans la région dans tous les
domaines, de l’éducation à la recherche en passant par l’économie, le
tourisme et le commerce.
JOURNALISTE : Dans votre discours
aujourd’hui, vous avez, entre autres, mis en avant la nécessité de
développer une mentalité de consensus, de compromis et non de conflit.
Ν.
ΚΟΤΖΙΑS : Oui, et cela concerne également les Balkans. Lorsque l’on n’a
pas cette mentalité de consensus et de compromis pour les questions
internationales, on ne peut l’avoir pour les questions internes. On
constate que les pays autoritaires ne peuvent s’entendre avec leurs
voisins.
JOURNALISTE : Pensez-vous que les 72 pays réunis
aujourd’hui à Paris ont envoyé indirectement un message à
l’administration Trump ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Je ne pense pas que nous
nous soyons réunis ici pour envoyer des messages à des administrations
de pays tiers. Nous nous sommes réunis ici pour transmettre un message
positif aux perspectives de paix pouvant être développées au
Moyen-Orient.
JOURNALISTE : À l’occasion de votre visite à Paris, vous vous êtes entretenus avec M. Harlem Désir, n’est-ce pas ?
Ν.
ΚΟΤΖΙΑS : Oui, je me suis entretenu hier avec Harlem Désir, secrétaire
d’Etat aux Affaires européennes, pour l’informer de questions ayant
trait aux relations France – Grèce et de notre position au sein de
l’Union européenne face à des questions comme le BREXIT, et notamment du
dossier chypriote, puisque je viens de Genève.
JOURNALISTE :
Tout à fait. Les articles parus aujourd’hui dans la presse, notamment le
journal en ligne Politico, contestent-ils votre influence positive sur
le résultat ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Il est normal que ceux qui suivent la
voix de leur maître, c’est-à-dire la voix des Turcs, considèrent que la
conférence de Genève serait une réussite si nous nous soumettions à la
volonté des Turcs, si nous légalisions les droits d’intervention et leur
possibilité d’occuper une partie de Chypre. Nous avons une perception
différente des choses : la loi européenne et internationale doit être
appliquée, Chypre doit se doter de souveraineté, on doit conférer aux
Chypriotes turcs le plus de droits possibles et aux Chypriote grecs le
plus grand sentiment de sécurité possible.
Dans de nombreux cas,
la véracité des événements a été falsifiée. Par exemple, ils soutiennent
que c’est nous qui avons suspendu le processus à cause des réunions des
groupes techniques qui commencent la semaine suivante. Cela n’est pas
vrai. Tant le Secrétaire général de l’ONU que le Président
Anastassiadis, tout comme moi personnellement, avons proposé de
poursuivre vendredi la Conférence de Genève au niveau politique, comme
prévu. Et pourquoi la Conférence devrait-t-elle se poursuivre au niveau
politique et pourquoi cela était-il très important ? Afin de donner des
instructions aux groupes techniques quant à leur méthode de travail. Car
les Turcs, qui ont quitté la table des négociations vendredi très tôt
dans le matin, ont dit qu’ils n’avaient pas le temps de négocier et
qu’il fallait laisser les groupes techniques se réunir. Mais sans
instructions politiques, les groupes techniques ne peuvent se réunir.
Des consultations politiques étaient prévues ainsi que la poursuite de
la conférence au niveau politique jeudi et vendredi et ils les ont
annulées.
Et je m’étonne de voir les médias européens, grecs ou
autres adopter les points de vue de ceux qui ont annulé le processus de
Genève convenu. Certains pensent qu’ils peuvent agir à leur guise et par
la suite rejeter la responsabilité sur les ceux qui insistent et
honorent les accords.
JOURNALISTE : À l’occasion de votre présence ici, avez-vous eu d’autres rencontres bilatérales ?
Ν.
ΚΟΤΖΙΑS : Nous avons toujours des rencontres bilatérales. Nous avons eu
une série de rencontres bilatérales et nous avons engagé une discussion
avec les ministres des Affaires étrangères du Koweït et de Bahreïn. Ils
nous ont invités à visiter leurs pays et nous inscrirons ces visites à
notre agenda.
JOURNALISTE : Et demain, monsieur le ministre, effectuerez-vous un déplacement à Bruxelles ?
Ν.
ΚΟΤΖΙΑS : Ce soir, je me rendrai à Bruxelles. Nous avons une réunion ce
soir, avec les 4 Etats membres européens de l’Europe du Sud-est avec
lesquels nous avons mis en place une coopération commune et demain il y
aura la réunion régulière du Conseil des ministres des Affaires
étrangères. Les questions majeures portent de nouveau sur le
Moyen-Orient ainsi que sur la Syrie et il y aura une séance
d’information sur la question chypriote et je serai de retour à Athènes
lundi soir.